Mexique : « Peña Nieto n’est pas notre président ! »

Le 1er décembre, jour de l’investiture de Enrique Peña Nieto, la ville de Mexico a été le théâtre d’importantes manifestations. L’indignation soulevée par les circonstances plus que douteuses de l’élection du 1er juillet dernier, et par la personnalité du nouveau mandatario, est en effet grande dans un pays qui traverse une grave crise politique et sociale. La répression déployée par les autorités fédérales, mais aussi par la municipalité de la capitale, dirigée par le «  socialiste » Marcelo Ebrard (1), a été impitoyable, frappant sans discrimination passants et manifestants. 69 personnes sont toujours emprisonnées. La plupart ont été sauvagement frappées par les policiers. Deux d’entre elles sont dans un état grave, touchées à la tête par des grenades lacrymogènes lancées à tir tendu.

Sorti vainqueur de l’élection présidentielle, Enrique Peña Nieto vient donc d’être officiellement intronisé comme le 19ème président (depuis la fin de la Révolution de 1910-1920) constitutionnel des États-Unis Mexicains. Une élection facile, dans un pays où la population était extrêmement lassée par 6 ans d’une guerre meurtrière, prétendument destinée à éradiquer le narcotrafic. Un conflit qui a laissé dans son sillage sanglant plus de 85 000 morts, des dizaines de milliers de blessés, et au moins 250 000 déplacés (2).

Beaucoup de Mexicains savent qu’avec ce déchaînement de violence, le prédécesseur de Peña Nieto, Felipe Calderón, visait trois objectifs. Le premier devait, en confiant à l’armée un pouvoir de police exorbitant, lui permettre de se sortir du mauvais pas où l’avait mis une élection entachée de fraudes massives. Pendant plusieurs mois, une foule nombreuse avait en effet investi et paralysé pacifiquement les places, rues et avenues centrales de la capitale et d’autres villes. Il s’agissait de s’opposer à l’investiture de celui qu’elle considérait comme un usurpateur, et de soutenir son rival malheureux, le candidat du PRD, Manuel López Obrador.

Dans un second temps, Calderón et ses ministres ont dévoilé leur véritable stratégie, dans cette «  guerre contre la drogue », en soutenant manifestement l’un des groupes mafieux dominants, le «  Cártel de Sinaloa », contre son ennemi mortel, le «  Cártel del Golfo ». Dirigée par Joaquà­n «  El Chapo » Guzmán Loera (3), la première de ces organisations criminelles n’a cessé d’accroître son emprise sur le pays, où elle contrôle plus de 75% du trafic. Or, et de nombreux journalistes mexicains ont enquêté et écrit sur cette question, des liens étroits semblent avoir très bien fonctionné entre Guzmán et le ministre de la police de Calderón, Genaro Garcà­a Luna. Au point, par exemple, que sur près de 60 000 arrestations opérées contre des trafiquants, 950 seulement concernaient des membres du cártel dirigé par El Chapo .

Mais la véritable raison de la guerre interne qui ravage le pays est plus profonde. Si l’on observe sur une carte le déploiement des cárteles, et que l’on suit la trace des exactions perpétrées aussi bien par les tueurs privés que par les éléments des forces de police et de l’armée, on constate que cette violence suit assez précisément la géographie de l’implantation de gigantesques mines à ciel ouvert, de maquiladoras (4), de complexes touristiques, de barrages hydroélectriques, de cultures agro-industrielles vouées à l’exportation, ou d’immenses champs d’éoliennes...

Le Mexique connaît, dans un contexte mondial de crise de l’énergie et de raréfaction des matières premières, une phase sans précédent d’accélération de l’exploration et l’exploitation de l’argent, l’or, l’uranium et autres métaux et «  terres rares ». Il n’est évidemment pas le seul pays à subir ce phénomène. Toute l’Amérique Latine, ainsi que l’Afrique et l’Asie, sont la proie des multinationales canadiennes, états-uniennes, européennes, chinoises, brésiliennes,etc., de ces secteurs. Mais l’une des particularités du pays d’Emiliano Zapata, ce sont les populations rurales de ce pays de 115 millions d’habitants. Des populations qui refusent encore massivement, malgré l’exode rural qui les décime, d’abandonner leurs terres et la vie qu’elles y mènent. Parmi celles-ci, la majorité des communautés «  indigènes », 15 millions de personnes au total, ainsi que des ejidatarios, installés sur des terres sur lesquelles fonctionne encore un régime de propriété collective.

