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ELAM : L’Ecole Latino-Américaine de médecine aujourd’hui. (The Monthly Review)

Une révolution ne parvient vraiment au succès que quand la nouvelle génération prend le relais de l’ancienne. Quand des milliers d’étudiants s’associent dans leur détermination à aider autrui dans une école construite pour leur permettre d’atteindre ce but, il y a un espoir que les jeunes continuent la lutte.

Les étudiants jouent un rôle central à L’Ecole Latino-américaine de Médecine (Escuela Latinoamericana de Medicina ou ELAM), l’école de médecine fondée il y a douze ans à Santa Fe, à Playa, à 90 minutes d’autobus de La Havane. Avec le coût de leurs études couvert par l’État cubain, des étudiants apprennent une nouvelle conception des relations sociales liées à la pratique médicale, conception dont ils auront besoin dans leur travail dans des communautés défavorisées de leur pays.

La médecine internationaliste : un rêve révolutionnaire

Dans son article, « Le médecin révolutionnaire cubain » Steve Brouwer décrit la vision qu’a eue Che Guevara en 1960, un an après la Révolution Cubaine. Après avoir observé que de nombreux médecins diplômés ne voulaient pas travailler dans les zones rurales, le Che a imaginé de former des campesinos à devenir médecins pour qu’ils « aillent aider immédiatement leurs frères avec un enthousiasme sans faille ». [1] Cette année là , Cuba a envoyé des équipes médicales au Chili pour aider après une tremblement de terre majeur. [2] Le premier contrat médical de Cuba a permis l’envoi d’une brigade médicale en Algérie en 1963 [3]. En 1998, quand les ouragans Mitch et Georges ont dévasté les îles des Caraïbes et l’Amérique Centrale, Cuba a envoyé des médecins et du personnel paramédicale. Fidel Castro a alors proposé d’étendre le nouveau Programme Intégral de Santé (Programa integral de salud) par la création de l’ELAM, en 199.

La capacité qu’a Castro d’inspirer des changements ne doit pas être sous-estimée. J’ai rencontré Exa Gonzalez, une étudiante de sixième année à l’ELAM, dans un avion pour La Havane en décembre 2009. Elle avait étudié l’art et le cinéma au lycée en Basse Californie, au Mexique. Adolescente, elle a fait deux voyages à Cuba avec ses parents, membres du Parti du Travail (Partido de Trabajo, ou PT). Durant son second voyage, en 2001, Fidel a décrit l’ELAM à la délégation du PT, ce qui a inspiré à Exa son changement de cursus et son choix de la médecine. Elle est entrée à l’ELAM en 2002, à l’âge de 19 ans, et a passé sa première année en classe préparatoire, étudiant la biologie, la chimie et la physique. [4]

Le Progrma Integral de salud de Cuba s’est étendu radicalement en 2003, quand la Fédération Médicale Vénézuelienne a tenté d’entraver les efforts du Président Hugo Chavez de fournir des soins aux communautés défavorisées. La coopération entre Cuba et le Venezuela a donné naissance au programme « Au coeur du quartier » (Barrio Adentro), conduisant dix-mille médecins cubains dans ce pays en moins d’un an. [5]

Quand Katrina a frappé la Nouvelle-Orléans en août 2005, Castro a mobilisé des centaines de diplômés de l’ELAM et de médecins cubains pour aider. Le président étasunien George Bush a refusé même de prendre en considération ce geste de bonne volonté. Un ami m’a dit que c’était sûrement un coup de pub de Castro, puisqu’il savait que Bush n’accepterait pas. J’ai répondu que, étant donné l’ampleur et la profondeur de l’aide médicale cubaine aux pays d’Amérique Latine, de la Caraïbe et d’Afrique, Cuba aurait tenu pour une honte d’ignorer la détresse d’une ville étasunienne à deux brassées de ses côtes. Le nombre élevé de médecins généralistes à Cuba rend possible un déploiement rapide après des désastres comme Katrina.

Les médias étasuniens ont continué à insulter la solidarité médicale cubaine avec le tremblement de terre de 2009 en Haïti. Tandis que les médias privés surévaluaient l’aide étasunienne, ils négligeaient sérieusement les efforts de Cuba, au point qu’ils ont présenté un médecin cubain comme « espagnol » [6]. En fait, depuis l’ouragan Georges en 1998, Cuba a envoyé des centaines de médecins dans l’île voisine d’Haïti. Cuba forme également des médecins haïtiens depuis l’ouverture de l’ELAM. La seule obligation est qu’une fois diplômés, les haïtiens acceptent de rentrer chez eux pour prendre la place des médecins cubains (plutôt que de déserter et de chercher un emploi aux Etats-Unis ou en Europe).

