RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Confessions d’un castriste antisémite (réponse à Jacobo Machover)

"s’il existait une violence justifiable, ce serait celle qui s’exerce actuellement, et qui s’est exercée dans les années 60, contre le régime de Castro". Jacobo Machover, juste après les attentats contre des hotels à Cuba, dans la revue "Trazos de Cuba" en septembre 1997

* * * *

Dites... vous le saviez, vous, que j’étais un antisémite ? Non ? Moi non plus d’ailleurs, jusqu’au jour où...

Dans l’ancien temps où régnait l’innocence, une époque désormais révolue pour moi, je gambadais heureux dans les vertes prairies de la solidarité, prenant bien soin d’éviter à la fois les ravins de l’engagement aveugle et les chausse-trappes de la critique trop facile. Combien de chemins parcourus, et quel chemin parcouru. Et aussi quel naïf j’ai été... Jusqu’au jour maudit où...

Comprenez-moi bien. Je ne dis pas que mon parcours ait été un sans-faute. Je ne dis pas que j’ai été un homme parfait. Non, d’autres vous le diront à ma place... euh... Je dis simplement que ma pureté d’esprit, la blancheur de mon âme d’antan paraissent aujourd’hui sous les couleurs sombres de l’inconscience coupable. A quoi pouvais-je donc penser lorsque je lançais mes invectives contre les forces de l’Empire ? Par quel charme avais-je été happé lorsque je remuais rageusement la colle dans un seau dans l’intention de couvrir les murs de la cité d’une littérature peu amène pour "ceux d’en face" ? Quelle sorcellerie était à l’oeuvre lorsqu’une larme coulait à la lecture des exploits de certaines armées latino-américaines formées dans des écoles nord-américaines ad hoc ? Quelle magie noire guidait donc ma main lorsque celle-ci se métamorphosait en un poing levé ? Autant d’actes, autant de mots qui avaient un sens pour moi, du contenu, jusqu’au jour fatidique où...

A présent, en refaisant le bilan de ma vie, je me rends compte à quel point les indices s’étaient multipliés sans pour autant révéler à temps ma nature profonde et abjecte. En effet, très tôt, je n’ai ressenti aucune sympathie pour la politique d’un état nommé Israël. Je riais aux blagues de Woody Allen, mais pas aux éclats. Et je n’ai aucun disque de Patrick Bruel.

Pourtant, je n’ai jamais fermé ma porte à quelqu’un pour son appartenance ethnique, politique ou religieuse. A l’exception des témoins de Jehova, des Scientologues, des Moonistes, du Front National, de Laurent Fabius et des Huissiers. J’ai même poussé mon abnégation jusqu’à recevoir pendant cinq minutes un employé de la compagnie d’électricité qui venait relever le compteur. C’est pour vous dire si j’ai l’esprit ouvert. Ou du moins, le croyais-je... jusqu’au jour funeste où...

Vous ai-je déjà parlé du dissident notablement notoire du nom de Jacobo Machover ? Non ? Faudrait que je vous en parle un jour...

Comme c’est étrange que de se lever un matin, de se regarder dans la glace, et d’y voir désormais une autre personne. Murmurer "t’es beau, tu sais..." n’en donnerait qu’une indication trop imprécise, bien qu’assez objective en réalité. Quelle est donc cette personne qui surgit de sa douche, le corps encore enveloppé d’un halo de vapeur, et le chauffe-eau complètement vidé ? Passer la main sur le miroir embué, avec l’assurance d’y trouver des traces infâmes au séchage, n’avancerait à rien. Pas plus que de s’attarder sur ce surcharge pondéral qui m’enveloppe délicatement le corps.

Vous êtes sûrs que je ne vous ai jamais parlé de Jacobo ?

Hypnotisé par le reflet de ce bel inconnu, qui me fixe en retour, je tends le bras pour saisir une serviette car une opération de séchage s’impose. Hélas, ma main se referme sur le vide, car de serviette, il n’y en a point. L’image de serviettes propres, pliées et rangées à l’autre bout de la maison, s’impose à moi. Ainsi que la phrase "putain de bordel de merde mais quand est-ce que tu vas ENFIN les ranger dans la salle de bains ?". Je jette mon dévolue sur une vieille serpillière rêche qui traîne sous l’évier. Son contact rugueux entame ma peau lisse mais pas mon stoïcisme légendaire. J’ai désormais le corps rayé comme le bulletin de vote d’un électeur de gauche déçu et je pue à plein nez l’Ajax-ammoniaqué-spécial-carrelage. Et je comprends à cet instant précis, dans cette fraction de seconde où les destinées se décident, que j’ai déconné à pleins tubes pour le rendez-vous galant de ce soir. Impossible de sortir. Que faire en attendant ? Parlons de Jacobo Machover.

