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L’Etat le plus moderne du «  village global » : La Palestine !

Mi-novembre, après la déclaration de différents responsables palestiniens du parti de M. Abbas «  d’envisager » le dépôt d’une requête au Conseil de sécurité des Nations unies visant à proclamer unilatéralement l’Etat de Palestine, il n’avait guère fallu plus de 48h pour voir s’agiter les habituels guignols de l’info, de Sarkozy à Netanyahou en passant par Clinton et Barroso et y allant chacun de sa petite intervention pour balayer d’un revers de main ou d’un haussement d’épaules, la saugrenue et irrecevable proposition palestinienne. Ainsi, même l’hypothèse, l’éventualité de simplement proposer la reconnaissance de l’indépendance d’«  un futur » Etat palestinien s’est soldée par un refus immédiat, une fin de non-recevoir, catégorique et unanime d’Israël, de l’UE et des USA.

Il faut bien avouer que le contraire nous eût étonnés…

La Palestine se révèle donc une fois encore et à la face de ces puissants, l’Etat le plus moderne de la planète : il n’existe - ô ça, il existe bien sûr, il suffit de voir l’agitation qu’il suscite et la manière dont tout ce beau monde en parle - qu’à l’état virtuel. Et ce, depuis des décennies. Ainsi, à l’heure où notre environnement général est lui-même de plus en plus envahi par le virtuel : au boulot (quand on en a encore) ; en famille (quand elle n’est pas totalement dissoute) ; dans nos rapports sociaux et nos rencontres (innombrables à travers les sites têêêllement conviviaux, mais de moins en moins vécus) ; dans la culture (cfr. la dernière sous-merde du cinéma américain : «  2012 ») ; etc… cet Etat fait figure de fer de lance. Avec ses frontières, continuellement réajustées ; sa population, sans reconnaissance en termes de nationalité ; sa capitale, déclarée «  capitale éternelle et indivisible » par des illuminés s’affirmant «  élus » d’un dieu ; ses rares passeports, jordaniens ; sa proclamation d’indépendance, régulièrement reportée ; ses couloirs souterrains, pour permettre la survie d’une partie de sa population ; son appareil d’Etat à l’image de son territoire, divisé ; son espace aérien, inexistant ; ses eaux territoriales, sous contrôle militaire étranger ; sa capacité à se défendre, privé d’armée ; et j’en passe… la vague mais tenace idée d’un Etat palestinien tient du rêve, du leurre, ou disons-le enfin : du mensonge !

Dans le même ordre d’idées, ses habitants ont-ils d’ailleurs jamais existé aux yeux des sionistes et de leurs suppôts qui ne les voyaient déjà pas sur cette «  terre sans peuple » ? C’est dire ! Du plus haut de la pyramide étatique jusqu’au plus bas des sionistes les plus obtus, la cécité fait loi face à la réalité du terrain : point d’habitants en Palestine ! Ou alors, quelques rares bédouins en voie de disparition probablement, parqués derrière de hautes murailles, et les autres, tous les autres en voie de transfert pour quelques vagues contrées extérieures, et donc proches de la virtualité, là aussi. Malheur aux quelques égarés qui traînent encore sur cette terre : ils se font tuer comme dans un abject jeu vidéo. Homme, femme, enfant, vieillard, malade, tout devient cible pour l’occupant sioniste. Au point que dernièrement, un colon ne s’est pas privé d’en écraser un avec sa rutilante berline, en y repassant même en marche arrière puisque de toute façon, pour ce qu’il faut bien considérer comme des malades, un Palestinien, cela n’existe pas… Même la police israélienne, présente sur les lieux, regarde sans réagir. Virtuels, ce corps et ces cris de douleur…

[Voir :http://www.youtube.com/watch?v=3IHD08b0jco ]

Dès lors, puisque l’impunité est générale pour ces détraqués, il fallait juste oser, et cela en dit long sur les mentalités qui ont prévalu à l’installation d’un Etat et de ses colonies depuis des dizaines et des dizaines d’années, sous prétexte que le pays était vierge de toute population. Les quelques Palestiniens perdus qui se trouvaient-là n’y étaient sans doute que de passage ou par hasard, et leurs centaines de villes et villages ont fondu comme neige dans le désert, se sont évaporés tout comme la population qui s’en est allée de son plein gré, comme tout le monde sait…

Face à cette effroyable réalité, en nos pays autoproclamés «  des Lumières » - mais en-dehors de celles féeriques et illusoires causées par la gabegie des guirlandes de Noël, où sont-elles ? - nous persistons pourtant dans l’aveuglement et ses ténèbres : en effet, nous ressassons à l’envi, telles des chimères, nos vaines promesses ; nous multiplions d’innombrables sommets, dont les dépenses incalculables n’ont d’égales que leur inefficacité ; nous perpétuons nos détestables réflexes paternalistes et coloniaux, plutôt que de prendre les décisions politiques requérant courage et équité ; nous organisons faussement émus, des cérémonies de souvenirs scrupuleusement choisis, et dès lors particulièrement partisans ; bref, nous déployons une débauche de moyens, sans qu’il y ait la moindre avancée sérieuse dans la solution à cette flagrante injustice. Et ainsi, de la parole aux actes, l’écart est devenu abyssal. La même arrogance et la même bassesse se sont étendues à l’ensemble des parrains penchés sur le berceau de ce nouvel Etat qui n’en finit pas de naître et de renaître depuis plus de 60 ans que dure cet accouchement, et dont tous, de gauche à droite, voient comme dans un mirage, le proche avènement. C’est peu dire qu’il risque de présenter quelques rides au moment de sa naissance… mais, elles ne seront probablement que virtuelles, elles aussi. Comme tout ce qui touche à la Palestine, cet Etat décidément le plus moderne de notre village désormais global ! Ainsi, comme l’écrit Jean-François Legrain, chercheur au CNRS/GREMMO (1) : «  Le recours à l’État proclamé par l’OLP, pour se conserver le soutien de la communauté internationale et d’Israël accordé jusqu’ici à l’AP de Ramallah, se devra de n’être qu’un artifice institutionnel. »

En cette Terre, trois fois (en)sainte - paraît-il - c’est Noël avorté, chaque jour !

Daniel Vanhove
Observateur civil
25.12.09

Note :

(1) Palestine : un Etat ? Quel Etat ? voir http://www.gremmo.mom.fr

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