Cuba a déjà formé 550 médecins haïtiens et il y a 567 étudiants haïtiens à l’ELAM. En conséquence des efforts cubains, Haïti a connu une baisse de plus de 50% de la mortalité infantile, de la mortalité en couche, et de la mortalité juvénile et, entre 1999 et 2007, une augmentation de l’espérance de vie, de 54 à 61 ans. Comme l’a dit le président Haïtien René Préval [] : « Vous n’avez pas eu besoin d "attendre un tremblement de terre pour nous aider » [7]

Durant les trois premiers jours après le tremblement de terre, les médecins cubains ont fourni plus d’aide médicale qu’aucun autre pays. En plus des diplômés de l’ELAM déjà en Haïti, 184 étudiants haïtiens de l’ELAM (avec des diplômés étasuniens de l’école) sont venus aider. « Cuba a vite dirigé un personnel médical de 15000 personne en Haïti » [8], contre 550 personnes pour les États-Unis au même moment. Et, tandis que les États-Unis avaient traité 871 patients, le personnel formé par Cuba en avait soigné 227 143. Bien sûr, après quelques semaines,Haïti ne faisait plus les gros titres et la plupart du personnel civil américain était partie. Mais, de même qu’ils étaient présents avant le désastre, de même les cubains sont restés après, non seulement pour traiter des patients mais aussi pour continuer à aider à construire un nouveau système de soins.

Haïti est simplement l’exemple le plus récent de l’énorme travail médical international de Cuba. D’après le site internet de l’ELAM, il y a 52 000 travailleurs médicaux cubains offrant actuellement leurs services dans 92 pays [9]. Cela signifie que Cuba a plus de médecins travaillant à l’étranger que l’Organisation Mondiale de la Santé ou l’ensemble des nations du G 8. Ainsi, « en 2008, le personnel médical cubain couvrait70 millions de personnes dans le monde ». De plus, près de deux millions de personnes hors de Cuba doivent leur « vie à la disponibilité de services médicaux cubains ». (10]. L’esprit de solidarité internatinale est au coeur de l’enseignement à l’ELAM. Comme l’annonce son site internet : « Le travail que font les diplômés de l’ELAM aujourd’hui dans tous les pays du monde constitue un exemple d’internationalisme et de solidarité humaine. C’est un symbole de l’amour de la vie et de la justice sociale sans précédent dans l’histoire » [11]

Des brigades médicales étudiantes

Après la remise des diplômes de la troisième promotion de l’ELAM, le Congrès des Etudiants a proposé de créer l’opportunité de travailler sur des projets spécifiques durant les mois de vacances d’été. Les professeurs ont approuvé et les étudiants ont commencé à concevoir des projets connus sous le nom de Brigades Etudiantes pour la Santé (Brigadas Estudiantiles por la Salud, ou BES), dans le cadre desquelles ils vont dans des cliniques dans des communautés pauvres des villes ou des campagnes d’Amérique du Sud et d’Amérique Centrale, de même que dans le reste du monde, y compris les Etats-Unis.

La Brigade Yaa Asantewaa (YAB), organisée entre autres par Omavi Bailey et Ketia Brown, illustre la façon dont fonctionnent les projets BES [12]. La YAB conduira le « Projet Ghana du corps Médical Africain. » Ce projet a été conçu par l’Organisation des Médecins Africains [Organisation of African Doctors, OAD], un groupe d’étudiants en médecine africains et africains-américains. Fondé en 2009 sur le campus de l’ELAM, l’OAD s’est donnée pour mission de développer « des programmes, des projets et des institutions dans le but de produire et d’organiser un corps médical politiquement conscient et socialement responsable et capable de satisfaire les besoins d’africains souffrant de problèmes de santé sur le continent noir. L’OAD se compose de 160 étudiants, internes et résidents, issus de plus de 35 pays [13].

Aujourd’hui, la « fuite des cerveaux », avec des médecins africains trouvant du travail en Europe ou aux Etats-Unis, laisse le Ghana avec seulement un médecin pour 45 000 habitants. De la même manière, il y a plus de médecins éthiopiens à Chicago qu’en Ethiopie [14]. L’OAD se donne pour but d’affronter ce problème en renforçant l’obligation imposée par l’ELAM que les africains (et tous les autres) étudiants en médecine retourne pour servir les communautés pauvres de leurs patries.

La phase 2010 de la proposition pour le Ghana a commencé par un voyage des étudiants de l’ELAM au Ghana pour rencontrer des médecins formés à Cuba déjà installés là -bas. Dans les communautés qu’ils visitent, les étudiants de l’ELAM s’efforcent de :

1. Répertorier les sources de soins qu’ont déjà les habitants

2. Construire des groupes d’étudiants en médecine qui pratiquent des examens médicaux et apprennent la médecine traditionnelle ghanéenne.

3. Organisent des réunions de villageois pour renforcer leurs liens avec les habitants en cherchant à savoir quel genre de soins ils souhaiteraient.

