Egypte, Hollande en VRP marchand d’armes.

Petit commerçant

Après avoir refusé de les vendre au pays qui les lui avait commandé, Hollande n’a rien trouvé de mieux, au "hasard" de son invitation en Egypte, de proposer au maréchal Al Sissi et accessoirement à l’Arabie Saoudite, comme outils de pacification, les deux bateaux de guerre qu’il a donc désormais sur les bras.

En effet, invité d’honneur à l’occasion de la rénovation-extension du canal de Suez, non content d’essayer de placer ses "invendus, François Hollande s’est également transformé en représentant de commerce pour les entreprises françaises, celles liées directement au complexe militaro-industriel français comme Dassault, Safran, Thalès...sans oublier, évidemment, DCNS.(1)

On le sait, l’Egypte, depuis le ralliement spectaculaire de l’Administration Sadate aux intérêts américains, a toujours été considérée comme le pion indispensable sur l’échiquier occidental de la "stabilité" dans une région particulièrement sensible.

Les miettes tombées de la table...

Les EU demeurent 100% les maîtres du jeu mondial, voilà qui n’est aucunement contesté par la France de François Hollande pas plus qu’elle ne l’était par celle de Sarkozy. Dire ceci relève de l’évidence. On notera même une continuité sans faille dans le comportement des deux présidents français. De Sarkozy attaquant la Libye après le feu vert d’Obama jusqu’à Hollande, se rendant à Washington y "discuter" comment faire régner "l’ordre" en Afrique, que de similitudes !

Que peut donc expliquer, par delà de fortes divergences d’opinions, de profonds clivages politiques...affichés en tout cas dans les campagnes électorales, une telle cohérence dans l’engagement militaire de la France ?

C’est que, depuis une petite décennie, après avoir définitivement tourné la page gaullienne d’une France forte dans le jeu mondial, l’administration française, consciente d’être aujourd’hui une puissance militaire de seconde zone, a fortement révisé ses ambitions à la baisse. Exécuter, oui. S’associer, oui. Se promouvoir, terminé. (2)

Il se trouve que cet aggiornamento tombe pile en phase avec la nouvelle politique américaine de domination du Monde, militaire, politique et commerciale. En effet, sous couvert d’économies, "d’opposition" aux guerres incertaines qui coûtent cher au contribuable étasunien... les EU ont décidé de déléguer. Autrement dit, de faire faire une bonne partie du boulot par les autres. En contrepartie, les candidats à ces sous-traitances pourraient prétendre à des compensations commerciales. Le droit de se payer sur la bête, de ramasser les miettes tombées de la table...

Une fois l’annonce faite, la première, la France s’est précipitée pour répondre à cet appel d’offre.

A première vue, ça marche et version miettes, pour ses "loyaux services", la France a déjà vu son comportement récompensé par le "patron" lui abandonnant le marché. C’est ainsi qu’en février 2015, la France a pu vendre à l’Egypte une frégate multi-missions Fremm et des missiles de courte et moyenne portée et...24 avions Rafales de combat ! Ajoutée à cela la commande de quatre corvettes et peut-être la vente des deux navires porte-hélicoptères Mistral que les russes avaient déjà en partie payés, on voit que, par delà les alternances politiques au sommet, ce qui compte ce sont d’abord les affaires et que, comme disent si bien les businessmen français, "les affaires sont les affaires".

La France, bras droit du Patron étasunien

Les conséquences de cette nouvelle politique dont, malin, Obama s’est fait l’artisan, a pris toute sa dimension dans la désintégration de la Libye par Sarkozy, imposant au passage à ce dernier un changement à 180° de sa politique Libyenne (3).

Elle s’est poursuivie ensuite avec Hollande menant la guerre au Mali et dans toute la Région sahélienne tout en faisant régner la paix occidentale de l’Atlantique à l’Afrique centrale.

Aujourd’hui, c’est fort logiquement dans toute la Région Sud Sahélienne et de la mer Rouge à la Méditerranée qu’elle se concrétise.

