COP21 : Comprendre dialectiquement les relations entre le devenir naturel de la Terre et le « progrès historique ». (Re)produire scientifiquement la nature ?

Il faut d’abord combattre l’idée biblique, coranique, etc. que l’homme a péché contre la nature, création intangible de Dieu, et qu’il devrait donc renoncer à l’idéal prométhéen pour rentrer dans le sein de Gaïa ou de la Pachamama.

Dans cet esprit, il convient de dénoncer le retour infra-biblique aux vieilles religions de la nature, au « magisme », à la pensée mythique et à un néo-paganisme qui ne demande qu’à servir de socle à un néo-hitlérisme « nietzschéen » et à un libéral-fascisme (guerre économique de tous contre tous : Maastricht !) ; il faut dénoncer non moins fort l’idée capitalo-machiste que la noblesse de l’homme consisterait à violer la nature, à la forcer, etc., bref qu’il faudrait s’abandonner au vertige néolibéral de la « croissance à l’infini » et que spontanément, c’est-à-dire en fait dans le cadre d’un pseudo-marché mondial préempté par les Etats bourgeois et par les monopoles capitalistes, « la science suivra », « la nature encaissera » si bien que toutes deux, supervisées par la Main Invisible du Dieu Marché, nous sauveront toujours à temps. Dans le premier cas, l’homme renonce à son essence, qui est de dépasser le cadre naturel en s’autoproduisant de manière réglée, dans le second il renonce à l’existence ou, ce qui revient au même, il la rend invivable.

En réalité, l’homme, produit tardif et sans doute contingent de l’évolution naturelle (géologique, pas seulement biologique), est une auto-négation de la nature puisque, comme l’écrivaient très lucidement Engels et Marx dans L’Idéologie allemande,

« Les hommes commencent à se distinguer des animaux quand ils commencent à produire leurs conditions d’existence, pas en avant qui résulte de leur organisation corporelle elle-même. En produisant leurs moyens d’existence, les hommes produisent indirectement leur vie matérielle elle-même ».

En clair, c’est parce que l’évolution biologique a produit un être corporellement capable de produire des objets artificiels qui interposent entre le monde et notre corps tout un monde d’outils, de techniques, de langages, donc d’apprentissages et d’héritages culturels divers, que l’homme entre dans le champ culturel et socio-historique sans jamais d’ailleurs cesser d’appartenir par sa chair à l’ordre naturel. Le travail, la technique, la culture qui transforment le monde naturel et qui surajoutent un héritage culturel susceptible de variation rapide (de progrès comme de décadence, rien n’est écrit) à l’hérédité naturelle lentement modifiable, ne sont pas « contre-nature », ils résultent eux-mêmes de la nature et c’est pourquoi nous parlons d’une auto-négation de la nature.

A l’heure de l’Anthropocène, nous en sommes arrivés à un stade historique – histoire de l’homme, mais aussi histoire de la nature travaillée par l’homme – où le devenir naturel, ou plus modestement dit, le devenir de l’environnement naturel de l’homme, peut subir deux avenirs qui s’excluent mutuellement : soit cet environnement est tellement saboté par l’industrie humaine livrée au capital et l’homme finit par disparaître ou par perdre les propriétés naturelles qui lui permettent de s’humaniser, soit l’humanité prend en charge collectivement et solidairement son destin, non seulement pour réduire les injustices, mais pour régler scientifiquement et « responsablement » ses rapports avec la nature. C’est ce que nous pouvons appeler le communisme où, selon Marx, « le développement de chacun est la clé du développement de tous » et où la création de richesse n’est plus fondé sur l’« épuisement de la Terre et du travailleur » mais sur le développement des capacités de chacun, sur la répartition intelligente des richesses et sur la protection commune des ressources naturelles en tant qu’elles permettent le développement humain.