En fonction des résultats de ce travail, la YAB espère créer un système de stage permettant aux étudiants de sixième année de l’ELAM de terminer leur formation au Ghana. Les étudiants de l’ELAM au Ghana auront des expériences largement différentes de celles des étudiants en médecine des Etats-Unis. Contrairement aux pays surdéveloppés, où les causes majeures de décès sont les maux liés au « style de vie » comme les crises cardiaques, « les dix causes principales de décès au Ghana sont toutes des maladies infectieuses évitables ». [15] Ce n’est pas par hasard que la YAB souhaite observer l’accès des ghanéens aux services de santé, leurs croyances sur les soins et leurs désirs de changement, plutôt que de débarquer et de fournir des services prévus d’avance qui pourraient ne pas s’intégrer dans la vie d’un village africain. La formation à l’ELAM met lourdement l’accent sur le contexte social mouvant de la médecine, un modèle qui s’applique particulièrement aux communautés au tissu social très serré.

Bien que les médecines traditionnelles et naturelles fassent souvent l’objet de moqueries en Occident, elles sont « restées le premier mode de prévention et de traitement pour 85% des africains » [16]. Ainsi, le modèle cubain de Médecine Générale Intégrale (Medicina General Integral ou MGI), qui « qui propose une vision englobante de la médecine, prenant en considération ses dimensions biologique, psychologique, culturelle et spirituelle », prépare les étudiants à être des médecins-à -l’écoute et des médecins-formateurs. [17]

La croissance de l’ELAM

La capacité qu’ont les médecins formés à Cuba d’écouter les gens et de travailler avec eux, plutôt que de leur imposer un modèle occidental, est un facteur qui augmente le désir des pays d’envoyer des étudiants à l’ELAM. Les américains progressistes qui souhaitent un système de santé comme ceux du Canada et de l’Europe Occidentale ne semblent pas conscients de l’extraordinaire prestige que la médecine à la cubaine a dans les pays pauvres. Le système de santé cubain prouve que « la technologie médicale coûteuse n’est pas nécessaire pour des soins préventifs efficaces à l’échelon local ». Il a « éradiqué la polio, mis sous contrôle la malaria et la dengue, et réduit la mortalité infantile et la mortalité en couche à des niveaux inférieurs ou égaux à ceux de pays beaucoup plus riches et plus développés comme les États-Unis » [18]

L’ELAM offre l’espoir que d’autres pays puissent atteindre des objectifs similaires. Elle a ouvert en 1999 avec des étudiants de 24 pays : 19 pays d’Amérique Latine, 4 pays d’Afrique et les Etats-Unis [19]. Le programme en six ans a décerné ses premiers diplômes en 2005. En 2007, l’ELAM avait des étudiants de 27 pays [20]. En 2008, le nombre de pays ayant des étudiants à l’ELAM avait atteint les 40 [21].

Le Directeur des Relations internationales de l’ELAM m’a parlé d’une extension à des campus de tout Cuba. En avril 2010, les campus avaient un total de 21 018 étudiants, de cent pays. Toute l’Amérique Latine est représentée. Des étudiants viennent de 36 pays africains. Il y a aussi beaucoup d’étudiants du Moyen-Orient, d’Asie, du Pacifique et des Caraïbes. [22]

Quand j’ai demandé à la Secrétaire Générale du Projet ELAM s’il y avait des étudiants du Royaume-Uni ou d’Australie, elle a dit : « Non, les pays développés fournissent habituellement des soins médicaux et l’ELAM est conçue pour aider les pays pauvres » [23]. Mais cela pourrait être interprété comme signifiant que l’ELAM ne tend pas la main aux pays développés. Si les étudiants sont vraiment déterminés à travailler dans des communautés défavorisées, ils peuvent être admis en postulant à l’Ambassade leur pays. C’est ce que montre le tableau des inscriptions pour l’année 2010, qui mentionne des étudiants d’Allemagne, du Canada, d’Israël et de Corée [du Sud, ndt].

L’internationalisme de l’ELAM reflète celui qui traverse la médecine cubaine. Les professeurs de l’ELAM disent à leurs étudiants de participer aux efforts humanitaires après des désastres au Guatemala, au Honduras et en Haïti. Les étudiants ont également des nouvelles de leurs camarades dans divers pays africains, en Haïti et au Venezuela.

Quand les étudiants font des permanences à des consultorios (centres de santé de proximité) de quartier ou dans des polycliniques communautaires, ils travaillent avec un personnel médical doté d’une expérience mondiale. Lors d’une visite au Policlinico Universitario, la vice-rectrice des lieux, Teresa Frias, m’a dit qu’elle avait travaillé en Angola, en Tanzanie, au Brésil et en Bolivie. Sa collègue, elle aussi prénommée Teresa, alors qu’elle me faisait faire le tour du propriétaire, a mentionné qu’elle avait travaillé au Ghana, au Venezuela et au Brésil.

Tout rassemblement de personnel médical à Cuba a des chances de compter des gens pouvant raconter des histoires de l’autre bout du monde. L’internationalisme n’est pas seulement un slogan ou une idéologie au sein de la médecine cubaine- c’est une composante centrale de la culture médicale qui prévaut dans l’enseignement et la pratique de la médecine.

