« La situation à Gaza est proche de la catastrophe »,affirme M. Falk dans un communiqué de presse. « La pénurie de carburant et les coupures d’électricité ont fragilisé des infrastructures déjà précaires et perturbé la fourniture de services de base, comme les soins de santé, l’approvisionnement en eau et l’assainissement. Le début de l’hiver va certainement détériorer encore cette situation ».
Cette situation est tout particulièrement ressentie pour les soins hospitaliers, comme les dialyses, les opérations chirurgicales, les soins intensifs ou encore les incubateurs, mettant en danger la vie de patients vulnérables à Gaza.
Les patients de Gaza, a observé M. Falk, n’ont même plus la possibilité de se rendre en Égypte pour y recevoir des soins, puisque le régime de ce pays a décidé de fermer l’unique point de passage à Rafah depuis plusieurs semaines.
« Les autorités israéliennes se sont montrés plus disposées à fournir des laissez-passer à des Gazaouites ayant besoin de soins spécialisés, mais le prix des soins en Israël est hors de portée pour la plupart d’entre eux », a expliqué M. Falk.
Depuis deux semaines, les 3.000 résidents du quartier d’Az-Zetoun, parmi lesquels de nombreux enfants, vivent dans un égout à ciel ouvert après que la plus grande usine de retraitement des eaux usées a cessé de fonctionner, faute d’électricité. Selon M. Falk, les autres centrales risquent également de fermer, ce qui augmente considérablement le risque de maladies, voire d’épidémies.
« Jusqu’à 40% des habitants ont de l’eau un jour sur trois. Face à cette situation, ceux qui en ont les moyens achètent de l’eau auprès d’individus sans scrupules qui en vendent sans garantie de propreté », a déploré le Rapporteur spécial.
Selon l’expert, la principale raison de cette crise est la décision de l’Égypte de détruire les tunnels qui permettrait de faire passer sous le manteau des marchandises entre l’Égypte et Gaza, ainsi que les réservoirs de carburant le long de la frontière égypto-palestinienne. Auparavant, cette économie informelle permettait d’atténuer le blocage israélien de Gaza en place depuis 2007.
« N’oublions pas que la véritable cause du manque d’hôpitaux et de structures adéquates pour les soins spécialisés est le blocus israélien illégal », a affirmé M. Falk en ajoutant que conformément au droit international humanitaire, il relève de la responsabilité d’Israël de prendre les mesures nécessaires pour protéger les civils.
« Tout manquement à cette responsabilité constituerait une punition collective aggravée, ce qui est formellement interdit par la quatrième Convention de Genève », a rappelé le Rapporteur spécial.
Richard Falk, 26 novembre 2013.
Richard Falk est professeur émérite de droit international à l’Université de Princeton et a enseigné les études mondiales et internationales à l’université de Californie à Santa Barbara. Il a écrit et dirigé de nombreuses publications sur une période de cinq décennies, il a publié récemment le volume « International Law and the Third World : Reshaping Justice » (Droit international et tiers-monde : réorganiser la justice) (Routledge – 2008). Il remplit actuellement la fonction de Rapporteur Spécial de l’ONU sur les droits civils des Palestiniens.