Le golpe était mal organisé, ou Maduro l’était assez.

Echec de la tentative de coup d’Etat, suivi de Nuit de cristal au Venezuela

Nous vous proposons ici deux articles contenant des éléments nouveaux que David Pujadas risque d’oublier de porter à votre connaissance de citoyen libre disposant d’une presse libre.

Le premier est de notre ami Thierry Deronne et le second de Romain Migus, deux journalistes amis du GS, en poste à Caracas.
LGS.

Echec de la tentative de coup d’Etat

par Thierry Deronne

Comme on le sait, dans les premières heures qui ont suivi l’annonce de la victoire du bolivarien Nicolas Maduro, des militants de l’ex-candidat de droite Capriles Radonski (1) ont obéi à sa consigne de "descendre dans la rue pour libérer leur rage".

Bilan : sept citoyen(e)s assassinés, dont deux bénéficiaires de la Grande Mission Logement résidant dans une municipalité de droite (Baruta) ; des permanences du Parti Socialiste Uni du Venezuela (PSUV), des centres de santé intégrale, des médias communautaires, des sièges régionaux du Conseil National Électoral, ainsi que des domiciles de fonctionnaires publics ont été attaqués ou incendiés.

Sur le plan national, une frange d’électeurs qui avait voté pour Capriles s’est démarquée de sa stratégie meurtrière, déjà utilisée par lui lors du coup d’État contre le président Chavez en avril 2002, et ont manifesté leur indignation face aux assassinats (1). En tout état de cause, la majorité de la population n’a pas suivi, poursuivant ses activités quotidiennes ou se mobilisant pacifiquement pour défendre le verdict des urnes.

Les conseillers en communication de Capriles s’étaient efforcés ces mois derniers de lui créer un new look social, démocratique, sur le principe du mimétisme avec la révolution chaviste, le rhabillant en « Lula vénézuélien » qui allait maintenir les missions sociales et avait même remercié les médecins cubains. Ce travail cosmétique est aujourd’hui réduit à néant et le candidat néo-libéral semble s’en rendre compte en décommandant de nouvelles manifestations. Des informations concordantes évoquent à présent l’intention de Radonski de monter un « auto-attentat » pour continuer à alimenter les médias internationaux.

Le président Lula a critiqué l’ingérence états-unienne dans les élections au Venezuela.

Sur le plan international, l’ensemble des gouvernements a pleinement reconnu Nicolas Maduro comme président constitutionnel du Venezuela, et les derniers alliés de la droite vénézuéliene (à l’OEA et en Espagne) ont été obligés de suivre, reconnaissant la victoire du candidat bolivarien. Le gouvernement des États-Unis se retrouve donc isolé dans son refus de reconnaître la décision des électeurs. Le scrutin a été validé par les observateurs internationaux dont ceux de l’UNASUR (12 pays latino-américains). L’ex-président Lula a déclaré : « quand on occupe des fonctions présidentielles il y a des choses qu’on ne peut pas dire, par diplomatie, mais aujourd’hui je peux les dire : de temps en temps les États-Unis s’ingèrent dans les élection organisées dans un autre pays. Ils devraient s’occuper de leurs affaires et nous laisser choisir notre destin« .

Durant l’inauguration ce mardi 16 avril du nouvel hôpital public « Cipriano Castro » dans l’état d’Aragua, le président Maduro a également accusé les États-Unis de financer la déstabilisation de la démocratie et déclaré : "j’ai dit au peuple : « patience », il ne peut y avoir d’affrontement du peuple contre le peuple. C’est ce que veut la droite pour justifier une intervention états-unienne au Venezuela."