Les médecins comme professeurs

Comme pour beaucoup d’étudiants de l’ELAM, étudier la médecine aurait été impossible pour Ivan Angulo Torres, de Lima, au Pérou. Le coût aurait été prohibitif et seulement cent étudiants par an entrent en fac de médceine à Lima. Quand il a entendu parler de l’ELAM pour la première fois en 2002, Ivan étudiat l’administration hôtelière. Deux ans plus tard, il était à La Havane. Quatre de ses parents ont assisté à la cérémonie de remise de diplôme du premier médecin de la famille. [24]

Le contenu de la formation change un peu, suivant que les étudiants ont ou non des bases suffisantes en biologie, en chimie, en physique, qu’ils viennent de Cuba, d’Amérique Latine ou d’une culture qui ne serait pas latine ; et suivant qu’ils parlent ou non couramment l’espagnol. Plutôt que de commencer son année scolaire en Septembre, Ivan a commencé ses études en Mars 2004, parce qu’il avait besoin de six mois de cours de sciences.

Les deux premières années de faculté de médecine comprenaient des cours fondamentaux comme l’anatomie, l’histologie, la biochimie, la génétique, les cours sur les systèmes organiques, la psychologie, la pathologie et le modèle médical cubain, avec son insistance sur la santé publique. Ivan a été en contact avec un consultorio de quartier durant sa première année et a appris à examiner les patients l’année suivante. Durant sa quatrième année, il a, en guise de stage pratique, commencé à travailler de 8 à 10 heures chaque matin avec des patients hospitalisés. Il faisait des tournées avec les médecins de 10heures à 13 heures et prenait des cours de symptomatologie, de médecine interne, de radiologie, d’anglais etc. l’après-midi.

La quatrième et sa cinquième années, il a suivi des cours intensifs sur le modèle cubain de médecine générale intégrale, qui met l’accent sur le fait que les gens sont des êtres bio-psycho-sociaux, dont le contexte de vie doit être compris pour rendre efficace le traitement. Le modèle cubain de médecine générale intégrale apprend aux médecins à enseigner aux patients comment prendre soin d "eux, en grande partie par un changement du contexte social de leur vie et de leur communauté. Durant ces années, Ivan a étudié la santé publique et a effectué des services hospitaliers de deux mois chacun dans des domaines comme la médecine générale intégrale, l’ORL, l’ophtalmologie, la gynécologie et l’obstétrique, la pédiatrie, la chirurgie, l’orthopédie, l’urologie, la dermatologie et la psychiatrie. Durant son année comme interne, sa sixième année, il a été responsable de patients dans un consultorio tous les jours et de patients d’une polyclinique un jour par semaine. Il a aussi achevé les stages par spécialités commencés durant sa sixième année.

Dès le début de leur formation, les étudiants de l’ELAM apprennent que l’essence de la santé publique est la clinique de quartier, ou consultorio. Le système médical a pour but de traiter 80% des problèmes de santé au consultorio, qui s’occupe d’environ 150 familles. [25]. Avec le cabinet médical au rez-de chaussée, le logement du médecin au premier étage et celui de l’infirmière au troisième, le consultorio est souvent décrit comme un cabinet médical de quartier. C’est le fonctionnement idéal du consultorio cubain, mais ce schéma ne rend pas compte des larges variations qui existent sur le terrain ou de la relation étroite entre les étudiants en médecine et le consultorio.

En décembre 2009, le Dr Alejandro Fadragas Fernandez et l’infirmière Maité Perdomo m’ont montré leur consultorio, qui s’occupe de 500 familles et 1800 patients, plus grand que le consultorio typique à Cuba. [26] . Une affiche fait la liste du "coprs enseignant" , composé de deux médecins, quatre infirmières, deux étudiants de premières années, cubains ou étrangers de l’ELAM, un étudiant de quatrième année, un étudiant de cinquième année, et un interne.

L’affiche en dit long. Premièrement, les étudiants en médecine sont intégrés aux soins de proximité dès leur première année de médecine. Deuxièmement, les habitants de Cuba sont habitués à avoir des étudiants étrangers impliqués dans leur traitement. Troisièmement, puisqu’il peut y avoir plusieurs médecins et infirmières dans le consultorio,ils ne vivent pas tous nécessairement dans le même immeuble. Ils vivent dans le quartier ou à proximité et leur degré d’intégration à la communauté est complexe. Quatrièmement, les cours de médecine ne sont pas limités à l’ELAM mais sont intégrés à la pratique de la médecine de quartier à Cuba- les médecins savent qu’aider à former des étudiants en médecine fera partie de leur métier. C’est tellement vrai que les étudiants en médecine utilisent souvent les mots profesor et médico (médecin) comme s’ils étaient interchangeables.

