France-Pakistan : Affaires sous marines.

Ces dernières semaines gazettes et blogs français se sont emparés de la question des commissions et rétro-commissions dans l’affaire des sous-marins vendus par la France au Pakistan et SARKOZY lui-même a été mis dans l’embarras par un journaliste de l’AFP qui l’a interrogé sur cette affaire remontant à une période où il était Ministre du Budget dans le gouvernement BALLADUR et où il était le principal organisateur de la trahison de CHIRAC par son « ami de trente ans ».

Cette obscure affaire dont on le sait un des effets pourrait bien être, c’est au moins un hypothèse sur laquelle travaillent les juges d’instruction, l’attentat mortel dont furent victimes à Karachi des ouvriers et techniciens français qui travaillaient sur le chantier de construction des sous-marins en cache une autre dont voici quelques éléments accessibles sur divers sites Internet pakistanais :

- La marine pakistanaise a lancé récemment une consultation pour acheter trois nouveaux sous-marins

- La France en la personne de la DCNS, entreprise nationalisée qui a construit les trois précédents, s’est portée candidate mais elle s’est trouvée en concurrence avec l’Allemagne qui a été choisie par les militaires pakistanais.

- Le Président pakistanais ZARDIRI, veuf de BENAZIR BHUTTO était Ministre des investissements dans le gouvernement de son épouse au moment de l’affaire des trois premiers sous-marins. Il est couramment surnommé au Pakistan « Monsieur 10% ».

- Le président français actuel était à la même époque Ministre du Budget et donc en capacité de virer des fonds d’Etat à l’étranger et son collègue ZARDIRI était en position de les recevoir

- Le président ZARDIRI a été reçu par l’actuel Président Français au mois de Mai 2009 et à l’issue de cette rencontre officielle l’Elysée a publié un communiqué surprenant faisant état, dans des termes vagues, d’une future aide de la France à l’industrie nucléaire pakistanaise

Ces éléments conduisent actuellement des journalistes pakistanais et des militaires de haut rang pakistanais qui s’expriment sur des forums Internet à analyser ainsi la situation :

1 - La France tente par tous moyens de récupérer le contrat des sous-marins et veut pousser ZARDIRI à remettre en cause le choix de la marine pakistanaise en faveur des sous-marins allemands. Les pots de vin et les rétro-commissions font partie de ces moyens et sur ce terrain les deux présidents pourraient s’entendre comme larrons en foire.

2- Pour obtenir les faveurs - et la commande des sous-marins - de son visiteur pakistanais, le chef de l’Etat français a joué sur une corde très sensible : la corde nucléaire. En effet, le face à face nucléaire indo-pakistanais est un souci permanent des dirigeants d’Islamabad et ils sont tous très inquiets du nouvel accord de coopération nucléaire entre l’Inde et les Etats-Unis initié par G.W. BUSH qui semble faire pencher la balance en faveur de l’adversaire historique. En soulignant qu’une future coopération nucléaire avec le Pakistan ne viendrait finalement que restaurer l’équilibre entre Inde et Pakistan rompu par les Etats-Unis, le chef de l’Etat français mettait donc du baume au coeur des dirigeants pakistanais et jetait une pierre dans le jardin de « l’ami américain », concurrence inter-impérialiste oblige !

3- L’industrie nucléaire pakistanaise, qui s’est développée toute seule malgré l’embargo international, a-t-elle vraiment besoin de l’aide technique et scientifique de la France ? Cette question est débattue par les militaires pakistanais. Elle l’est d’autant plus qu’il est question dans les très laconiques communiqués français publiés après la visite de ZARDIRI à Paris de coopération en matière de « sécurité nucléaire ». La formule les inquiète.

En effet, au moment où la campagne de déstabilisation du régime pakistanais orchestrée par Washington et Tel Aviv fait grand tapage sur le risque de voir les « TALIBANS » s’emparer des armes ou des combustibles nucléaires pakistanais, les militaires pakistanais imaginent volontiers, et ils l’écrivent , des experts français visitant les sites nucléaires pakistanais, vérifiant les mesures de sécurité, testant les consignes et revendant, sitôt rentrés au pays, leurs rapports de visite directement au MOSSAD.

