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Iran - Des manifestations à motif économique sont récupérées par des agents du changement de régime

Ci-dessous deux articles de Moon of Alabama sur l’Iran - LGS

Hier et aujourd’hui, il y a eu des petites manifestations en Iran. Elles constituent probablement la première étape d’une vaste opération de « changement de régime » menée par les États-Unis et Israël avec l’aide d’un groupe terroriste iranien.

Plus tôt dans le mois, la Maison-Blanche et les Sionistes se sont préparés à attaquer à nouveau l’Iran :

Une délégation conduite par le Conseiller israélien pour la sécurité nationale a rencontré de hauts responsables américains à la Maison-Blanche au début du mois pour discuter d’une stratégie visant à contrer l’agression de l’Iran au Moyen-Orient, a confirmé un haut responsable américain à Haaretz.

Un autre rapport sur la réunion cite des responsables israéliens :

« Les États-Unis et Israël voient du même œil les différents développements dans la région et en particulier ceux qui sont liés à l’Iran. Nous sommes parvenus à un accord sur la stratégie et la politique nécessaires pour contrer l’Iran. Nos accords portent sur la stratégie globale, mais aussi sur les objectifs concrets, la manière d’agir et les moyens à mettre en œuvre pour atteindre ces objectifs. »

Ceci est probablement le résultat de cette réunion :

Jeudi, des centaines de personnes sont descendues dans les rues de Mashad, la deuxième plus grande ville iranienne, pour protester contre les prix élevés et scander des slogans contre le gouvernement.

Des vidéos diffusées sur les médias sociaux ont montré des manifestants à Mashad, au nord-ouest de l’Iran, un des endroits les plus sacrés de l’islam chiite, qui scandaient « mort au président Hassan Rouhani » et « mort au dictateur ».

L’agence de presse semi-officielle ILNA et les médias sociaux ont fait état de manifestations dans d’autres villes de la province de Razavi Khorasan, dont Neyshabour et le Cachemire.

Une vidéo de la manifestation de Mashad montrait une cinquantaine de personnes scandant des slogans entourées d’encore plus de gens qui les regardaient.

Les protestations contre les politiques économiques (néo-)libérales du gouvernement Rohani en Iran sont justifiées. Le taux de chômage officiel en Iran est supérieur à 12% et il n’y a pratiquement pas de croissance économique. Les gens dans la rue ne sont pas les seuls insatisfaits :

Le leader suprême iranien, l’Ayatollah Ali Khamenei, qui a critiqué à maintes reprises le bilan économique du gouvernement iranien, a déclaré mercredi que la nation se débattait contre « les prix élevés, l’inflation et la récession », et a demandé aux responsables de s’attaquer résolument à ces problèmes.

Jeudi et aujourd’hui, les slogans de certains manifestants sont passés de l’appel à résoudre les problèmes économiques à un appel au changement de régime.

A mon avis, ce sont toujours les mêmes qui sont derrière ces protestations. Notez qu’elles ont commencé dans plusieurs villes en même temps. Ce n’était pas un soulèvement local spontané dans un endroit donné, non, il y avait une certaine forme de coordination.

Et puis il y a ceci :

Carl Bildt ? @carlbildt - 21:38 - 28 déc 2017 de Rome, Latium

On rapporte que les signaux des réseaux internationaux de télévision par satellite sont brouillés dans les grandes villes d’Iran. Ce pourrait être le signe que le régime craint la propagation des manifestations d’aujourd’hui.

Une recherche dans différentes langues prouve qu’il n’y a eu aucun « rapport » de ce genre. Carl Bildt est un ancien premier ministre suédois. Il a été recruté en 1973 comme informateur de la CIA et, depuis, il travaille à plein temps pour le compte des Américains. Il a été impliqué dans le coup d’État en Ukraine et a tenté d’en tirer un profit personnel.

La seule réponse au tweet de Bildt a été d’un celle d’un certain Riyad Swed - @SwedRiyad qui a posté plusieurs vidéos de manifestations dont une montre des voitures de police en feu.