Au Chiapas, des centaines de milliers de mayas et zoques zapatistes poursuivent, malgré la sale guerre de «  basse intensité » visant à les détruire, la construction de leur autonomie économique, culturelle et politique. Dans l’isthme de Tehuantepec, Ikoots et Binnizá (5) opposent une résistance acharnée à l’implantation sur leurs territoires de l’un des plus grands champs d’éoliennes de la planète. Dans l’état voisin du Guerrero, les paysans indigènes refusent, soutenus notamment par leurs polices communautaires, des méga-projets comme la construction du barrage de La Parota, qui entraînerait le déplacement immédiat de 25000 personnes, et la ruine de 75000 autres, ainsi que l’implantation de mines à ciel ouvert. Au Michoacán, ce sont des projets touristiques et l’accaparement violent des terres communautaires par des propriétaires privés, liés aux narcotrafiquants et protégés par la marine militaire, qui ont fait des dizaines de morts dans le village de Santa Marà­a Ostula. Plus haut, sur les plateaux p’urhépecha, la destruction de milliers d’hectares de bois a déclenché la rébellion ouverte de toute la population de Cherán,. Depuis bientôt deux ans, les comuneros contrôlent les accès de leur région, et s’autogouvernent selon les anciens us et coutumes. Un peu plus au nord, dans le Jalisco, les Wixárika (6) ont engagé une lutte héroïque contre la destruction de leur site sacré, Wirikuta, menacé lui aussi par les compagnies minières.

Plus haut encore, ce sont les Yaqui du Sonora, et les Rarámuri (7) du Chihuahua, qui luttent pour préserver leur eau, détournée pour alimenter les villes et les zones touristiques, ou pour empêcher qu’une autoroute vienne détruire les lieux sacrés de la récolte du peyotl...

On pourrait également citer, tout près de la capitale, le courage des ejidatarios de San Salvador Atenco, qui sont parvenus à empêcher la construction d’un aéroport sur leurs terres, ou l’opiniâtre résistance des habitants de Milpa Alta, qui défendent depuis 37 ans les 26000 hectares de leur forêt, menacée par les projets urbanistiques. Dans les villes mêmes, et leurs banlieues, la population fait également preuve d’un étonnant sens de la solidarité et de l’auto-organisation, devant l’arbitraire et la brutalité criminelle des spéculateurs et des politiciens corrompus. La Commune d’Oaxaca, en 2006, en a fourni un bel exemple (8).

Il faudrait des pages entières pour recenser toutes ces résistances, que la «  guerre contre la drogue » a pour mission de tenter d’écraser une fois pour toutes...

En introduisant le poison de la drogue, de l’argent et des armes, l’État et les entreprises multinationales cherchent à désorganiser les populations, à les diviser en «  achetant » ou en recrutant une minorité en leur sein, à semer le trouble, la terreur et le découragement. La militarisation de zones entières, les déploiements policiers, les harcèlements à l’encontre des populations, sous prétexte de recherche de stupéfiants ou d’armes, vient compléter le travail.
 
Les autres atouts dont disposent les pouvoirs en place sont évidemment nombreux, et la grande presse, notamment les radios commerciales et les télévisions, figure au premier rang de ces moyens d’intoxication massive. Ce sont eux qui ont par exemple permis l’élection de Peña Nieto.
 
L’ex-gouverneur de l’État de Mexico, candidat du parti ayant dominé le pays, par la corruption et l’assassinat, pendant 70 ans, responsable direct des assassinats, viols et autres horreurs policières commises à San Salvador Atenco en mai 2006, omniprésent depuis des années dans les salons et sur les magazines de la jet set mexicaine, vient donc de recevoir l’investiture. Or ce sexenat (9) qui débute risque d’être aussi désastreux, voir pire que celui de son prédécesseur. Pourtant, Calderón laissera le souvenir de l’un des hommes politiques les plus ineptes de l’histoire du pays.
 
