Cristina Kirchner réplique au FMI qui menace de donner un « carton rouge » à Buenos Aires

La présidente argentine Cristina Fernández de Kirchner, dans son discours mardi dernier (25 septembre, NDLR) à la tribune de l’ONU, a déclaré que « la FIFA avait eu plus de succès dans l’organisation de la Coupe du Monde que le Fonds monétaire international (FMI) pour réorganiser l’économie mondiale au cours des vingt dernières années ». C’était en quelque sorte la réponse à Christine Lagarde, qui est à la tête du Fonds monétaire international (FMI) depuis que Strauss-Kahn en a été évincé à la suite d’un scandale sexuel.

Française de formation nord-américaine et directrice générale du FMI, Christine Lagarde était d’humeur ces derniers temps à redécouvrir sa langue natale. Laissant de côté l’obscure et absconse novlangue, elle s’était en effet permis d’utiliser, en parlant de l’Argentine, la métaphore du « carton rouge », sanction donnée par les arbitres pour expulser un joueur du terrain. Plus concrètement, elle menace de déclarer hors jeu Buenos Aires, considérée par beaucoup comme un modèle pour sortir de la crise en évitant les fourches caudines du FMI.

Cristina Kirchner n’a pas manqué de répliquer, indiquant que « nous ne sommes pas une équipe de football. Nous sommes une Nation souveraine. Et la crise économique n’est pas un jeu. C’est même la pire crise depuis les années 30. Quant à parler sport, il est bien évident que la mission du président de la FIFA est bien plus satisfaisante que celle des principaux dirigeants du FMI ». Elle reçut sur ces entrefaites une cascade d’applaudissements, fait suffisamment rare dans les assemblées de l’ONU pour être signalé. On ne sait pas si la présidente argentine faisait intentionnellement l’éloge de Sepp Blatter, qui jouit d’une mauvaise réputation en Amérique du sud. Il est plus probable qu’elle laissait entendre que le FMI était encore plus incompétent que la FIFA, pourtant en proie ces dernières années à toute une série de scandales.

« Pour certains, nous serions un mauvais exemple, mais il est bon de rappeler que l’Argentine a payé les actionnaires plus qu’Enron. Pour chaque tranche de 100 dollars de la dette, la multinationale en a payé un, alors que les Argentins en ont payé vingt ». Puis elle a critiqué ceux qui pensaient guérir les problèmes du monde avec les recettes qui les ont générés, pointant les pays industrialisés qui « nous traitent de protectionnistes alors que nous avons été victimes de l’ultralibéralisme qui a ravagé nos économies en jetant sur la paille des millions de nos citoyens ».

Capitaine Martin

Résistance http://www.resistance-politique.fr/article-cristina-kirchner-replique-au-fmi-qui-menace-de-donner-un-carton-rouge-a-buenos-aires-110732432.html

COMMENTAIRES  

01/10/2012 23:39 par Bonjour

Je suis heureux que Capitaine Martin ait décidé de publier et commenter cette anecdote lourde de sens.

Ce "carton rouge" lancé par le FMI signifie plusieurs choses :
- Ouvertement cette note négative s’adresse au pays dont elle déprécie la gestion en le culpabilisant,
- Implicitement, cette même note est un feu vert qui autorise les "investisseurs" à exiger une rémunération plus élevée du crédit (ce que font les agences de notation).

Du point de vue financier, la population souffre deux fois : l’inflation provoque une perte de pouvoir d’achat et un enchérissement du crédit (pénalisant pour l’activité économique).

Cristina Kirchner a raison de dire que le FMI n’est pas un exemple en matière de gestion. Gère-t-il quelque chose d’ailleurs ? Un pays comme l’Argentine dont la dette publique est proche des 50% du PIB devra payer des taux élevés, tandis qu’un pays comme les Etats-Unis dont la dette publique est supérieure à 100% du PIB va jusqu’à bénéficier de taux négatifs.

Les investisseurs en réalité ne s’y trompent pas et connaissent parfaitement le potentiel réel d’une économie, et savent placer leurs pions (leurs capitaux) pour profiter encore des taux élevés :

La banque HSBC prévoit une croissance formidable entre 2012 et 2016 :

"Pronósticos del HSBC - El mercado argentino tiene un alentador pronóstico para los próximos años : el crecimiento del comercio exterior fomentará el despegue de la economà­a local. Según el Trade Forecast Research, el informe semestral realizado por HSBC que pronostica el curso del comercio exterior, la Argentina crecerá un 162,79 por ciento entre 2012 y 2016 en el comercio internacional y la tendencia general a nivel global será positiva"

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