Cela signifierait non pas un « retour à la lampe à huile » mais un progrès sans précédent de nos sciences et de nos techniques, et cela dans un cadre sociopolitique hautement civilisé. Telle est, du point de vue des marxistes, la vraie nature de l’écologie : non pas une idéologie petite-bourgeoise frileuse, punitive et régressive, mais la base techno-scientifique de la maîtrise du rapport homme-nature-culture reposant sur une philosophie rationaliste et dia-matérialiste raffinée de la nature et de l’histoire et sur une conception du monde scientifiquement fondée et articulée à une nouvelle forme d’encyclopédisme scientifique, à cent lieues du savoir éclaté actuel. Montrer que cela appelle une révolution scientifique de même ampleur que la révolution copernicienne et qu’il faut en conséquence exiger des milliards pour la recherche FONDAMENTALE afin de maîtriser des sources plus sûres et moins coûteuses d’énergie, de mieux connaître tous les processus naturels et de les dominer de manière douce, davantage comme ferait un judoka « conduisant » l’action de l’adversaire-partenaire que comme un artilleur écrasant son ennemi à distance et « à la louche », comme font trop de techniques actuelles : et pour cela il faut « re-philosopher » la science, ce qui suppose symétriquement une re-scientifisation de la philosophie (c’est tout l’enjeu MODERNE, pas seulement idéologique et « identitaire » d’une relance du matérialisme dialectique et d’une classification dynamique des sciences appuyée sur une conception matérialiste d’ensemble du devenir naturel).

Au passage, il faudra montrer que la problématique écologique vaut autant pour l’environnement que pour la maîtrise du génome humain, animal et végétal (bioéthique). Montrer que la régulation n’est ni dans le mauvais infini néolibéral (« produis tout ce que tu peux produire qui ramène du profit, la nature et la science paieront la facture !), ni dans le mauvais fini religieux (« touche pas à la, ni à ta nature ! »), mais dans le bon infini d’une régulation culturelle, scientifique et politique par laquelle l’homme veille à reproduire sans cesse les conditions naturelles (dont le génome, maladies génétiques non comprises) qui lui permettent d’être « produit pour l’infinité » (Pascal). L’impératif écologique de la culture est de n’agir jamais d’une manière telle que nous détruisions ce qui, de notre nature – extérieure : l’« environnement » à – ou « intérieure », notre génome, permet le progrès infini de la culture, en un mot, la possibilité naturelle de la liberté.

Nous serions alors dans une négation de la négation bien connue de tous les dialecticiens : l’autonégation de la nature qu’est la culture doit, pour pouvoir se maintenir (« socialisme ou barbarie », disait Engels), se nier au second degré en

1) (re) produisant artificiellement la nature, par exemple en régulant le climat, les flux océaniques, la production d’une nouvelle énergie douce (produisant très peu de déchet et aussi « gratuite » que possible) et pourtant extrêmement puissante, la biodiversité ; c’est tout autre chose qu’une « industrie moins polluante », c’est à terme un recentrage majeur de la production dont l’écologie ne serait plus une marge ou une limite externe mais le cœur de cible de la production ;

2) Symétriquement, en détruisant la nature sauvage en l’homme, c’est-à-dire en l’occurrence le capitalisme et les vestiges de sociétés de classes (esclavagistes, féodales, tribales, phallocratiques, etc.) qu’il entretient derrière sa façade « moderniste » : cela signifie passer de « l’économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée », en clair ce que Hobbes nommait prophétiquement la « lutte de tous contre tous », à une société des « producteurs associés » (Marx) ou des « coopérateurs civilisés » (Lénine) où la production et l’échange seraient collectivement planifiés et où la gestion démocratique hautement instruite des ressources deviendrait la principale activité sociale des hommes, aux dépens de ce que nous nommons le travail – et qui n’est que sa caricature aliénée – et pas nécessairement à l’avantage de ce que nous nommons le « loisir » (ou pire l’ « entertainment » [divertissement] des Anglo-Saxons) et qui n’est que la face inversée de l’aliénation laborieuse. Bref, la prise en compte plénière de la nature dans la culture et dans la production impose symétriquement le dépassement de la nature dans la culture, c’est-à-dire le dépassement de la propriété privée des moyens de production, du chacun pour soi, de la domination impérialiste de nations sur d’autres, et autres vestiges « civilisés » de la pire sauvagerie.

En résumé, le communisme n’est pas un complément « de gauche » à l’écologie, laquelle n’est pas un supplément d’âme végétarien du communisme. L’écologie conçue de manière progressiste est structurante pour le projet communiste qui doit révolutionner, à tous les sens, ancien et moderne du mot, les « modes de production ». Et le communisme est structurant à son tour pour l’écologie, dès lors qu’on ne la conçoit pas stupidement contre la production, mais comme une révolution de la production (et de la consommation).