Peña Nieto a été élu grâce à la grande presse, grâce au fait qu’une élection de ce type, quel que soit le pays, est toujours pipée. Ne gagne que celui qui a de l’argent, beaucoup d’argent. Celui qui a su évincer, par tous les moyens, ses rivaux au sein même de sa propre formation. Celui qui assure le spectacle, et finit par convaincre à la fois le plus de naïfs et le plus de cyniques. Celui, en définitive, dont le système en place a besoin pour poursuivre sa domination et ses buts, à moyen ou long terme, c’est à dire la soumission du pays aux impératifs du développement capitaliste et industriel.
 
Mais, parmi les accessoires destinés à assurer une confortable victoire au candidat du P.R.I., figure également en bonne place, à côté d’un bourrage des urnes à rendre fou de jalousie un aspirant à la présidence de l’UMP française, l’achat à grande échelle des voix des électeurs. L’un des échantillons de cette pratique a été révélé, avec des films montrant la remise en échange de la carte d’électeur, de bons d’achat électroniques dans la chaîne de supermarchés Soriana.
 
Toutefois, au-delà de la persistance dans certains secteurs d’un foi dans la possibilité d’un changement qui viendrait par les urnes (la pratique du PRD, dans les états où il détient le pouvoir, ouvre malgré tout les yeux sur la nature réelle de ce parti, ses responsables et ses militants), une grande partie de la population mexicaine n’est pas dupe. Un mouvement comme celui de «  #yo soy 132 », né dans une grande université privée du pays, a compris le danger représenté par Peña Nieto, et s’est lancé dans la rue dans d’homériques manifestations de dénonciation du personnage, de son passé et du caractère à la fois néfaste, frauduleux et manipulatoire de la victoire attendue...
 
Le premier décembre, les affiliés à ce mouvement se sont donc retrouvés dans la rue, devant une chambre des députés transformée en bunker, aux côtés de partisans de López Obrador, mais aussi d’une multitude de manifestants, groupes anarchistes, sympathisants de l’Autre Campagne, etc. Simultanément, des rassemblements dans d’autres lieux, notamment autour de l’Alameda, ont montré la détermination et l’organisation des opposants. Ceux-ci s’en sont pris à des cibles symboliques (banques et commerces de luxe) du pouvoir de l’une des classes les plus arrogantes et violentes qui soient.

La répression, nous l’avons vu au début de cet article, a été brutale. Comme à l’accoutumée. Mais une lecture attentive des dépêches et compte-rendus de cette journée montre qu’en face, dans la rue, les quartiers et les villages du Mexique, l’opposition populaire n’a pas dit son dernier mot. Populariser cette résistance, développer des initiatives communes avec les compañeros et compañeras mexicaines peuvent contribuer, en ces temps où chez nous aussi la révolte gronde sourdement, à Notre-Dame des Landes et ailleurs, à remettre sur le tapis la question de la récupération et la défense de nos territoires. De lieux où nous puissions vivre selon nos valeurs, nous administrer par nous-mêmes et tenter de reconstruire une société désirable.

Jean-Pierre Petit-Gras

 04 /12/12

1/ Rappelons que le PRD et le PRI sont tous deux membres de l’Internationale Socialiste. Comme naguère le parti du dictateur tunisien Ben Ali.

2/ Voir le rapport du Norwegian Refugee Council : http://www.internal-displacement.org/8025708F004BE3B1/%28httpInfoFiles%29/E65A0D75E1B5E8F8C125781F00318DF2/$file/Mexico_Dec2010_sp.pdf

3/ Evadé en 2001 dans des conditions rocambolesques, El Chapo Guzmán est l’homme le plus recherché par la police internationale. Sa fortune personnelle est estimée par la revue Forbes à plus d’un milliard de dollars.

4/ Usines de montage, dans le textile ou l’électronique, où la main d’oeuvre, principalement féminine, est surexploitée, taillable et corvéable à merci.

5/ Respectivement appelés Huaves et Zapotèques.