Ce que représente l’ELAM pour ses étudiants

Pourquoi des étudiants du monde entier vont-ils à l’ELAM ? Pour Exa Gonzalez, du Mexique, c’est un discours de Fidel Castro qui a changé sa vie. Pour Ketia Brown de Californie, l’association unique de la médecine traditionnelle et de la pratique moderne ont été le déclencheur. [27] Pour la cubaine-américaine Cassandra Cusack-Crubelo, étudiante en deuxième année, c’était l’opportunité de partager un rêve altruiste en revenant au pays où ses grands-parents avaient été des révolutionnaires. [28]. Mais pour beaucoup, les raisons d’aller à l’ELAM sont liées à la fois à la possibilité de se payer des études de médecine et de prendre part à un projet visionnaire. Ivan Angulo n’est pas le seul étudiant qui n’aurait pas eu les moyens d’entrer dans une fac de médecine normale.

Anmnol Colindres, d’El Paraiso au Honduras, avait longtemps voulu être médecin, mais son père, qui avait été garde-forestier jusqu’au coup d’Etat du 28 Juin 2009, ne pouvait pas financer ses études. [29]. Amanda Louis, de l’île caribéenne de Sainte-Lucie, a le sentiment que l’ELAM lui offre une opportunité qu’elle n’aurait jamais eue, compte tenu des revenus de son père, chauffeur de taxi, et de sa mère, vendeuse de rue. [30]. Dennis Pratt, qui a grandi au Sierra Leone jusqu’à ce que sa famille déménage à Jonesboro, en Georgie, ne voulait pas passer des années à rembourser des prêts contractés pour payer ses études de médecine et s’est immédiatement porté candidat quand il a entendu parler de l’ELAM. [31]

Comme d’autres étudiants de la nation insulaire du Pacifique de Tuvalu, Jonalisa Livi Tapumanaia est enthousiaste à l’idée que l’ELAM soit en train de permettre qu’il y ait un médecin sur chacune des dix îles principales de son pays, qui souffre déjà de la montée des eaux liée au réchauffement climatique. Son gouvernement peut seulement lui payer un aller-retour chez elle tous les trois ans- et son père, qui dirige une station-essence et sa mère, qui travaille dans un tribunal, ne peuvent le lui payer. [32]

Il est tout aussi coûteux de rentrer voir sa famille au Kenya, pour Lorine Auma. Elle la verra une seule fois durant ses six années d’études. Son père, un comptable, et sa mère, travaillant occasionnellement dans une imprimerie, n’avaient pas les moyens de l’envoyer dans les coûteuses facs de médecine du Kenya. [33]. Keitumetse Joyce Lestiela, a rapporté qu’il n’y avait pas de fac de médecine dans son Lesotho natal et sa mère, enseignante, n’avait pas d’argent pour l’envoyer dans une école de médecine onéreuse dans l’Afrique du Sud voisine. [34]

Il est clair qu’un large nombre, probablement la majorité, des étudiants de l’ELAM, n’auraient pas pu étudier la médecine sans cette institution. Une partie de leur éducation consiste à apprendre comment l’amélioration de la santé à Cuba a nécessité de se concentrer sur les soins préventifs de proximité. La médecines étasunienne est tellement surspécialisée que seulement 11% des médecins sont des généralistes de proximité. En revanche, presque les deux tiers des médecins cubains pratiquent la médecine familiale. Alors que le rapport entre le nombre de généralistes et la population est d’environ 1/3200 aux Etats-Unis, il est d’environ 1/600 à Cuba, le rapport le plus élevé au monde. [35]

Beaucoup des étudiants de l’ELAM avec lesquels j’ai parlé projettent de pratiquer la médecine générale. Mais plusieurs autres ont le sentiment que le besoin de spécialistes pratiquant des tarifs abordables dans leurs pays les appelle à continuer leurs études après l’ELAM. Ivan Angulo, du Pérou, projette de se spécialiser en orthopédie. Dennis Pratt espère exercer la pédiatrie et la médecine interne au Sierra Leone. Ivan Gomez de Assis aimerait pratiquer l’orthopédie au Brésil. [36]. Walter Titz, brésilien lui aussi, aimerait pratiquer la médecine générale quelques années pour ensuite étudier la psychiatrie. [37]

Amanda Louis explique que son pays natal, Sainte-Lucie, n’a qu’un seul oncologue et qu’un ORL, mais a le sentiment qu’il y a assez de généralistes et de gynécologues. Il aimerait se spécialiser en néphrologie (reins). Yell Eric pense qu’il y a beaucoup de généralistes dans son île africaine de Sao Tomo Principe, et n’est pas certain de vouloir se spécialiser. [38]. Quand Lorine Auma retournera au Kenya, elle aimerait se spécialiser en orthopédie ou en psychiatrie. Un profl plus représentatifs est peut-être celui de Joyce Letsiela, qui est enthousiaste à l’idée d’aider des communautés défavorisées au Lesotho et a le sentiment qu’il y a une pénurie de généralistes comme de spécialistes.