Jacobo Machover est un "dissident", un anti-castriste, résident en France et professeur, ou quelque chose comme ça, à l’université de la Sorbonne. Je pense qu’il serait d’accord avec les termes employés. Bien. Qu’il en profite, de ces termes, parce qu’il y en a d’autres qui vont suivre.

Jacobo Machover vient de faire une incroyable découverte. Une découverte qui eût été digne de la découverte du trésor de l’Atlantide, de la fontaine de Jouvence, de la Pierre Philosophale, des derniers chiffres du nombre Pi, du cerveau de Georges Bush, de la signification des chansons de Bob Dylan et même du talent de Patrick Bruel.

Jacobo a récemment écrit un article publié sur un site Internet dédié aux juifs francophones. Jacobo, fin observateur de la pointe de ses chaussures cirées, annonce l’existence d’un axe "antisémite-négationniste-castriste". Pas moins. Et Cuba Solidarity Project y est cité en bonne place et en toutes lettres comme un des vecteurs de cette nouvelle alliance. Jacobo voulait sûrement ajouter "Al Qaeda" mais a du finalement laisser tomber parce qu’il ne se souvenait plus comment ça s’écrivait. Moi non plus d’ailleurs, mais je m’en fiche. Jacobo en a profité pour tenter de démontrer la nature anti-sémite du régime cubain.

Je suis (nous sommes, vous êtes ?) donc un antisémite... Mon Dieu, comment est-ce possible ? Je ne sais même pas ce qu’est un "sémite", comment puis-je être un "anti"-sémite ?

Un ami moyen-orientaliste a patiemment tenté de m’expliquer le sens du mot "sémite". Il a conclu sa démonstration par un "tu vois, donc même les arabes sont en fait des sémites". Ah bon ? Donc, si je suis un antisémite, je suis donc un anti-arabe aussi ?

Il m’a regardé comme quelqu’un qui serait parti au travail et se rendrait compte dans l’ascenseur qu’il a oublié d’enfiler son pantalon. "Non, non, si tu es un antisémite, tu es un anti-juif". Mais tu as dis que les arabes étaient aussi des sémites... "Peut-être, mais antisémite veut dire anti-juif". Pourquoi ? "C’est comme ça."

Bien. Je suis donc un anti-juif ? Bizarre... il y a des tas de juifs que j’aime bien pourtant, et d’autres que je trouve cons. Ca y’est, j’ai compris : je suis un anti-juif-con. Ca me plait déjà plus. Remarquez, qu’à ce stade, et pour simplifier, je dirais que je suis un anti-con, tout court. Juif ou pas. Et voilà . Pas bien compliqué. C’est valable aussi pour les arabes, les états-uniens, les chinois, les hommes, les femmes, les gros, les petits, les blonds et les châtains. "Quand on est con, on est con" chantait Brassens.

Quant à Jacobo Machover, les cubains ont un joli nom pour désigner ce genre d’individu : un "gusano". Ca veut dire littéralement "ver de terre", je crois, mais c’est entré dans le dictionnaire espagnol comme "un terme péjoratif pour désigner les opposants au régime cubain". Comme quoi, les sages de l’Académie Cervantès lisent les journaux et savent se tenir à la page.

Pour être honnête, j’ai écrit au responsable du site juif francophone en question pour lui dire tout le bien que je pensais de l’article et de son auteur. Je lui ai fourni quelques informations sur les juifs à Cuba, et même un dépêche de presse annonçant le soutien à Cuba de certaines organisations juives d’Argentine. Il m’en a remercié. Dont acte.

Mon intention n’est pas de démonter la thèse délirante de Jacobo car, pour cela, je lui donne rendez-vous en enfer. L’intéressant ici est la démarche employée et qui est la marque de tout gusano qui se respecte, qu’il soit en Europe ou à Miami.

Jacobo aime à répéter dans les média, fidèle à ce "pas de deux" que se partagent les "dissidents" européens (d’un côté) et les cubains terroristes de Miami (de l’autre), que " l’embargo (contre Cuba) n’existe pas ". Dans le même temps, ses amis des organisations anti-castristes de Miami menacent de mettre la Floride à feu et à sang si l’embargo venait à être levé. Jacobo connaît bien ceux de Miami. Ceux de Miami connaissent bien Jacobo. Deux scènes, deux discours. Un sens aigu de l’adaptation au milieu ambiant. Jacobo est un négationniste, à sa manière.

