Amérique latine : Les atouts et les dangers des forces du changement

Photo : Fander Falconi, ministre équatorien de la Planification et du Développement
Orlando Oramas

LE changement d’époque en cours en Amérique latine est-il irréversible ? La question n’a pas surpris Fander Falconi, le ministre équatorien de la Planification et du Développement, qui lors de sa visite à La Havane, nous a livré ses impressions sur des questions qu’il considère comme vitales pour la région.

Membre du Bureau politique du Mouvement Alianza Pais, la formation politique qui a porté le président Rafael Correa à un second mandat, le ministre Falconi a jugé utile d’insister sur les points qui, à son avis, constituent les atouts et les dangers des forces du changement en Amérique latine.

Je pense que les ennemis des processus de transformations en cours dans notre région ont toujours la possibilité de se regrouper et de se réarmer. Nous l’avons vu clairement au Honduras avec le putsch qui a évincé le président Manuel Zelaya, perpétré par les secteurs les plus réactionnaires de la droite hondurienne et latino-américaine, avec le soutien des « faucons » de l’extrême droite aux États-Unis.

Ces menaces sont toujours d’actualité dans nos sociétés. Les polarités ont tendance à se confondre : parfois l’extrême droite s’associe aux intérêts de secteurs qui ne se sentent pas représentés dans les processus progressistes et de changement. Ce sont des défis que nous devons relever.

Mais la réalité nous montre aussi la force des processus en cours sur notre continent. L’Amérique latine a mûri. Certains gouvernements progressistes sont à la recherche d’une équité sociale. Il y a un soutien social et populaire, des politiques actives qui ont prouvé leur efficacité.

La force de ces processus réside dans les avancées réalisées par presque tous les gouvernements qui, chacun dans leurs nuances, ont opéré un virage à gauche. Autrement dit, dans la réduction de la pauvreté, des écarts sociaux et économiques, dans les progrès obtenus dans le développement des capacités humaines et productives, des progrès valorisés par nos sociétés.

La situation provoquée au Venezuela par les secteurs de l’opposition qui refusent de reconnaître la victoire du président Nicolas Maduro témoigne de la nécessité de renforcer l’organisation sociale et populaire.

Une bataille pour la vérité contre les médias privés se livre actuellement au Venezuela, en Équateur et dans d’autres pays latino-américains.

En Équateur, ces médias vont jusqu’à contester la légitimité démocratique du président Rafael Correa, qui a remporté les élections avec 57% des voix en un seul tour.

La CELAC : un espoir à construire

La Communauté des États latino-américains et caribéens (CELAC) est l’un des thèmes qui a été abordé par le ministre équatorien de la Planification et du Développement à La Havane, lors de sa participation au Séminaire international : les défis stratégiques contemporains des diplomaties des sommets -la CELAC et l’Amérique latine-, organisé par la Faculté latino-américaine des sciences sociales.

La CELAC est un grand espoir pour l’Amérique latine et la Caraïbe, un espace d’intégration régionale différent, émancipé de la traditionnelle tutelle des États-Unis et leur panaméricanisme décadent. Elle doit encore définir si elle se veut uniquement un espace de dialogue et de concertation, quoique cette seule chose serait déjà très importante.

L’intégration comporte d’autres éléments nécessaires pour nos peuples, et il nous faut débattre sur ces questions, comme l’intégration agricole, les complémentarités productives, les concertations en matière commerciale, la recherche d’éléments communs afin de doter notre région de ses propres mécanismes d’arbitrage en cas de litiges avec des investisseurs étrangers.

Un autre élément à prendre en compte est ce que nous appelons la stratégie de développement.

Il y aura toujours des gouvernements avec lesquels nous ne sommes pas nécessairement d’accord sur des aspects programmatiques et idéologiques. Ceci est encore plus difficile en suivant les règles électorales.

En respectant nos différences, nous pouvons parfaitement fixer notre attention sur des objectifs qui nous unissent tous.

Orlando Oramas

(Tiré de Orbe).

 http://www.granma.cu/frances/notre-amerique/26jun-Les%20atouts.html

COMMENTAIRES  

04/07/2013 18:32 par kuira

G R O S S E P R O V O C

On pouvait s’y attendre s’y on avait suivi (sur telesurtv.net) les interviews accordées à la télé russe par les pdts Morales et Maduro avant leur départ de moscow. Dans les deux cas, la journaliste a très lourdement insisté sur le cas du réfugié vivant depuis des jours dans la zone internationale (vous avez déjà passé plus de quelques heures dans la zone inter d’un aéroport quelconque ?), elle a bien pris un quart d’heure à Maduro dont l’avion était prêt à décoller en lui posant la question directe : "qui nous dit qu’il ne part pas avec vous dans l’avion présidentiel". A partir de là il fallait s’attendre à quelque chose et on l’a eu. Si le pdt vénézuélien à justement répondu qu’il fallait parler d’abord du scandale et des révélations faites par l’expion plutôt que de chercher à savoir où il était ni où irait, le résultat est inverse.

Provoc parce que personne de sérieux n’y croyait vraiment mais que cela pouvait faire suffisamment de réactions en Amérique Latine surtout pour enfoncer encore un peu plus le coin entre les deux courants principaux du sous-continent (en gros, les réacs et les progressistes) et on y arrive après le coup de l’alliance du pacifique, le coup de l’adhésion de la colombie à lotan, le coup de pied dans la fourmilière brésilienne (là c’est les transporteurs qui bloquent les routes et roussef qui menace de l’ordre -ça me rappelle la gréve des camionneurs chiliens précédant le golpinochett), et bien d’autres choses encore.

Au lieu de s’occuper prioritairement de leur pays et d’y approfondir des réformes sociales qui renforcent l’adhésion populaire (jamais acquise une fois pour toutes, comme on le voit), les pdts et gouvernements latinos sont contraints de consacrer beaucoup de temps à courir sur d’autres fronts.

Je ne dis pas de ne pas apporter de réponses mais sur cette dernière provoc, est-il bien nécessaire de déplacer six pdts (sur 14) de l’unasur aujourd’hui en bolivie pour une réunion de solidarité avec Evo ?
C’est facile depuis mon fauteuil mais, je me répète, la priorité c’est d’avancer dans la révolution et le faire savoir. Si l’on doit marquer le coup et refuser le colonialisme dans les déclarations, c’est dans les faits que les peuples se libèrent en construisant un monde qui puisse se passer dans tous les domaines des colonisateurs et des empires. Pour nous, ici, dénoncer les actes colonialistes du gvt fr, de l’impérialisme, exprimer notre solidarité avec les peuples d’Amérique Latine et des Caraïbes et les dirigeants qu’ils se sont donnés, faire connaître les réalités, les changements concrets et les réalisations. Car si selon Maduro, Morales a été visé comme indigène et anti-impérialiste, c’est surtout parce que les richesses immenses de son pays ne sont plus pillées comme elle l’ont été pendant des siècles mais qu’elles profitent en partie (il reste à faire) au peuple bolivien.
Et que cet exemple est intolérable pour ceux qui veulent voir perdurer l’ordre ancien.

08/07/2013 11:14 par Paul

Il faut essayer d’etre sur tous les fronts : la réunion de l’Unasur était nécessaire pour bien faire comprendre aux européens que maintenant les "latinos" sont capables de faire bloc. Par exemple, par solidarité le Venezuela a reporté le voyage de M. Hammon-qui devait se rendre à Caracas à partir du 5 juillet dernier- d’une semaine, je crois que la France a compris maintenant.

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