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Thème : Colonialisme

Mon Dieu, la Russie et la Chine vont piller l’Afrique …

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... Alors que nous, nous leur apportions la « civilisation » ! A chaque fois, je suis étonné de la manière dont on caricature les activités russes ou chinoises en Afrique. Enfin, à demi étonné, car je reconnais que les médias font bien leur job. La grande partie des gens qui abordent cette question, disent sûr d’eux « les Russes et les Chinois vont piller l’Afrique ». Sur quelles études basent-il leurs affirmations ? Aucune, mais comme nous sommes tous pareils, les Russes et les Chinois ne sont pas différents, et donc ils les exploiteront et les pilleront ! Est-ce qu’au fond d’eux, ces personnes ne se sentent pas, inconsciemment, responsables de ce que nos gouvernements, nos pays, ont fait subir à l’Afrique depuis plus de trois siècles ? Est-ce une façon de se déculpabiliser ? Au fond, nous ne serions pas pires que les autres et donc les Russes et les Chinois feront forcement pareil, c’est obligé, c’est la loi des dominants, c’est comme ça un point c’est tout ! D’ailleurs, ça fait (…) Lire la suite »

Un extrait du Discours sur le colonialisme

Aimé CÉSAIRE
Il faudrait d'abord étudier comment la colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l'abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral, et montrer que, chaque fois qu'il y a au Viêt-nam une tête coupée et un œil crevé et qu'en France on accepte, une fillette violée et qu'en France on accepte, un Malgache supplicié et qu'en France on accepte, il y a un acquis de la civilisation qui pèse de son poids mort, une régression universelle qui s'opère, une gangrène qui s'installe, un foyer d'infection qui s'étend et qu'au bout de tous ces traités violés, de tous ces mensonges propagés, de toutes ces expéditions punitives tolérées, de tous ces prisonniers ficelés et “ interrogés ”, de tous ces patriotes torturés, au bout de cet orgueil racial encouragé, de cette jactance étalée, il y a le poison instillé dans les veines de l'Europe, et le progrès lent, mais sûr, de (…) Lire la suite »

Barbarie made in Germany

Serge Bilé
"Connaissez-vous l’histoire des Herero et des Nama ? Ces peuples de Namibie ont été décimés par les Allemands parce qu’ils refusaient de se soumettre à la loi coloniale. Le film L’homme mesuré raconte ce génocide oublié, considéré comme le premier du XXème siècle." Sait-on que l'Allemagne, responsable de l'élimination méthodique de peuples jugés inférieurs, avait jeté les bases de la solution finale bien avant les nazis ? Serge Bilé, journaliste à RFO, dévoile cet aspect totalement méconnu de l'histoire du peuple Allemand. « C'est un pays que peu de gens réussiraient sans hésiter à situer sur une carte du monde. Un pays dont on ne parle quasiment jamais. Un pays oublié. Seul avec son drame. C'est là pourtant que tout a commencé, là qu'est né le nazisme bien avant l'heure, là qu'ont été expérimentés les premiers camps de concentration bien avant la Seconde Guerre mondiale, là qu'ont été jetées les bases de la solution finale bien avant l'avènement d'Adolf Hitler. Ce pays, (…) Lire la suite »
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Colonisateurs et colonisés

Andrea ZHOK
L’autre jour, j’assistais à une belle discussion de thèses ayant pour objet des auteurs de ce qu’on appelle les études postcoloniales (« post colonial studies »). Tout était intéressant mais, tandis que j’écoutais des arguments de Frantz Fanon, Edward Saïd, etc, j’ai eu, à un certain moment, ce que les psychologues de la Gestalt appellent une Intuition (Einsicht, Insight). On parlait de la façon dont les études postcoloniales cherchent à affaiblir les théories philosophiques, linguistiques, sociales et économiques au moyen desquelles les colonialistes occidentaux avaient « compris » les peuples colonisés en projetant sur eux leur propre auto-perception. J’écoutais comment on analysait la nature psychologiquement destructrice du colonialisme qui, en imposant une identité coloniale asservissante, attaquait même la santé mentale des peuples soumis. Ces blessures psychologiques, cette pathogénèse psychiatrique se produisent dans la mesure où le regard colonial ôtait au colonisé (…) Lire la suite »