6/ Connus également sous le nom de Huicholes. Voir la vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=cfEm

7/ Les Rarámuri sont les Tarahumaras qu’Antonin Artaud a rencontrés au cours de la première moitié du XXè . Lire le témoignage de George Lapierre : http://cspcl.ouvaton.org/article.php3?id_article=551

8/ Lire l’excellent ouvrage de George Lapierre, paru aux éditions de la Rue des Cascades. Ainsi que : http://www.lavoiedujaguar.net/Oaxaca-couleur-d-espoir

9/ Le mandat du président de la république est d’une durée de 6 ans, non renouvelable.

COMMENTAIRES  

12/12/2012 14:16 par Nomanches

A l’heure actuelle il ne reste plus que 14 manifestants en prison suite aux manifs du 1er Décembre. Les faits de violence n’ont pas eté la manifestation d’un ras-le-bol seulement, mais principalement, une provocation, Il est evident (plusieurs videos le montrent) que la plupart des violences ont eté perpetrés par des groupes de provocateurs bien organisés, dont pas un seul n’a eté arreté. L’objectif en arretant des gens au hasard eté bien sur, de semer la peur parmi ceux qui manifestent pacifiquement. Le caracter fasciste de ce régime n’as pas tardé a se montrer...

12/12/2012 14:39 par MarcusH

les billets de JP Petit Gras sont toujours très appréciables de par l’information qu’ils véhiculent.
pour compléter, pourrait néanmoins être développé, si l’auteur a du matériau sur la question, le volet de la coopération policière franco-mexicaine.
il est clair que le principal avantage politique de cette "guerre" aux cartels tient en ce qu’elle est une politique de terreur qui musèle la population mexicaine, réprime les résistances et réduit à néant leur visibilité médiatique. N’oublions pas que cette guerre de basse intensité, les Français en sont de grands spécialistes. Voir en particulier le documentaire "romper el cerco" (rompre le siège) sur la terreur sanglante qui s’est abattue sur les populations s’opposant à ce projet d’aéroport. On peut y écouter un sociologue mexicain se référer à "l’école française", expression consacrée notamment depuis l’apport de Marie-Monique Robin avec son documentaire "l’école française, les escadrons de la mort".
Dans ce dispositif de contrôle de population, la gendarmerie joue un rôle fondamental. Or, nieto a annoncé la création d’une gendarmerie, forcément à la française vu que c’est un pléonasme. C’était sans doute ce qu’il était venu négocier avec Hollande avant son investiture.

12/12/2012 19:19 par Anonyme

Pas loin de là , le Nicaragua. Parole de financier :
http://la-chronique-agora.com/etats-unis-nicaragua/

13/12/2012 00:49 par jar1984

Pas d’accord avec plusieurs choses :

1
S’il est bien vrai que la police municipale a participé à la répression, il ne faut quand même pas mettre dans le même sac Marcelo Ebrard (maire de la capitale, PRD) et Peña Nieto (PRI). Le PRD aura tous les défauts, c’est quand même le plus important parti de gauche du pays et son candidat aux dernières élections présidentielles (Lopez Obrador) représentait toute la gauche, avec le PT et Convergencia.

Donc je ne sais pas s’il est productif de taper maintenant sur Marcelo Ebrard. Ce n’est pas parce qu’on a un parti socialiste avec des guillemets en France que c’est la même chose partout.

Et surtout, le Ministre de l’Interrieur (Manuel Mondragón y Kalb, issu du PRD et nommé à la surprise de tous au poste de Ministre de l’Interrieur de Peña Nieto) a précisé que c’est bien la Police Fédéraleet non municipale qui était aux commandes le 1er décembre.

Du coup cette répression tombe plutôt bien pour cogner le PRD, puisque le nouveau ministre de l’interrieur est issu de ses rangs ! A qui profite le crime ?

Pas très sympa d’écrire :

la pratique du PRD, dans les états où il détient le pouvoir, ouvre malgré tout les yeux sur la nature réelle de ce parti, ses responsables et ses militants

ça ne sert qu’à diviser. Il y a des gens très bien au PRD. Il y a de tout. Le PRD de Mexico n’est pas le même que celui de Jalisco par exemple. Il ne faut pas généraliser et cracher sur, finalement, LE parti fort de la gauche mexicaine. a moins qu’on soit contre tous les partis, c’est un autre débat.