Georges Gastaud pour www.initiative-communiste.fr site web du PRCF

Notes

* Cf le livre à paraître de Georges Gastaud Lumières Communes, notamment le chapitre VII De la classification dynamique des sciences.

** Abélard a déjà prouvé au Moyen Âge que Dieu lui-même doit poser des bornes à son intervention : il ne peut toucher à ce qui lui permet d’être Dieu. Ici il s’agit si l’on veut des conditions de la « divinité » de l’homme, ou plutôt de sa divinisation à venir : n’agis jamais d’une façon telle que tu détruises les conditions de ton autocréation, en clair, de ta liberté. Rappelons qu’il y a des conditions naturelles à l’histoire et à la liberté : bipédie et redressement vertébral, développement parallèle de la main, du cerveau et du larynx, reproduction sexuée s’accompagnant de la prohibition de l’inceste et du re-battage de matériel génétique qu’elle permet en permanence. Pour que Dieu puisse créer, il faut qu’il ne puisse SE créer ou plutôt, qu’il ne se recrée que dans les conditions qui permettraient sa toute-puissance (par ex. il ne peut faire le mal sans se contredire et se détruire ; bien sûr à appliquer à l’homme futur).

A suivre

A lire : #COP21 : les USA refusent toutes contraintes, le capitalisme incompatible avec la sauvegarde de l’environnement !

 http://www.initiative-communiste.fr/articles/luttes/cop21-comprendre-dialectiquement-relations-entre-devenir-naturel-de-

COMMENTAIRES  

06/12/2015 07:49 par gus de nantes

bonjour ,

j’avoue j’apprécie ce genre de discours ça change des formules toutes faites des intentions creuses des analyses faites avec des référents mort depuis deux siècles ..... et puis on sent qu’il va y avoir une proposition un truc inédit qui changerai la donne ... genre des communistes dans toutes les manifs, habillé tout en rouge pour bien montré qu’ils sont la qu’ils sont formé qu’ils filment et documentent qui soignerait les blessés nombreux , trop nombreux , vendredi soir à nantes les flics ont frappé à la tete à grands coups de matraques deux femmes , une voiture a rouler sur un manifestant menotté .... je suis encore sous le choc , j’ai la rage au ventre et les larmes au yeux je me sens coupable .... excusez moi si cela sort maintenant , on peux rien faire , et quand on ose on se fait massacrer , et personne ne viendra écrire "pray for nantes",
les matraqueurs assermenté fignolèrent leur besogne ,
la france est un pays de flics , à tout les coins de rue y en a cent ,
pour faire régner "l’ordre publique ils assassinent impunément" ...

c’est pas de la faute à gastaud , ni aux copains cocos , je sais bien ,je suis désolé mais j’avais envie d’écrire , ok allez on fait quoi demain pour que ça change enfin ? combien de rémi ? combien de charronne ? combien de zied et bouna ?

06/12/2015 13:49 par xpfo

Avec tout mon respect, le postulat sur lequel débute le texte est inexact car il n’existe pas, dans la Bible, de péché contre une nature sacrée et intangible pas plus qu’un commandement qui interdirait au croyant d’y toucher.
Que du contraire, on trouve dès le début de la Bible, dans le livre de la Genèse :" 27 Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. 28 Dieu les bénit et leur dit : « Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la...".
L’interprétation la plus commune est que l’homme, à l’image de Dieu créateur, doit poursuivre sa création pour faire advenir de la nature quelque chose de bon et de bien. Le verbe "soumettre" est un attribut royal. Il exprime la ressemblance divine de l’homme. Il est le roi de la création, ce qui signifie qu’il ne peut pas l’exploiter comme bon lui semble, mais qu’il doit la maintenir et oeuvrer pour son bien comme un roi bienveillant le ferait pour son peuple. (Notion de roi bienveillant à remettre dans son contexte vu qu’il s’agit de littérature antique)
Source Bible TOB, Edition intégrale.