Pourquoi au MOSSAD ? Tout simplement parce que les services de renseignement pakistanais sont compétents et n’ignorent rien des rapports particuliers et très étroits qu’entretient l’actuel chef de l’Etat français avec le gouvernement israélien pas plus qu’ils n’ignorent la volonté d’Israël de faire disparaitre la « bombe nucléaire islamique » comme les stratèges sionistes appellent la bombe pakistanaise, ni les multiples coopérations indo-israéliennes en matière d’armement et de renseignement.

Voici donc une partie de poker international à haut risque dont les éventuelles retombées sous forme de commissions et de rétro-commissions sont des arbrisseaux cachant une forêt épaisse et pleine de dangers.

COMAGUER

COMMENTAIRES  

05/07/2009 11:36 par neutron

C’est hallucinant de voir les présidents de jongler avec tout ses affaires de la mort , il sont tellement spécialistes des coups bas , et à des années de lumières
(si j’ose à utiliser le terme photonique à leur égard )
de la réalité de la vie des hommes normaux , travailleur .
J’avais la malchance de voir un expo spéciale Hirosima -
Nagasaki , des photos jamais publié , des photos inimaginables , horribles .
Est ce qu’il faut une menace tellement ignoble , pour
pouvoir vivre cote à cote ?? Je pense pas , ce n’est
que foutaise , ce n’est qu’un philosophie de chimpanzé !

05/07/2009 22:26 par BA

Quel a été le budget de la campagne présidentielle d’Edouard Balladur en 1995 ?

Le compte de campagne de M. Edouard Balladur est arrêté comme suit (en francs) :

- Dépenses : Mandataire : 83 846 491 ; Partis politiques : 5 929 628 ; Avantages en nature : 0 ;
Total : 89 776 119 francs.

- Recettes : Mandataire : 85 676 060 ; Partis politiques : 5 929 628 ; Avantages en nature : 0 ;
Total : 91 605 688 francs.

Rappel : Edouard Balladur ne pouvait pas compter sur l’aide financière de son propre parti politique, le RPR. En effet, pendant la campagne présidentielle de 1995, le RPR finançait le candidat Jacques Chirac.

Question : en 1995, où le clan Balladur-Sarkozy a-t-il trouvé ces 90 millions de francs ?

06/07/2009 23:19 par BA

En exclusivité pour Mediapart, l’un des hommes-clés de « l’affaire de Karachi » s’exprime pour la première fois. Ancien agent de la DST, Claude Thévenet est l’auteur des fameux rapports « Nautilus » révélant que l’attentat de mai 2002 contre des employés de la Direction des constructions navales (DCN) à Karachi, qui coûta la vie à onze Français, pourrait avoir eu pour cause le blocage de commissions, sur fond de guerre Chirac/Balladur.

L’interview dévastateur pour le clan Balladur-Sarkozy est lisible sur le site des familles des victimes de l’attentat de Karachi :

06/07/2009 23:52 par legrandsoir

le lien a sauté...

11/07/2009 11:33 par himalove

Le point de vue commerciale et nucléaire du contentieux entre la France et le Pakistan est intéressant.

Cependant il n’éclaire pas le motif extra-ordinaire de l’attentat meurtrier contre les ingénieurs de la DCN, le 8 mai 2002.

Une relecture des journaux pakistanais et indiens nous éclaire davantage sur le climat de l’époque.

Nous sommes à un moment d’extrême tension entre le Pakistan et l’Union indienne qui a déclenché depuis l’attaque du Parlement indien, le 13 décembre 2001, l’opération "Parkaram".

Ces manoeuvres de grande ampleur, qui ont l’aval du Pentagone, moblisent 1 million de soldats le long des frontières avec le Pakistan.

Certains rumeurs, émanant de South Block, évoquent une possibilité d’invasion du Pakistan par l’armée indienne, au mois de janvier 2002.

Des généraux de l’Etat-major aimeraient profiter de la libération de l’Afghanistan par les américains pour en finir avec l’ennemi. Le département d’état américain calmera leurs ardeurs en leur parlant des armes stratégiques pakistanaises...

L’action de commandos, derrière les lignes ennemies, appartenant au RAW, contre les intérêts pakistanais, est, à ce moment-là , fort probable.

