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Remplacer Sarkozy par DSK après quatre décennies d’errance ?

Va-t-on continuer à se laisser piler ? Ou alors quoi ?

Aujourd’hui, si l’on souhaite que sa situation personnelle s’améliore, quelles questions convient-il de se poser ?

Outre le fait que l’on peut vite constater que l’on n’est pas seul à se questionner ainsi, on en vient vite à considérer qu’il est nécessaire avant tout de déterminer quelle est l’alternative principale à laquelle on est confronté.

Evidemment, à chaque instant, il est une multitude d’alternatives qui se présentent à nous et qui, chacune, impliquent des choix.

Mais l’on conviendra qu’elles n’ont pas toutes les mêmes conséquences sur la vie de chacun. Aller à la pêche, ou bien alors à la chasse, quel que soit le choix qui est fait, notre vie ne va pas changer fondamentalement.

CHANGER DE PRESIDENT POUR CHANGER SA VIE ?

Remplacer Nicolas Sarkozy par DSK est-il susceptible d’avoir une influence différente ou supérieure ?

Si l’on se réfère aux changements de présidents que l’on a connus depuis 1981 par exemple, il m’apparaît percevoir plutôt que les évolutions se sont davantage situées dans la continuité des politiques conduites, et plutôt dans leur aggravation au fil des changements.

Mitterrand, avant 1981, avait promis/juré la rupture avec le capitalisme, mais il a rapidement plutôt initié la stratégie, la pédagogie du renoncement, avant de se reconvertir totalement à une franche financiarisation et à une réelle mondialisation du capitalisme qui ont conduit à l’accélération et à l’approfondissement actuels de sa crise, non sans que la cohabitation Chirac/Jospin/Buffet n’y ait ensuite sérieusement contribué avec, et entre autres, le sommet européen de Barcelone et les dispositions anti-populaires en différents domaines qui y furent prises, ou encore le record absolu de privatisations qui fut pulvérisé par ce gouvernement.

DES PRESIDENTS ET GOUVERNEMENTS SANCTIONNES

Le tout aboutissait à ce précédent historique consistant en ce que le responsable fascisant et raciste de l’extrème-droite talonne, au premier tour des présidentielles, le représentant de la droite dite «  classique », lequel devenait ainsi au second tour l’homme d’union pour lequel il fallait obligatoirement voter pour empêcher Le Pen de l’emporter au second tour.

La sanction qui frappait ainsi Lionel Jospin et la «  gauche plurielle » - Jospin ne s’en est d’ailleurs jamais relevé ni d’ailleurs le parti socialiste qui, depuis, piétine dans les basses eaux électorales à l’occasion de consultations de ce niveau.

LES VAGUES D’AFFAIBLISSEMENT DU PCF

La sanction ne fut pas moins sévère pour le PCF de Robert Hue. On était déjà à cette occasion dans les plus mauvais résultats électoraux de l’existence du PCF, et les observateurs politiques avertis considéraient que la coupure entre ce parti et l’essentiel de son électorat populaire pouvait être durable.

Elle succédait en effet à deux vagues d’affaiblissement du PCF : celle de 1981 qui voyait le PCF être dépassé électoralement, pour la première fois depuis la Libération, par le parti socialiste de Mitterrand ; et celle consécutive aux premières participations communistes aux gouvernements «  d’Union de la gauche » qui succédèrent à l’élection de François Mitterrand de 1981 et à son renouvellement de 1988.

Aussi, dès cette époque, c’est-à -dire avant même les changements conséquents qui allaient intervenir en Europe de l’Est à partir de 1989, l’influence du PCF était déjà réduite aux environs de 10% alors qu’elle avait plafonné à 27% à la Libération.

L’ERRANCE STRATEGIQUE

Il y avait là , sans doute aucun, le résultat de ce que j’ai appelé «  l’errance stratégique » du PCF, lequel avait accepté toutes les conséquences, furent-elles tout aussi funestes pour lui que celle du retour de De Gaulle au pouvoir en 1958, ou de la sanction qu’il connut déjà après le mouvement populaire de 1968, qu’avaient entraîné les traités mettant fin à la seconde guerre mondiale et procédant au «  partage de l’Europe ».

Cette «  errance » conduisit, avec Waldeck Rochet, à la stratégie dite du «  programme commun », à la signature de ce programme le 27 juin 1972 avec le Parti socialiste.

