RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Comment on a puni Haïti (Pagina 12)

Le Conseil de Sécurité des Nations Unies a déclaré en 2004 que la crise politique et humanitaire de Haïti a transformé le pays en une menace pour la paix et la sécurité internationale. Un coup d’Etat avait renversé le président Jean Baptiste Aristide, élu en 2004 par 91,69 pour cent de l’électorat et prêtre adepte de la théologie de la libération. Les USA et la France se chargèrent de le "sauver" au moyen d’un véritable enlèvement à bord d’un avion usaméricain qui le laissa en Afrique du Sud. En application du chapitre VII de la Charte de l’ONU, le Conseil a établi la Mission de Stabilisation des Nations Unies en Haïti (Minustah en français) composée de 9000 militaires et de plus de 3700 policiers de 40 pays.

On entend bien pourquoi le Conseil de Sécurité a recouru au chapitre VII, intitulé "Action en cas de menace à la paix, violations de la paix ou actes d’agression" , qui l’autorise à "exercer, au moyen des forces aériennes, navales ou terrestres, l’action qui sera nécessaire pour maintenir la paix et la sécurité internationales" . Haïti ne traversait pas alors une guerre civile, n’était en guerre contre personne et aurait pu difficilement en provoquer une. A la demande de Washington, le président Lula proposa l’intervention de l’ONU en Haïti, mais plutôt en application du chapitre VI de la Charte, "Arrangement pacifique de controverses" , qui s’abstient de toute action armée. Ils n’en tinrent pas compte et la Minustah s’est transformée en une sorte d’armée d’occupation complice de la répression officielle.

Cela se produisit précocement : "Les troupes de la Minustah et des paramilitaires haïtiens embusquèrent et tuèrent plus de 4000 membres du Fanmi Lavalas (le parti d’Aristide) immédiatement après sa déposition en 2004 (http://canadahaitiaction.ca/, 18-8-11). Les présumés chargés de garantir la paix et la sécurité ont réalisé de nombreuses incursions dans les bidonvilles ("villas miserias" ) comme Cité Soleil, toujours pour persécuter les partisans d’Aristide. Il est clair que le président déposé est l’objectif : Edmon Mulet, ex chef de la Mission de l’ONU, en vint à recommander qu’il faut lui imputer la commission de délits pour empêcher son retour (http://mrzine.monthlyreview.org/ , 21-7-11).

Les fonctionnaires usaméricains accusèrent de ces faits des bandes de pillards des quartiers pauvres, mais il y a des documents des opérations de contingents jordaniens et brésiliens de la Minustah qui témoignent de victimes abattues dans les rues de Port au Prince d’un tir dans la tête (www.teledyol, 7-5-06). Le général brésilien Augusto Ribeiro Pereira, premier chef militaire de la Mission, renonçât à ses charges à la suite du massacre de civils du 6 juillet 2005. Lui succéda le général brésilien Urano Texeira de Matta, qui mourut cinq mois après sa prise de fonction "par suite d’un accident avec une arme à feu" . Ce n’est là qu’une forme élégante pour définir le suicide. La Mission a introduit à Haïti d’autres manières d’en finir avec les gens.

Le 21 octobre 2010, le Ministère de la Santé Publique de Haïti a enregistré 1000 cas de choléra, les premiers qui se produisirent en six décades. Le 9 février, il informa que la maladie avait causé la mort de 4549 personnes et que s’élevait à 231.070 le nombre de contaminés. Aujourd’hui on estime que le nombre de victimes a augmenté de deux à quatre fois depuis. La source de contamination est très probablement la base de troupes népalaises de Aribonita, qui continuent à jeter leurs selles dans la rivière du même nom. En dépit des protestations quotidiennes, la Minustah se refuse jusqu’à aujourd’hui d’enquêter sur l’origine de l’épidémie et à lui apporter un remède. Bien sûr, ce n’est pas pour prendre soin de la santé de la population, seulement son incertaine sécurité.

En novembre 2007, 111 soldats et trois officiers du bataillon envoyé par le Skri Lanka furent rapatriés pour avoir exploité et abusé sexuellement de mineures haïtiennes. Mais aucun de ces abuseurs n’a pu être jugé par les tribunaux haïtiens : l’accord en vigueur entre l’ONU et le gouvernement de Haïti qui établit le statut légal de la Minustah garantit une large immunité à ses militaires qui commettent des délits. Par exemple aux auteurs de 640 violations commises depuis le tremblement de terre de l’année passée, selon les chiffres donnés par Kofaviv, une organisation de femmes du pays. Ainsi pas tous les casques bleus de l’ONU se consacrent à maintenir la paix.

A la veille du renouvellement du mandat de la Minustah pour une année supplémentaire, il faut rappeler l’opinion que formula le diplomate brésilien Ricardo Seitenfus, représentant de l’OEA en Haïti : "Le système actuel de l’ONU destiné à prévenir les querelles est inapproprié pour Haïti. Haïti n’est pas une menace internationale. Nous ne sommes pas au milieu d’une guerre civile. Haïti n’est ni l’Irak ni l’Afghanistan. Mais, à mon sens, sur la scène internationale, Haïti paye surtout sa proximité avec les USA. Il y a longtemps que le système international prête une attention négative à Haïti. Il est revenu à l’ONU de se coaliser avec ce pouvoir et de transformer les Haïtiens en prisonniers sur leur propre terre" . Le quotidien suisse Le Temps a publié ces déclarations le 20 décembre dernier. Deux jours après, Seitenfus fut démissionné.

Juan Gelman

Source : http://www.pagina12.com.ar/diario/contratapa/13-175261-2011-08-25-html

Traduit de l’espagnol par GJ

URL de cet article 14517
  

30 ans d’Humanité, ce que je n’ai pas eu le temps de vous dire
Michel TAUPIN
Quel plaisir de lire José Fort ! Je pose le livre sur mon bureau. Je ferme les yeux. Je viens de l’avaler d’une traite. Comme je le trouve trop court, je décide de le relire. Même à la seconde lecture, il est captivant. Cette fois, j’imagine ce qu’aurait été ce bouquin illustré par son compère Georges Wolinski comme c’était prévu. Ç’aurait été tout simplement génial. Des tarés fanatiques ne l’ont pas permis. La bêtise a fait la peau de l’intelligence et de l’élégance. De l’élégance, José Fort n’en manque pas. (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

"c’est un cliché de journaliste que de souligner le caractère futile de lancer des pierres contre des tanks. Faux. Il est certain qu’il s’agit là d’un acte symbolique, mais pas futile. Il faut beaucoup de courage pour affronter une monstre d’acier de 60 tonnes avec des pierres ; l’impuissance du lanceur de pierres à arreter le tank ne fait que souligner l’impuissance du tank à faire ce qu’il est censé faire : terroriser la population."

Gabriel Ash

Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.