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Des dérives financières aux destructions d’emplois

Dans l’indifférence à la loi Minder, (1) à l’opinion publique, aux normes de capitalisation et au sauvetage par l’argent public, la direction d’UBS va se distribuer 2,5 milliards pour se féliciter de la perte de 2,51 milliards sur 2012.

Un tsunami a déferlé le 3 mars en Suisse. La votation contre les rémunérations abusives a viré au plébiscite contre une super-élite du Swiss Market Index (SMI) [Equivalent suisse du CAC40]. Les autorités fédérales ramassent une claque au passage. Elles ont montré une incapacité à gérer les abus en tout genre (Swissair, les « subprime » des grandes banques, des bonus mirifiques malgré un sauvetage avec l’argent public, le scandale du Libor). (2) En 2012 elles ont battu des records de déni du citoyen, du contribuable et de la législation au profit de ces supranationales. La dérive de ce système où le plus fort impose sa loi et fait payer à la collectivité ses prises de risque - voire ses crimes - finit par supplanter les institutions démocratiques et la souveraineté du citoyen. Les partis classiques droite-gauche sont dépassés. Les autorités sont si constantes dans leur impuissance réelle ou simulée à gérer cette super-élite qu’elles donnent le sentiment d’être ses auxiliaires. Bref, on voit se lever une mobilisation citoyenne visant à freiner cette complaisance des autorités.

Les bonus déconnectés de la réalité ne sont qu’un des symptômes d’un système qui résulte d’une puissante dynamique générée par le mixage de la globalisation, la financiarisation et la technologie.

Ce phénomène visible depuis une quinzaine d’années est issu des restructurations/fusions massives d’entreprises au label prestigieux sur le plan mondial. Ces gros employeurs multinationaux très impliqués dans le tissu national offraient une base stable à la population active. Fréquemment centenaires, leur succès était celui de générations d’entrepreneurs et de collaborateurs qui avaient mis en commun leurs talents au service de la qualité et de l’économie réelle de leur pays.

Mondialisation. Globalisation. La réorganisation est devenue sans raison objective un must. On a fait alors appel à l’un ou l’autre des cabinets de conseils initiateurs de mondialisation. Le plus grand accompagne 93 des 100 plus grandes entreprises du monde et 50 gouvernements. La logique implacable de croissance s’appuie principalement sur deux axes. Le premier vise à se positionner face aux concurrents pour les supplanter. Fusions et acquisitions se succèdent. La guerre des prix qui bénéficie dans un premier temps au client a pour principal objectif de liquider la concurrence. Les prix peuvent ensuite grimper à nouveau (pratique du hard discount). Le deuxième axe agit sur les potentialités du marché. Cette cartographie cible la croissance financière maximale possible dont les indicateurs de succès sont le chiffre d’affaires et la marge bénéficiaire.

Délocalisations, sous-traitance à bas coûts, salaires low cost, licenciements massifs, échange de population active entre des seniors expérimentés et des juniors en CDD ou stagiaires moins chers mais ignorants des règles et pratiques de gestion… L’entreprise est devenue l’otage du dieu argent.

On a pu ainsi abandonner des secteurs d’activités moyennement ou peu rentables. Ailleurs, c’est une entreprise qui a licencié pour réduire ses coûts la veille d’un rendez-vous financier important. Tant pis pour les emplois… Les indicateurs financiers priment. Aujourd’hui, bon nombre de produits de labels prestigieux et de grandes surfaces ne se différencient en fait que par le visuel et le marketing. La production standardisée, massifiée, centralisée et bon marché se trouve quelque part dans le monde. Pendant ce temps, le client occidental continue de payer la marque au prix fort malgré la banalisation de sa qualité. Les marges devenues énormes continuent de croître même quand le chiffre d’affaires baisse (Novartis 2012). Le pouvoir du producteur réel s’amplifie à son tour face à une concurrence qui s’estompe quand elle n’est pas cartellisée. La diffusion des produits devenue virtuelle se fait via des traders. Le contrôle qualité se relâche. Le risque de frelatage augmente. On l’a vu avec la présence d’huile de moteur dans l’huile alimentaire ou dans le « horsegate » où un producteur vend un même produit sous une multitude de formes, de pays et de labels. Les leviers financiers de la globalisation sont réels. Les milliardaires se multiplient. Tant pis pour la qualité.

Impossible de parler de globalisation sans parler de financiarisation. Une politique d’expansion a besoin d’argent frais. Ainsi, bon nombre d’entreprises ont vendu des actifs juteux hors des métiers ciblés (core business) pour racheter la concurrence. Des « chevaux crevés » (3) ont eu raison du patrimoine de Swissair. Dans un deuxième temps, la croissance exige un endettement auprès de la haute finance. Celui-ci sera fatal pour l’autonomie de ces géants. Ainsi une banque définit lors de l’octroi d’un crédit le rythme des amortissements. C’est un refus de prolonger les crédits qui a cloué les avions de Swissair au sol. Un créancier comme UBS dont le premier actionnaire est le fonds souverain de Singapour ne peut-il pas encourager ses débiteurs à délocaliser vers ce pays ? La haute finance détient en tant que créancière un droit de vie ou de mort sur les entreprises cotées en bourse et leurs emplois. UBS va plus loin en imposant sa vision dans les coins et recoins de la vie suisse (université, politique…).

La technologie vient accélérer cette dynamique de croissance. La robotique par exemple devient moins chère que le plus bas des bas salaires du monde. Ainsi, en Chine une entreprise a remplacé 500 000 ouvriers par des robots. Au Japon, une entreprise neuve de 15 ha, entièrement automatisée, produisant pour 2 milliards de dollars par mois fonctionne avec 15 salariés.

La mondialisation a enfanté un système à haute concentration de capitaux mais puissamment destructeur d’emplois. Cela est résumé par des bourses qui évoluent à l’opposé des niveaux de chômage et de paupérisation. Elle engendre la captation de l’outil de production par la haute finance doublée d’un sentiment de toute-puissance de la super-élite. C’est ainsi que dans une indifférence à la loi Minder, à l’opinion publique, aux normes de capitalisation et au sauvetage par l’argent public la direction d’UBS va se distribuer 2,5 milliards de francs pour se féliciter de la perte de 2,51 milliards sur 2012 et la promesse de destruction de 10 000 emplois.

Mercredi 1 mai 2013.

»» http://www.letemps.ch/Page/Uuid/c21a1fe2-b1a9-11e2-9c9f-b185da78f9d0/D...

(1) Initiative populaire « contre les rémunérations abusives » initiée par Thomas Minder, un homme politique suisse élu sans étiquette, mais siégeant au sein du groupe UDC, un groupe politique à l’extrême droite du spectre politique suisse.
(2) Le Libor est un taux d’intérêt moyen calculé à partir des soumissions des taux d’intérêt des grosses banques de Londres, le scandale a éclaté quand il fut découvert que les banques ont frauduleusement majoré ou minoré leurs taux d’intérêts afin de donner l’illusion qu’elles étaient plus solvables qu’elles ne l’étaient en réalité.
(3) Possiblement une référence à une expression idiomatique anglaise du 17ème siècle, "a dead horse" signifiait un travail payé d’avance pour tenter en vain de faire face à des dettes

Source : Des dérives financières aux destructions d’emplois


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