Vu sous cet angle, et étant donné que les questions écologiques vont devenir de plus en plus brûlantes, un rapprochement écologique et obligatoirement anti-capitaliste peut s’envisager entre diverses composantes de la société, croyants et non-croyants. La dernière encyclique ouvre une fenêtre d’opportunité pour ce rapprochement. En effet, une vraie approche écologique se transforme toujours en approche sociale, dixit le pape François. Quand on propose une vision de la nature uniquement comme objet de profit et d’intérêt, cela a aussi de sérieuses conséquences sur la société. La vision qui consolide l’arbitraire du plus fort a favorisé d’immenses inégalités, injustices et violences pour la plus grande partie de l’humanité, parce que les ressources finissent par appartenir au premier qui arrive ou qui a plus de pouvoir : le gagnant emporte tout (Laudato Si p.82).

06/12/2015 15:15 par Documentaliste

Sur le blog "BELLACIAO (FR)" on trouve trois articles :
- "ECOLOGIE= millénarisme réactionnaire petit-bourgeois"*...( date : 1-12-2015 )
- "La DECROISSANCE est une imbécillité"... ( 2-12-2015 )
- "L’HYDROGENE LIQUIDE c’est la SOLUTION"... ( 3-12-2015 )
Il faut, à mon avis lire ces textes qui ont pour qualité principale de caricaturer l’opposition MARXISME vs ECOLOGISME.
Malheureusement les modérateurs de BELLACIAO ont modéré les débats "à priori", ce qui nous prive du plaisir de LIRE les réponses hystériques des SAUVEURS de PLANETE et autres néo puritains partisans d’une société "sobre et décente".

08/12/2015 18:15 par Dominique

@XPFO

Dans le passage de la bible bible cité incomplètement, dieu dit à l’homme de soumettre la Terre et toutes ses créatures (quand on cite, il ne faut pas couper, cela fausse l’analyse). Il s’agit ni plus ni moins de l’ordre de mission que dieu donne à l’homme. La première conséquence pratique d’une telle croyance est d’établir une hiérarchie entre dieu, l’homme et le reste de la création. Ce qui ouvre la porte à toutes les autres hiérarchies, à commencer par celle entre les hommes, certains se retrouvant plus près des dieux que les autres - ou plus égaux que les autres en version démocratique, et plus riches que les autres en version capitaliste. L’introduction, même si je ne l’aurai pas formulée de cette façon, laquelle est incompréhensible à un croyant, a donc toute sa raison d’être. J’espère seulement que cette petite explication sur les hiérarchies artificielles introduite par cette croyance vous incitera à vous poser la question que tout croyant sincère doit se poser : Les valeurs véhiculée par ma religion correspondent telle à celle de ma foi ?

Les amérindiens avaient très bien compris l’importance de ces hiérarchies, eux qui bien que n’ayant lu ni Marx ni GreePeace, dirent aux colons puritains qui les massacraient eux et les bisons : "Un être humain qui ne respecte pas son environnement est incapable de respecter ses semblables.",
avant de rajouter : "Vous ne comprendrez que l’argent ne se mange pas que lorsqu’il ne restera rien d’autre." (Ils n’avaient pas encore de cartes de crédit.- :)

Personnellement, je trouve très amusant, intéressant et instructif que les 3 religions du livre, pour promouvoir leur idéal d’amour, commence par poser une croyance qui implique des hiérarchies qui rendent impossibles la réalisation de cette idéal d’amour. (Rassurez-vous, les autres religions organisées comme celles basées sur le Taoïsme ne sont pas mieux car avec leur principe du Yin, du Yang, elle sépare aussi tout et aussi bien que la bible avec son bien et son mal, oubliant ainsi l’essentiel : l’être humain est un être transcendantal car il a la capacité de choisir s’il veut faire le bien ou la mal, le yin ou le yang, etc, et qu’il sait très bien (Marx n’a fait qu’enfoncer le clou en posant de travail comme dogme de base de sa philosophie, instaurant ainsi l’ère de la philosophie scientifique.) que les conséquences de ses actions forgent son avenir.

@ toutes et tous

Texte excellent, bien que je me refuse à considérer le communisme comme la seule voie possible. L’anarchisme en est une autre, et je considère ces deux mouvements comme complémentaire. Le danger principal du communisme est l’opportunisme de parti, nous avons vu le résultat en Russie (dés que Lénine privât les soviets du pouvoir pour le donner au parti, lequel ne l’a plus lâché), puis en URSS (où Staline allait reprendre ce système de pouvoir central du parti et le développer). Et de toutes façon, l’avenir, avec ou sans révolution, ne sera jamais ni plus ni moins que ce que nous en ferons.

