"Plus c’est gros et mieux ça passe !" Adage populaire.
Dans une interview de Tzipi Livni, la ministre des Affaires Étrangères israélienne, par le présentateur de TF1 Harry Roselmack, dans la soirée du 01 janvier, nous avons pu voir comment, avec quelles méthodes grossières, et avec quel mépris pour la perspicacité du téléspectateur occidental, l’information sur l’agression de Gaza est traitée.
Nous avons donc vu, encore une fois, que plus confiants que jamais en leurs méthodes, ô combien éprouvées, de manipulation des opinions publiques, les « Communicators » de l’Empire ne s’embarrassent plus de subtilités, et encore moins de prétextes qui tiennent un tant soit peu la route.
C’est là un phénomène relativement récent, qui est apparu depuis la première guerre du golfe. Une nouvelle forme de communication qui s’est substituée aux méthodes de propagande classiques. Finies les approches ampoulées, l’allusion maniérée et prudente, plus besoin de s’encombrer de suggestions subliminales. Communicator II est arrivé !.
Communicator II est un mensonge carré, qui ne se préoccupe plus des formes, qui ne prend plus la peine de se grimer, qui ne s’embarrasse plus des oripeaux de la vérité, qui passe en force. Et ça lui réussit.
Lors de son interview, Tzipi Livni, après avoir posé, en deux temps trois mouvements, le cadre du décor, en rappelant qu’occidentaux et israéliens appartiennent au même monde, qu’ils croient en les mêmes valeurs, celles du droit, de la justice, du respect de la vie humaine, entre autres, a martelé qu’Israël n’attaque jamais les civils, mais vise uniquement les terroristes, et que les rares civils qui ont été tués ou blessés, l’ont été bien involontairement, comme dans toute guerre, et surtout à cause des terroristes du Hamas qui les utilisent comme boucliers.
Et dans la foulée, pour faire bonne mesure, elle a rappelé, avec la même audace phénoménale, que les autres, ceux d’en face, ou plutôt ceux d’en dessous, les infra humains, les cafards arabes, pour reprendre le terme affectueux qui est donné aux palestiniens par les juifs israéliens, les terroristes du Hamas honni, sont des gens qui n’ont rien à voir avec le monde civilisé, qui n’ont pas de respect pour la vie humaine, qui envoient des missiles en visant soigneusement les écoles israéliennes, pour tuer des enfants.
Oui, c’est bien ce que Tzipi Livni a affirmé au journaliste de TF1 : « Avec leurs missiles, les terroristes du Hamas visent des écoles, pour tuer des enfants ! ». Un ange passa, nonchalamment, en donnant des coups de coude à Harry Roselmak. Mais peine perdue. Celui-ci, muré derrière un sourire maison, ne fit pas la moindre remarque et ne bougea pas une oreille. Pourtant, comme tout journaliste de son niveau, et même comme n’importe quel quidam, il n’est pas sans savoir que les missiles du Hamas, projectiles artisanaux faits de bric et de broc, risibles en comparaison avec ceux que Israël envoie contre les Palestiniens, sont lancés au petit bonheur la chance. Aucun lanceur de ces missiles ne peut se targuer de viser une cible précise, même très proche. Alors de là à viser une école, située à plus de 20 kilomètres ! Mais Roselmak ne releva pas l’énormité, parce qu’il n’était pas là pour apporter la contradiction à Communicator. Bien au contraire.
Les consignes de l’heure, celles qui ont été transmises à sa chaîne, à toutes les autres, et à tous les médias sous contrôle de l’Empire, c’est à dire tous, les mêmes consignes habituelles, mais poussées jusqu’à l’outrance, commandent à la presse du "monde libre", cet occident hautement moral, de mettre un bémol pour tout ce qui concerne les atrocités de l’armée sioniste et d’amplifier au maximum le moindre pet du Hamas.
Les Israéliens sont les soldats du monde libre, et les Palestiniens, ceux de la barbarie. Il y a le choix entre le dire ou le suggérer. Le tout est d’en convaincre la masse.
Pour cette fois-ci, la mission des médias, et des politiciens de service, y compris les chefs d’Etat, est de gagner le plus de temps possible. Quelques soient les atrocités.
Il faut laisser le temps à l’armée sioniste d’exterminer le maximum de « terroristes » du Hamas, et endormir l’opinion publique, pour que le carnage puisse se faire à huis clos, en quelque sorte.
Même les amis arabes, comme les Saoudiens, les Egyptiens, les Jordaniens, et Mahmoud Abbas sont d’accord, de toute façon. Il faut faire vite et finir le travail.
La presse sait ce qu’elle doit faire. Point n’est besoin d’user de techniques alambiquées de propagande et de conditionnement de l’opinion.
Communicator part du principe que celle-ci est constituée de gogos qui gobent tout et que l’adage "plus c’est gros, mieux ça passe" est ce qu’il y a de plus indiqué pour ces circonstances.