Je ne suis pas sûr que la vidéo soit authentique. Le compte est un peu bizarre (actif depuis septembre 2016, 655 tweets mais seulement 32 followers ?).

Pas plus tard qu’hier, une conférence au Chaos Communication Congress des « hackers » portait sur les services secrets du Government Communications Headquarters* (GCHQ) britannique et ses faux comptes Twitter et Facebook. Ils servent à obtenir des renseignements et à mener des opérations de « changement de régime ». Dans les pages 14 à 18 du rapport (11:20 min) il y a des extraits de documents du GCHQ qui mentionnent l’Iran comme l’une des cibles. L’orateur mentionne notamment un compte du GCHQ « @2009Iranfree » qui a été utilisé pour susciter des protestations en Iran après la réélection du Président Ahmedinejad.

Aujourd’hui, vendredi, qui est le jour de congé hebdomadaire en Iran, plusieurs autres manifestations ont eu lieu dans d’autres villes. Selon un rapport de Reuters aujourd’hui :

Environ 300 manifestants se sont rassemblés à Kermanshah après ce que Fars a appelé un « appel de la contre-révolution » et ont crié « Les prisonniers politiques doivent être libérés » et « la liberté ou la mort », tout en détruisant des biens publics. Fars ne nomme aucun groupe d’opposition.

...

Les images, qui n’ont pas pu être vérifiées, montrent des manifestations dans d’autres villes, y compris Sari et Rasht au nord, Qom au sud de Téhéran et Hamadan à l’ouest.

Mohsen Nasj Hamadani, le chef adjoint de la sécurité de la province de Téhéran, a déclaré qu’une cinquantaine de personnes s’étaient rassemblées sur une place de Téhéran et qu’elles étaient pour la plupart parties à la demande de la police, sauf quelques unes qui avaient refusé et qui ont été « détenues temporairement », selon l’agence de presse ILNA.

Certaines de ces manifestations ont de véritables raisons économiques, mais elles sont récupérées par d’autres intérêts :

Dans la ville centrale d’Isfahan, un habitant a déclaré que les manifestants avaient participé à une manifestation organisée par des ouvriers d’usine réclamant des arriérés de salaires.

« Les slogans sont rapidement passés de demandes économiques à des slogans contre le Président Hassan Rouhani et le Guide suprême (Ayatollah Ali Khamenei), a déclaré l’habitant au téléphone.

...

Les protestations purement politiques sont rares en Iran (...) mais les travailleurs manifestent souvent pour protester contre des licenciements ou le non-paiement de salaires et des personnes qui détiennent des dépôts dans des institutions financières non réglementées et en faillite.

...

Alamolhoda, le représentant de l’Ayatollah Khamenei au nord-est de Mashhad, a déclaré que quelques personnes avaient profité des protestations de jeudi contre la hausse des prix pour scander des slogans contre le rôle de l’Iran dans les conflits régionaux.

...

« Des gens étaient venus exprimer leurs revendications, mais soudainement, dans une foule de quelques centaines de personnes, un petit groupe qui ne dépassait pas 50 personnes a crié des slogans aberrants et horribles tels que « Laissez tomber la Palestine », « Pas pour Gaza, pas pour le Liban, je donnerai ma vie (seulement) pour l’Iran », a dit Alamolhoda.

Deux vidéos postées par la BBC Perse, et d’autres que j’ai vues, montrent seulement de petits groupes de protestataires actifs d’une douzaine de personnes, entourés de beaucoup de gens qui regardent ou filment ceux qui scandent des slogans.

Les vidéos publiées par le groupe terroriste Mujahedin-e Khalq[MEK], 1,2,3,4,5, montrent également de petites manifestations bien que le groupe MEK affirme que des dizaines de milliers de personnes scandent « mort au dictateur  ». Le groupe MEK, ou son organisation « civile » le Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), semble être le plus impliqué dans les manifestations actuelles. Son site Web regorge d’article sur les protestations, et son responsable a publié une déclaration de soutien :

Mme Maryam Radjavi, Présidente élue de la Résistance iranienne, a salué le peuple héroïque de Kermanshah et d’autres villes qui s’est levé aujourd’hui en scandant « mort ou liberté », « mort à Rouhani », « mort au dictateur » et « les prisonniers politiques doivent être libérés », et a protesté contre les prix élevés, la pauvreté et la corruption.