Les ingénieurs étrangers qui assemblent les sous-marins de type Agosta 90B, sont des cibles de premier choix, comme les ingénieurs chinois, le 3 mai 2004, tués, dans les mêmes circonstances, à Gwadar.

Pour moi, les onze ingénieurs de la DCN ont été les victimes collatérales de la guerre entre l’Inde et le Pakistan, sur fond d’opérations américaines en Afghanistan.

Il se peut que des services secrets occidentaux aient eu un rôle de couverture dans ces opérations terroristes indiennes.

12/07/2009 02:32 par Jean-Michel Hureau

Essai pour le sauver.
JMH

Affaire Karachi : « Je suis pris dans une affaire d’Etat », nous déclare Claude Thévenet - 6 Juillet 2009
par admin 6 juillet 2009. Classé dans : Articles Médiapart.
Par Fabrice Arfi, Fabrice Lhomme
En exclusivité pour Mediapart, l’un des hommes-clés de « l’affaire de Karachi » s’exprime pour la première fois. Ancien agent de la DST, Claude Thévenet est l’auteur des fameux rapports « Nautilus » révélant que l’attentat de mai 2002 contre des employés de la Direction des constructions navales (DCN) à Karachi, qui coûta la vie à onze Français, pourrait avoir eu pour cause le blocage de commissions, sur fond de guerre Chirac/Balladur.
Quel a été votre parcours au sein des services de renseignements français ?
Mon premier contact avec ce monde date de mon service national, comme officier de renseignement de l’Escadron de chasse 2/30 Normandie-Niemen. Je souhaitais intégrer l’armée de l’air comme pilote. A la suite d’un accident, j’ai été jugé inapte "chasse" et j’ai opté pour une carrière à la Direction de la surveillance du territoire, où un ancien camarade de faculté m’avait dit pouvoir me coopter. Après l’Ecole de police, en 1976, j’ai été affecté à une division de la DST chargée de lutter contre l’ingérence et le terrorisme.
Pourquoi avez-vous quitté la DST en 1991 ?
Pour des raisons personnelles. Je pensais avoir fait le tour de cette institution, certes estimable, et qui m’a beaucoup appris et apporté. Mais c’est un petit monde, un microcosme, qui a tendance à vivre de façon autistique. De plus, à l’époque, on ressentait une nette politisation de nos activités. Un ami, ancien numéro 2 du SDECE [Service de documentation extérieure et de contre-espionnage, ancêtre de la DGSE], m’a offert de travailler pour un grand groupe et m’a encouragé à créer mon cabinet d’intelligence économique.
Comment en êtes-vous venu à travailler pour le compte de la Direction des constructions navales (DCN) sur l’attentat de Karachi, commis le 8 mai 2002 ?
Je travaillais déjà pour la DCNI, filiale commerciale de la DCN, depuis 1994/95. Mon contact régulier au sein de la DCNI, le directeur administratif et financier, m’a demandé, peu après l’attentat, s’il était possible de vérifier où en était l’enquête au Pakistan. Il souhaitait juste un aperçu, pas quelque chose de fouillé. Ce qui explique que je ne me sois pas rendu dans ce pays, que je connais bien par ailleurs.
Pourquoi la DCN vous a-t-elle confié des investigations « parallèles » alors que des services officiels comme la DST, la DGSE, mais aussi les justices française et pakistanaise, enquêtaient déjà sur l’attentat ?
Avec mon commanditaire, les choses n’étaient jamais très claires, mais j’ai cru comprendre que sa hiérarchie avait des doutes quant aux informations qu’elle recevait des services officiels. Elle craignait que, pour des raisons que j’ignore, elles ne soient déformées ou tronquées. A la réflexion, aujourd’hui, je me demande si mon interlocuteur, ou sa hiérarchie, n’était pas conscient des véritables causes du drame.
Combien de temps a duré votre enquête et quelle a été votre rémunération ?
De mémoire, elle a dû s’étaler de la mi-mai 2002 jusqu’au mois de septembre ou octobre, mais pas de façon continue. Concernant ma rémunération, je ne m’en souviens plus.
« La piste d’un règlement de comptes anti-français »
Etiez-vous habilité « secret défense » lorsque vous travailliez pour la DCN ?
