RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Libye : Déclaration du ministère des Relations extérieures de Cuba au Conseil des droits de l’Homme, à Genève, le 1er mars 2011

Cuba s’oppose catégoriquement à toute tentative de tirer profit de la situation
tragique qui s’est créée pour occuper la Libye et contrôler son pétrole

M. le Président :

La conscience humaine rejette la mort de personnes innocentes, peu importent les
circonstances et le lieu. Cuba partage pleinement la préoccupation mondiale devant les
pertes de civils en Libye, et souhaite que son peuple puisse trouver une solution pacifique
et souveraine à la guerre civile qui déchire ce pays, sans aucune ingérence étrangère, et qui puisse garantir l’intégrité de cette nation.

Il ne fait aucun doute que le peuple libyen s’oppose à toute intervention militaire
étrangère, qui ne ferait qu’éloigner un arrangement et provoquerait des milliers de morts,
de déplacés, et d’énormes dommages à la population.

Cuba s’oppose catégoriquement à toute tentative de tirer profit de la situation tragique qui s’est créée pour occuper ce pays et contrôler son pétrole.

Il est notoire que c’est la voracité pour les hydrocarbures et non pas la paix ni la protection de la vie des Libyens qui anime les forces politiques, notamment conservatrices, qui appellent aujourd’hui, aux Etats-Unis et dans certains pays d’Europe, à une intervention militaire de l’OTAN en territoire libyen. L’objectivité, l’exactitude et la recherche de la vérité ne semblent pas être non plus les tendances prédominantes dans une partie de la presse, utilisée par les grands managers des médias pour attiser le feu.

Devant l’ampleur des événements qui se déroulent en Libye comme dans le monde arabe
en général, et dans des circonstances de crise économique mondiale, les gouvernements
des pays développés devraient faire preuve de responsabilité et se doter d’une vision à long terme. Même si l’on peut induire en erreur une bonne partie de l’opinion publique, il est évident qu’une intervention militaire conduira à une guerre et entraînera de graves
conséquences en termes de vies humaines, notamment pour les milliards de pauvres qui
constituent les quatre cinquièmes de l’humanité.

Même si pour l’instant nous manquons encore d’informations, la réalité est que la situation
au Moyen-Orient et en Afrique du Nord a ses origines dans la crise de la politique de
pillage imposée par les Etats-Unis et leurs alliés de l’OTAN dans cette région. Les prix des
aliments ont triplé, la pénurie d’eau règne, les déserts progressent, la pauvreté s’aggrave et, comme corollaire, des outrageantes inégalités sociales et une exclusion dans la distribution des grandes richesses pétrolières de la région.

Le droit humain fondamental est le droit à la vie que l’on ne mériterait pas de vivre sans
dignité humaine.

Nous voyons avec une profonde préoccupation la manière dont le droit à la vie est foulé
aux pieds. D’après des sources diverses, plus de 111 millions de personnes sont mortes dans des conflits armés associés aux guerres modernes. On ne saurait oublier dans cette salle que si pendant la Première guerre mondiale les morts civils n’avaient constitué que 5% du total des pertes, dans les guerres de conquêtes ultérieures à 1990, notamment en Irak, avec plus d’un million, et en Afghanistan avec plus de 70 000, les morts innocentes totalisent plus de 90%. La proportion d’enfants comprise dans ces chiffres est horrible et inédite.

La doctrine militaire de l’OTAN et des nations les plus puissantes a introduit le concept de
« dommages collatéraux », qui constitue une insulte à la nature humaine. Au cours de la
dernière décennie, le Droit international humanitaire a été bafoué, comme en témoignent
les violations commises dans la base navale étasunienne de Guantánamo, qui usurpe une
portion du territoire de Cuba.

Du fait de ces guerres, le total mondial de réfugiés a augmenté de 34%, c’est-à -dire à plus de 26 millions de personnes.

Les dépenses militaires se sont accrues de 49% en dix ans et se chiffrent à 1,5 million de
dollars, dont plus de la moitié sont à mettre au compte des Etats-Unis. Le complexe
militaro-industriel continue de provoquer des guerres.

Chaque année, environ 740 000 personnes sont tuées dans actes violents liés au crime
organisé, et non seulement à des conflits.

Dans un pays d’Europe, une femme meurt tous les cinq jours victime de la violence
domestique. Dans les pays du Sud, un demi million de femmes meurt de complications
liées à l’accouchement.

Chaque jour, 29 000 enfants sont emportés par la faim et la maladie. Pendant les minutes
où j’ai pris la parole, pas moins de 120 enfants sont morts. 4 millions d’enfants meurent
pendant leur premier mois de vie. Au total, 11 millions d’enfants meurent chaque année.
On enregistre 100 000 décès chaque jour - 30 millions par an - de causes liés à la
dénutrition.

1 836 personnes - noires et pauvres dans la quasi-totalité - sont mortes rien que pendant l’ouragan Katrina, dans le pays le plus développé du monde. Au cours des deux dernières années, 470 000 personnes sont mortes dans le monde victimes de catastrophes naturelles, 97% d’entre elles aux faibles revenus.

En Haïti, le tremblement de terre de janvier 2010 a tué plus de 250 000 personnes qui
vivaient presque toutes dans des logements précaires. C’est aussi le cas des victimes des
inondations provoquées par les pluies torrentielles à Rio de Janeiro et Sao Paulo, au Brésil.

