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Affaire Cesare Battisti

Luiz Inacio Lula da Silva respecte la justice et l’Italie.

Le 31 décembre, s’appuyant sur un rapport du procureur général, le président brésilien sortant a décidé de ne pas extrader Cesare Battisti. Il a souligné que « cette décision ne représente pas un affront envers un autre Etat ».

L’écrivain Fred Vargas devrait être heureuse.

Elle a consacré beaucoup de son temps et de son argent en défense de Battisti. Elle a pris le risque de mécontenter les critiques qui font et défont un écrivain. Elle a écrit un livre sur cette affaire. Elle a organisé un Comité de défense. Elle a frappé à toutes les portes, y compris à celles de locataires a priori frileux.

François Bayrou a été attentif.

François Hollande aussi, par intermittence.

BHL (il ne peut avoir tout faux sur tous les sujets) a pris nettement position pour le prisonnier et est allé le visiter au Brésil.

Manuel Valls, vautré dans la molle théorie du « ratissons large », a cru que son image de présidentiable grandirait en épousant la vox populi fabriquée par la presse et il a souhaité, en des termes de procureur, l’extradition en Italie et l’incarcération à vie de l’écrivain.

Lula et Fred vargas

Malgré la décision courageuse de Lula, l’affaire n’est pas close et Cesare Battisti reste en prison.

En effet, écrit Fred Vargas dans des courriels au Comité de soutien de Battisti, le président du STF brésilien (Tribunal Suprême) veut «  examiner la conformité de la décision de Lula. Ce qui ne pourra se faire qu’en février, le STF étant en vacances ».

« Il est annoncé que, seul le président du Tribunal, Cesar Peluzo, […] peut signer l’ordre de libération de Cesare et, d’autre part, que le Tribunal examinera la décision de Lula pour estimer si elle est conforme ou non au cadre du traité d’extradition Brésil-Italie ».

Combat d’arrière garde, espoir que des pressions internes et externes sur Dilma Rousseff la conduiront à renier la décision de Lula ? Nous sommes dans une affaire politique où, à Rome, le sort d’un fétu de paille est conditionné par des considérations où ce qui est juste et vrai est secondaire.

Les hasards des salons du livre m’ont fait rencontrer plusieurs fois Cesare. Je recherchais sa compagnie à table pour sa gaité, son humour, sa modestie (quand tant d’autres « se la jouent ») et parce que je savais que dans sa jeunesse, il avait pris le risque de se dresser contre les tueurs fascistes italiens dont les uns posaient des bombes dans des lieux publics et les autres gangrénaient le pouvoir. Ceux-là sont libres à ce jour.

Contrairement à ce qu’a écrit, qu’écrit et que continuera à écrire une presse pour qui les intérêts de classe de ses propriétaires ou de ses maîtres politiques priment sur la vérité, Cesare n’a pas été condamné pour avoir commis des meurtres durant les « années de plomb ». Cesare n’a tué personne. Pas un des témoins oculaires de actes qui lui sont imputés ne l’a vu. Aucune preuve, mais des accusations de « repentis » qui ont ainsi acheté leur liberté malgré des incohérences policières et judicaires à foison dont chacune aurait dû conduire à l’acquittement.

Le 31 décembre dans le journal de 19 H de France Inter, une « journaliste » (sic et beurk !) nous a informés que les familles « des quatre victimes assassinées par Battisti » protestaient. Tel quel ! Sur une radio publique. Cadeau de fin d’année et rafraîchissement de mémoire pour ceux qui se demandent pourquoi des sites comme LGS existent et prospèrent.

Cesare s’était échappé des geôles italiennes (où il se trouvait pour appartenance à une « bande armée ») et il s’est réfugié au Mexique. C’est pendant son exil qu’un procès, dont il ne savait rien a eu lieu et il a été condamné « par contumace » pour meurtres. Il est ensuite venu en France parce que Mitterrand lui avait accordé l’asile politique avant que Chirac ne bafoue la parole donnée par la plus haute autorité de l’Etat.

Entre deux séjours en prison en France, Cesare a fui au Brésil où il a été incarcéré sur intervention de la France.

Dans son dernier geste avant de céder le pouvoir à Dilma Rousseff, le président brésilien Lula a affirmé avec panache que la liberté d’un innocent peut mériter un incident diplomatique.

Sa décision dit aussi que ses détracteurs de gauche, qui, en France, ne voyaient pas la différence entre lui et un politicien de droite ou tel dirigeant socialiste français bouffi d’ambition, seraient bien inspirés de se méfier du toutourienisme.

Nos amis italiens auraient tort de s’arc-bouter sur ce dossier quand il peut être clos ainsi que l’avait voulu Mitterrand (alors président de la République et donc premier magistrat de France), ainsi que le veut Lula, non pas par un affront à un pays, mais par un souci d’apaisement que la France a connu en bouclant le dossier de l’OAS afin de ne pas ressasser pendant des décennies des rancoeurs qui n’apportent rien à la paix civile. Aider l’Italie à oublier Cesare, le laisser vivre (si loin d’elle), c’est ce qu’a souhaité Lula sans que quiconque puisse voir dans cet homme d’Etat un partisan de la violence ou un ennemi de l’Italie.

Depuis 2004, le Grand Soir s’est honoré de publier plusieurs articles sur l’affaire, dont un de Fred Vargas et un courrier de Cesare Battisti à son comité de soutien. Je renvoie donc ceux qui veulent savoir dans tous ces détails la vérité aux liens ci-après.

Maxime Vivas.

EN COMPLEMENT

Mensonges en-deçà des Alpes, et mensonges au-delà  : Entretien d’Olivier Favier avec Fred Vargas sur "l’affaire Battisti"

Rome, l’unique objet de mon ressentiment (Suivi d’une lettre de Cesare Battisti)

Manuel Valls diabolise Battisti (mais pas Sarkozy)

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