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De terrorisme on nous accuse de Nizar Kabbani

De terrorisme on nous accuse

Nizar Kabbani (traduit en français)

Je suis pour le terrorisme

On nous accuse de terrorisme

Si nous prenons la défense

D’une rose, d’une femme

Et d’un infaillible poème

D’une patrie qui n’a plus

Ni eau ni air

Ni tente ni chamelle

Ni même de café noir.

* * * *

On nous accuse de terrorisme

Si nous avons le courage de défendre

La chevelure noire de Balkis

Les lèvres de Maysoun

Hind, Daad

Ou Loubna et Rabab

Et une pluie de khôl noir

Tombant de leurs cils comme une inspiration !

Vous ne trouverez pas chez moi

De poème secret…

De langage secret

Ni de livre secret enfermé derrière portes closes

Et je ne garde pas de poème

Arpentant les rues, voilé par un hijab.

On nous accuse de terrorisme

Quand nous écrivons sur les dépouilles de notre patrie

Foulée, démembrée, déchiquetée

Aux moignons dispersés

Une patrie cherchant son nom

Et un peuple innommé

Une patrie qui a perdu ses anciens grands poèmes

A l’exception de ceux de Khansa

Une partie qui a perdu sa liberté rouge, bleue ou jaune

Une patrie qui nous interdit

D’acheter un journal

D’écouter les informations

Une patrie où les oiseaux sont interdits de pépiement

Une patrie

Dont les écrivains écrivent

Sur le vent, par peur.

Une patrie

A l’image de notre poésie

Faite de mots abandonnés

Hors du temps

Importés

Avec une face et une langue étrangères…

Sans début

Ni fin

Sans lien avec son peuple ou son pays

Impasse de l’humanité

Une patrie

Allant aux négociations de paix

Sans dignité

Nu-pieds

Et sans aucune dignité

Une patrie

Où les hommes pris de peur se sont pissés dessus

Et où seules restent les femmes !

Le sel est dans nos yeux

Le sel est sur nos lèvres

Ou dans nos paroles

La sécheresse de nos âmes

L’avons-nous héritée des Beni Kahtane ?

Il n’y a plus de Mouaouya dans notre nation

Ni d’Abou Sufiane

Plus personne pour dire « NON ! »

A ceux qui ont bradé nos foyers, notre terre

Et ont fait de notre histoire radieuse

Un bazar !

Il n’est plus un seul poème dans notre vie

Qui n’ait perdu sa virginité

Dans le lit du Pouvoir

Nous nous sommes accoutumés à l’ignominie

Que reste-t-il donc d’un homme

Lorsqu’il s’est habitué au déshonneur ?

Je cherche dans le livre de l’histoire

Oussama Ibn Munqidh

Okba Ibn Nafi

Je recherche Omar

Je recherche Hamza

Et Khalid chevauchant vers Damas

Je recherche Al Mutasim Billah

Sauvant les femmes

De la barbarie des envahisseurs

Et des furies des flammes

Je recherche l’homme de la fin des temps

Mais ne trouve que des chats effrayés dans le noir

Craignant pour leur vie

Menacée par le règne des souris.

Sommes-nous atteints de cécité nationale ?

Ou sommes-nous devenus daltoniens ?

* * * *

On nous accuse de terrorisme

Quand nous refusons la mort

Sous les bulldozers d’Israël

Qui dévastent notre terre, notre histoire, nos Évangiles

Notre Coran

Les reliques de nos prophètes

Si c’est là notre crime

Que le terrorisme est beau !

On nous accuse de terrorisme

Si nous refusons notre extinction

par les Mongols, les Juifs, les Barbares

Si nous lançons des pierres

Sur les vitres

Du Conseil de Sécurité

Aux mains des Tsars de notre temps

On nous accuse de terrorisme

Si nous refusons

De tendre notre main à 

L’Amérique

Ennemie des cultures humaines

Elle-même sans culture,

Ennemie des civilisations humaines

Elle-même sans civilisation

L’Amérique, bâtisse géante

Sans murs.

* * * *

On nous accuse de terrorisme

Si nous refusons une époque où l’Amérique

est devenue suffisante, riche, puissante

Traductrice assermentée

de l’hébreu.

On nous accuse de terrorisme

Si nous lançons une rose

Vers Jérusalem

Vers Al Khalil

Vers Gaza

Vers Nazareth

Si nous livrons du pain et de l’eau

Aux Troyens assiégés.

On nous accuse de terrorisme

Si nous élevons la voix

Contre les dominateurs qui veulent nous isoler

Contre tous ceux qui ont changé de selle

Et d’unionistes sont devenus laquais.

* * * *

On nous accuse de terrorisme

Si nous faisons profession de culture

Si nous lisons un livre de juridiction ou de politique

Si nous en appelons à notre Dieu

Si nous la lisons la Sourate Al Fatah

Et écoutons le prêche du Vendredi

Nous commettons là un acte terroriste.

On nous accuse de terrorisme

Si nous défendons notre pays

Et la dignité de son sol

Si nous nous révoltions contre l’extorsion de notre peuple

Notre propre extorsion

Si nous protégeons le dernier palmier de notre désert

Et la dernière étoile de notre ciel

Et les dernières lettres de nos noms

Et la dernière goutte de lait du sein de notre mère

Si tel est notre crime

Que le terrorisme est magnifique !