Si les pays en développement pouvaient afficher des taux de mortalité infantile et
maternelle comme ceux de Cuba, on pourrait sauver chaque année 8,4 millions d’enfants
et 500 mères. Dans l’épidémie de choléra qui sévit dans la République soeur d’Haïti, les
médecins cubains assurent la prise en charge de près de la moitié des malades, avec un
taux de mortalité cinq fois inférieur à celui enregistré chez les patients soignés par les
médecins d’autres pays. La coopération médicale internationale cubaine a permis de
sauver plus de 4,4 millions de vies dans des dizaines de pays de quatre continents.
La dignité humaine est un droit fondamental. Aujourd’hui, 1,4 milliards de personnes
vivent dans l’extrême pauvreté. Il y a 1,2 milliards d’affamés et 2 autres milliards souffrant
de dénutrition. Et 759 millions d’analphabètes.

M. le Président :

Le Conseil a fait preuve de sa capacité à aborder les situations de violations de droits de
l’Homme dans le monde, y compris celles revêtant un caractère urgent et exigeant
l’attention et l’action de la communauté internationale. L’utilité de l’Examen périodique
universelle en tant que mécanisme de coopération internationale pour évaluer le
comportement en la matière de tous les pays sans exception.

Préserver, perfectionner et renforcer ce Conseil dans sa fonction de promotion et
protection efficace de tous les droits humains pour tous, tel est l’esprit qui a animé notre
démarche lors du processus de révision de cet organe.

Les résultats de cet exercice constituent une reconnaissance des importants succès obtenus par le Conseil pendant sa courte existence. Même si les accords obtenus sont encore insuffisants à la lumière des revendications des pays en développement, cet organe a été préservé de ceux qui prétendaient le réformer à leur guise pour satisfaire leurs appétits hégémoniques et ressusciter le passé de conflits, de double standard, de sélectivité et d’impositions.

Les débats de ces jours-ci devraient nous faire espérer que ce Conseil des droits de
l’Homme continuera d’avancer dans son processus de création et de perfectionnement
institutionnel, dans le plein exercice de son mandat.

Il serait très négatif que sous prétexte de révision de la construction institutionnelle du
Conseil et en abusant de circonstances dramatiques précises, le réexamen du
fonctionnement du Conseil soit l’objet de manipulation et de pression opportuniste pour
établir des précédents et modifier les règles communes.

Si le droit humain essentiel est celui à la vie, le Conseil sera-t-il prêt à suspendre les pays
membres qui déclenchent une guerre ?

Le Conseil apporterait-il une contribution substantielle pour juguler la principale menace à 
la vie de l’espèce humaine que constituent les énormes arsenaux d’armes nucléaires, dont
l’infime partie, l’explosion de 100 ogives, provoquerait l’hiver nucléaire, comme l’indiquent
des preuves scientifiques irréfutables ?

Mettra-t-il en place une thématique sur l’impact du changement climatique dans l’exercice
des droits humains et proclamera-t-il le droit à un environnement sain ?

Suspendra-t-il les Etats qui financent et fournissent l’aide militaire utilisée pour les
violations massives, flagrantes et systématiques des droits de l’Homme et pour lancer des
attaques contre les populations civiles comme elles ont lieu en Palestine ?

Appliquera-t-il des mesures à l’encontre des pays puissants qui se servent de la haute
technologie pour procéder à des exécutions extrajudiciaires sur le territoire d’autres Etats,
à l’aide de munitions intelligentes et de drones ?

Qu’adviendra-t-il des Etats qui acceptent des prisons illégales secrètes sur leur territoire et les vols secrets transportant des personnes séquestrées, ou participent à des actes de
torture ?

Le Conseil pourra-t-il adopter une Déclaration sur le droit des peuples à la paix ?

Adoptera-t-il un Programme d’action comportant des engagements concrets pour garantir
le droit à l’alimentation en ces temps de crise alimentaire marqués par la spirale des coûts
des denrées alimentaires et l’utilisation des céréales pour la production des biocarburants ?

M. le Président :

Illustres Ministres et Délégués :

Quelles mesures adoptera ce Conseil contre un Etat membre qui commettra des actes qui
causeront de grandes souffrances et une grave atteinte à l’intégrité physique ou mentale,
comme le blocus imposé à Cuba, typifié comme un génocide à l’Article 2, alinéas b et c de la Convention de Genève de 1948 ?

Merci beaucoup.

Bruno Rodriguez
Ministre des Relations Extérieures de Cuba

URL de cet article 12967
  

Même Auteur
Le « populisme du FN » un dangereux contresens, d’Annie Collovald et Guerre aux chômeurs ou guerre au chômage, d’Emmanuel Pierru
DIVERS
Récemment apparues, les éditions du Croquant, issues d’une dissidence des héritiers de Pierre Bourdieu, publient des ouvrages riches, au coeur des problèmes sociaux actuels et offrant un regard juste et pertinent. Deux d’entre eux ont particulièrement retenu notre attention : Le « populisme du FN » un dangereux contresens A travers cet ouvrage, Annie Collovald a voulu déconstruire et remettre en cause le terme de « populisme » qui sert aujourd’hui d’explication au succès électoral du Front national. (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Je ne pense plus que les journalistes devraient bénéficier d’une immunité particulière lorsqu’ils se trompent à ce point, à chaque fois, et que des gens meurent dans le processus. Je préfère les appeler "combattants des médias" et je pense que c’est une description juste et précise du rôle qu’ils jouent dans les guerres aujourd’hui.

Sharmine Narwani

Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.