2

"Une élection facile"

Je ne crois pas qu’on puisse dire ça. Le PRI a dû avoir recours à de nombreux stratagèmes dont certains très complexes pour réussir à voler l’élection. Le peuple avait appris les leçons du passé (fraude en 2006, entre autres), mais n’était pas encore assez fort pour empêcher l’imposition. Peut-être pour la prochaine fois ? Vous vous rattrapez en tout cas sur la fin de l’article à propos de l’élection.

3
Je ne vois pas le rapport entre la "guerre contre le narcotrafic" de Calderón et les campements dans le centre ville de Mexico (par les sympathisants de Lopez Obrador en 2006 suite à la fraude aux présidentielles) ? Les campements n’ont duré que 40 jours et avaient disparu en septembre, c’est à dire 2 mois avant que Felipe Calderón commence son mandat : le 1 décembre. Il tardera 10 jours à lancer la "guerre contre le narcotrafic", avec les premières opérations militaires au Michoacan (operativo conjunto Michoacan).

Quand à votre théorie selon laquelle le déploiement des cartels suivrait

"précisément la géographie de l’implantation de gigantesques mines à ciel ouvert, de maquiladoras, de complexes touristiques, de barrages hydroélectriques," etc. etc.

, alors là c’est la première fois que je lis ça, pourtant je connais assez bien le Mexique et je consulte la presse mexicaine, enfin La Jornada, tous les jours ou presque.

En introduisant le poison de la drogue, de l’argent et des armes, l’État et les entreprises multinationales cherchent à désorganiser les populations, à les diviser en « achetant » ou en recrutant une minorité en leur sein, à semer le trouble, la terreur et le découragement. La militarisation de zones entières, les déploiements policiers, les harcèlements à l’encontre des populations, sous prétexte de recherche de stupéfiants ou d’armes, vient compléter le travail.

> C’est un gros raccourci, inexact selon mon point de vue. Mais il est vrai que la lutte contre le narcotrafic favorise des scénarios comme celui que vous présentez.

Je ne suis pas d’accord pour dire que l’état utilise le narcotrafic afin de virer les populations, il n’en a pas besoin, il peut encore le faire lui même. Dans quelques années peut-être, mais on n’en est pas encore là , le Mexique n’est pas encore la Colombie, mais patience ça ne devrait pas tarder avec Peña Nieto, malheureusement.

Les grandes multinationales font tranquillement leur beurre au Mexique, et d’ailleurs les mines se font souvent raquetter par les narcotrafiquants. Le narcotrafic, quand il sort de contrôle comme c’est le cas aujourd’hui au Mexique, ne favorise pas le business ni l’expansion du capitalisme. Le PRI l’avait toujours compris et vivait en paix avec les narcotraficants, tout le monde y gagnait, Fox a commencé à tout foutre en l’air en ne voulant favoriser qu’un seul cartel, le coup de pied (ou botte) dans la fourmilière, et Calderón a voulu imposer l’ordre avec sa guerre et le Plan Mérida, version mexicaine du Plan Colombia (argent offert par les Etats-Unis mais pour lui acheter du matériel militaire).

4
Wirikuta se trouve dans l’état de San Luis Potosi, pas de Jalisco.

Donc pas trop d’accord sur l’analyse, mais d’accord sur le constat : « Peña Nieto n’est pas notre président ! ».

Merci pour l’article, on ne parle pas assez du Mexique. Si loin de Dieu, si près des Etats-Unis.

