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France-Mali : désaccord de défense et nouvelles clôtures pour enclos coloniaux

La signature du nouvel accord de défense, ou accord de partenariat militaire selon une nouvelle nomenclature plus « politiquement correcte », liant le Mali à la puissance impérialiste française, et prévu pour le 16 juillet 2014, marque une nouvelle étape de la remilitarisation de l’Afrique par la France.

Prise pour ce qu’elle est, cette remilitarisation n’est qu’un des aspects de la remise au pas des anciens enclos coloniaux par les puissances occidentales. Tout s’imbriquant pour former un tout cohérent, il est important de souligner le caractère protéiforme de ce que certains, de façon générique, appellent le néocolonialisme, et qui n’est en définitive qu’une des déclinaisons de l’impérialisme économique.

On ne peut comprendre et analyser sereinement le militarisme français en Afrique, le Mali étant loin d’être un cas isolé, si on ne le replace pas dans le cadre de dynamiques économiques plus larges, liées à la fin d’un monde occidento-centré économiquement lesté d’économies vacillantes, « challengé » par l’émergence de forces concurrentes et menaçantes que sont notamment les BRICS.

Le lancement par ces derniers, lors du sommet de Fortaleza, d’une banque de développement disposant de fonds de réserve d’urgence et appelé à concurrencer le FMI, en est la manifestation récente la plus spectaculaire.

L’économique est la finalité du militaire, le parasitisme occidental l’a toujours démontré, mais il ne peut prospérer sans lui. La force s’inscrit intimement dans les rapports existants entre le monde occidental et l’Afrique. Saupoudrée de duperie et de promesses utopiques de développement, nous retrouvons avec une mondialisation unilatérale s’imposant de façon sourde et quasi-invisible aux masses africaines, dans ses cadres financiers, économiques ou culturels.

La décision prise par la CEDEAO, se constituant en une nouvelle occasion féal de ses maîtres occidentaux, de ratifier le 10 juillet dernier, l’Accord de Partenariat Économique, L’APE,en est un exemple flagrant. L’APE, chapelet de mesures libérales étranglant les économies africaines, couronne l’ouverture des marchés des pays-membres de la CEDEAO aux pays membres de l’UE, à hauteur de 70% sur 20 ans.
Elle débouchera sans coup férir sur une perte significative de revenus, causée par une baisse des rentrées fiscales, la destruction d’un tissu industriel encore embryonnaire entraînée par la concurrence avec les produits européens, et mécaniquement, par une augmentation de la pauvreté.

Le déséquilibre et le maintien de relations de soumission évidents, pérennisés par des clauses telles que celle de « la nation la plus favorisée » ou de la clause dite « de rendez­-vous », parties intégrantes de l’APE, s’opposent aux déclarations hypocrites de l’UE plaidant pour le développement ou la lutte contre la misère.

Lorsque les pressions économiques ne suffisent pas, se fait entendre le bruit des bottes et du canon. Ainsi, par le biais de la dialectique de la guerre contre le terrorisme (dont il convient, à chaque fois qu’il est possible, de rappeler le caractère inepte et trompeur) adossée à celle, non moins inepte, de protection de populations civiles, est venu s’agréger brusquement le cadre militaro-sécuritaire, aux problématiques auxquelles devait faire face les pays du bloc sahélien dont fait partie l’État-failli malien.

Sur l’enchaînement de faits plus ou moins prévisibles, mais tous dramatiques, ayant contraints les responsables politiques locaux à brader aussi ouvertement une partie de leur souveraineté et l’exercice de prérogatives régaliennes (le monopole de la la violence et la défense du territoire et des citoyens), nous ferons volontairement l’impasse.

Cependant, on ne passera pas sous silence l’importance décisive de l’agression impérialiste de l’Otan en Libye, initiée par la France de Nicolas Sarkozy, dans la dégradation de la situation sécuritaire du Mali. Dégradation causée donc par le pompier-pyromane qui se propose aujourd’hui d’éteindre le feu de brousse qu’il a lui-même allumé, en taillant généreusement, cela va de soi, dans l’exercice de la souveraineté malienne.

Il est utile de noter à ce point, que l’héritage de la très atlantiste droite sarkozienne a été repris sans renâcler par la gauche socialiste (du moins prétendue telle) qui préside, depuis 2012, aux destinées de la France.

En matière d’impérialisme, il n’y a qu’une voix, en dépit de l’universalisme humaniste dont se pare la diplomatie française depuis les indépendances formelles, et c’est la voix du maître...

Usant d’une rhétorique orwellienne bien rodée, et dont les responsables occidentaux raffolent (l’asservissement devenant liberté, l’imposition forcée se métamorphosant en choix libre et éclairé), la France de M. Hollande se repositionne dans une zone stratégique pour ses intérêts.

Marianne a bien compris, comme l’ensemble des impérialistes (la chute étant irréversiblement enclenchée), que le monde arbitrairement modelé par l’occident prenait fin.

A l’instar du mur de Berlin, il s’apprête à rejoindre le Panthéon des curiosités de l’histoire.

Mais la France et son maître étasunien veulent rendre la phase de transition la plus longue et la plus douloureuse possible, au détriment des peuples subissant encore les affres de rapports de force déséquilibrés, résultant d’une histoire chaotique.

Zone stratégique, le Mali et plus précisément le Nord de ce dernier, est une zone-pivot permettant d’avoir un œil sur le Sahel et le Maghreb, ses trafics en tout genre, mais aussi et surtout, sur les potentialités en minerais (notamment en uranium) de la région, sans préjuger d’éventuelles futures découvertes.

Concernant les minerais, les mines d’Arlit et d’Imouraren (qui n’est pas encore exploitée), toutes deux sises au Niger, sont ainsi à portée de canon. Il ne faut pas oublier le gisement d’uranium de Faléa situé au Mali, et dont le nom ne transpire jamais dans les pseudo-analyses de médias français aussi loquace que la Grande Muette, lorsque la patrie est en danger...de banqueroute.

Les manœuvres d’Areva pour s’en assurer l’exploitation, ne peuvent pas avoir échappé au gouvernement français venu « sauver » les maliens du chaos.

Il faut bien garantir l’électricité aux français, et en si France il n’y a pas d’uranium, on sait comment le voler en Afrique...

Le Nord-Mali, est également une zone stratégique d’un point de vue militaire, pour le contrôle de « l’idiot utile » de la géopolitique occidentale post-11 septembre 2001 : le terroriste islamiste, monstre né des manipulations génético-géopolitiques des responsables de la défense et du renseignement étasuniens. Cerise sur le gâteau, cette région se révèle être une plate-forme avantageuse pour un déploiement rapide en Afrique de l’ouest.

L’accord de défense entraîne donc la préservation de la prééminence militaire de la France au nom de la guerre sans fin contre le terrorisme. Face aux velléités souverainistes qui ne manqueront pas de se manifester dans les décennies à venir, et l’avancée de la Chine dans la conquête de ce nouvel Eldorado que se révèle être l’Afrique du XXIème, un pied-à-terre sahélien est primordial.

Voici sommairement dressés les enjeux de cette partie de poker-menteur initiée par la France et dont le sans saveur ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, est le croupier.

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