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Auteur : Armelle MABON

Le massacre de Thiaroye, Sénégal, 1er décembre 1944 ; une synthèse

Armelle MABON

Avant que le président de la République François Hollande n’évoque Thiaroye comme une répression sanglante [1], Thiaroye était le plus souvent présenté comme une mutinerie et une rébellion armée d’ex-prisonniers de guerre ayant nécessité une riposte armée des Troupes coloniales. Ces ex-prisonniers avaient passé quatre années de captivité dans les frontstalags (camps de prisonniers situés à l’extérieur des frontières du Reich) en métropole à travailler, pour le plus grand nombre, en Arbeitkommandos. C’était le premier contingent de tirailleurs dits « sénégalais » libérés par les Alliés ou les Forces françaises de l’intérieur (FFI) à rejoindre l’Afrique occidentale française (AOF) où ils devaient être démobilisés. Le bilan officiel retenu à ce jour de cette mutinerie est de 35 morts, 35 blessés et 34 condamnations.

Deux enquêtes ont été menées par les pouvoirs publics, la première par le général de Périer des Troupes coloniales (5 février 1945), la deuxième par l’inspecteur de 1ère classe du ministère des Colonies Louis Mérat (15 mars 1945). Malgré les demandes d’élus d’outre-mer notamment Lamine Guèye [2], aucune enquête parlementaire n’a été diligentée. Tout historien qui se plonge dans les archives sur Thiaroye en commençant par le service historique de la Défense (SHD) et les Archives nationales d’outre-mer (ANOM) perçoit d’emblée le mouvement de contestation des ex-prisonniers de guerre suivi d’une rébellion armée que l’Armée française a essayé de contenir par une démonstration de force. C’est la banale recherche d’un télégramme du 18 novembre 1944 cité mais introuvable dans les archives qui a déclenché un doute sur la présentation officielle de l’événement renforcé par l’impossibilité de trouver les circulaires qui permettaient de connaître les droits de ces rapatriés. Il a été (…) Lire la suite »