L’ECHEC DU PROGRAMME COMMUN

Ce programme fut alors massivement diffusé par les militants communistes, à la mesure de ce qui apparaissait alors comme leur victoire, cependant que l’expérience conduisit a contrario à redorer les couleurs social-démocrates du PS, Mitterrand pouvant se flatter dès août 1972, devant le Congrès de Vienne de l’Internationale socialiste, d’avoir signé ce programme dans le seul but qu’il affichait alors : réduire massivement l’influence du PCF.

Pour sa part, Georges Marchais, alors secrétaire général adjoint du PCF, dans la préface à la publication du programme qu’il signait, écrivait : «  Le 27 juin, un événement considérable - et sans précédent dans l’histoire du mouvement ouvrier et démocratique de notre pays depuis un demi-siècle - survenait dans la vie politique française : le Parti communiste français et le Parti socialiste adoptaient un programme commun de gouvernement. »

LE CHANGEMENT RESTE A L’ORDRE DU JOUR

Et, contrairement aux propos de Vienne de Mitterrand, il continuait en affirmant ; «  Ce programme offre la perspective claire et cohérente d’un changement profond, correspondant aux intérêts et aux aspirations des travailleurs, des démocrates, de l’ensemble du peuple français.

«  Cette question du changement est à l’ordre du jour de la vie de la nation. Des millions et des millions d’hommes et de femmes disent aujourd’hui : «  Cela ne peut plus durer ainsi. »

«  Les cause du mécontentement sont simples : le régime ne cesse d’aggraver les difficultés d’existence de toutes les couches de la population laborieuse, et en premier de la classe ouvrière. Aussi, chacun s’interroge maintenant avec inquiétude, voire avec anxiété sur sa situation, sur l’avenir. L’instabilité, l’insécurité dominent... »

Plus avant, Georges Marchais affirmait : «  En fin de compte, plus les années passent, plus ces rebouteux enfoncent la société dans l’impasse... »

«  Or, ce qui est la caractéristique de la situation actuelle, c’est précisément que tous ces moyens mis en oeuvre par le grand capital pour résoudre ses contradictions perdent, à notre époque, de plus en plus de leur efficacité. Ils sont devenus eux-mêmes la source de contradictions nouvelles et aiguës... »

A L’ORIGINE DE LA CRISE

«  Telle est l’origine réelle de la crise que connait aujourd’hui notre pays », poursuivait Georges Marchais, «  Il s’agit de la crise d’un système, d’un type d’organisation de l’économie et de la société, c’est-à -dire la crise du capitalisme monopoliste d’Etat... »

Le verdict était exact !

C’était il y a quelques quatre décennies !

Quelque quatre décennies d’errance, comme je l’ai montré plus haut.

Pour ma part, à l’époque, après les déclarations de Mitterrand à Vienne, je suis indigné et, je m’en suis jamais caché, et même si j’ai pu être incompris à l’époque, j’ai décidé de ne plus jamais voter socialiste, non seulement au premier tour, ce qui en général allait de soi puisqu’il y avait en général un candidat communiste, mais également au second tour et lors des élections municipales.

Mais, on le comprend bien, cette réaction individuelle, et même si elle était également celle des militants communistes dont j’étais le plus proche, ne pouvait être suffisante pour mettre fin à l’errance stratégique.

QUATRE DECENNIES PLUS TARD, ENCORE REBELOTE

Mais quatre décennies plus tard, quand j’entends dire «  rebelote » sous des formes quelque peu identiques... !

D’autant que, si nous ne sommes plus en 1972, si l’errance a fait ses preuves - les preuves de sa nocivité absolue - an fil du temps, nous sommes passés à d’autres étapes...

Le mouvement populaire lui, dans sa majorité, est sorti de l’errance.
Il est en recherche d’une stratégie de rechange.

J’ai plusieurs fois retracé les étapes de son cheminement.

Dès 1992, avec le référendum sur le Traité de Maastricht, il s’est pour l’essentiel émancipé de la «  pédagogie du renoncement » distillée par Mitterrand et le PS pour justifier leur abandon du programme commun et des projets de rupture avec le capitalisme...

1995..., 1997 et la «  gauche plurielle », la sanction de 2002... et 2005 !