Le nouvel hôpital, situé dans le quartier populaire San Vicente de la municipalité de Maracay, habité majoritairement par des familles ouvrières, est équipé d’une technologie de pointe dans les aires d’urgence, de pédiatrie, de chirurgie. Les soins sont totalement gratuits. Le même jour deux autres Centres de Diagnostic Intégral ont été inaugurés à La Vega (quartier populaire de Caracas) et dans la municipalité de La Victoria (État d’Aragua). Le CDI de La Vega est le trente-huitième de la capitale et sera ouvert 24 heures sur 24. Le second met à la disposition des habitants une salle d’hospitalisation, de thérapie intensive, de chirurgie, d’ophtalmologie, endoscopie, cardiologie, échographie, radiologie et traumatologie, l’ensemble des soins étant totalement gratuit. « C’est la santé dans le socialisme, telle que l’établit la constitution bolivarienne : un système de santé publique et gratuite tels que nous l’avions rédigé en tant que députés constituants en 1999" a déclaré Maduro avant d’annoncer pour lundi des « mesures radicales pour résoudre les problèmes du système électrique national« .

Le vendredi 19 avril, pour sa prise de fonctions officielle, le nouveau président du Venezuela sera accompagné par l’ensemble des chefs d’État de l’Amérique Latine et d’autres mandataires internationaux , ainsi que par une importante mobilisation des électeurs bolivariens.

Thierry Deronne, Caracas, 17 avril 2013.
avec Ciudad Caracas Info

Notes  :

Comme lors des coups d’État au Paraguay ou au Honduras, il faut y ajouter des éléments financés de manière occulte par la droite radicale (réseaux de délinquants liés aux mafias de la drogue, mercenaires étrangers, paramilitaires colombiens liés à l’ex-président Uribe, etc..). Le journaliste Maurice Lemoine rapelle que « le 26 mars dernier, trois députés de droite, MM. Ricardo Sánchez (suppléant de Mme Marà­a Corina Machado), Andres Avelino (suppléant de M. Edgar Zambrano) et Carlos Vargas (suppléant de M. Rodolfo Rodrà­guez), ont retiré leur appui à M. Capriles en dénonçant l’existence d’un plan élaboré par la MUD pour rejeter les résultats émis par le CNE lors de l’élection du 14 avril et orchestrer une période de violence dans le pays. » Lire « Venezuela : victoire du « chavisme sans Chavez« , http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2013-04-17-Venezuela

URL de cet article : http://venezuelainfos.wordpress.com/2013/04/17/defaite-de-la-tentative-de-coup-detat-lex-president-lula-critique-lingerence-des-etats-unis-dans-les-elections-venezueliennes/

Nuit de cristal au Venezuela

par Romain Migus.

Caracas, le 17/04/13

Il avait pourtant clairement annoncé la couleur. Le 9 avril, cinq jours avant l’élection présidentielle, Henrique Capriles déclarait : « je ne suis pas le même que le 7 octobre, je défendrai les votes »[1]. Dès le lendemain, le président de l’Assemblée Nationale, Diosdado Cabello, présentait sur la chaine publique des preuves confirmant les intentions de la droite de contester les résultats électoraux afin de tenter un coup d’Etat coloré au Venezuela[2].

Au soir des élections, malgré une différence de 272.865 votes[3] en faveur du candidat socialiste Nicolas Maduro, le candidat de la droite refuse d’admettre sa défaite. Pourtant, tous les observateurs internationaux insisteront sur la transparence des élections vénézuéliennes. Vicente Diaz, un des recteurs du Centre National Electoral (CNE), ouvertement lié aux partis d’opposition affirmera n’avoir « aucun doute sur le résultat de l’élection »[4] donnant comme vainqueur l’héritier d’Hugo Chávez.

Voilà bien la seule promesse que le candidat de la droite aura tenue.

Oubliée la rhétorique d’union, de paix et de sécurité qu’il vociférait encore une semaine auparavant. Il appelle ses partisans à se mobiliser afin d’obtenir un audit total des résultats. Curieuse manière démocratique de l’obtenir que d’envoyer les ultras de la droite prendre les rues du pays. La loi électorale vénézuélienne est pourtant très claire. Elle oblige les candidats à remettre au CNE des preuves de fraude, et dans le cas où celui-ci les rejette, un appel est possible par le Tribunal Suprême de Justice. Aucune démarche administrative n’a été engagée. Il est vrai que ces accusations ne résistent pas au fait que les membres de l’opposition désignés pour superviser les bureaux de vote ont tous donné leur aval aux résultats dans leur centre électoral respectif[5].