Elle a déclaré : « Hier, Machhad, aujourd’hui Kermanshah, et demain partout en Iran ; ce soulèvement sonne l’appel au renversement de la dictature totalement corrompue des mollahs, et annonce l’avènement de la démocratie, de la justice et de la souveraineté populaire.

La rapidité de l’implication de la MEK - son premier article a été publié hier à 10h26 - est extrêmement suspecte.

En 2012, on a rapporté qu’Israël avait utilisé l’organisation terroriste MEK pour assassiner des scientifiques nucléaires en Iran :

Jeudi, des responsables américains s’adressant à NBC news ont affirmé jeudi que les agents du Mossad formaient des membres du groupe terroriste dissident les Moudjahidines du peuple iranien dans le but d’assassiner des scientifiques iraniens du nucléaire, ajoutant que l’administration du président américain Barack Obama était au courant de l’opération, mais n’avait aucun lien direct avec eux.

Les responsables américains auraient confirmé le lien entre Israël et les Moudjahidines du peuple iranien (MEK) en disant : « Toutes vos suppositions sont correctes. »

En octobre, un document de l’Institut CATO a analysé (et rejeté) plusieurs options concernant ce que les États-Unis devaient faire avec l’Iran. Sous l’option trois : « Changement de régime de l’intérieur », il était écrit :

Dans cette approche, les États-Unis exerceraient des pressions sur le régime iranien et appuieraient en même temps les groupes qui s’y opposent - que ce soit le Conseil national extrémiste de la Résistance iranienne (CNRI) en exil, les factions pro-démocratie de la Révolution verte ou les minorités ethniques d’Iran -, une stratégie que ses adeptes comparent souvent au soutien de Reagan aux groupes de la société civile d’Union soviétique.

...

Mark Dubowitz, de la Fondation pour la défense des démocraties, un partisan de la « démocratisation par la force », a exhorté le président Trump à « poursuivre l’offensive contre le régime iranien » en « affaiblissant les finances du régime iranien » par des « sanctions économiques massives », tout en « sapant les dirigeants iraniens en renforçant les forces pro-démocratiques » à l’intérieur de l’Iran. Cette option semble gagner du terrain dans la vision de la politique iranienne de l’administration Trump et a reçu le soutien officiel de Tillerson. Mike Pompeo, directeur de la CIA, soutenait également cette approche quand il était au Congrès.

Le MEK/CNRI a indiqué que le sénateur Tom Cotton, qui remplacera probablement Pompeo, le chef de la CIA, lorsque ce dernier partira au département d’État, a publié une déclaration de soutien aux manifestants.

La Maison-Blanche et le régime de Netanyahou se sont mis d’accord sur une stratégie contre l’Iran. Les principaux membres de l’administration Trump sont en faveur d’un « changement de régime » par des « forces pro-démocratie » en Iran. Quelques semaines après la finalisation de l’accord, des manifestations économiques coordonnées commencent en Iran, rapidement détournées par de petits groupes très actifs de changeurs de régime. Un groupe de terroristes iraniens en exil, bien connu pour sa collaboration meurtrière avec des espions israéliens ainsi que pour ses cellules d’opérations en Iran, est tout de suite très engagé dans le mouvement de protestation.

Si c’est comme je le pense, une opération de « changement de régime », les protestations vont bientôt s’amplifier. Quand les gens ont besoin d’argent, quelques milliers de dollars suffisent pour fabriquer une grande foule. De petits groupes d’émeutiers se cacheront au milieu des manifestants sans doute sincères. Les médias « occidentaux » vont se livrer à leurs habituels commentaires inquiets de pseudo-humanistes libéraux. Lorsque la police iranienne tentera d’arrêter ces émeutiers, les médias crieront d’un seul homme « brutalités policières ». On fabriquera un « martyr » et on en fera une icône. On colportera des rumeurs de censure et de répression (comme Carl Bildt ci-dessus), les fausses nouvelles se multiplieront, il y aura tout à coup des centaines de faux comptes Twitter et Facebook « iraniens » qui rendront compte des événements sur le « terrain » de leurs bureaux de Langley.