Défis

Tandis que l’ELAM réserve 500 places pour des étudiants étasuniens, seulement 117 américains étaient inscrits en Avril 2010. La Fondation Intereligieuse pour l’Organisation Comunautaire (IFCO), qui recrute les candidats étasuniens, encourage fermement les noirs pauvres à s’inscrire. Mais l’exigence fondamentale est que les étudiants démontrent une volonté ferme de travailler dans des communautés défavorisées. [39]

Beaucoup de jeunes des États-Unis, qui pensent à aller à l’ELAM, trouvent le moyen de contacter des étudiants étasuniens déjà sur place. Un moyen encore meilleur est de contacter l’IFCO et de prévoir une visite à l’école. Une fois sur le campus, il est facile de parler à des étudiants des Etats-Unis ou à des étudiants d’autres pays anglophones.

On peut juger une école de médecine sur plusieurs critères :

1.L’apparence extérieure. Comparé au luxe des écoles de médecine étasuniennes, il manque quelques petites choses à l’ELAM. L’eau courante n’y est disponible qu’à certaines heures, et on doit tirer la chasse des toilettes avec un seau d’eau. Cuba doit souvent sacrifier le superflu pour s’assurer que tout le monde obtienne le nécessaire.

2.La qualité de la formation. Bien que l’ELAM fournisse des livres en espagnol, d’autres ouvrages peuvent être difficiles à obtenir. Les écoles étasuniennes fournissent une formation articulée directement aux examens alors que les étudiants de l’ELAM accroissent leur expérience sur le terrain beaucoup plus tôt.

3.Le dévouement à la cause d’une nouvelle médecine. C’est là -dessus que l’ELAM surpasse toutes les autres écoles de médecine du monde (bien que le Venezuela pourrait bientôt avoir des écoles comparables). C’est pour cette raison que les étudiants devraient s’inscrire.

Le soir avant de revenir de mon dernier voyage à La Havane, j’ai eu une longue conversation sur l’ELAM avec ma fille, Rebecca Fitz, maintenant inscrite en troisième année, et son compagnon, Ivan Angulo, qui vient de finir sa sixième année. [40]. Ils m’ont fait la liste de nombreuses choses que l’ELAM fournit gratuitement : 1) les cours et les manuels ; 2) le logement à l’internat ; 3) les repas (trois par jour) ; 4) les soins médicaux, y compris les urgences et la chirurgie élective (Beaucoup d’étudiants de l’ELAM reçoivent des traitements correctifs comme la chirurgie oculaire ou les appareils dentaires.) ; 5) des objets comme les deux uniformes scolaires, le stéthoscope, le tensiomètre, les moustiquaires, les chaussures, les chaussettes, les draps, les couvertures, les vestes et les couverts ; 6) les produits rationnés, y compris le savon, le papier toilette (n’allez nulle part à Cuba sans votre propre papier toilette), la lessive, le dentifrice, le déodorant, les fournitures scolaires ; et 7) une bourse de 100 pesos par mois (je me suis payé une glace sur le campus pour un peso. Une bière coûte environ dix pesos. Donc les étudiants peuvent se changer les idées en buvant une petite bière tous les trois jours.)

En revanche, l’ELAM représente un défi pour les étudiants habitués à la vie aux États-Unis. La première exigence pour être accepté, c’est d’attester d’un engagement passé en faveur de la justice sociale. L’ELAM n’existe pas pour permettre aux gens d’étudier la médecine gratos. On attend des étudiants qu’ils prouvent qu’il donneront à leurs communautés autant que l’ELAM leur aura donné.

Bien que l’ELAM couvre les dépenses fondamentales durant la scolarité, les étudiants doivent être capables de se déplacer jusqu’à Cuba et d’en revenir. Ce n’est pas un problème pour la plupart des étudiants étasuniens ; mais beaucoup d’étudiants n’ont pas les moyens de rentrer chez eux durant l’été. L’IFCO encourage les étudiants de valider des cours de niveau universitaire en biologie, chimie, physique avant de rejoindre l’ELAM, pour qu’ils puissent se concentrer sur l’espagnol après leur arrivée. Les étudiants de la plupart des autres pays peuvent commencer leurs études de médecine immédiatement après le lycée et peuvent suivre les cours de sciences dont ils ont besoin durant une première année supplémentaire.
Les étudiants doivent être capables de vivre dans un pays sans luxe excessif. La plupart ne trouvent pas cela trop difficile, puisqu’ils sont conscients que Cuba maintient une espérance de vie égale à celle des États-Unis en s’assurant que chacun reçoit ce qui est indispensable. L’embargo économique des États-unienne fait qu’il n’y a pas beaucoup plus. Les étudiants devraient être prêts à se laver avec un sceau d’eau et à vivre avec les cyclones mais sans air conditionné. N’espérez pas utiliser une carte bancaire étasunienne à Cuba.