Qu’importe, le but recherché n’est pas de renforcer la démocratie électorale mais bien de lancer un coup d’Etat soft dans le meilleur style des précédents en Serbie, Géorgie, Ukraine, Iran, etc. Les jeunes néofascistes qui, aujourd’hui, mettent le pays à feu et à sang ont pour la plupart été formés en Serbie par le groupe Otpor, et se revendiquent des techniques de l’Albert Einstein Institution, matrice idéologique des Révolutions colorées[6].

Dès l’annonce de Capriles, des groupuscules néofascistes déferlent dans les rues du pays. Des symboles du chavisme sont détruits, des militants attaqués et assassinés, des petits commerces sont saccagés et brulés. On dénombrera 7 morts et 61 blessés, par balles pour la plupart. Cinq sièges régionaux du Parti Socialiste Uni du Venezuela (Psuv) sont dévastés par les flammes, tout comme douze cliniques populaires où officient des médecins cubains.

Dans l’Etat du Lara, où le gouverneur Henri Falcon est aussi le chef de campagne de Capriles, la police régionale à ses ordres ne fait rien pour empêcher la déferlante de haine. Dans la nuit, une grand-mère m’appelle de Barquisimeto, la capitale régionale : « je suis barricadée dans la buanderie avec ma soeur, des personnes sont en train d’essayer de défoncer la porte ». Par la petite lucarne qui la relie au monde extérieur, elle verra ses propres voisins, torches en main, aller brûler la clinique publique du quartier située en face de la maison. D’autres camarades nous témoigneront de scènes semblables qu’ils ont vécu, eux et leurs familles. Ils ne feront pas la une des journaux, et pourtant ils sont très nombreux à avoir été agressés de la sorte par les hordes fascistes.

Le président de la République Bolivarienne du Venezuela, Nicolas Maduro, appellera ses partisans outragés au calme, à ne pas faire le jeu de la violence et à laisser la police et la garde nationale rétablir l’ordre. A Capriles, il lui lance : « si tu ne me reconnais pas comme président, je ne te reconnais pas comme gouverneur de Miranda ». Ultimatum logique puisque les règles de l’élection de Capriles, en décembre dernier, furent exactement les mêmes que celles qui ont permis á Maduro d’être élu président.

Le bras de fer est engagé, et ne semble pas tourné en faveur de l’ancien candidat de la droite. La plupart des dirigeants mondiaux ont reconnu Maduro comme le nouveau président du Venezuela : les pays latino-américains dont les gouvernements de droite de Colombie, du Chili et du Mexique ; les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), plusieurs pays d’Afrique, ainsi que certains pays européens comme l’Espagne. Les Etats-Unis refusent toujours de reconnaitre la légitimité du processus démocratique vénézuélien.

L’armée vénézuélienne a reconnu Nicolas Maduro comme son nouveau « chef des armées », tâche qui incombe au président de la République, et a réitéré son engagement à préserver la paix et la sécurité. Par la voix de Wilmer Barrientos, chef du Commandement Stratégique Opérationnel, elle a invité les vénézuéliens à respecter les lois et les règles de la démocratie[7].

Même si la droite compte maintenir sa stratégie de tension en envoyant les mêmes groupes vêtus du rouge chaviste pour faire porter la responsabilité des violences au gouvernement, le spectre d’un coup d’Etat soft parait être écarté. Nicolas Maduro sortira renforcé de cette épreuve de force. En revanche, les messages de paix et d’union de Capriles ont volé en éclat. Des personnes ont été assassinées, blessées ou maltraitées pour avoir commis l’outrage de ne pas se reconnaitre dans le discours du responsable des violences actuelles au Venezuela. Les masques tombent et le fascisme a désormais un visage.

Romain Migus, depuis Caracas.