Pour les politiciens et les policiers iraniens, la question est délicate. Les protestations économiques sont clairement justifiées, même Khameni le dit. Mais les émeutes dans les rues doivent être réprimées avant qu’elles ne s’intensifient et ne deviennent incontrôlables. Les armes dans les manifestations pourraient bientôt devenir un problème. Le Mossad et la MEK n’ont pas peur de tuer des gens au hasard.

Mais la République islamique d’Iran bénéficie du véritable soutien d’une grande partie de la société. Il y a de grandes organisations civiles qui appuient le gouvernement, non pas sur toutes les questions, mais d’une façon générale. La plupart des Iraniens sont des nationalistes fiers et ils seront difficiles à diviser. S’il s’agit bien de la tentative de « changement de régime » que j’imagine, je crois qu’elle échouera.

Moon of Alabama

Note :

* Quartier général des communications du gouvernement

Traduction : Dominique Muselet

http://www.moonofalabama.org/2017/12/iran-regime-change-agents-hijack-economic-protests-.html

Iran - Le rapide soutien des États-Unis aux émeutiers laisse deviner un plan plus vaste

Dans l’article Iran - Des manifestations à motif économique sont récupérées par des agents du changement de régime, nous avons examiné l’opération israélo-américaine en cours qui a pour but de déclencher une révolte en Iran. Voici ci-dessous de nouvelles précisions sur le contexte et l’évolution de la situation. Une révolution ou une révolte de couleur en Iran n’a que peu de chances d’aboutir. Mais même en cas d’échec, elle peut servir de prétexte à des sanctions supplémentaires et à d’autres mesures anti-iraniennes. Les incidents actuels font donc partie d’un plan beaucoup plus vaste.

Les démocraties « occidentales » ont l’habitude d’avoir des partis politiques de gauche ou de droite avec des combinaisons fixes de politiques économiques et culturelles. La « gauche » est perçue comme prônant une économie sociale qui profite à l’ensemble de la population, et comme culturellement libérale ou progressiste. La droite est considérée comme culturellement conservatrice avec une préférence pour une économie de marché libre qui favorise les segments les plus riches d’une nation.

Les camps politiques en Iran sont différents.

En voilà la version simplifiée : Les conservateurs iraniens qu’on appelle aussi « principalistes », sont culturellement conservateurs, mais ils favorisent les programmes économiques qui profitent aux pauvres. Leur base est constituée des populations rurales ainsi que les segments les plus pauvres des habitants des villes. Le dernier président iranien qui en était proche a été Mahmoud Ahmedinejad. L’une de ses principales décisions a été de verser des allocations directement aux familles les plus pauvres en supprimant les subventions générales sur le carburant et l’alimentation. L’actuel président iranien Hassan Rouhani est membre du camp « réformiste ». Sa base est constituée par les marchands et les pans les plus riches de la société. Il est culturellement (relativement) progressiste mais ses politiques économiques sont néolibérales. Le budget qu’il sera mis en œuvre l’année prochaine réduit les allocations destinées aux pauvres introduites par Ahmedinejad. Cela va augmenter le prix du carburant et des produits alimentaires de première nécessité d’au moins 30-40%.

Les manifestations des 28 et 29 décembre étaient dues à ces problèmes et à d’autres problèmes économiques. Il y a des manifestations de ce type régulièrement en Iran depuis des décennies. Mais les manifestations actuelles ont été rapidement détournées par de petits groupes qui ont scandé des slogans contre le système iranien et contre le fort engagement iranien en Syrie et en Palestine. Ce ne sont pas les positions majoritaires des 80 millions d’habitants de l’Iran :

Selon le sondage, 67,9 % des personnes interrogées affirment que l’Iran devrait accroître son soutien aux groupes anti-Etats islamique, contre 59,8 % il y a un an. Et une majorité de 64,9% soutient le déploiement du personnel militaire iranien en Syrie pour aider le régime de Bachar al-Assad, en légère hausse par rapport à 62,7% il y a un an.

