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FMI, Banque Mondiale, Valls, Fabius...la Tunisie sous les vents mauvais

Le FMI veut retrouver son "meilleur élève"

Qu’on se souvienne, quelques jours avant le grand chambardement révolutionnaire, en même temps que le gouvernement français de Nicolas Sarkozy voyait toujours en Ben Ali un "Grand Ami de la France", Dominique Strauss Khan, encore patron du FMI, en tournée mondiale, décernait le prix du "meilleur élève du FMI" à la Tunisie du même...Ben Ali !

Quand on connaît les exigences draconiennes imposées par le FMI dans le cadre du "paiement de la dette", on mesure mieux, outre les dérives dictatoriales et odieuses du personnage en lui-même, à quelles conditions de misère extrême le régime contraignait sa population.

Aujourd’hui le gouvernement Mehdi Jomaâ, non content de, sans la remettre en cause, "honorer" une dette héritée du clan Ben Ali, donc largement illégitime, s’applique, au contraire, à mettre en oeuvre une politique bâtie sur les mesures d’austérité imposées, comme avant, par les FMI, Banque Mondiale et UE.
La mise en musique de cette politique se fait évidemment violemment sentir dans de nombreux secteurs sensibles tels que la santé, le secteur nationalisé de la production d’électricité, où est déjà remis en cause le monopole de la Société Tunisienne de l’Electricité et du Gaz ( STEG). Nous y reviendrons.

On en ressent également les effets dans les domaines de l’éducation, des transports, sur la cherté de la vie, sur le chômage ...C’est dans ce contexte de dégradation générale de la vie des tunisiens, que le représentant du FMI, de séjour à Tunis pour une conférence Internationale sur l’Investissement (Tunisie start-up democracy), déclare en ce mois de septembre : "La Tunisie est parvenue jusqu’à maintenant à réaliser à réaliser une stabilité économique malgré un taux de croissance faible et une hausse du chômage, de l’endettement et du déficit budgétaire".

On ne saurait rencontrer de meilleur observateur de la réalité du pays que ce représentant du FMI pour le Moyen Orient ! Il résume, en effet, on ne peut mieux la situation : Déficit budgétaire, augmentation de l’endettement, augmentation du chômage, quasiment pas de croissance...

Leçon de morale et pauvreté annoncée

Et, comme pour bien expliciter ce que, à ses yeux, austérité veut dire et qu’on peut toujours faire pire, notre représentant ajoute : "La Tunisie est appelée à maîtriser davantage le déficit budgétaire en cherchant de nouvelles ressources. Elle doit aussi contrôler et réorienter les dépenses."

Décidément, pour le FMI, rien n’est jamais assez et malgré tous les efforts consentis, il exige d’aller toujours plus loin. " Chercher de nouvelles ressources" signifie clairement : serrer encore davantage le budget, assécher les dépenses publiques, poursuivre, en le durcissant encore, le blocage des salaires, accélérer les privatisations (1), bloquer les grilles indiciaires...

Autrement dit, pour tous, une misère accentuée, un chômage en croissance et un pouvoir d’achat en chute libre, des services publics défaillants, école, santé, énergie... dégradés et bradés au privé.

Est-ce à ce prix que, après Ben Ali, Mehdi Jomaâ, plongeant lui aussi les tunisiens dans la crise, veut concourir, à son tour, au titre de... meilleur élève du FMI ? A le voir ainsi céder, sans morigéner, aux ordres donnés par l’UE et le FMI, c’est à croire.

FMI, Valls, Banque Mondiale, en guets stars "privatiseurs"

Il n’est pas innocent de préciser que, en ce mois de septembre 2014, les "encouragements" du représentant du FMI étaient prononcés, à Tunis, dans le cadre d’un raout économique dont l’intitulé entier était : "Investir pour la Tunisie, start-up democracy".

Qu’en est-il donc de cette conférence avec un si drôle de nom ? De source officielle française on en dit (2) : " Cet évènement coprésidé par la France a réuni une soixantaine de délégations, autour de la feuille de route élaborée par les autorités tunisiennes, en étroite concertation avec les acteurs économiques…."

Plus loin, dans la même présentation, se précise l’objet : " Avec l’aide de la France, la Tunisie se tourne aujourd’hui vers ses amis, partenaires économiques et financiers, pour les inviter à contribuer à l’édification d’une nouvelle Tunisie démocratique, stable et prospère. La conférence a permis de promouvoir la Tunisie en tant que « start-up » (expression choisie par Madhi Jomaa lui-même) (3), dans laquelle les investisseurs étrangers sont encouragés à investir.

