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La violence d’Israël contre les manifestants du mur de séparation : du TERRORISME D’ETAT

Toutes ces dernières années, les manifestations contre la construction israélienne du mur de séparation qui s’étend dans toute la Cisjordanie ont été un des points chauds de la Palestine Occupée. Un des endroits où ces manifestations ont été particulièrement intenses a été le village de Bil’in près de la ville de Ramallah et c’est là que la propension israélienne à user de moyens meurtriers pour disperser des manifestations non violentes a soulevé de graves questions tant sur le plan moral que légal. L’inquiétude augmente quand on se rappelle qu’il y a déjà longtemps, en 2004, la Cour Internationale de Justice (la plus haute instance judiciaire de l’ONU) a déclaré avec une rare unanimité quasi totale que la construction du mur en territoire occupé palestinien était illégale et est arrivé à la conclusion qu’Israël devait démolir le mur et indemniser les Palestiniens pour le tort qui leur avait été fait. Israël n’a pas obéi à cette injonction et le mur est toujours en place et sa construction continue là où il n’est pas tout à fait terminé.

C’est dans ce contexte qu’il faut appréhender la mort choquante de Jawaher Abu Rahma le premier jour de la Nouvelle Année 2011 qui a été causée par l’inhalation de gaz lacrymogènes alors même qu’elle ne faisait pas partie de la manifestation de Bil’in. Des témoins confirment qu’elle se tenait sur une hauteur et regardait avec intérêt la manifestation en dessous d’elle. C’était une manifestation particulièrement importante de fin d’année et 350 militants israéliens et internationaux y participaient. Il n’y avait aucune raison d’employer des méthodes aussi violentes pour disperser une manifestation contre un aspect de l’occupation qui a été décrété illégal par un organisme international qui fait autorité. En fait, le frère de Mme Rahman avait été tué quelques mois plus tôt par une bombe de gaz lacrymogène lancée violemment à bout portant. Et on a recensé beaucoup d’autres personnes dont les blessures ont été causées par les mêmes méthodes extrêmes que les Israéliens utilisent pour contrôler les foules. Des militants internationaux ont aussi été blessés et détenus de manière brutale dans le passé y compris le Prix Nobel de la Paix Mairead Maguire. Toutes ensembles ces morts illustrent l’habitude inacceptable des Israéliens d’utiliser une force disporportionnée contre les Palestiniens qui vivent sous occupation. Dés le lendemain une jeune Palestinien désarmé Ahmed Maslamany, qui se rendait tranquillement à son travail a été tué par balle à un checkpoint de Cisjordanie parce qu’il n’avait pas obéi à un ordre donné en Hébreu, une langue qu’il ne comprenait pas.

Quand cette violence létale est dirigée contre des civils désarmés qui cherchent à recouvrer leurs droits fondamentaux de propriété sur leurs terres, de libre déplacement et d’autodétermination, cela fait dramatiquement comprendre à quel point Israël est devenu un état voyou et à quel point la campagne croissante de déligitimation d’Israël dont BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions) est le fer de lance, est nécessaire et juste. Les souffrances endurées par les civils palestiniens innocents à chaque acte de violence excessive et criminelle d’Israël sont aussi une forme de martyr au service de la lutte non violente pour leurs droits que les Palestiniens mènent à l’intérieur de la Palestine et sur les champs de bataille symboliques de l’opinion publique mondiale avec un succès croissant.

Israël sait très bien contrôler des foules agitées en utilisant un minimum de violence. Il a montré à maintes reprises une grande retenue dans son contrôle des colons, en admettant qu’il les contrôle, lors de diverses manifestions qui posent une bien plus grande menace à la paix sociale que ne le font les manifestations contre le mur. Il est impossible de séparer la force disproportionnée utilisée par Israël contre les Palestiniens sur le terrain de l’usage tous azimut de la force contre les civils palestiniens dans la politique générale d’occupation d’Israël, comme on peut le constater avec le cruel blocus punitif qui est imposé au peuple de Gaza depuis trois ans et par la manière criminelle dont ont été menées pendant trois semaines les attaques sur la population sans défenses de Gaza il y tout juste deux ans. N’est-il pas temps que la communauté internationale intervienne pour protéger la population palestinienne qui est depuis trop longtemps à la merci de la violence israélienne ?