Un autre danger du communisme est le productivisme, et je ne vois rien dans ce texte qui s’en écarte. Le productivisme capitaliste est anarchique dans le mauvais sens du terme, c’est à dire anarchique et laissé à l’initiative individuelle des propriétaires des moyens de production. Et comme le productivisme décrit dans ce texte, il est saupoudré d’une aura scientifique, ce qui dans les deux cas ouvre la porte au scientisme, cette religion qui n’ose pas s’avouer comme telle.

Montrer que la régulation n’est ni dans le mauvais infini néolibéral (« produis tout ce que tu peux produire qui ramène du profit, la nature et la science paieront la facture !), ni dans le mauvais fini religieux (« touche pas à la, ni à ta nature ! »), mais dans le bon infini d’une régulation culturelle, scientifique et politique par laquelle l’homme veille à reproduire sans cesse les conditions naturelles (dont le génome, maladies génétiques non comprises) qui lui permettent d’être « produit pour l’infinité » (Pascal).

Méconnaissance de la nature. Nous devons cesser de nous croire exceptionnel et de vouloir la reproduire, ceci car la nature ne nous a pas attendu pour se produire elle-même et produire les conditions nécessaires à la vie de haut niveau. Par contre, nous devons cesser de détruire ces conditions nécessaires à notre vie, et même dans certains (bien des) cas les réparer.

09/12/2015 23:40 par xpfo

@dominique

Bien entendu que je coupe. N’y voyez aucune malice. J’aurais pu vous mettre toute la Bible que mon propos sur la conception biblique de la relation entre l’homme et la nature n’en aurait pas été plus étayée. Si vous le voulez vraiment, le verset suivant (Gn 1,28) prévoit en effet une soumission des poissons, des oiseaux et de toutes les bêtes. A moins de nous considérer comme des bêtes, je ne vois nulle part d’ordre de dominer nos semblables. La suite de votre prose sur l’ouverture « automatique » vers d’autres hiérarchies (entre les hommes) ne peut se déduire du texte de la genèse que je cite. Cette interprétation vous appartient ainsi qu’à ceux qui ont, dans l’histoire, utilisé la religion pour justifier l’oppression de l’homme par l’homme. Pour ma part et aussi surprenant que cela puisse sembler à un non croyant, je ne pense même pas qu’il y ait de hiérarchie entre dieu et l’être humain. Ça demanderait un plus long développement mais le terme « partenaire » me semble le plus approprié.

Quand à la question très personnelle de savoir si les valeurs véhiculées par ma religion correspondent à ma foi. Je ne vous ai pas attendu pour me la poser.
Pour que nous puissions nous entendre sur les mots, considérons la foi comme ce en quoi on croit et la religion comme la mise en pratique de cette foi (praxis).
Je ne parlerai pas de ma foi qui relève du domaine privé.
Quant à ma religion, elle consiste justement à m’engager pour une autre société. Quand je lis la Bible, j’y vois un dieu qui libère l’esclave, met l’homme debout, se tourne préférentiellement vers le plus faible et dénonce l’appât du gain. C’est donc ma religion que d’être délégué syndical, que de faire des grèves et perdre mon salaire x fois cette année-ci, que d’être affilié à un parti à la gauche du PS... Pour moi, c’est cohérent et je ne suis pas le seul. Je vous conseille le documentaire Revolutionarios-2 présenté par LGS. A la minute 3, certains des compagnons de Fidel sont cités, parmi eux des croyants et des prêtres également. Même si en Europe occidentale, le socialisme s’est construit en opposition avec la religion, il n’en est pas de même ailleurs dans le monde. Pensez aux sandinistes ou à Chavez par exemple. Nous ne sommes ni cinglés, ni ignorants, ni schizophrènes. Nous avons un système de pensée qui nous semble cohérent et qui nous amène sur le terrain du partage et de la fraternité, que vous l’appeliez socialisme, communisme ou autre chose. Ça s’appelle pour faire bref la théologie de la libération.

Donc pour conclure, les valeurs véhiculées par ma religion correspondent-elles à celles de ma foi ? La réponse est oui puisque ma religion n’est pas celle de la famille Lepen ou de l’inquisition ou du vatican ou de Franco ou....