J’étais habilité au « secret défense » ainsi que mon cabinet, TPM International, par le haut fonctionnaire de défense du ministère de la recherche, dans le cadre de mes activités pour le Centre national d’études spatiales (CNES). Je n’avais pas d’habilitation spécifique pour la DCNI, mais c’était rassurant pour elle de savoir que j’avais tous les « sacrements ».
Etes-vous allé au Pakistan pour mener à bien votre mission baptisée « Nautilus », et si oui, combien de temps, et quelles ont été vos sources ?
Non, je ne m’y suis pas rendu. Comme je l’ai dit, cela n’a pas été nécessaire. Par contre, j’ai eu, grâce à des amis journalistes libanais, des connexions au Pakistan, que je n’ai d’ailleurs pas toutes utilisées.
Avez-vous enquêté pour « Nautilus » comme vous l’auriez fait pour la DST - où vous avez travaillé de 1976 à 1991 -, ou était-ce différent ?
C’est difficile de comparer. Dans mon ancien service, tout était morcelé. Nous travaillions généralement sur une partie seulement d’un dossier. Mais, globalement, les techniques d’investigation, le modus operandi, sont les mêmes.
Quelles ont été vos sources, à l’origine de vos différents rapports « Nautilus » ?
Sur Nautilus, il a fallu d’abord trouver une (ou plusieurs) source(s) capable(s) de répondre à ces deux questions : qui est derrière l’attentat, que savent les autorités pakistanaises ? J’ai approché un ami, ancien officier du SAS (Special Air Service, unité antiterroriste britannique) qui avait fait ses classes avec le président pakistanais (de 1999 à 2008) Pervez Musharraf. Mais nous ne nous sommes pas entendus sur le règlement de ses prestations, notamment parce qu’il souhaitait se rendre à Karachi et à Islamabad et qu’il avait de grosses prétentions budgétaires. Je me suis rabattu sur un ex-agent du MI6 [l’équivalent anglais de la DGSE] que m’avait présenté, bien longtemps avant, un ancien du cabinet d’investigation anglo-saxon Kroll.
Que s’est-il passé alors ?
Je l’ai rencontré une première fois à Paris, fin mai ou début juin 2002, dans les salons d’un hôtel, pour lui soumettre ma problématique et lui remettre une avance. Je l’ai revu peu après, en Belgique cette fois, pour qu’il me remette ses premières conclusions. Ce sont celles qui figurent dans le premier rapport « Nautilus », de septembre 2002. J’ai été troublé, et c’est là que j’ai contacté un journaliste pakistanais, que je savais proche de l’ISI [les services secrets pakistanais], qui m’a confirmé que la piste d’un règlement de comptes anti-français, non imputable à la mouvance islamiste, était la piste la plus vraisemblable.
Requestionné, l’ex-agent britannique du MI6 m’a affirmé qu’un membre du service de sécurité de l’ONU, qu’il avait rencontré, lui avait tenu les mêmes propos. Restait à savoir le pourquoi de cette attaque contre les intérêts français.
D’après nos informations, vous avez indiqué au juge Marc Trévidic qu’un journaliste français, Guillaume Dasquié, avait aussi fait partie de vos sources. Pourquoi un ancien agent de la DST comme vous a-t-il eu recours aux services d’un journaliste ?
D’abord, c’est un ami. Ensuite, c’est un excellent connaisseur de la mouvance terroriste, notamment d’Al-Qaida et de ses circuits de financement. Depuis mon départ de la DST, en 1991, je n’avais plus eu à m’occuper de ce genre d’enquête touchant au terrorisme : c’était plus la déstabilisation de groupes ou de produits à l’étranger, la concurrence déloyale ou les problèmes propres à la DCNI - dossiers pour lesquels je suis mis en examen. L’univers du terrorisme, Guillaume Dasquié semblait baigner dedans et y être à l’aise. C’est tout naturellement que je lui ai parlé du dossier. Il a pris connaissance de mes notes et nous avons beaucoup échangé à leur sujet.
« La DGSE a envoyé une équipe du Service action »
Concernant Guillaume Dasquié, à quelle période exactement avez-vous eu recours à ses services ?