Jacobo n’est pas à la recherche de vérités, mais de sympathies et d’arguments et ce au prix de n’importe quelle bassesse. Et l’air du temps étant ce qu’il est... Et la démagogie extrême qui se cache derrière son article (allez, les juifs, tous avec nous !!!) n’est révélateur au fond que d’une seule chose : le mépris de son auteur pour les juifs en question. "Je vais leur concocter un petit truc bien démago, bien dans l’air du temps, ils avaleront l’hameçon sans faire de vagues. hé, hé, hé. et ça nous fera quelques anti-castristes de plus." se dit Jacobo en se frottant les mains. Parce que des juifs et de l’antisémitisme, à mon humble avis, Jacobo s’en fout pas mal.

Lorsque Jacobo assiste à un bal de pompiers, je suppose qu’il ne manque pas d’affirmer que Castro est un pyromane. Lorsque Jacobo croise une poussette dans la rue, il ne manque pas de faire remarquer à la maman que le régime cubain persécute les ’tits n’enfants. Lorsque Jacobo est invité à une soirée choucroute, il trouve le moment opportun pour signaler, comme ça en passant, que la dictature cubaine a banni la choucroute du carnet de rationnement. Et lorsque Jacobo participe à une soirée Tupperware, allez donc savoir ce qu’il raconte. Que les cubains n’ont pas le droit de posséder des pots en plastique ?

Non, Jacobo ne délire pas. Jacobo est un gusano modèle standard, sans foi ni loi, de la trempe de ceux qui retiennent un petit garçon en otage à Miami pour en faire un icône de leurs délires. Je n’exagère pas. Faudrait faire un tour sur les sites internet des gusanos dédiés à la "mémoire d’Elian". On y trouve des portraits pieux, des bougies allumées, le visage angélique du garçon qui ne devait jamais revoir son père s’ils avaient réussi leur crapulerie.

Jacobo est un gusano de la trempe de Zoé Valdés qui affirme vomir à la vue d’un portrait du Ché et qui se réinvente un passé parce que son vrai passé n’est pas si croustillant que ça. Tiens au fait, le Ché vient d’être comparé à Himmler dans un article récent publié sur le site de la Fondation Nationale Cubano-Américaine. De la poésie, vous dis-je.

Jacobo est un gusano de la trempe du socialiste français Laurent Fabius qui ose attaquer Cuba en faisant référence à Allende et au combat contre l’Apartheid en Afrique du Sud. Fabius ne mentionne pas l’accueil qu’il a accordé à Bébé Doc... Fabius falsifie l’histoire comme les gusanos de Miami s’approprient le nom du héros national cubain José Marti. Le "pas de deux" est bien rodé, et pas uniquement entre cubains.

Jacobo est un gusano de la trempe de ces hurluberlus qui ont manifesté à Miami leur soutien à la guerre en Irak - en réclamant au passage que le pays qu’ils prétendent tant aimer soit le prochain sur la liste. Jacobo est un gusano comme le sont tous ceux qui n’ont plus le minimum d’éthique, le minimum de sincérité, le minimum de vérité à offrir. Jacobo n’est rien de moins, mais rien de plus, qu’un gusano.

En définitif, un gusano n’est pas uniquement un opposant au régime cubain, un gusano est avant tout un "homme de peu" (comme on disait dans le bon vieux temps où les litiges se réglaient à l’aube à l’orée d’un bois). Un menteur chronique, un charlatan, un petit con.

Un "petit" con ? Ooops... J’ai pourtant dit que je n’avais rien contre les petits... Ca tombe bien, parce que Jacobo, petit ou pas, est et restera toujours pour moi l’exemple parfait d’un gusano et donc d’un parfait petit con.

Et je m’excuse auprès des petits.

Viktor Dedaj
"anti-con primaire"

URL de cet article 8868
  

Même Auteur
Cuba est une île
Danielle BLEITRACH, Jacques-François BONALDI, Viktor DEDAJ
Présentation de l’éditeur " Cuba est une île. Comment l’aborder ? S’agit-il de procéder à des sondages dans ses eaux alentours de La Havane, là où gisent toujours les épaves des galions naufragés ? Ou encore, aux côtés de l’apôtre José Marti, tirerons-nous une barque sur la petite plage d’Oriente, et de là le suivrons -nous dans la guerre d’indépendance ? Alors, est-ce qu’il l’a gagnée ? C’est compliqué ! L’écriture hésite, se veut pédagogique pour exposer les conséquences de la nomenclature sucrière. L’épopée (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Le capitalisme mondial commence à ressembler à la fin d’une partie de Monopoly.

Caitlin Johnstone

L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.