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Les trois catalans

« Il s’est récemment mis en place en Espagne des actions judiciaires contre trois militants et dirigeants du Parti Communiste des Peuples d’Espagne (PCPE) "pour un délit de désordre public" lors d’une manifestation qui s’est déroulée à Barcelone en 2007. Les dirigeants du PCPE dénoncent que les charges qui leur sont imputées sont le résultat d’une manipulation de la police à leur encontre et affirment que seul deux des dirigeants du PCPE se trouvaient dans la zone où s’est produite la charge policière, alors que le troisième accusé n’a même pas participé à la mobilisation. (...) La Commission condamne-t-elle l’attaque à l’encontre des trois militants communistes et la restriction des libertés fondamentales comme la libre participation aux manifestations et l’expressions d’opinions dissidentes ? » (1) . Ainsi se sont adressé les euro-parlementaires du Parti Communiste de Grèce (KKE) à la Commission Européenne le 2 février 2011.

Le 11 novembre 2007, le jeune antifasciste Carlos Palomino (16 ans) est assassiné dans le métro de Madrid, poignardé par un fasciste de 23 ans, soldat professionnel espagnol (2). Le 17 novembre, à Barcelone, une manifestation est organisée en réponse à cet acte par différentes organisations antifascistes. Des incidents s’y produisent entre les jeunes manifestants et les Mossos d’Esquadra (police catalane). Suite à ces évènements plusieurs jeunes sont arrêtés, dont certains, encore mineurs, sont membres des CJC (collectifs des jeunes communistes). Le jour même des dirigeants du PCPE se rendent au commissariat avec un avocat afin de venir apporter aide et soutien aux jeunes détenus. Albert, membre des CJC, raconte : « alors que nous sommes à l’extérieur, certains en train de fumer et tous attendant l’arrivée des avocats, deux mossos d’esquadra nous interpellent et exigent notre identification sous prétexte d’être stationné face au commissariat, chose que nous concédons sans aucun problème. Puis ils nous laissent entrer. Nous attendons près de trois heures l’avocate qui nous informera que nos camarades ne pourrons pas sortir cette nuit. Je rentre donc chez moi et reçois un appel de Juanjo qui m’explique que les policiers nous ont identifié à lui et moi, et également son fils qui se trouvait là , comme responsables des incidents de l’après midi » (3). Pour les militants il n’y a aucun doute que leur présence et identification au commissariat on été l’occasion de préparer de faux témoignages afin de les accuser de troubles survenus dans la journée. Il s’avère que l’un des accusés, Juanjo, âgé d’une cinquantaine d’années, n’a pas participé aux manifestations. Malgré tout les policiers persistent et affirment avoir reconnu spécifiquement les trois hommes.

Sous peine de voir condamner ses militants à 3 ans et 10 mois de prison et à l’interdiction de pouvoir se présenter à tout type d’exercice électoral, le PCPE a entamé une importante campagne de mobilisation en faveur de Juanjo Serrano (membre du PCPE) , d’Albert Camarasa et de Xavier Auré (membres des CJC). Durant des semaines les militant(e)s communistes espagnols ont activement interpellé l’opinion publique afin de faire connaître la situation dans laquelle se trouvaient les trois hommes. Pétitions, prises de parole et campagnes d’affichage ont fleuries à travers tout le pays avec pour mot d’ordre "Libertad comunistas Barcelona". De toutes parts sont arrivés des messages de solidarité avec les embastillés : action de solidarité devant l’ambassade d’Espagne au Mexique à l’initiative du parti communiste local (4), idem en Serbie (5) ou encore le soutien officiel d’organisations comme le parti communiste du Salvador (6) ou, plus proche, de l’UJCE (Union de Jeunes Communistes d’Espagne). (7) Sans oublier l’intervention auprès des institutions européennes du parti communiste de Grèce, citée plus haut.

Convoqués le 14 février dernier, les trois accusés ont vu leur procès de nouveau repoussé jusqu’au 1er décembre 2011, « dû à l’absence d’une preuve exigé par la défense ». (8)

Nul ne peut douter que cette machination policière résulte d’une volonté délibérée de briser toute contestation politique radicale à l’encontre du régime. L’intimidation des militants communistes ou de la gauche anticapitaliste en général s’avère être une nécessité urgente pour un gouvernement qui s’applique activement à la mise en place de plans d’austérité économique et à la destruction d’acquis sociaux. Freinant au maximum une agitation sociale qui grandit dans le pays, notamment grâce à la collaboration des deux principales centrales syndicales, le pouvoir "socialiste" espagnol s’est dévoilé amplement à l’aise dans l’exercice répressif. Souvenons-nous de l’intervention de l’armée en réponse à la grève des contrôleurs aériens en décembre dernier. Secoué par déjà deux grève générale (29 septembre 2010 puis celle du 27 janvier 2011), le gouvernement sait bien que la paix sociale ne peut durer encore un peu que grâce à la force de la matraque. Analysant la situation politique, le secrétaire général du PCPE, Carmelo Suarez affirme : «  une sentence au diapason avec ce que sollicite le procureur serait une preuve que les limites d’exercice de la violence de l’état aurait augmenté de plusieurs paliers (...) Le capitalisme espagnol a besoin de réaliser ce saut qualitatif ? S’il le fait cela sera la preuve de la profonde crise de légitimité sociale dont souffre le système de domination, de son besoin d’augmenter sa pratique de la violence pour tenter de maintenir le contrôle social, pour lequel n’est plus suffisant l’hégémonie que lui octroie sa position privilégiée dans la structure de pouvoir et dans la propriété des moyens de production ». (9)

Face à cela quel rôle peut-il incomber aux communistes si ce n’est de continuer leur travail sans se laisser intimider ? Quant aux camarades catalans, ils nécessitent que s’exprime plus largement encore la solidarité internationaliste à leur égard. C’est là le but même de ce texte.

Liberté pour Juanjo, Albert et Xavi !

Loïc Ramirez

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