COMMENTAIRES  

18/04/2013 00:39 par Romane

Le site d’info democracynow a rapporté les propos de la procureure générale du Venezuela Luisa Ortega à propos des exactions perpétrés par les agents de Capriles "Sept venezueliens ont été tués. Parmi eux se trouvait un agent de police de l’Etat de Táchira. Et jusqu’ici, nous avons confirmé 61 blessés. Parmi les blessés, il y avait une personne qu’ils ont brûlée vive. Ils avaient l’intention de la tuer en la brûlant. Ils lui ont mis le feu. Notez le niveau de la violence de l’agression que ce groupe de gens en particulier ont en ce moment"
Lien vers l’article, intéressant à lire en ce qu’il établit et dénonce le niveau de responsabilités des EU qui ne reconnaissent pas l’élection de Maduro et appuie Capriles :
http://www.democracynow.org/2013/4/17/venezuela_accuses_us_of_plotting_coup

Par ailleurs, ça vient de tomber, Capriles a déposé un recours officiel auprès de la CNE pour un recomptage des votes, son équipe de campagne s’est rendue au CNE.
[http://www.romandie.com/news/n/_ALERTE___Venezuela_recours_depose_par_l_opposition_pour_un_nouveau_comptage_des_votes_86170420132359.asp?->http://www.romandie.com/news/n/_ALERTE___Venezuela_recours_depose_par_l_opposition_pour_un_nouveau_comptage_des_votes_86170420132359.asp ?

18/04/2013 00:59 par latitude zero

Un grand OUF de soulagement.
Ca aurait pu devenir rapidement très très chaud !
Merci pour ces 2 articles.

Excellente et rassurante appréciation et gestion de la situation par Maduro que nous allons commencé à mieux connaître.
Capriles devrait être poursuivi pour avoir appeler ses « militants » à "descendre dans la rue pour libérer leur rage".
Le parti de la MUD devrait être interdit pour avoir manifester son intention de contester les résultats .
Tous les assassins recherchés activement, casseurs et incendiaires, jusqu’aux voisins de la vieille dame réfugiée dans sa buanderie.
Quand à l « Albert Einstein Institution » le pauvre , il doit se retourner plusieurs fois de rage dans sa tombe de voir utiliser son nom de cette façon !
« l’Albert Einstein institution » est une vieille connaissance de Chavez
Ici un article du réseau Voltaire qu’avait lu et commenté Hugo Chavez en Juin 2007, (malheureusement la vidéo « chavez denuncia injenrencia de Otpor » n’est plus … disponible !)
« l’Albert Einstein institution : La non-violence version CIA »

18/04/2013 02:52 par Bonjour

Capriles est tantôt à droite, au centre-droit, au centre-gauche...

Une chose est sûre, Capriles n’est pas droit.

Son discours non plus n’est pas droit : - quand il se revendique de Lula, alors qu’il n’a pas été parrainé par Lula, et que son projet politique est clairement à droite (privatisations, place au capital, etc..).

Ses actes non plus ne sont pas droits : - sa manière d’inciter ses partisans à la violence de la rue et de se raviser le lendemain quand il s’aperçoit qu’il n’obtiendra pas ses objectifs de cette manière.

Capriles a un comportement dangereux, celui d’un opportuniste, balloté par les exigences de ses alliés financiers.

Si le Presidente Nicolas Maduro garde cela à l’oeil, tout ira bien pour son programme.

Además, tiene un appellido favorecido, para conducir la revolución bolivariana a la madurez.

Suerte Presidente Nicolas Maduro, para vos y el pueblo Venezolano.

18/04/2013 19:31 par martin-barastegui

Après ce massacre au Venezuela organisés et planifié par ses salopards de "Capriles"et les sbires nazi-sionistes-racistes-terroristes,USA,UE,+la mafia "pédalo"sans oublier ces chiens galeux des médias au service de ces vautours.OU sont-ils ces charognards fascistes donneurs de leçons et de morale.?! les salauds de "reporter-sans -vergogne" déjà complices du coup d’état en 2002, financé par la CIA,bande d’assassins.! plus le maitre est vil plus le valet est ignoble.

20/04/2013 20:03 par bobillier

j’avais cru comprendre que c’étaient les Croates Oustachis qui étaient fachos et pas les Serbes
j’ai du être mal informé..............

(Commentaires désactivés)