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11 janvier 2019, dix-sept ans de non-droit à Guantanamo

ll y a 17 ans, le 11 janvier 2002, une base militaire américaine à Cuba fut transformée en la prison la plus controversée au monde.

Cette prison, à Guantanamo Bay, fut établie géographiquement hors du territoire des États-Unis, dans une zone coloniale. Le but était de bien montrer au monde entier que l’état de droit ou les conventions humanitaires internationales ou nationales ne s’y appliqueraient pas.

Depuis 2002, 779 terroristes présumés y ont été détenus dans le cadre de la Global War on Terror (GWT) que les USA ont déchaînée après les attentats du 11 septembre 2001. La grande majorité de ces 779 détenus - suspects d’appartenir à Al-Qaeda ou aux Talibans- ont été arrêtés, achetés à un prix de 5 000 dollars en moyenne ou kidnappés après l’attaque américaine contre l’Afghanistan. L’enfermement de ces prisonniers enchaînés, aux yeux bandés, à genoux, dans leur costume orange, au sein de cages d’acier, entourés de chiens et de soldats américains, devait être la démonstration de la force de l’Occident et le témoin de la capacité d’humiliation de l’ennemi par le vainqueur dans la Global War on Terror.

En avril 2004, le scandale des abus et tortures dans la prison américaine d’Abu Ghraib en Irak éclate. Ce qui provoque des critiques et des investigations sur le traitement des prisonniers en Irak, en Afghanistan et à Guantánamo.

Dès juillet 2004, des inspecteurs de la Croix Rouge accusent les militaires américains de Guantanamo «  d’actes d’humiliation, d’enfermement en isolement, d’exposition à des températures extrêmes, d’usage de positions insoutenables  ». En mai 2005, Amnesty International surnomme Guantanamo le « Goulag des temps modernes ». Mais ce n’est qu’en décembre 2014 qu’une commission du sénat américain sort un rapport officiel et dévastateur sur le programme de détention et d’interrogatoire de la CIA à Guantanamo : « privation de sommeil jusqu’à 180 heures et, bien que certains « aient vécu des hallucinations dérangeantes », la CIA a poursuivi ses abus au moins dans deux cas... Waterboarding provoquant des convulsions et des vomissements. Abu Zubaydah, par exemple, est devenu « complètement insensible, avec des bulles qui montaient à travers sa bouche ouverte et pleine ». Des archives internes de la CIA décrivent le waterboarding de Khalid Sheikh Muhammad devenant une "série de quasi-noyades"... Les détenus de la CIA ont été soumis à une «  réhydratation rectale » ou à une alimentation rectale sans nécessité médicale. La CIA a placé les détenus dans des « bains » d’eau glacée. La CIA a laissé croire à plusieurs détenus qu’ils ne sortiraient plus jamais sauf dans une boite sous forme de cercueil... Les officiers de la CIA ont également menacé au moins trois détenus de causer des dommages à leur famille - notamment des menaces de maltraiter les enfants d’un détenu, des menaces d’abus sexuel de la mère d’un détenu et une menace de « couper la gorge de la mère [d’un détenu] »...

Depuis son installation, sur les quelque 800 détenus, 600 ont été relâchés, le plus souvent après des années de prison, sans aucune inculpation et sans procès. À partir de 2007, le sénateur Barack Obama lance l’idée qu’il faut « fermer Guantanamo et restaurer l’habeas corpus ». Élu président, il signe, le 22 janvier 2009, un décret présidentiel pour fermer Guantanamo dans l’année. Il y diminue le nombre de prisonniers. Il remplace la pratique d’enlèvements et de kidnappings vers Guantanamo par la CIA par des exécutions illégales par drones. Il veut transférer les détenus restant à Guantanamo vers un Guantanamo North (des prisons supermax) sur le sol américain. Il n’y arrive pas pour la plupart de ceux déjà en détention à Guantanamo, mais les nouveaux capturés n’allaient plus à Guantanamo Bay mais bien à ce Guantanamo North. Mais Obama ne fermera pas Guantanamo. Il a laissé le camp ouvert.

Aujourd’hui, quarante détenus se retrouvent toujours à Guantanamo. Depuis dix-sept ans, soumis à une détention illimitée, même si cinq d’entre eux ont été déclarés libérables et que vingt-six n’ont pas été inculpés d’aucun délit. « Garder ces hommes derrière les barreaux pour toujours, lorsque les enquêteurs du gouvernement ont déterminé qu’ils n’ont pas commis de crime est une violation choquante des principes fondateurs des États-Unis », déclarait Shelby Sullivan-Bennis, avocate de Reprieve pour six de ces détenus. Pour échapper à une condamnation pour ce viol de la Constitution américaine ainsi que du droit international, l’administration de Trump a déclaré que leur détention n’était pas illimitée mais indéterminée !

Lors d’un procès en août 2018, où onze des quarante détenus revendiquaient collectivement leur habeas corpus et leur libération, l’avocat du gouvernement a rejeté leur demande en déclarant : « Nous pourrions les garder pendant 100 ans si le conflit durait 100 ans. Vous ne pouvez pas dire quand les hostilités se terminent jusqu’à ce qu’elles soient terminées ». Ce qui veut dire, disait l’organisation Reprieve, que dans cette guerre sans fin, ces hommes pourraient être détenus à perpétuité.

Le 30 janvier 2018, dans son premier discours sur l’État de l’Union, Trump a annoncé qu’il annulait le décret d’Obama et qu’il maintiendrait ouvertes les installations carcérales de Guantanamo. Depuis, des plans pour moderniser Guantanamo, pour s’équiper pour y traiter les détenus malades et en fin de vie et pour se préparer à y accueillir de nouveaux arrivants sont sur la table. Une proposition va être soumise au Congrès américain pour financer la construction de trois nouvelles ailes de la prison : deux accessibles aux fauteuils roulants, et une où des soins palliatifs pourraient être administrés, le tout pour un montant de 69 millions de dollars.

Ce 11 janvier 2019, devant l’ambassade des Etats-Unis à Bruxelles, réclamons haut et fort : Fermez Guantanamo !

Luk Vervaet

Facebook event https://www.facebook.com/events/545374415943406/

Pour suivre Guantanamo :
http://www.andyworthington.co.uk/ et
https://www.closeguantanamo.org/

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