19/12/2012 22:02 par Anonyme

Pour répondre à jar 1984...
Désolé, mais je ne "cogne" pas sur le PRD, ni ne cherche à diviser ou quelque chose dans ce genre. Ceux qui "cognent", à où ils sont aux commandes, ce sont les dirigeants (à tous les niveaux) du PRD. Ils cognent et assassinent. Je ne prendrai que le cas du Chiapas, où le gouverneur Sabines, qui termine son mandat, a laissé derrière lui une trainée de provocations, de manipulations et de crimes. C’est bien ce gouverneur qui a organisé la création de groupes paramilitaires tel que l ’ "armée de Dieu", qui opèrent aux portes même de San Cristobal pour forcer la population d’une communauté (Mitzitón) à accepter qu’une autoroute passe sur leurs champs de maïs, leurs bois et leurs maisons. C’est lui qui a encouragé et utilisé d’autres groupes parapoliciers et paramilitaires dans leurs agressions contre des communautés zapatistes, à Agua Azul et dans plusieurs dizaines d’autres lieux. Les dénonciations, de la part de l’EZLN (qui s’est toujours refusée à employer des armes contre des civils -et les paramilitaires sont des civils, principalement des indigènes, étroitement contrôlés par les autorités pour mener des actions violentes contre les bases d’appui des zapatistes), ou d’ONG telle que le Centre des Droits Humains Fray Ba, proche du diocèse de San Cristobal, sont éloquentes à ce sujet.
Je pourrais vous préciser que personnellement j’ai vécu de telles agressions, par exemple en 2004 dans la communauté de Jechvó, près de Zinacantán. Le président municipal et les hommes de main qui ont tiré à balles sur des zapatistes, hommes, femmes et enfants, et qui ont détruit leurs réserves d’eau, sont membres du PRD.
Souvenez-vous de l’attitude des députés du PRD lors du vote au parlement de la loi constitutionnelle réclamée par les zapatistes, qui aurait pu permettre de respecter les accords de San Andrés, et d’officialiser de la part de l’Etat mexicain une reconnaissance minimale des droits des peuples indigènes. Ils ont voté comme leurs collègues du PRI et du PAN, une loi qui constitue une véritable insulte à 500 de résistance de ces peuples.
Qu’il y ait au PRD des militants ou sympathisants innocents de ces méfaits, c’est évident. Il n’empêche, leur responsabilité est grande, qui consiste à fermer les yeux, ou à refuser de s’informer et de réfléchir plus profondément.
Enfin, je n’ai pas écrit que Wirikuta était au Jalisco, relisez. J’indiquais seulement que les Wixarika sont un peuple qui habite, majoritairement, dans cet état (ainsi qu’au Nayarit, et ailleurs). Depuis 1500 ans, ils effectuent ce pélerinage annuel à Wirikuta, dans l’actuel San Luis Potosà­, pour y cueillir le peyotl. C’est dans cette région que des entreprises multinationales (notamment canadiennes) ont obtenu des concessions, sur plus de 100 000 hectares, pour prospecter et exploiter des mines d’argent et d’autres métaux rares. Des exploitations particulièrement dévastatrices, comme la majorité des mines à ciel ouvert que ces industries imposent un peu partout, qui utilisent des milliers de tonnes d’explosifs, les gros engins de terrassement et l’arsenic ou le cyanure pour séparer le métal de la roche, contaminant massivement l’air, les sols et les eaux.

03/01/2013 16:40 par Nomanches

Le PRD a suivi le meme sentier que les autres partis mexicains : il s’est diluée dans la grande maree de corruption et simulation que caracterisent le systeme mexicain. S’il fut une fois (1988) porteur d’une vraie esperance de changement, Il n’a pas ressité aux manipulations, transactions, negotiations, etc qui ont fait de lui une comparse du pouvoir, un parti-alibi suposé representer une gauche "civilisée", manipulable a souhait. S’il existent encore de gens bien intentionés et favorables a un changement democratique au sein du PRD, ils sont minorité, ou alors n’ont pas encore compris que la morsure du serpent ultra-corrupteur es mortelle. Il feraient mieux d’y aller vers le nouveau parti de Lopez Obrador, MORENA (Mouvement de régeneration nationale) et esperer que cette fois-ci, le monstre ne les absorbe pas. Aditionnelement, appartenir a un parti ou un autre au moment de élections est pris comme une butade dans plusieurs communes eloignées de la capitale, ainsi, nous voyons a chaque élection des membres du PRD passer au PRI, ou l’inverse, des liberaux convaincus (PAN) devenir "ecologistes" (PVEM) et tous les retournements de veste possibles et imaginables. Il y a des partis pour enrichir la famille (PANAL, PVEM) ou pour renforcer des syndicats bidons (PANAL). Enfin, l’appartennance a un parti ou un autre ne dis vraiement pas bien -au moins dans ce pays- quel genre de personne nous avons en face.

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