Le pape vient de proclamer une année de la miséricorde. Le christianisme prévoit 7 oeuvres de miséricordes corporelles (nourrir ceux qui ont faim, accueillir l’étranger, abreuver celui qui a soif, vêtir celui qui est nu...). Moi, ça me donne juste l’envie de reprendre une pile de tracts et de refaire le tour du quartier.

05/09/2016 21:59 par Méc-créant

Quand je lis dans les références fondamentales du parti : "l’outil scientifique théorisé par Marx et matérialisé par Lénine" mon cerveau à tendance...à serrer les fesses. Non que je tienne à nier l’apport de ces deux penseurs, loin de là. Mais, n’étant pas un perdreau de l’année, j’ai eu plus d’une fois l’occasion de débattre avec des communistes "purs et durs" (entre autres, les rédacteurs de la parution "Le communiste des Bouches-du-Rhône", peut-être des prédécesseurs) pour qui "le marxisme" était une science et non une philosophie. Pour scientifique que puisse être qualifié le travail de Marx et Engels, n’est-il pas, comme toute théorie, susceptible d’être soumis à interprétation ? Aussi, plutôt que "matérialisé" ne conviendrait-il pas de dire (et penser) : "interprété" ? Eux-mêmes, me semble-t-il, soutenaient que le processus de pensée n’était pas indépendant des conditions dans lesquelles elle se développait : scientifiques, technologiques, mais également économiques, sociales et politiques..., et donc annonçaient par là-même les réadaptations futures "du" marxisme.

Engels (si ma mémoire...) s’en prenait aux scientifiques prétendant que la science était au-dessus de tout et en particulier au-dessus de la philosophie, supérieure à elle, et qu’elle devait se soumettre à la science. Il leur faisait remarquer que, non seulement science et philosophie sont inséparables, mais que la philosophie précède et suit la science, précède et suit l’expérience, précède et suit la théorie scientifique. Car aucune science ne peut s’élaborer sans concept et aucune science ne peut s’établir sans produire des concepts. Aussi, lorsque j’aborde un texte traitant de matérialisme, qu’il soit historique ou dialectique, je me sens en terrain plus praticable : on y craint moins l’enlisement de la pensée.

Vous évoquez le rapport à la religion et même parfois la renaissance du fait religieux. Mais comment les conceptions créationnistes pourraient-elles ne pas être de retour quand... "d’éminents"... "scientifiques" affirment —équations à l’appui— la "réalité" d’un Big-bang originel ? (Conception plus compréensible chez un abbé Lemaitre). Quand un H. Reeves, grand chantre relativiste, nous dépeint l’univers, sa création et son histoire (l’histoire de LA matière) dans un langage poétique et particulièrement fleuri, propre à combler les discours des gourous les plus humbles ? Je reste étonné qu’aucun philosophe ou simple penseur matérialiste n’ait eu le courage de s’atteler à démonter "l’esprit relativiste" ? On retrouve bien là, ce que soutenait Engels. Seule une conception créationniste peut conduire à une théorie soutenant le concept de création de la matière (avec toutes les conséquences qui en découlent pour les conceptions scientifiques et philosophiques). Vouloir attribuer un contenu intrinsèque (physique !) à des abstractions (fondamentales) comme l’espace et le temps, c’est nier par là-même la valeur, le rôle, la réalité de ces abstractions absolument nécessaires à la compréhension et à l’interprétation de la nature.(Signalons au passage la découverte bien plus géniale que les relativistes n’ont pas menée à son terme. Quand, d’une différence de mouvement entre deux horloges —"fameuse" expérience : horloge dans un avion, une autre au sol— ils décident d’en tirer une variation DU TEMPS, ils auraient dû, en scientifiques conséquents, constater que c’est LE TEMPS qui fait SE MOUVOIR les horloges. Bref : le temps serait donc une énergie ou une force. Alléluia !... Allez, loup y a...

Bon, j’en reste là, il se fait faim. J’avais pondu pas mal de réflexions à propos de relativité et matérialisme mais, jusqu’ici, moi non plus je n’ai pas eu le courage...qui ne s’applique pas seulement aux idées à défendre mais également au travail à accomplir..."mais il fait si chaud dans notre Midi..." Comme je le fais chaque fois que je laisse un commentaire, je signale le blog où je présente des vieux textes peut-être rajeunis par notre monde actuel : Immondialisation : peuples en solde !
Méc-créant.

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