En renvoyant dos à dos les deux « belligérants » par exemple. Vous voyez un peu ? L’"armée d’Israël et celle du Hamas mises sur un pied d’égalité. Sans craindre d’être ridicule.
Mais Communicator use aussi du mensonge par l’occultation.
En ne disant pas certains détails, il crée une situation.
Ainsi, il ne vous dira jamais, par exemple, que les missiles lancés par le Hamas sur Israël, depuis sept ans, et qui dépassent le chiffre de 12000, ont fait moins de 20 morts.
Livrer ce chiffre à l’opinion publique, fut elle celle des plus grand gogos, lui dire qu’il faut 800 missiles du Hamas pour tuer un seul israélien pourrait remettre les choses dans un contexte assez gênant pour Israël qui veut donner du Hamas l’image du méchant terroriste qui menace les populations civiles de tout le sud d’Israël.
Il ne faut donc pas en faire état. Il faut juste évoquer la situation intenable des civils israéliens. Victimisation à outrance !
Il faut mettre le paquet sur ces familles israéliennes qu’on nous montre hébétées, regardant avec effroi le trou béant que le missile kassam a fait au plafond.
Communicator ne vous dira jamais que les dégâts matériels que ces 12 000 missiles ont occasionné sont moins importants que ceux d’un seul bulldozer israélien lâché chez les Palestiniens. Vrai et vérifiable.
Et pendant que Communicator communique, ses petits clones, semés selon la technique des bombes à fragmentation dans toutes les rédactions occidentales qui ont un tant soit peu d’importance, ces présentateurs au regard franc, ces analystes au débit assuré, ces observateurs qui ne bredouillent pas, qui vous feraient passer un chameau par le chas d’une aiguille, tous ces précieux collaborateurs, pour ne pas dire collabos, de Communicator, usent désormais de la même audace, et de la même effronterie que leur mentor. Ils martèlent le mensonge, jusqu’à l’enfoncer dans l’entendement des gens, ou occultent des évidences jusqu’à les rendre inexistantes.
Vous a-t-on jamais dit que les pilotes d’hélicoptères israéliens, qui envoient leurs missiles contre des domiciles, des mosquées, des administrations et des véhicules en mouvement, savent pertinemment, au moment de presser sur le bouton de la mort, de ces missiles qui ne ratent jamais leur cible, que des civils s’y trouvent forcément. Mais ils appuient sur le bouton. Parce que leur vraie mission est de tuer le plus de Palestiniens possible. Le millier de tués palestiniens, en quelques jours seulement, et plus de 5000 blessés, dont nombreux resteront handicapés à vie, sont pour leur grande majorité des civils. Il n’y a pas parmi eux plus d’une cinquantaine de soldats du Hamas, si tant est qu’un homme armé d’un pistolet, et parfois même d’une simple matraque, peut être considéré comme un soldat. A fortiori lorsqu’il combat l’une des armées les plus sophistiquées du monde.
Mais la presse du monde occidental, là où trônent les valeurs de la civilisation judéo-chrétienne, ânonnera sans cesse, jusqu’à faire rentrer dans le crâne des masses imbéciles, que la majorité de ces victimes sont des militants armés du Hamas, donc des terroristes. Donc que Israël est dans son bon droit.
Et le monde, éberlué, gavé d’images dont les commentaires disent le contraire de ce qu’elles représentent, comme celles des bébés déchiquetés, digérera malgré lui, dans quelques jours, que dans cette prison à ciel ouvert qu’est Gaza, la seule ville au monde dont la population ne peut pas fuir, il y avait des centaines de dangereux terroristes, qui ont tué leurs propres bébés, et même que les bébés palestiniens ne sont pas des bébés comme les autres. Et que " Tsahal ", cette armée que tous les présentateurs appellent par son petit nom, avec de l’affection dans la voix, a vaincu les barbares islamistes.
Oui, bien sûr, dans le lot de ce macabre décompte, figurent bien des femmes, des enfants, des fonctionnaires, des policiers, des élus, et autres commis de l’administration.
Mais Communicator et ses relais ne vous le diront que de façon à normaliser l’information, à la neutraliser, à la stériliser, comme s’il était normal qu’il y ait des « victimes collatérales », ces oeufs cassés de l’omelette.
Et ainsi, dans ce travestissement grossier de cette indicible tragédie, où tout un peuple est exterminé en gros et dans le détail, la presse occidentale, sous la garde vigilante de Communicator, se garde bien de rappeler que le Hamas est un parti politique qui a été régulièrement élu, dans des élections certainement les plus transparentes, et les plus honnêtes qu’a connu le peuple palestinien. Et même tous les pays arabes de la région. Des élections supervisées par des observateurs occidentaux.
Et ça oublie de dire que le Hamas, contrairement au Fatah qui a succombé à une corruption systémique et systématique, initiée et stimulée par Israël, est un parti qui est très proche de la population, très soucieux de la légalité, et que la résistance qu’il organise contre l’occupant sioniste, très insignifiante au demeurant, est perçue, par tout le peuple palestinien, comme un devoir sacré.
Djamaledine Ben Chenouf