La cafeteria sert une nourriture de cantine qui manque de la diversité que beaucoup aimeraient. Il n’est pas rare d’éprouver des difficultés à s’ajuster à l’insatisfaction de certains besoin de confort individuel, comme les brownies, l’eau chaude ou la jouissance d’un espace privé personnel. La norme est l’engagement politique, ce qui est merveilleux pour certains mais surprenant pour d’autres. Par exemple, on s’attend (sans que ce soit une obligation) à ce que les étudiants participent à des activités de la délégation de leur pays, et les débats organisés dans les classes peuvent porter sur le rôle de leur pays dans l’impérialisme.

L’ELAM est conçue pour des étudiants qui quittent leur pays pour la première fois, parfois à l’âge de seize ans, pour rejoindre une école de médecine. Les américains, qui sont souvent plus âgés, peuvent être surpris par les obligations comme les cours d’éducation physique ou l’obligation de dormir sur le campus les lundis et vendredis.

En définitive, une large majorité d’étudiants vient de pays qui souhaitent désespérément envoyer des étudiants à l’ELAM pour qu’ils deviennent de médecins formés à la cubaine. Ce n’est pas le cas du Brésil et des États-Unis. L’Association Médicale Brésilienne, Colégio Médico, a une politique distincte de celle du gouvernement Lula et ne reconnaît pas les diplômes de l’ELAM. Les étudiants étasuniens n’ont pas ce problème, mais ils doivent passer certains examens comme tous ceux qui reçoivent un diplôme étranger, et ils doivent étudier intensément certaines questions reposant sur un modèle médical étasunien plutôt que cubain.

Les étudiants étasuniens ne doivent attendre aucun soutien de la Section des Intérêts Américains, qui fait office d’ambassade (il n’y a pas d’ambassade du fait de la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays). Bien qu’il soit légal de voyager à Cuba à des fins de formation (telles que des études de médecine), le gouvernement étasunien impose plus de restrictions hostiles sur les voyages à Cuba que pour n’importe quel autre pays, et ne fait rien pour soutenir les étudiants de l’ELAM.

Une confirmation du pouvoir de l’ELAM

Peut-être que l’antagonisme extrême du le pays le plus violent de la planète est une confirmation du pouvoir de l’ELAM. Le modèle cubain de santé publique cherche à comprendre les problèmes médicaux en étudiant l’ensemble complet du contexte humain de ces problèmes. L’ELAM est capitale dans les efforts de Cuba de relier son système médical aux besoins de personnes défavorisées à travers le monde. Le modèle cubain est basé sur la croyance qu’on ne peut agir sur les maux de l’humanité sans agir sur la société qui crée la base de ces maux.

Ce modèle a attiré plus de 20 000 étudiants étrangers. Cassandra Cusack Curbelo croit qu’ "aucune expérience n’est comparable à celle de l’union de milliers de personnes dotées de la même idée de la médecine. Il semble que nous ne soyons pas de continents différents, mais que nous sommes un seul peuple partageant une histoire et une lutte communes. C’est ce sur quoi l’ELAM nous fait ouvrir les yeux."

D’après Ketia Brown, une étudiante de troisième année de médecine, " l’ELAM est la révolution réalisée. Nous devons tenter d’avoir un projet révolutionnaire dans un monde capitaliste." L’ELAM est un tel projet. C’est une lutte pour une nouvelle conscience médicale qui puisse faire partie de la lutte pour améliorer la santé mondiale.

Don Fitz

SOURCE : http://monthlyreview.org/2011/03/01/the-latin-american-school-of-medicine-today

Traduit de l’anglais et présenté par Marc Harpon pour Changement de Société http://socio13.wordpress.com/2011/12/10/lecole-latino-americaine-de-medecine-aujourdhui-15-par-don-fitz/

Fondée par Paul Sweezy et Leo Huberman, la Monthly Review est une revue marxiste indépendante à laquelle participent de nombreux universitaires américains. Depuis son premier numéro en 1949, elle a publié des contributions de plumes aussi prestigieuses qu’Albert Einstein, Joan Robinson ou W.E.B. Dubois. Elle est aujourd’hui dirigée par le sociologue John Bellamy Foster, de l’Université de l’Oregon. L’auteur de l’article est un militant écologiste américain. Il dirige la rédaction du journal écologiste Synthesis/Regeneration : A Magazine of Green Social Though et est le producteur du programme télévisé Green Time, consacré à l’écologie.

[1] Steve Brouwer, "The Cuban Revolutionary Doctor : The Ultimate Weapon of Solidarity," Monthly Review 60 no. 8 (January 2009) : 28-42.

[2]ohn M. Kirk and Michael H. Erisman, Cuban Medical Internationalism : Origins, Evolution and Goals (New York : Palgrave Macmillan, 2009).

[3]Escuela Latinoamericana de Medicina (ELAM), http://elacm.sld.cu/index (retrieved July 8, 2010).

[4] Interview with Exa Gonzales, in flight over the Gulf of Mexico, December 28, 2009.