Une brève histoire des inégalités par Thomas Piketty ou comment ne pas attaquer le problème à la racine

Henri HOUBEN

L’économiste Henri Houben analyse le dernier livre de Thomas Piketty, Une brève histoire des inégalités. Dans la lignée de ses ouvrages précédents, Piketty apporte quantité d’informations éclairantes sur l’écart riches-pauvres. Il situe utilement le tout dans un contexte historique. Manque, hélas, une analyse rigoureuse des mécanismes d’exploitation, si bien que ses appels à plus d’égalité prennent des allures de voeux pieux. Explications. (IGA)

Bref est généralement une notion peu usitée par l’économiste français Thomas Piketty. Ses ouvrages majeurs, que ce soit Les hauts revenus en France au XXème siècle publié en 2001, Le Capital au XXIème siècle sorti en 2013 ou le dernier Capital et Idéologie paru en 2019, avoisinent chacun le millier de pages, voire les dépassent. De quoi rebuter plus d’un lecteur qui aurait pu être intéressé par ses propos. Sur ce plan, la Brève Histoire [1] permet de corriger ces longueurs, utiles pour approfondir un débat, mais qui peuvent se révéler peu accessibles au grand public. Le livre se présente clairement comme une synthèse des trois « pavés » livrés précédemment. De fait, il se parcourt aisément et permet de se faire une idée précise des thèses avancées par Thomas Piketty. Il en a les qualités, mais aussi les défauts. L’œuvre de l’économiste, centrée sur les inégalités sociales, se décompose habituellement en deux parties liées, mais qu’on peut facilement séparer. Il y a d’abord son (…) Lire la suite »

Nous sommes tous des survivants

Djamel LABIDI

Les crises algéro- françaises fonctionnent comme des aiguillons de la mémoire historique algérienne. À chacune d'elles la mémoire des crimes coloniaux français, revient, s'exacerbe, s'approfondit, se développe. Et c'est particulièrement visible pour cette toute dernière crise. Au fond, c'est ainsi que se fait l'Histoire, dans les conflits, dans les affrontements, dans les ruptures, non pas l'Histoire des livres, mais celle des peuples, un patrimoine, une conscience collective, une culture nationale.

La particularité de la crise actuelle c'est que nous refaisons tous ensemble la lecture aussi bien de la lutte de libération nationale que de la longue résistance de nos aïeux au colonialisme. C'est le temps qui construit les épopées historiques. Au fur et à mesure qu'il passe, le récit de la lutte de libération nationale prend de plus en plus d'ampleur, de plus en plus de profondeur, de densité, d'héroïsme. Tous les jours nous parviennent désormais des témoignages du combat de libération, comme une source intarissable. C'est aujourd'hui un nouveau moment du récit historique, celui où, au-delà des chefs prestigieux que nous n'avons cessé de célébrer, apparait la multitude des héros anonymes. Ils prennent désormais un visage, ils prennent vie, on les raconte, ils deviennent chacun une légende, ils étaient partout, sur chaque pouce du territoire, dans le profond de l'Algérie, dans ses montagnes, ses forêts, ses campagnes, dans les sables des dunes et les roches du Hoggar, dans (…) Lire la suite »

Meurtre au Burundi. La Belgique et l’assassinat de Rwagasore

Ludo de WITTE
En 1999, Ludo De Witte publie un livre-choc : L’Assassinat de Lumumba. Ses révélations sur le rôle du roi Baudouin, du gouvernement belge et de la CIA amèneront la Belgique à présenter des excuses officielles au Congo. En 2017, le sociologue belge sort chez Investig’Action L’Ascension de Mobutu. Salué par Jean Ziegler : « Un livre superbe d’érudition, de courage et d’intelligence analytique. Au magnifique peuple congolais, il contribue à restituer une mémoire claire… » En 2021, ce nouveau livre approfondit son enquête sur le pillage de l’Afrique centrale et l’installation brutale du néocolonialisme. De Witte fouille les archives, fait parler les témoins et dévoile un évènement longtemps camouflé : l’élimination du prince Louis Rwagasore qui venait de remporter les premières élections du Burundi. Un crime d’État avec, dans les coulisses, le roi Baudouin, Étienne Davignon et Paul-Henri Spaak dans des rôles troubles. Tandis que l’ombre de Patrice Lumumba, ennemi n° 1 de (…) Lire la suite »

L’imposture du droit colonial de se défendre.