Les petits groupes qui ont détourné les manifestations contre les politiques économiques de Rouhani ont été fortement soutenus par les agents habituels des opérations d’influence américaine. Avaaz, la coopération RAND, Human Rights Watch et d’autres, ont immédiatement pris le train en marche. (Toujours semblable à lui-même, Ken Roth de HRW a utilisé une photo d’un rassemblement pro-gouvernemental pour montrer les protestations anti-gouvernementales beaucoup plus petites). Les petits groupes qui ont détourné la manifestation et/ou ont monté les manifestations en épingle semblent bien coordonnés. Mais ils sont loin de constituer un véritable mouvement, ni même une majorité.

Dans la matinée de décembre, 30 grandes manifestations de soutien à la république iranienne ont eu lieu dans plusieurs villes. A Téhéran, plusieurs milliers de personnes y ont participé.

Suzanne Maloney du Brookings Center for Middle East Policy, qui se prétend « accro à l’Iran », les a décrites comme des contre-manifestations aux petits rassemblements de la veille :

Suzanne Maloney ? @MoneySuzanne - 12:40 - 30 déc 2017

La République islamique a une machine bien huilée pour mobiliser des rassemblements pro-régime (Rouhani lui-même en a été le chef de file en 1999 après les manifestations étudiantes.) Ce qui est intéressant, c’est que la machine s’est mise en route presque immédiatement cette fois-ci.

Les « accros à l’Iran » et autres « experts » n’étaient pas au courant que des manifestations pro-gouvernementales annuelles ont lieu en Iran tous les 9 de Dey (calendrier iranien) depuis 2009, et sont organisées bien à l’avance. Elles commémorent l’échec de la tentative de la révolution de couleur de la CIA en 2009. Cette tentative avait fait suite à la réélection du président Ahmedinejad. La CIA s’était servie du segment plus riche de la société iranienne dans le nord de Téhéran pour faire le travail. Il n’est pas encore clair quelles couches sociales, s’il y en a, sont utilisées cette fois-ci.

En juin 2009, le Brookings Institute a publié un manuel sur la façon de renverser le gouvernement iranien ou de prendre le contrôle du pays. « Maloney, un autre « accro à l’Iran » était l’un des auteurs. QUEL CHEMIN VERS LA PERSE ? Options pour une nouvelle stratégie américaine en Iran (pdf) avait quatre parties :

  • Partie I - Dissuader Téhéran : les options diplomatiques.
  • Partie II - Désarmer Téhéran : les options militaires
  • Partie III – Changer le régime : renverser Téhéran
  • Partie IV - Contenir Téhéran : l’endiguement

La Partie III comprend :

  • Chapitre 6 : La révolution de velours : soutenir un soulèvement populaire
  • Chapitre 7 : Générer une insurrection : soutenir la minorité iranienne et les groupes d’opposition
  • Chapitre 8 : Le coup d’État : soutenir une action militaire contre le régime

La « révolution de couleur » de velours a échoué en 2009 car le « mouvement vert » n’a pas réussi à convaincre le peuple iranien qu’il était autre chose qu’une tentative soutenue par l’étranger pour renverser leur république.

Ce que nous voyons actuellement en Iran est une combinaison des chapitres 6 et 7 du plan Brookings. Derrière un mouvement relativement populaire contre les politiques économiques néolibérales du gouvernement Rohani, un mouvement militant, comme on l’ a vu hier soir (ci-dessous), met en œuvre une stratégie d’escalade qui pourrait mener à une guerre civile. Nous avons déjà assisté à une combinaison similaire en Libye et au début de l’attaque contre la Syrie. (Tony Cartalucci du Land Destroyer Report a abondamment décrit le Brookings Paper comme un « manuel pour renverser des pays ».