[5] Brouwer, "The Cuban Revolutionary Doctor," 28-42.

[6] All information on Haiti is from Emily J. Kirk and John M. Kirk, "Cuban Medical Aid to Haiti : One of the World’s Best Kept Secrets," Synthesis/Regeneration : A Magazine of Green Social Thought No. 53 (Fall 2010).

[7] Ibid.

[8] Ibid.

[9] Escuela Latinoamericana de Medicina (ELAM), http://elacm.sld.cu/index.html.

[10] Kirk and Erisman, Cuban Medical Internationalism, 3, 169, 112.

[11] Ana Fernández Assán, Escuela Latinoamericana de Medicina (ELAM), http://elacm.sld.cu/index.html (retrieved July 8, 2010).

[12] L’information sur la YAB provient d’un entretien avec Ketia Brown et du document fourni par Omavi Bailey : Yaa Asantewaa Brigade, August 15-September 5, 2010 (édité par l’ African Medical Corps"”Ghana Proposal. Latin American School of Medicine, Carretera Panamericana 3 ½ KM, Santa Fe, Playa, La Habana, Cuba CP 19142). Pour toute information sur l’Organisationd es Médecins Africains, voir : http://africanmedicalcorps.com. Bien que Cuba soutienne le Projet Ghana, celui-ci a besoin de fonds. Vous pouvez faire des dons à  : http://birthingprojectusa.org.

[13] Ibid., 2.

[14] Cliff DuRand, "Humanitarianism and Solidarity Cuban-Style," Z Magazine, November 2007, 44-47.

[15] Interview avec Ketia Brown et document fourni par Omavi Bailey : Yaa Asantewaa Brigade, 6.

[16]Ibid.

[17] Ibid., 7.

[17] Document provided by Omavi Bailey : Yaa Asantewaa Brigade,p. 7.

[18 ]Linda M. Whiteford, and Laurence G. Branch, Primary Health Care in Cuba : The Other Revolution (Lanham : Rowman & Littlefield Publishers, Inc., 2008), 2.

[19] Escuela Latinoamericana de Medicina (ELAM).

[20] Emily J. Kirk and John M. Kirk, "Cuban Medical Aid to Haiti."

[21] Brouwer, "The Cuban Revolutionary Doctor."

[22] Interview avec Nancy Remón Sánchez, ELAM, 30 Mai, 2010.

[23] Interview avec Wuilmaris Pérez Torres, 30 Mai, 2010.

[24] Entretien avec Ivan Angulo Torres, La Havane, Cuba, 31 Mai, 2010.

[25]Sur le rôle du Consultorio dans le système médical cubain, voir Lee T. Dresang, Laurie Brebick, Danielle Murray, Ann Shallue, and Lisa Sullivan-Vedder, "Family medicine in Cuba : Community-Oriented Primary Care and Complementary and Alternative Medicine," Journal of the American Board of Family Medicine 18 no. 4 (July-August, 2005) : 297-303.

[26] Entretien avec le Dr. Alejandro Fadragas Fernández et Maité Perdomo, Consultorio No. 5, La Havane, Cuba,30 décembre 2009.

27] Interview with Ketia Brown, ELAM, May 31, 2010.

28]Interview with Cassandra Cusack Curbelo, ELAM, January 23, 2010.

29] Interview with Anmnol Colindres, ELAM, May 26, 2010.

30] Interview with Amanda Louis, ELAM, May 28, 2010.

31] Interview with Dennis Pratt, ELAM, May 26, 2010.

32] Interview with Jonalisa Livi Tapumanaia, ELAM, May 28, 2010.

33] Interview with Lorine Auma, ELAM, June 2, 2010.

35] Interview with Keitumetse Joyce Letsiela, ELAM, June 2, 2010.

36] Lee T. Dresang et al., " Family Medicine in Cuba."

37] Interview with Ivan Gomez de Assis, ELAM, May 27, 2010.

38] Interview with Walter Titz, ELAM, June 2, 2010.

39] Interview with Yell Eric, ELAM, June 2, 2010.

40] For detailed information on ELAM, current curriculum for U.S. students, and an application, see http://pastorsforpeace.org.

41] Interview with Rebecca Fitz and Ivan Angulo Torres, Havana, Cuba, June 3, 2010.


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Rien ne fait plus de mal aux travailleurs que la collaboration de classes. Elle les désarme dans la défense de leurs intérêts et provoque la division. La lutte de classes, au contraire, est la base de l’unité, son motif le plus puissant. C’est pour la mener avec succès en rassemblant l’ensemble des travailleurs que fut fondée la CGT. Or la lutte de classes n’est pas une invention, c’est un fait. Il ne suffit pas de la nier pour qu’elle cesse :
renoncer à la mener équivaut pour la classe ouvrière à se livrer pieds et poings liés à l’exploitation et à l’écrasement.

H. Krazucki
ancien secrétaire général de la CGT

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