RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Camouflet pour l’impérialisme judiciaire étasunien en Autriche

La Haute cour de justice autrichienne vient de rendre une décision écartant la demande d'extradition "à caractère politique" visant l'homme d'affaires ukrainien Dmytro Firtash. Cette décision d'apparence anodine met d'une part le doigt sur les abus de l'impérialisme étasunien, qui se sert de la justice pour renforcer son influence dans des territoires clés du globe, et montre d'autre part qu'il est possible de tenir tête à l'oncle Sam.

Les Etats-Unis ont une fâcheuse tendance à vouloir étendre leur influence en usant de méthodes douteuses - espionnage, financement de milices, vente d’armes, invasions sans le soutien de l’ONU ou encore embargos. La dernière affaire attestant la volonté étasunienne d’imposer un ordre mondial favorable à ses intérêts est la condamnation de la banque française BNP Paribas pour avoir traité avec des pays faisant l’objet d’un blocus imposé par leurs seuls soins (Soudan, Cuba, Iran). La banque vient d’être formellement condamnée à verser pas moins de 8,9 milliards de dollars - une somme largement susceptible de fragiliser son exercice financier. Motif ? Avoir utilisé le dollar lors de ces échanges...

Si, dans cette affaire, le gouvernement français n’a pas brillé par son courage à défendre sa banque, un autre pays semble plus déterminé à refuser que le juge étasuniensubstitue sa loi aux textes nationaux - en violation totale du droit international. Un juge autrichien, Christoph Bauer, officiant à la Haute Cour de justice du pays, a débouté le FBI dans le cadre de la demande d’extradition d’un certain Dmytro Firtash, homme d’affaires ukrainien et véritable bête noire de Washington pour sa proximité avec l’ancien dirigeant ukrainien Viktor Ianoukovitch, et sa puissante influence dans son pays. Dans un arrêt haut en couleur, le magistrat, non content de s’opposer à son extradition, dénonce une tentative d’ingérence politique du département d’Etat dans les termes les plus fermes.

L’affaire met en cause Firtash pour d’éventuels pots de vins versés à des ressortissants indiens pour faciliter la signature d’un gros contrat de commerce de titane. Si l’accord visé n’a finalement jamais été finalisé, les poursuites relatives à ces soupçons ont demeuré, et Firtash a été assigné à résidence en Autriche - où il se trouvait au moment où l’affaire a éclaté. Comme l’arrêt ne manque pas de le souligner, le lancement de la demande étasunienne est lui-même pour le moins suspect : en octobre 2013, lorsque Washington fait pression sur Ianoukovitch, qui souhaite faire marche arrière lors de la signature d’accords avec l’UE engagées par son prédécesseur pro-européen, un premier mandat d’extradition visant Firtash est déposé. Victoria Nuland, Vice secrétaire étasunienne aux affaires européennes se trouve alors dans le pays, afin de mieux coordonner ce qui apparaît de plus en plus clairement comme un odieux chantage, indigne d’un Etat de droit.

Cette demande sera par la suite abandonnée lorsque Ianoukovitch s’engagera finalement à signer ces accords. Le président ukrainien a par la suite retourné sa veste, provoquant les mouvements de Maïdan qui lui ont valu d’être chassé du pouvoir et de devoir fuir en Russie. La demande visant Firtash est alors renouvelée (précisément quatre jours après la chute du gouvernement ukrainien prorusse). Autre coïncidence, le nouveau Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, était en visite à Washington à ce moment précis. En parallèle, l’ambassadeur étasunien en Ukraine Geoffrey Pyatt multipliait les appels à l’extradition, affirmant que Firtash "devait être porté devant la justice". Ajoutons à cela que l’affaire repose exclusivement sur deux témoignages : deux témoins qui n’ont jamais pu être entendus, le FBI prétextant du risque encouru par ceux-ci si leur identité devait être révélée. Dans ses conclusions, le juge Bauer en vient même à douter de l’existence de ces deux fantômes providentiels. En recoupant ce faisceau d’indices, il livre un jugement sans appel : il s’agit d’une affaire politiquement motivée.

Sans vouloir impliquer l’UE - dont les accords avec l’Ukraine sont au centre de la crise - ni même remettre en cause la légitimité du mouvement de Maïdan, et par conséquent du nouveau pouvoir ukrainien, il faut déplorer qu’une telle histoire fasse rejaillir une lumière bien néfaste sur ces parties liées malgré elles à une grande mascarade géostratégique. Cette pratique de plus en plus courante qui consiste à forcer la main de la justice nationale afin d’imposer son droit - et ses intérêts - sera semble-t-il également au centre du Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement, qui prévoit des juridictions pouvant infliger aux Etats des amendes en cas de restriction de la concurrence. La concurrence sera bien sûr, à n’en pas douter, interprétée à l’aune du seul droit étasunien, forçant les législateurs des autres pays à réformer leurs disposition contradictoires. Espérons que cette fois nos dirigeants, à l’image des juges autrichiens, accepteront de frapper du poing sur la table afin de protéger leurs citoyens.

URL de cet article 29019
  

Indignez-vous ! par Stéphane Hessel
Présentation de l’éditeur « 93 ans. La fin n’est plus bien loin. Quelle chance de pouvoir en profiter pour rappeler ce qui a servi de socle à mon engagement politique : le programme élaboré il y a soixante-six ans par le Conseil National de la Résistance ! » Quelle chance de pouvoir nous nourrir de l’expérience de ce grand résistant, réchappé des camps de Buchenwald et de Dora, co-rédacteur de la Déclaration universelle des Droits de l’homme de 1948, élevé à la dignité d’Ambassadeur de France et de (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

En transformant les violences de l’extrême droite vénézuélienne en "révolte populaire", en rhabillant en "combattants de la liberté" des jeunes issus des classes aisées et nostalgiques de l’apartheid des années 90, c’est d’abord contre les citoyens européens que l’uniformisation médiatique a sévi : la majorité des auditeurs, lecteurs et téléspectateurs ont accepté sans le savoir une agression visant à annuler le choix des électeurs et à renverser un gouvernement démocratiquement élu. Sans démocratisation en profondeur de la propriété des médias occidentaux, la prophétie orwellienne devient timide. L’Amérique Latine est assez forte et solidaire pour empêcher un coup d’État comme celui qui mit fin à l’Unité Populaire de Salvador Allende mais la coupure croissante de la population occidentale avec le monde risque un jour de se retourner contre elle-même.

Thierry Deronne, mars 2014

Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.