Après quelques "hésitations" de pure forme pour son autoritarisme violent, le soutien total apporté par Obama au Maréchal Al Sissi ainsi qu’à la coalition anti-terroriste qu’il prétend former avec l’Arabie Saoudite, est la suite logique de la défense des intérêts EU. Bon supplétif, Hollande s’aligne et déclare : "Les relations entre la France et l’Egypte sont fondées sur les intérêts communs : la lutte contre le terrorisme et la sécurité."

Hollande, désormais ouvertement pro EU, a au moins le mérite de la clarté lorsqu’il affirme, durant son bref séjour, qu’il convient " de donner aux égyptiens les moyens d’agir" . En langage clair, cela signifie qu’il demande à l’Egypte de poursuivre et d’approfondir ses interventions militaires. Or, l’Egypte est aujourd’hui un pays quasiment en guerre et qui souffre sous la férule d’un Al Sissi exerçant une véritable dictature. Les administrations françaises et EU connaissent très bien, dans les moindres détails, les périls qui assaillent ce pays dans une région en proie au chaos le plus total.
Les sources d’inquiétude ne manquent pas. Les Forces de l’Etat Islamique sont lancées dans de véritables opérations de guerre dans la Région du Sinaï ; Al Sissi, écoutant la voix de son maître s’est déjà engagée militairement en Libye en février 2015 en bombardant les positions supposées de l’Etat Islamique ; toujours écoutant la voix de son maître, en bloquant le passage à Rafah et en détruisant les tunnels, Al Sissi s’aligne ouvertement aux côtés d’Israël et de sa politique de Bantoustan à l’encontre de Gaza.

Ainsi, en revendiquant une place dans le concert des nations prédatrices, François Hollande, pour la France, prend aussi le risque, comme son prédécesseur en Libye, de précipiter toute une Région, qui n’aura eu que le tort de sentir le pétrole, dans un chaos indescriptible

1/ Le slogan chapeautant le site internet de l’entreprise est édifiant : "DCNS : UN LEADER MONDIAL DU NAVAL DE DÉFENSE ET UN INNOVATEUR DANS L’ÉNERGIE" Tout un programme ! (DCNS pour Direction des Constructions Navales et Services, ex DCNA pour Direction des Constructions Navales Armées)

2/ Leurs intérêts divergeant lors de la 1ère guerre en Irak, l’opposition de Chirac à Bush, marquée par le fameux discours de De Villepin dans la cadre de l’ONU aura été la dernière marque d’indépendance de la diplomatie française à l’égard des EU.

3/ Qu’on se souvienne des fastes déployés pour la venue du président Libyen "meilleur ami de la France", un an à peine avant la guerre d’invasion.

 http://lautreafrique.info/2015/08/16/egypte-hollande-en-vrp-marchand-darmes/

COMMENTAIRES  

21/08/2015 11:39 par triaire

Je plains ceux qui ont voté pour ce charlatan croyant voter pour la gauche ;ils ne doivent pas être fiers .ces gens doivent réfléchir maintenant et vite afin de ne pas récidiver en 2017...ce qui entrainerait fatalement à brève échéance un vote FN .

21/08/2015 21:23 par depassage

Cet auteur dont je lis un article pour la première fois, me parait un novice en matière d’analyse politique ou bien comme, il en existe beaucoup, un sournois comme en connaît beaucoup l’Afrique se présentant en sauveur le temps d’une éclipse lunaire. Je me méfie des malins dont les analyses ne débordent jamais du préjugé idéologique, et qui s’intéressent aux personnes plus qu’aux situations comme si les personnes sont la clé de toutes les solutions, alors qu’ils n’en sont que les esclaves. Dire que Hollande est un petit commerçant, c’est tremper les gens sur la nature des pouvoirs et le rôle de la politique.
Depuis l’avènement du marchand et du marché, le politique et la politique suivirent comme leur incarnation et rien d’autre. L’exploitation de la force du travail humain, peu importe sa nature, (car c’est la seule qui est évaluée, autrement dit, la nature s’offre gratuite à tout le monde même aux mouches), ne se manifeste qu’au niveau du marché et fait de lui (marché) le centre de toutes les convoitises puisque c’est à son niveau que les choses deviennent palpables aux plus idiots des humains.