Je le connais depuis 1994 ou 1995. Nous avons souvent collaboré. Nous avons même été, lui et moi, récupérer, bénévolement, une jeune fille tombée dans un réseau de prostitution à Amsterdam. En ce qui concerne « Nautilus », j’ai dû le solliciter dès que j’ai eu les conclusions de l’ex-agent du MI6. Je serais incapable de donner une date exacte.
A-t-il été rémunéré pour ce travail ?
Non. Guillaume et moi avons eu une relation commerciale, via ma société TPM International, en 2003/2004, essentiellement pour des études à caractère financier. A cette époque, je vous rappelle que Guillaume n’était plus journaliste. Il était notamment directeur de recherche sur le terrorisme à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).
Est-il l’inspirateur principal des rapports « Nautilus » ?
Non, pas du tout. A partir de l’hypothèse de base (ce n’est pas Al-Qaida), il fallait chercher qui et pourquoi. C’est là que nous avons commencé à collaborer et à chercher des pistes.
Hormis celui de Guillaume Dasquié, avez-vous livré le nom d’autres sources à la justice ?
M’attendant au battage médiatique qui allait suivre ma déposition devant le juge antiterroriste, je n’ai pas souhaité citer de nom sur procès-verbal.
En quoi les hypothèses que vous avancez dans « Nautilus » sont-elles crédibles, selon vous ?
Quant à l’attentat lui-même et à ses instigateurs, j’ai toujours été sûr de moi car tout se recoupait avec beaucoup d’autres informations allant dans ce sens, en particulier les prises de position de Randall Bennett [alors responsable du service de sécurité diplomatique de l’ambassade des Etats-Unis à Islamabad], la tentative d’attentat contre la femme d’un diplomate, l’affaire Pearl, etc. Enfin et surtout, ce qui m’a totalement convaincu, c’est le fait que la DGSE ait envoyé au Pakistan une équipe du SA [Service action] pour faire savoir de façon musclée à des responsables militaires pakistanais qu’on ne faisait pas chanter la France…
Cette information m’a été rapportée par un ancien du Service action, rencontré fortuitement, et qui m’a fait part de cette mission, réalisée à une date non précisée. Pour ce qui est des circuits financiers, mes sources sont essentiellement des hommes d’affaires libanais et des journalistes du Moyen-Orient ainsi que, pour une petite partie, Guillaume Dasquié.
« Je tenais ces informations de sources que je jugeais fiables »
Pourquoi êtes-vous aussi affirmatif dans les différents rapports « Nautilus » ?
En ce qui concerne l’attentat, ce n’est pas la peine d’y revenir. Mais pour ce qui est des circuits financiers, si j’étais d’accord dans les grandes lignes avec ce que me disaient mes différentes sources, j’étais cependant sceptique sur les détails. J’en ai fait part à M. Trévidic, qui m’a laissé entendre que je ne me trompais probablement pas lorsque j’évoquais la piste des rétro-commissions, et qu’il détenait d’autres éléments allant dans ce sens…
Gérard-Philippe Menayas, ancien directeur financier de la DCN, a indiqué lors de son audition devant le juge antiterroriste Marc Trévidic, à propos d’une note « Nautilus » dans laquelle vous concluiez qu’« après de nombreux contacts, tant en Europe qu’au Pakistan, nous parvenons à la conclusion que l’attentat de Karachi du 8 mai 2002 a été réalisé grâce à des complicités au sein de l’armée et au sein des bureaux de soutien à la guérilla islamiste de l’ISI » : « S’il a écrit cela, il devait être certain de ce qu’il avançait. Il n’était pas du genre à écrire cela s’il avait des doutes. S’il avait des doutes, il aurait dit qu’il avait des doutes. » Est-ce exact ?
Avoir eu pour client pendant dix ans (1994/2004) la DCNI, institution qui n’est pas connue pour son philanthropisme, prouve que ses dirigeants appréciaient mon travail et le jugeaient de qualité. Je n’ai sûrement pas réussi tout ce qui m’a été demandé à 100%, mais j’ai toujours fait mon travail honnêtement, consciencieusement, en n’hésitant pas à faire part de mes doutes quand j’en avais.