* * * *

Je suis un terroriste

Si le terrorisme peut me préserver

Des immigrants de Russie

De Roumanie, de Hongrie, de Pologne

Qui se sont installés en Palestine sur notre dos

Pour voler les minarets de Jérusalem

La porte d’Al Aqsa

Ses ors et ses dômes.

Je suis pour le terrorisme

Si nous pouvons libérer le Christ

La Vierge Marie et la Ville sainte

Des émissaires de mort et de dévastation

Hier la route nationale traversait nos terres

Triomphante comme un pur-sang arabe

Et nos parcs étaient des rivières coulant avec vigueur et fierté

Après Oslo

Nous avons perdu nos dents

Et sommes devenus un peuple frappé de surdité et de cécité.

* * * *

Je suis pour le terrorisme

Si cela peut me préserver des Tsars juifs

Et des Césars romains.

Je suis pour le terrorisme

Tant que ce nouveau monde

Sera également divisé entre

Amérique et Israël.

Je suis pour le terrorisme

Tant que ce nouveau monde

Nous classera comme loups

Je suis pour le terrorisme

Tant que le Congrès américain

Fera la loi

Et décidera des récompenses et des châtiments.

Je suis pour le terrorisme

Tant que ce nouveau monde

Détestera profondément

L’odeur des Arabes.

* * * *

Je suis pour le terrorisme

Tant que ce nouveau monde

Massacrera mes bébés

Et les jettera aux chiens.

Pour tout cela

Je veux crier haut et fort

Je suis pour le terrorisme

Je suis pour le terrorisme

Je suis pour le terrorisme.


Note du traducteur à l’usage des lecteurs ignorants des références arabo-musulmanes

Balkis : c’est le nom arabe de la Reine de Saba, dont la rencontre avec Salomon (Souleyman) est relatée dans la Sourate 27 (An Naml, Les Fourmis) du Coran). C’est aussi le prénom de la seconde épouse du poète (voir ci-dessous).

Maysoun, Hind, Daad, Loubna et Rabab : prénoms féminins évoquant la beauté

Khansa : « la gazelle », surnom de Tumadir Bent Amr (575-646), poétesse antéislamique célèbre pour les élégies à ses frères Sakhr et Mouaouya.

Rouge, bleu et jaune : le rouge est le feu, chaud et sec, le bleu la terre, froide et sèche et le jaune l’air, chaud et humide. Le rouge symbolise Mars, le bleu Mercure, le vert la Lune.

Beni Kahtane : fils de Kahtane, tribu originelle des Arabes,apparue après le déluge et vivant dans le Hijaz.

Mouaouya Ibn Abi Sufiane (603-680) : fils de l’un des plus farouches adversaires du prophète Mohamed : Abou Sufiane Ibn Harb. Il est le premier ommeyyade à porter le titre de calife en 661. Il prend ce titre à Ali à la suite d’un abritrage entre Ali et lui après la bataille de Siffin. Les Ommeyyade tirent leur nom d’Omayya, grand-oncle du prophète Mohamed. Ils appartenaient à la tribu des Quraychites, tribu dominante à La Mecque au temps du prophète. Après s’être opposés à celui-ci, ils l’avaient rejoint au dernier moment.

Oussama Ibn Munqidh : prince syrien, né en 1095 à Chayzar sur l’Oronte et mort à Damas en 1188. Auteur d’une autobiographie, L’Itibar, « L’expérience », dans laquelle il relate ses rapports avec les Francs : « Quand on est au fait de ce qui touche aux Francs on ne peut qu’exalter et sanctifier le Très Haut, car on voit en eux des bêtes qui ont la vertu du courage et de l’ardeur guerrière ».

Oqba Ibn Nafaa (ou Nafi) : conquérant arabe du Maghreb oriental, ce Quraychite défait les troupes de l’exarque byzantin Grégoire en 647 à Sbeïtla et devient gouverneur de l’Ifriqiya en 663. Il a édifié la Grande mosquée de Kairouan dans l’actuelle Tunisie. Omar Ibn Khattab : Quraychite, second calife de l’Islam après Abou Bakr.

Hamza Ibn Abdul Muttalib : oncle de Mohamed, avec lequel il a été élevé. L’un des premiers convertis à l’Islam, sa bravoure au combat lui valut les surnoms de « lion d’Allah » et de « lion du ciel ». Khalid Ibn Al Walid (584 - 642), aussi appelé Abou Souleyman, surnommé « l’épée d’Allah », un Quraychite, fut le principal général de Mohamed après sa conversion. Il participa après la mort du Prophète à la reconquête de la péninsule arabique et est le commandant des armées arabes lors des conquêtes de l’Irak et de l’empire byzantin (bataille de Yarmouk). Sur plus de cent batailles qu’il commanda, il n’en perdit aucune.

Al Mutasim Billah : (794-842) : troisième fils de Haroun Al Rachid, « huitième calife Abbasside qui remporta huit batailles, qui eut huit enfants mâles et huit filles, qui laissa à sa mort huit milles esclaves et qui a régné huit années huit mois et huit jours » (Jorge Luis Borges, Fictions).

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