Patrick GATHARA

Les puissances coloniales revendiquent toujours le « droit de se défendre » contre les peuples qu’ils colonisent.

Des images et des statistiques déchirantes témoignent de la violence qui secoue actuellement le Moyen-Orient. Au moment où j'écris ces lignes, au moins 160 personnes, en grande majorité des Palestiniens, dont au moins 41 enfants – en grande majorité des Palestiniens – ont été tuées alors que l'armée israélienne mène des raids de bombardement dans la bande de Gaza densément peuplée et que des groupes de la résistance armée palestinienne lancent des roquettes sur les villes israéliennes. Entre-temps, des violences intercommunautaires ont éclaté dans tout Israël. Les gouvernements occidentaux, conduits par le président des EU Joe Biden, se sont empressés de condamner les groupes palestiniens pour les tirs de roquettes, mais ils paraissent moins pressés de condamner l'attaque israélienne contre les civils palestiniens. Ils ont exprimé du bout des lèvres leur "consternation" et leur "grave préoccupation" face à la mort de Palestiniens et ont surtout insisté sur leur "soutien (…) Lire la suite »

Retour sur des caricatures.

Badia BENJELLOUN

Un Monarque sociétal

Le chef de l’exécutif français a le temps de dispenser ses encouragements à Eric Zemmour, ‘violemment’ insulté dans la rue par un passant qui a reconnu le préposé médiatique à l’islamophobie. Il a n’a pas non plus été avare de ses consolations à la députée Danièle Obono, dessinée dans le périodique Valeurs Actuelles entravée d’une chaîne d’esclave au cou.

Le syndicaliste Anasse Kazib, très actif dans l’organisation des grèves de l’hiver 2019 contestant la contre-réforme des retraites, a été menacé de mort par des militants de l’extrême-droite. Il n’a bénéficié de la part du Président de la République ni d’un coup de fil ni d’une déclaration publique qui font office de guérison d’écrouelles symboliques. Cette présence appuyée d’un chef d’État dans l’espace médiatique sociétal fait douter du sérieux du juvénile créateur d’un parti ‘instantané’ au nom choisi selon ses initiales. Depuis des décennies, l’essentiel du discours politique a été séquestré dans l’étroite niche de l’insupportable « atteinte aux valeurs de la République » par une horde d’étrangers venus du Sud, inassimilables. Le corpus discursif a été sérieusement enrichi sous la présidence de Sarközy avec son Ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Co-développement. Il fallait au moins ce grossier artefact pour dissimuler le déni de (…) Lire la suite »

Comment la colonisation du Congo a enrichi les grands patrons belges

Nick DOBBELAERE
Nick Dobbelaere Cela fait 60 ans que le Congo a obtenu son indépendance. D'abord propriété de Léopold II, le Congo a été exploité pour enrichir quelques grands capitalistes belges ainsi que la famille royale. Impossible de comprendre l'importance du mouvement de décolonisation et les débats actuels sans se plonger dans l'histoire de ce gigantesque pays africain. Rencontre avec Lucas Catherine, écrivain et spécialiste de la colonisation. Comment le Congo est-il devenu une colonie belge ? Les pays européens se sont partagé l’Afrique. Ils se sont promis de ne pas se nuire mutuellement. Et Léopold II a gagné le droit de coloniser ce grand pays situé au cœur de l’Afrique Lucas Catherine. À la fin du XIXe siècle, les pays européens étaient en plein développement industriel. Ils avaient besoin de matières premières et de marchés. C’est pourquoi les colonies étaient primordiales. Lors d’une conférence à Berlin en 1885, les puissances européennes ont décidé de se partager l’Afrique. (…) Lire la suite »