Derrière la doctrine stratégique de l’usage disproportionné de la force se cachent mal des idées racistes : la vie des Israéliens a beaucoup plus de valeur que la vie des Palestiniens et les Palestiniens comme tous les Arabes ne comprennent que le langage de la force (c’est une idée génocidaire qui a eu beaucoup de succès lorsqu’elle fut lancée il y a des années dans un livre fameux publié en 1973 : The arab mind (la mentalité arabe) de Raphael Patai. Ca fait aussi partie de l’approche de l’occupation comme punition collective spécialement en ce qui concerne Gaza et les câbles de Wikileaks confirment ce qu’on a longtemps soupçonné : " Le projet de maintenir l’économie de Gaza au bord de la banqueroute sans toutefois la détruire complètement fait partie intégrante du blocus total de Gaza comme l’ont confirmé des officiels israéliens à [des responsables économiques de l’Ambassade étasunienne] à plusieurs reprises." (câble publié le 5.1.2011, Norwegian Daily). Le premier ministre de l’époque, Ehud Olmert, a dit à propos du blocus dans son discours de janvier 2008 : "Nous ne réduirons pas les rations de nourriture pour les enfants, ni les médicaments pour ceux qui en ont besoin ni le fuel pour sauver des vies. Mais il n’y a aucune raison d’exiger que nous permettions aux habitants de Gaza de vivre normalement pendant que des bombes et de roquettes tombent dans leurs rues et leurs cours (des Israéliens du sud).

C’est un aveu sans détour du leader politique d’Israël de l’époque qu’il s’agit bien de punition collective d’une population civile en violation de l’interdiction inconditionnelle de l’Article 33 de la Quatrième Convention de Genève. L’évidence de ce crime devrait déclencher les mécanismes internationaux visant à forcer les leaders israéliens à rendre des comptes comme tout les individus convaincus de crimes contre l’humanité. Cet aveu confirme aussi que le blocus est seulement punitif et qu’il n’est pas une réponse à la violence à la frontière qui incidemment a toujours détruit beaucoup plus de vies et de biens palestiniens qu’israéliens. De plus les leaders du Hamas depuis leur élection n’ont pas cessé de tenter d’établir un cessez le feu le long de la frontière, qui a été signé grâce à l’aide de l’Egypte et qui à réduit les pertes à quasiment zéro lorsqu’il a été mis en place au milieu de 2008. Le cessez le feu a pris fin le 5 novembre 2008 suite à une provocation d’Israël pour installer le décor de l’attaque massive sur Gaza qui a débuté le 27 décembre 2008 et qui a duré trois semaines.

Le caractère criminel des stratégies employées dans cette guerre, si on peut appeler ainsi une agression aussi unilatérale, a été abondamment prouvé par le Rapport Goldstone, par une mission nommée par la Ligue arabe et dirigée par John Dugard qui a fait des recherches très approfondies, et par des rapports détaillés publiés par Amnistie Internationale et Human Right Watch. Il n’y a aucune raison logique de douter un seul instant de la véracité des allégations que des crimes ont été commis pendant ces trois semaines d’attaques incessantes contre la population et les infrastructures de Gaza y compris des bâtiments et des écoles de l’ONU.

Le rapport Goldstone a noté a juste titre que l’impression d’ensemble laissée par l’attaque était qu’elle était la continuation de la Doctrine Dahiya attribuée à un général israélien pendant la guerre du Liban en 2006 et selon laquelle la destruction israélienne aérienne d’un quartier du sud de Beyrouth était une réponse délibérément disproportionnée, aux dépens de la société civile sous le prétexte qu’il s’agissait d’un territoire tenu par les combattants du Hezbollah, en réponse à une incident à la frontière qui avait causé la mort de dix soldats israéliens dans un affrontement avec les combattants du Hezbollah. Le Rapport Goldstone de 2009 cite Gadi Eisenkot, le commandant en chef de l’armée israélienne du nord, disant : "Ce qui est arrivé dans le quartier Dahiya de Beyrouth en 2006 arrivera à tous les villages à partir desquels on tirera sur Israël. Nous ferons un usage disproportionné de la force pour l’endommager et le détruire le plus possible. [...] Ce n’est pas une recommandation. C’est un plan. Et il a été approuvé." En effet, l’infrastructure civile d’adversaires comme le Hamas ou le Hezbollah sont considérés comme des cibles militaires autorisées ce qui n’est pas seulement une violation flagrante des règles de la guerre et de la moralité universelle, mais l’aveu d’un parti pris de violence qui mérite le nom de TERRORISME D’ETAT.

A ce stade l’oppression de l’occupation israélienne qui dure depuis plus de 43 ans, se maintient grâce à de multiples violations quotidiennes des lois humanitaires internationales. Par essence, dans son projet, dans sa structure et dans ses pratiques, l’occupation israélienne de la Cisjordanie, de Jérusalem Est et de la bande de Gaza doit être considérée comme du TERRORISME D’ETAT et condamnée comme tel.

pour consulter l’original : http://richardfalk.wordpress.com/category/israelpalestine/

Traduction : D. Muselet

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