EZLN, Chiapas : Vous entendez ? C’est votre monde qui s’écroule...

Seules quelques paroles ("Vous entendez ? C’est votre monde qui s’écroule..."), prononcées par le Sous-commandant insurgé Marcos, ont accompagné vendredi 21 décembre l’impressionnante manifestation silencieuse de dizaines de milliers de bases d’appui de l’EZLN, qui ont envahi pendant plusieurs heures le centre des principales villes indigènes du Chiapas.

A leur façon, les mayas et zoques de l’Armée Zapatiste de Libération Nationale ont rappelé deux vérités aux "puissants" de ce monde, et à leurs médias qui depuis des jours pataugent entre frivolités et obscénités à propos d’une culture qu’ils ignorent grossièrement. La première, c’est que c’est bien le monde capitaliste industriel qui, de catastrophe en catastrophe, s’effondre et menace l’humanité tout entière. La seconde, c’est que pour les zapatistes, qui se définissent eux-mêmes comme "les plus petits" et les gens "couleur de la terre", leur monde (et le nôtre ?) est à reconstruire...

Ces photos, et les montages vidéo qui suivent, ont été prises sur le site de http://desinformemonos.org/

A méditer...

Sin palabras, la marcha de los zapatistas - 1 from desinformémonos on Vimeo.

Nous reviendrons dans quelques jours sur la situation au Chiapas, sur la résistance des populations indigènes zapatistes et la parole qu’elles ne cessent, depuis 19 ans, de nous adresser.

Jean-Pierre Petit-Gras

COMMENTAIRES  

24/12/2012 15:46 par Lionel

Oui ! C’est insupportable ce silence à propos du Chiapas, encore une fois nous avons cédé aux sirènes du monde occidental, El sub-commandante Marcos n’étant plus tête d’affiche, du coup nous entendons que le combat est mort !
Il en va de même de Chavez dans lequel nous ne voulons voir qu’un personnage charismatique unique sans l’aide duquel tout espoir est éteint.
Notre vision de ces mondes est si étroite, nos points de vues si ethnocentrés...

24/12/2012 19:01 par Dwaabala

L’Huma.fr d’aujourd’hui.

Les chiens de garde s’esbaudissent... Les Zapatistes, comme la Vierge Marie, sont réapparus ! En plus d’être au service de leur maître, ces mercenaires du papier et de l’image n’y connaissent rien. Depuis plusieurs années, l’EZLN, l’Armée Zapatiste de Libération Nationale, et le sous-commandant Marcos, volontairement, se taisaient. Il y a des silences plus bruyant que le vacarme.

Les Zapatistes se sont "repliés" sur leurs communautés (les "caracoles") dotées de "juntes de bon gouvernement". Dans ces espaces autogérés, ils mettent en place des relations sociales nouvelles, des logiques solidaires, des modèles alternatifs, loin des lois iniques du marché. Et nous aurions beaucoup à y apprendre.

Le 21 décembre, 40 000 Indiens zapatistes venus de la forêt lacandonne, des Hauts du Chiapas, de la Zone Nord, ont manifesté silencieusement dans les rues de San Cristobal de las Casas, Palenque, Ocosingo... et en ont occupé les places centrales. C’était la mobilisation la plus importante depuis le soulèvement zapatiste du 1 janvier 1994. C’est que malgré les pseudo-accords, sur le fond, rien n’est réglé. L’assassinat de 45 Indiens tzotzils à Actéal, il y a 15 ans, reste impuni.

Plus de 10 millions d’Indiens vivent dans de conditions de misère épouvantable. Les "Accords de San Andrés", qui marquaient une avancée dans la conquête des droits, sont restés lettre morte. La nouvelle "irruption" pacifique de l’EZLN met toutes les grandes forces politiques au pied du mur. Ces dernières se fichent du Chiapas comme de leurs premières chaussettes ; seuls quelques élus et militants du PRD, et les militants du nouveau parti de gauche (scission du PRD) dirigé par Lopez Obrador (Morena), et au sein duquel militent des intellectuels comme Paco Ignacio Taibo II, soutiennent le mouvement. Il faut entendre ce "Basta ya" : huit Indiens sur dix vivent dans l’indigence, tandis que les ressources naturelles de leurs territoires sont pillées par des compagnies minières privées et étrangères.

L’EZLN a publié ce 21 décembre un communiqué-poème dans lequel elle invite à entendre les revendications des nations indiennes. Le sous-commandant Marcos, lui, n’est pas réapparu.

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