En juin dernier, le Wall Street Journal rapportait que la CIA avait mis en place une cellule opérationnelle spéciale pour de telles attaques contre l’Iran :

La Central Intelligence Agency a mis en place une organisation exclusivement axée sur la collecte et l’analyse de renseignements sur l’Iran, reflétant la décision de l’administration Trump de faire de ce pays une cible prioritaire des espions américains, selon les responsables américains.

Le Centre de mission de l’Iran réunira des analystes, des membres du personnel d’opérations et des spécialistes de la CIA pour mettre à profit l’éventail des capacités de l’agence, y compris des opérations secrètes.

Le chef du nouveau bureau est l’un des officiers les plus impitoyables de la CIA :

Pour diriger le nouveau groupe, M. Pompeo a choisi un agent de renseignements chevronné, Michael D’Andrea, qui a récemment supervisé le programme de frappes létales par drone de l’agence et qui a remporté, selon bon nombre de ses pairs, des succès contre Al-Qaïda dans la longue campagne américaine contre le groupe terroriste.

...

M. D’Andrea, un ancien directeur du Centre antiterroriste de la CIA qui s’est converti à l’islam, est considéré par ses pairs comme un manager exigeant mais dur à la tâche et efficace. Certains responsables américains ont avoué être préoccupés par sa position agressive envers l’Iran.

D’Andrea, est le gars de la CIA qui aurait pu éviter le 11 septembre mais a raté son coup. Il a été intimement impliqué dans le programme de torture de la CIA et dans la campagne meurtrière de drones au Pakistan et en Afghanistan. Il est soupçonné d’être le cerveau qui préside à la coopération américaine avec les extrémistes wahhabites en Libye, en Irak et en Syrie.

Hier matin, un groupe terroriste sunnite a fait exploser un pipeline dans le sud-ouest de l’Iran, près de la frontière irakienne :

Selon Ansar al Furqan, « un important oléoduc a explosé dans la région d’Omidiyeh d’Ahvaz, en Iran. » Le groupe a ajouté qu’il avait créé une nouvelle unité, la Brigade des martyrs d’Ahwaz. Historiquement, il y a une importante population arabe la région d’Ahvaz. Cependant, on ne sait pas trop si cette supposée brigade se compose d’Arabes iraniens ou de Baloutches, bien qu’il semble que la plupart de ses membres soient des Baloutches. Les djihadistes disent que « l’opération a été menée pour infliger des pertes économiques au régime criminel iranien. »

Selon le Centre militaire américain de lutte contre le terrorisme, Ansar al-Fruqan est issu du groupe terroriste démantelé de Jundallah, qui avait tué des centaines de responsables et de civils iraniens. Jundallah était une insurrection baloutche qui combattait pour un « Baloutchistan libre » dans la région du sud-ouest du Pakistan et du sud-est de l’Iran. Son chef a été tué en 2010 et depuis, le groupe s’est scindé en Ansar al-Furqan et d’autres groupes. Certaines d’entre eux sont sous influence étrangère. Mark Perry a écrit en 2012 :

Une série de mémos de la CIA raconte que des agents du Mossad israélien se sont fait passer pour des espions américains pour recruter des membres de l’organisation terroriste Jundallah pour leur servir de mercenaires dans leur guerre secrète contre l’Iran.

Les agents du Mossad ont engagé des terroristes du Jundallah pour tuer des experts nucléaires en Iran. Il ne devrait donc pas être surprenant qu’un groupe issu du Jundallah attaque maintenant l’infrastructure économique iranienne au moment même où le Mossad et la CIA coordonnent une nouvelle campagne pour renverser le gouvernement iranien. Cela indique clairement un plan plus vaste et bien organisé.

Hier soir, des groupes de 20 à 50 jeunes hommes sont apparus dans une vingtaine de villes et villages d’Iran et ont commencé à vandaliser (vidéo) les rues. Ils ont démoli les panneaux routiers et les panneaux d’affichage, brisé les fenêtres et mis le feu aux poubelles. De courtes vidéos de dizaines d’incidents sont apparues sur différents comptes Twitter. Leur impact était souvent présenté de manière très exagérée.