2005, LE MOUVEMENT POPULAIRE A GAGNE !

2005, au référendum sur le TCE, le mouvement populaire a gagné.
Non seulement le TCE est refusé, mais également l’ensemble des traités constitutifs de la dite Union européenne qu’il reprend sont également retoqués !

Dès lors, l’Union européenne n’a plus d’existence légale puisqu’il suffit qu’un seul pays manque à l’appel pour que cela soit le cas.
Et jamais, jamais depuis 2005, le peuple français n’est revenu sur sa décision !

On ne le lui a jamais demandé d’ailleurs !

C’est pourquoi les démarches entreprises pour faire adopter le Traité de Lisbonne sans nouvelle consultation électorale constituent un «  coup d’Etat » comme le montre la constitutionnaliste Anne-Marie Le Pourhiet : ce que le peuple a fait ou décidé, il n’y a que le peuple qui peut le défaire, et il ne l’a pas fait.

LE COUP D’ETAT CAUTIONNE !

Mais l’essentiel des forces politiques a cautionné le coup d’Etat !
Non seulement aucune d’entre-elles ne l’a dénoncé comme tel, mais toutes ont accompagné leurs députés à Versailles, accompagnant du coup le coup d’Etat, la trahison...

Ainsi, la collaboration de classe a franchi une nouvelle étape. Non seulement la quasi-totalité des forces politiques va au gouvernement pour gérer l’Etat capitaliste et ses institutions mais, avec le viol des résultats du référendum de 2005, on s’assoit délibérément sur le vote souverain du peuple, on commet le crime, on décrète que ce vote est nul et non advenu, et aucune des principales forces politiques, aucune, même avec retard, ne dénonce le coup d’Etat, la trahison !

Le corps de Victor Hugo doit faire trembler tout l’édifice qui l’accueille !

LA TRAHISON DES TRAHISON

Cette trahison va se poursuivre à l’occasion des présidentielles de 2007.

Tout le monde a gardé en mémoire comment les uns et les autres, les unes et les autres, parmi les responsables des forces politiques vont alors tout mettre en oeuvre pour que le rassemblement majoritaire réalisé autour du NON en 2005 ne puisse se concrétiser à l’occasion de cette élection et permette l’élection d’un, ou d’une, président(e) issu du mouvement populaire.

C’est la trahison des trahisons !

Et ceux qui la conduisent sont justement sanctionnés, personne ne s’y est trompé !

Mais il faut le dire, et le dire avec force, ce sont les traitres qui ont gagné...au moins provisoirement, au moins en apparence !

LA SUITE DE L’HISTOIRE N’EST PAS ECRITE

Au moins en apparence, parce que la suite de l’histoire n’est pas écrite, même si nombre d’entre ces responsables politiques ont repris leur partition et joué le même air à l’occasion du dernier mouvement sur les retraites.

Parce qu’il n’empêche... plus guère personne n’est dupe.

En 2009, 60% des inscrits sur les listes électorales ont boycotté les élections au Parlement européen dans le prolongement de leur vote déjà majoritaire de 2005.

Début 2010, 54% des inscrits boycottent les élections régionales.

C’est la confirmation d’un rejet majoritaire d’un régime, d’un système et de leurs institutions !

Puis, et encore, début 2010, une enquête de la Sofres montre que 72% des salariés considèrent le capitalisme comme négatif.

Et, à l’automne, 71% des Français demandent le retrait pur et simple du projet Sarkozy relatif aux retraites.

Ces larges majorités inédites sont d’un haut niveau de conscience.

LE CAPITALISME A FAIT SON TEMPS

Avec ces larges majorités de rassemblement, nous ne sommes plus dans les logiques faussées des prétendus affrontements «  gauche/droite », «  droite » et «  gauche » se retrouvant pour gérer soit ensemble, soit séparément l’Etat capitaliste.

Aujourd’hui la conscience est là qu’il ne suffirait en rien de remplacer un «  bon » gestionnaire du capitalisme par un autre «  bon » gestionnaire de ce même capitalisme.

Aujourd’hui, la conscience a grandi, est devenue majoritaire, de ce que ce capitalisme, au demeurant en crise, a fait son temps, qu’il faut changer de société, et qu’enfin il convient pour ce faire de s’organiser sur les lieux de travail, les quartiers, les villages.

Michel Peyret

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