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Cuba/Etats-Unis : De quelle normalisation des relations parle-t-on ?

Illustration : "Ben voyons, encore un truc de USAID"

Peut-on parler de relations normales entre deux pays lorsque l’un prétend non seulement s’immiscer dans les affaires intérieures de l'autre, mais vise également à renverser l'ordre d'un pays souverain, en utilisant sa propre jeunesse ?

À plusieurs reprises et dans des espaces différents, le général d’armée Raul Castro Ruz, président du Conseil d’État et du Conseil des ministres, a clairement indiqué la volonté du gouvernement révolutionnaire de discuter du conflit historique entre Cuba et les États-Unis, sans conditions et sur la base du respect mutuel de la souveraineté et de l’autodétermination des deux pays.

Il y a quelques jours seulement, le 17 septembre, lors de son discours au 17e Sommet du Mouvement des non-alignés, sur l’île de Margarita, au Venezuela, il a insisté en toute clarté : « Cuba continuera de réclamer la levée du blocus économique, commercial et financier, qui nous cause tant de dommages et de privations, et qui affecte aussi de nombreux pays en raison de sa portée extraterritoriale. Nous continuerons d’exiger la restitution de notre souveraineté sur le territoire illégalement occupé par la base navale des États-Unis à Guantanamo. Sans cela, il ne saurait y avoir de relations normales, ce qui ne sera pas possible non plus s’il n’est pas mis un terme à d’autres politiques toujours en vigueur, portant atteinte à la souveraineté de Cuba, comme les programmes de subversion et d’ingérence ».

Parmi nos adages populaires, nous pourrions reprendre une expression qui décrit la subversion et l’ingérence des gouvernements des États-Unis vis-à-vis de Cuba : « Il s’agit du même chien, pas avec un collier différent, mais avec le même. »

À l’époque, en 1961, exactement le 3 novembre, le président John F. Kennedy signa la loi réorganisant l’aide étrangère (Foreign Assistance Act), et fut créée l’Agence des États-Unis pour le développement international (United States Agency for International Development ou USAID). Elle avait pour origine le Plan Marshall (1948) et l’Alliance pour le Progrès (mars 1961). Ses objectifs : faire face à la nouvelle carte politique au terme de la Deuxième Guerre mondiale et au triomphe de la Révolution cubaine.

Le Plan Marshall représentait une expression de la lutte pour l’hégémonie avec le bloc socialiste en Europe de l’Est et un instrument de contention face au danger de l’expansion des idées communistes dans le reste de l’Europe occidentale.

Par contre, l’Alliance pour le progrès, qui prônait une « Alliance des deux Amériques » afin de développer les forces de la démocratie « made in USA », devait empêcher le triomphe de la Révolution cubaine le 1er janvier 1959 de s’étendre à d’autres pays du continent. Cette deuxième ligne d’action échoua rapidement, entre autres à cause de la défaite de l’invasion mercenaire de Playa Giron, en avril 1961, la première défaite militaire impérialiste en Amérique latine.

À partir de ce moment-là, l’USAID se vanta d’aider au développement économique des pays et de résoudre des problèmes humanitaires.

En réalité, cet organisme est l’un des instruments de la Maison Blanche, qui utilise les services de renseignement pour obtenir des informations sur les pays de la région et influencer leur politique intérieure et extérieure. Il s’agit de la principale agence d’intervention directe des États-Unis, qui distribue des millions de dollars en « aides » militaires et économiques à des pays sur lesquels elle exerce sa domination, tout en protégeant les intérêts étasuniens.

Il est irrespectueux et incohérent qu’un pays décide de rétablir ses relations diplomatiques avec un autre pays, après plus de 50 ans d’interruption, tout en tentant de renverser l’ordre dans ce même pays et promouvoir un « changement de régime ». De quelle bonne volonté parle-t-on ? Si les États-Unis, avec le président Kennedy à la tête de la Maison Blanche, ont créé l’USAID pour empêcher la Révolution cubaine de se propager et pour la détruire, Barack Obama, un autre démocrate, apporte son soutien à cette même agence à laquelle il confie de nouveaux projets pour détruire les acquis obtenus, afin de restaurer le capitalisme dans la Cuba révolutionnaire.

Pour le gouvernement des États-Unis, 1961 et 2016 ne semble pas représenter un espace de temps, mais le même temps. La World Learning est une organisation « à but non lucratif », dont le but est soi-disant d’« autonomiser les personnes et de renforcer les institutions ».

Ses bureaux sont installés à Washington et dans le Vermont. World Learning a reçu un financement de divers organismes du Département d’État des États-Unis, notamment de l’USAID, pour promouvoir le changement à Cuba, à l’ombre de l’article 109 de la Loi Helms-Burton de 1996, ce qui signifie l’utilisation de sommes millionnaires dépassant 139 millions de dollars durant les deux mandats de Barack Obama.

La World Learning a mis en place entre juillet et août derniers le Programme d’été pour les jeunes Cubains, et tenté de recruter des jeunes entre 16 et 18 ans, de niveau secondaire, afin de les « travailler » en fonction de leurs intérêts sordides. Le programme comprenait l’élaboration d’un projet final axé sur des activités à mettre en œuvre au retour à Cuba, qui seraient ensuite surveillées de près par les généreux commanditaires. Inutile de dire que la World Learning n’a pas tenu compte des autorités cubaines. Les quatre personnes envoyées depuis le Panama pour apporter « la touche finale » au recrutement sont arrivées à Cuba munies des visas touristiques, violant ainsi les termes de leur séjour dans l’Île, ce qui leur a valu un avertissement de la part des autorités migratoires.

Peut-on parler de relations normales entre deux pays lorsque l’un prétend non seulement s’immiscer dans les affaires intérieures de l’autre, mais vise également à renverser l’ordre d’un pays souverain, en utilisant sa propre jeunesse ? De quelle normalisation des relations parle-t-on ?

Les jeunes de ce pays, ceux de 2016, fruits d’une Révolution, dont l’éducation représente l’une des valeurs les plus altruistes, savent parfaitement de quoi il retourne et à qui ils sont confrontés.

Oscar Sanchez Serra

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