Flanqué de Laurent Fabius, son ministre des affaires étrangères, spécialiste en "frappes et guerres tous azimuts", Manuel Valls, spécialiste quant à lui, en "Business government" (déclaration de Londres), c’est sans surprise qu’il appellera à la "réalisation d’un vaste programme de réformes sociales et économiques..." . Quand on connaît ce que, en langage Valsien, signifient les mots " réformes sociales et économiques..." on comprend pourquoi, les tunisiens ont tout lieu d’être inquiets des effets de tels "conseils".

A cette réunion, évidemment invitée officielle, la Banque Mondiale rive, elle aussi, son clou tunisien :"Davantage d’efforts sont nécessaires. Et comme le Dialogue national économique va de l’avant, permettez-moi de mentionner quelques « tâches à effectuer » : Accélérer la mise en œuvre de réformes structurelles d’importance fondamentale dans le secteur bancaire tout comme en matière fiscale. Améliorer l’environnement des affaires grâce à la avec la nouvelle loi sur la concurrence et aller au-delà en créant des règles de jeu équitables attirant les investisseurs. Faire avancer le nouveau projet de loi renforçant les mécanismes des marchés publics ainsi que la transparence, parallèlement à l’accélération de l’attribution de contrats et marchés."
Selon la formule habituelle et les mots se suffisant à eux-mêmes : No comment...

L’issue dans la poursuite de la révolution

Une assemblée internationale, des "invités" de marque pour des injonctions a effets ultra rapides. Il n’aura pas fallu, en effet, attendre plus de d’une semaine pour voir les premiers effets des conseils prodigués à la "start-up" de Mehdi Jomaâ : l’Assemblée Nationale Constituante s’empressait, une semaine après, dans la droite ligne de cette "conférence", de voter une loi scandaleuse ouvrant brutalement le marché de la production de l’électricité aux...investisseurs privés ! " l’accélération de l’attribution de contrats et marchés..." Tiens donc...N’est-ce pas exactement et très précisément ce qu’exigeait la Banque Mondiale à cette même conférence ?

Entièrement rejetée par l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) cette loi, sans raison d’être aucune, promet d’être sévèrement combattue par les salariés. Sans raison d’être, même au regard d’une vision exclusivement libérale, car la société jusque là chargée de la gestion de l’électricité et du Gaz par la STEG, loin d’être défaillante, est, au contraire, tout à fait à même de développer tous les secteurs de la production. Hormis donc la Grande Braderie exigée par les "prêteurs", la casse de ce secteur, vital pour le développement du pays, est donc non seulement injuste, mais également totalement injustifié au plan économique !

N’en déplaise aux "optimistes" de tout poil, la Révolution tunisienne qui les a tant effrayés, n’est pas rentrée dans son lit. Elle se développe toujours, patiemment elle creuse se galeries, elle emprunte d’autres formes, elle mûrit, elle s’organise, notamment dans les secteurs salariés. Dans le privé, par exemple, contre les conditions de travail, pour les salaires, les conflits se multiplient dans lesquels on voit de plus en plus de femmes prendre leurs luttes en main.

Dans de nombreuses entreprises publiques, les salariés, en butte aux offensives du gouvernement pour diminuer les budgets, ne plus embaucher, geler les grilles indiciaires ainsi que la revalorisation des statuts, réagissent durement, avec leur syndicat UGTT, et le rapport de forces est toujours extrêmement tendu.
Au ministère des transports, concernant les personnels et les employés des chemins de fer, on annonce une...grève générale. Après la grève générale largement réussie de tous les personnels de la santé publique, appelée par l’UGTT, le syndicat annonce une suite à la bataille menée par les salariés. On doit donc s’attendre à plusieurs jours de grève totale de tous les secteurs de santé hors les services d’urgence.

On le voit, le climat social est, aujourd’hui, extrêmement tendu et puisque, malheureusement, les dirigeants en charge capitulent en rase campagne devant les injonctions des FMI, UE, Banque Mondiale...on sent bien que la résistance au saccage économique, à la capitulation politique, reviendra, encore une fois et naturellement, aux forces de la révolution.

Gageons que, si les dirigeants ne peuvent changer de peuple, le peuple tunisien lui, parce qu’il l’a déjà fait, saura chasser ceux qui tenteront de brader ses acquis, ses espoirs et saura contrôler ceux qui s’engageront.

1/ Les "recommandations" du FMI et de la Banque Mondiale, à l’oeuvre depuis des décennies en Afrique subsaharienne, qu’ils appelaient PAS (Plans d’ajustement structurel), se résumaient à un slogan, toujours vivace aujourd’hui, et qu’on ainsi résumer : " Privatisez ! Privatisez ! Vendez tout. On sait ce qu’il est advenu, dans ces pays, des services publics et des IDH (indice de Développement Humain)

2/ In www.gouvernement.fr

3/ Quand on sait ce qu’il advient de 90% des start-up dans les mois qui suivent leur naissance, on se dit que c’est décidément un drôle de choix pour le nom d’un pays ...

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