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Casse du service public : l’exemple de la médiathèque d’Orléans.

Christian Morrisson le dit sans la moindre ambiguité dans son fascicule "La Faisabilité politique de l’ajustement, Cahier de politique économique n°13" publié par le Centre de développement de l’OCDE : "Pour réduire le déficit budgétaire, une réduction très importante des
investissements publics ou une diminution des dépenses de fonctionnement ne
comportent pas de risque politique. Si l’on diminue les dépenses de fonctionnement,
il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité
baisse".

Un des moyens employés par les bons élèves de l’OCDE et autres OMC pour casser les services publics est l’AUDIT.

Un audit doit toujours conduire à une évaluation "objective" ; pour cela il est réalisé par un organisme "indépendant" ; immanquablement, l’étude montre un "déficit en matière de productivité" et conduit à des "réductions des dépenses de fonctionnement". En clair : des licenciements et une baisse de la qualité du service proposé au public. L’argent du contribuable ne doit pas être dépensé en services inutiles, mais à financer... les sociétés d’audit !

L’exemple des bibliothèques d’Orléans est on ne peut plus clair.

Il est exposé sur le site de la LCR du loiret :


Où se trouvent les poussières de la colère ?

C’est par le biais de deux sources écrites bien distinctes, que l’on apprend l’existence d’un audit. La première source écrite de référence est le tract de l’intersyndicale CGT - CFDT distribué le samedi 22 novembre 2003 devant les portes vitrées de l’entrée de la médiathèque. L’autre source écrite est un article de la République du Centre de la plume de Michel Varagne paru dans l’édition du 14 novembre.

Mais dans l’audit, évidemment...

L’audit sur la médiathèque d’Orléans tant désiré devait être rendu depuis plusieurs semestres. Autant dire, que la surprise fut à la hauteur du désir...

Premier problème de taille. Un énorme décalage existe entre les informations de l’intersyndicale, qui a estimé le coût de l’audit à 60 000 € [1] et l’article de Michel Varagne qui écrit « pour la CGT et la CFDT, cet audit aurait coûté 120 000 € ». D’où proviennent les sources du journaliste ? Nous n’en saurons rien. L’écart est donc de 60 000 € entre les deux versions. Déjà , plusieurs hypothèses peuvent être émises à l’encontre du journaliste, à savoir l’analphabétisme, les difficultés d’algèbre, troubles sérieux de l’appareil auditif, ou même la production d’un article « vite fait, mal fait » qui caractérise tant notre journal local, ou volonté délibérée de discréditer les organisations syndicales. Ou toutes ces raisons à la fois...

Cet audit était censé évaluer de manière objective le rapport temps-travail & investissement financier, bref pour parler comme un vulgaire économiste économe : le rendement ou la productivité ! Sa simple existence témoigne déjà d’une logique de rentabilité dans le domaine de la politique culturelle municipale, ce qui est déjà en soi plus que condamnable... Tout l’édifice de l’audit repose sur une alchimie aussi étrange que savante, puisqu’il exclut de fait les différentes formes d’encadrement du public comme les expositions, les conférences, les services annexes que sont les déplacements dans les autres services publics comme la lecture dans les prisons et les écoles maternelles, les inévitables achats pour la constitution du catalogue, les gestes "parasites" comme la souris encrassée, qui mérite d’être nettoyée ou les pellicules qui piccotent le cuir chevelu.

Cet audit a le don de se focaliser exclusivement sur des options purement statistiques et techniques sur le temps écoulé dans la gestion du stock des ouvrages, le rangement, l’informatisation. Il fallait s’attendre à un point de vue extrêmement orienté, puisqu’il met de côté un nombre conséquent de paramètres, contrairement aux affirmations d’objectivité tant vantées par la mairie !

Le contenu de l’audit soulignait l’énorme baisse de fréquentation de la médiathèque d’Orléans ; rien d’étonnant dans tout cela, puisque ce résultat était imputable à l’épuisement du phénomène de curiosité des usagers, qui s’étend bien au-delà des premiers mois d’ouverture de la médiathèque. Il évoquait aussi le surnombre du personnel initialement recruté pour faire à une forte affluence, qui ne doit plus servir de cadre de référence. Comme c’est bien connu, la montagne accouche toujours d’un magnifique rat : la conclusion se résumait à un vibrant appel à gérer avec plus d’efficacité les ressources humaines ! Autant dire, que le maire d’Orléans était obligé d’utiliser tous ses talents de rhétorique pour bien son sinistre projet.

Pour en savoir plus, lire l’article très complet de Mohamed Ben Abd-El Krim sur le site LCR-45 : Cliquer ici


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