Il manquait de peu pour qu’il nous fasse le panégyrique des printemps arabes qui visaient surtout à déstabiliser la Libye, le Yémen et la Syrie qui ne cadraient pas avec les visions du capital mondial dont beaucoup de pays arabes riches étaient partie prenante. L’Algérie et l’Égypte sont passées par là quoique différemment. L’Égypte et la Tunisie n’avaient servi que comme leurre militaire, pour faire apparaitre l’agression de la Libye, de la Syrie et du Yémen comme faisant partie d’un tout bien que L’Égypte faisait peur par l’importance de sa population. Mais on n’était pas contre sa division entre le sud chrétien et le nord musulman en mettant les islamistes au pouvoir pour s’en servir à leur gré ou contre leur gré.

Quant à Gaza, le problème est celui de la force occupante qui est Israël et non pas de l’Égypte à moins qu’elle décide de déclarer la guerre à cette dernière. Aucun pays au monde ne peut accepter que les problèmes du voisin débordent sur son territoire. Point barre. Les bons sentiments ne font nourrir personne surtout en politique des marchands et du marché.
En bref, les choses sont bien plus complexes que ma petite contribution et les hommes ne sont pas des anges.

Je termine par un mot à Triaire, si vous connaissiez de meilleurs charlatans, présentez-les nous et nous voteront pour eux à la proche fois. J’ai bien peur qu’ils seront pires.

23/08/2015 09:31 par Scalpel

Depassage

D’accord avec l’auteur...mais aussi avec vous.
De Gaulle nous éviter l’occupation américaine. Depuis sa mort, nos dirigeants successifs ne furent que collabos au service des desseins américains de guerre totale à notre pays, comme en atteste le testament de Francisque Mitterrand tel que rapporté dans "Le dernier Mitterrand" de Georges-Marc Bénamou.
Testament qui aurait dû faire l’effet d’un Hiroshima puissance 10 et qui ne fit que le "bruit" d’un pétard mouillé.
Loin de s’infirmer l’un l’autre, vos textes, se complètent, donnant un point de vue différent mais pas -si- divergent.
En 2017 hormis la bande de collabos vendus au TAFTA et à l’euromondialisme qui sévit depuis des lustres, c’est-à dire l’ensemble de notre offre politique, avec la très fasciste SARL Le Pen en figure de proue, et à condition qu’il obtienne ses 500 signatures, un parti toujours interdit de droit de cité dans Wikipedia, bien que pesant le double en adhérents que EELV, devrait sauver la face de l’odieuse farce électorale programmée.

Nous n’avons plus la moindre raison objective de voter. La Commission non élue de l’UESA le fait pour nous en toutes choses et ne nous laisse que l’illusion de peser sur ses décisions. Avec la complicité du théâtre de guignol et sous la direction de ses marionnettistes germano-étasuniens.
La démocratie s’arrête aux portes des Traités, à dit Heil Junkel/Merker, Monsieur Luxleaks !
Il faut quand même le dire !
L’insipide factotum Hollande, figurant plus pitoyable encore que ne le fut le grotesque pantin survolté qui le précéda dans le rôle de gouverneur de protectorat, joue la partition avec l’orchestre philharmonique US, dont il n’est qu’un simple sixième violon. Partition écrite au Bilderberg par l’omnipotent Peter Sutherland. Celui-ci, baissant le pouce, fait et défait les princes de ce continent depuis pas mal d’années, plaçant les Goldman boys aux postes clés.

En voulant faire un vrai referundum, et pas avec une question totalement bidon, Papadopoulos prit la porte comme un vulgaire criminel sur fond de scandale mondiale. Ce fut un précédent étymologiquement rigoureusement exact de dictature.Quoi, on demande son avis au peuple ?
Gravez-vous dans la tête le testament politique de Francisque Mitterrand, il est la clé de voûte de compréhension de nos maux présents et à venir.
Cordialement.

29/08/2015 19:12 par François

Budget mondial de l’armement :
entre 40 et 50 000 $ par seconde ....
Tous les ambassadeurs font ce travail de commercial, peu importe les gouvernements. ou les époques.

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