Dans la vidéo « des manifestants qui brûlent les bureaux du gouvernement dans la province d’Ahvaz » on voit seulement une poubelle en feu devant un bâtiment. Le seul bruit dans la vidéo « où la police tire à balles réelle sur les manifestants » est le bruit du verre brisé des carreaux d’un bureau préfabriqué. La vidéo qui accompagne l’annonce que « 3 personnes ont été tuées dans une fusillade policière du Lorestan » montre un petit groupe très agité. Deux personnes sont emmenées, mais on ne sait pas qui elles sont, ni ce qui leur est arrivé. On n’entend pas de tirs et on ne voit pas de policiers. Dans d’autres vidéos, la police réagit aux émeutiers qui jettent des pierres et commettent des actes de vandalisme.

Les groupes, leur présence dans une vingtaine de villes et leur action, tout cela est clairement coordonné.

Ceux qui soutiennent les émeutes dans les médias postent toutes les vidéos qu’ils trouvent pour toucher un public plus large. Le gouvernement iranien a demandé à l’application de messagerie Telegram, largement utilisée en Iran, de stopper une chaîne qui exhortait les manifestants à lancer des cocktails Molotov sur les bâtiments officiels. Le chef du service Telegram a convenu que ces appels étaient contraires à ses conditions de service et a supprimé la chaîne. De nouveaux canaux avec des messages similaires sont immédiatement apparus. Le gouvernement iranien va être obligé de bloquer complètement Telegram ou d’infiltrer ces canaux pour empêcher la coordination des émeutes.

Les politiciens américains qui avaient appelé à « bombarder, bombarder, bombarder » l’Iran (John McCain) ou qui avaient menacé de faire la guerre à ce pays (Hillary Clinton) ont publié des déclarations de soutien au « peuple iranien » - c’est-à-dire aux émeutiers. Ce sont les mêmes personnes qui écrasent le peuple iranien sous toutes sortes de sanctions les unes après les autres - des hypocrites. Donald Trump et son Département d’État ont publié des déclarations de soutien aux « manifestants pacifiques » qui vandalisent le pays, et ont exigé que « le régime respecte leurs droits humains fondamentaux ». Leurs manifestations de compassion pour le peuple iranien ne trompent personne. Une note de service qui a fuité récemment disait au secrétaire d’État américain Tillerson :

... que les États-Unis devaient utiliser les droits de l’homme comme arme contre des adversaires comme l’Iran, la Chine et la Corée du Nord, tout en laissant la main libre à des régimes répressifs alliés comme les Philippines, l’Égypte et l’Arabie saoudite.

Les déclarations officielles des États-Unis arrivent trop tôt et nuisent à tout réel mouvement d’insurrection en Iran. Elles prouvent que les manifestations sont soutenues par les États-Unis qui perdent ainsi toutes leurs chances d’élargir la base de leurs supporters en Iran.

Pourquoi les États-Unis font-ils cela ?

Le plan n’est peut-être pas de renverser tout de suite le gouvernement iranien, mais de pousser le gouvernement iranien à réprimer violemment les manifestations.

Suzanne Maloney @MoneySuzanne - 5:51 - 31 déc 2017

Et voici l’idée : quoique le gouvernement américain fasse ou dise à propos de ces protestations, le fait est (comme @POTUS l’a dit sur Twitter) que le monde entier regarde ce qui se passe en Iran. La façon dont Téhéran réagit aux protestations actuelles modèlera ses relations avec le monde, comme en 2009.

Cette réaction peut ensuite être utilisée pour imposer des sanctions plus larges et plus strictes à l’Iran, en particulier de la part de l’Europe. Il s’agirait alors d’une nouvelle étape du plan plus vaste consistant à étouffer le pays sous les sanctions, et d’un pas supplémentaire dans l’escalade contre lui.

Moon of Alabama

Traduction : Dominique Muselet

http://www.moonofalabama.org/2017/12/iran-early-us-support-for-rioters...

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