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À la prison de Gilboa, en Israël : « Si un détenu avait le malheur de bouger, tout le monde était battu »

Salaah Salaah, originaire de Burqa en Cisjordanie, a été détenu à la prison de Gilboa, en Israël, pendant cinq ans et quatre mois. Libéré lundi, il nous livre un témoignage sur ses conditions de vie en prison et ce qui s’y passe depuis le 7 octobre.

« Depuis le 7 octobre au matin, toutes les prisons sont fermées au monde extérieur. Nous avons subi des humiliations et des violences physiques. Parmi nous, il y a des malades, des personnes âgées et des blessés. En raison des tortures infligées par les gardiens de prison, certains détenus ont eu des membres cassés, sans accès à des soins médicaux. Nous étions interdits de sortie dans la cour de la prison. Les gardiens effectuaient l’appel trois fois par jour, à 6 heures, à 10 heures et l’après-midi. Ils pénétraient dans les cellules, choisissaient au hasard trois ou quatre détenus et les frappaient devant les autres. Depuis le 7 octobre, les prisons sont surpeuplées en raison du grand nombre d’arrestations.

Les prisonniers transférés vers la prison de Gilboa (au sud de Naplouse) attendent dans une salle d’attente. Depuis leur arrivée jusqu’à l’entrée dans la cellule, ils sont maltraités tout au long du chemin. Des cellules émane une odeur nauséabonde de sang et d’urine. Un plat de riz est partagé entre cinq à six prisonniers. Chaque jour, une trentaine de prisonniers supplémentaires sont ajoutés, et, faute de place, nous dormons à même le sol, les matelas et les oreillers ayant été confisqués.

Les prisonniers sont confrontés à une brutalité sans précédent de la part des gardiens. Le directeur de la prison est ainsi entré dans les cellules, armé, et a menacé les détenus. Il est même allé jusqu’à frapper des personnes âgées, dont une souffrant de diabète. Il leur disait : « As-tu déjà vu un sanguinaire ? Eh bien, je suis un sanguinaire et je vais vous liquider tous. » Sans parler des attaques de chiens. J’ai personnellement été agressé trois fois par un chien. Lors des fouilles quotidiennes dans nos cellules, on nous obligeait à nous allonger par terre pendant deux à trois heures, pendant que le chien passait sur nous. Nous devions garder nos mains sur la tête et il nous était interdit de bouger. Si un détenu avait le malheur de bouger, tout le monde était battu, sans distinction. Les coups étaient principalement portés à la tête et aux yeux.

J’en appelle au monde entier pour ne pas oublier la cause des prisonniers. Nous sommes en danger, et sans intervention extérieure, il y aura des dizaines de martyrs. Il est impératif de mettre fin à la violence inouïe de l’armée envers les prisonniers. Nous faisons appel à la communauté internationale, aux organisations internationales et aux défenseurs des droits de l’homme pour intervenir en vue de sauver les prisonniers. Nous sollicitons également l’Autorité nationale palestinienne pour qu’elle intervienne immédiatement afin d’empêcher cette agression et pour sauver la vie des prisonniers.

Depuis le 8 octobre, tous les téléviseurs, appareils électriques, radios, etc. ont été confisqués. À partir du 7 octobre et pendant trois jours, nous n’avons pas eu le droit de manger. Il n’y avait plus d’électricité dans les chambres, il n’y avait plus non plus de couvertures... »

Propos recueillis par Pierre Barbancey

Détenus administratifs palestiniens : au moins 1 264 victimes de l’arbitraire israélien

Si Israël compte plus de 5 000 prisonniers politiques palestiniens, un quart d’entre eux sont incarcérés sans inculpation formelle ni procès, dans le cadre d’un régime de détention qui viole le droit international.

Incarcérés sans jugement, ils seraient au moins 1 264, à ce jour, ainsi reclus dans les geôles israéliennes. Ce sont les détenus administratifs palestiniens, victimes de l’arbitraire de la puissance occupante qui a repris dans son arsenal juridique et répressif une mesure héritée de l’époque du mandat britannique (1923-1948), pour l’appliquer à grande échelle et de façon généralisée.

Un système de détention qui viole autant le droit international que les droits de l’homme et humanitaire, permettant d’arrêter et de détenir quiconque, sans inculpation formelle ni procès – « souvent sur la seule base d’informations secrètes fournies par l’Agence israélienne de sécurité », selon Amnesty International – pour une période de six mois, reconductible indéfiniment.

Des conditions d’emprisonnement dégradées depuis le 7 octobre

Durant leur incarcération, ces détenus totalement impuissants face à une justice militarisée voient leurs communications avec leurs avocats – qui n’ont pas non plus accès à leurs dossiers – et leurs familles très restreintes, ce qui provoque bien souvent des situations de profonde détresse psychologique.

« Depuis le 7 octobre, le nombre de ces détenus administratifs a augmenté de manière significative », rapporte l’Association de soutien aux prisonniers et de défense des droits de l’homme (Addameer). Désignée depuis 2021 comme « organisation terroriste » par le ministère israélien de la Défense, l’association, pourtant reconnue par le Comité des Nations unies pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, estime que, depuis cette date, environ 32 femmes, 18 enfants, 14 journalistes, 22 étudiants et universitaires ainsi que 13 membres du Conseil législatif palestinien ont été arrêtés, uniquement en Cisjordanie.

L’organisation, qui dénonce dans un rapport du 24 octobre la forte dégradation des conditions d’emprisonnement, pointe du doigt une maltraitance « faisant partie des punitions collectives systématiques imposées au peuple palestinien ». Violences physiques et morales, isolement, privations de nourriture, surpopulation, manque de soins, interdiction des visites, répression au gaz lacrymogène dans la section des femmes à la prison de Damoun...

Luis Reygada pour l’Humanité

»» https://www.humanite.fr/monde/prisonniers-palestiniens/a-la-prison-de-...
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