Dans l’un de vos rapports, daté du 7 novembre 2002, vous évoquez des notes de la DGSE concernant les activités d’un intermédiaire libanais, Abdulrahman El-Assir, et de ses « relations financières » supposées avec l’ancien premier ministre Edouard Balladur. Vous rappelez-vous dans quelles circonstances vous avez pu consulter ces notes ?
Très sincèrement, je n’en ai aucun souvenir. Mais il ne fait pas de doute que si je l’ai écrit, c’est que je tenais ces informations de sources que je jugeais fiables.
Avez-vous le sentiment que l’affaire de Karachi touche aujourd’hui à la raison d’Etat ?
J’en ai bien peur, hélas. Je suis pris, à mon corps défendant, dans une affaire d’Etat. Et c’est d’autant plus triste que ces notes, qui n’étaient pas destinées à être publiées, font du tort à ma mouvance politique. Ce n’est un secret pour personne que je suis un ancien "jeune RPR" , et aujourd’hui adhérent à l’UMP.
Et en 1995, vous étiez pro-Balladur ou pro-Chirac ?
Si vous voulez le savoir, j’ai voté Chirac…
« J’ai toujours refusé de travailler pour des hommes politiques »
Personnellement, avez-vous aujourd’hui toujours la conviction que l’attentat de Karachi, loin d’être l’oeuvre d’islamistes fanatiques, fut en fait la vengeance de militaires pakistanais furieux que Jacques Chirac ait stoppé le versement de commissions, dont il soupçonnait qu’une partie était destinée à son rival de 1995 Edouard Balladur ?
Vous savez, je ne suis pas un brillant intellectuel capable de pondre des théories sur tout. Je me suis borné à lister un certain nombre de faits et à laisser mon client faire de mes notes ce que bon lui semblait. Ce que je crois, c’est que la vérité est plus complexe qu’on l’imagine. Je ne suis pas en mesure, aujourd’hui, de dire s’il y avait des avenants ou des clauses cachées dans les différents contrats de la DCNI. Laissons la justice faire son travail. Je crois que l’arrivée de M. Trévidic est une très bonne chose pour faire avancer la vérité, quelle qu’elle soit.
Posons la question autrement : la thèse d’un règlement de comptes politico-financier sur fond de guerre Chirac/Balladur que vous présentiez dans vos rapports « Nautilus » voilà sept ans vous semble-t-elle aujourd’hui moins, davantage, ou autant crédible ?
Je vous l’ai dit, je me suis borné à relater ce que j’ai trouvé et j’en assume l’entière responsabilité. Je ne recherche pas le scoop et la lumière, bien au contraire. Aujourd’hui, la tentative de déstabilisation dont je suis l’objet et le fait que M. Trévidic m’ait fait comprendre qu’il avait dans son dossier d’autres éléments allant dans le même sens confortent mon hypothèse de travail de base.
Est-il exact que vous êtes proche d’Yves Bertrand, l’ancien directeur central des renseignements généraux ?
Déjà , quand on connaît la rivalité qui existait entre la DST et les RG, on a dû mal à l’imaginer ! Mais je peux vous affirmer que je ne connais pas personnellement M. Yves Bertrand et que je n’ai jamais eu le moindre contact, sous quelque forme que ce soit, avec lui. Je ne comprends pas l’intérêt de propager une telle rumeur.
Le but paraît clair : laisser croire que vous êtes manipulé par les chiraquiens, dont M. Bertrand était proche, pour nuire à Nicolas Sarkozy, qui était directeur de la campagne d’Edouard Balladur en 1995…
Si c’est le cas, c’est mal me connaître car j’ai toujours refusé de travailler pour des hommes politiques, même si c’était bien payé. J’ai toujours oeuvré pour des entreprises franco-françaises ou pour la défense d’intérêts nationaux. Je ne suis manipulé par personne, je trouve cela insultant de laisser entendre le contraire.
Pourquoi sortez-vous du silence aujourd’hui ?
Ce n’est pas de gaieté de coeur, mais je souhaite mettre fin à une campagne de rumeurs et de calomnies qui me fait beaucoup de mal. Après cette mise au point, je désire retourner là où j’aurais aimé rester : dans l’ombre, et me consacrer définitivement à l’écriture.

http://www.verite-attentat-karachi.org/?p=169

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