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L’essence du néolibéralisme : la conquête du monde

Mondialisation : processus par lequel un maximum de richesse est concentré en un minimum de mains, au détriment d’un maximum de gens. Mondialiser, c’est agrandir le gâteau plutôt que partager les richesses : à l’issue de la mondialisation le riche a droit à deux louches de caviar au lieu d’une, le pauvre à deux épluchures de pomme de terre plutôt qu’à une de carotte. (4)

L’objet de cette réflexion est de montrer comment la mondialisation et le néolibéralisme formatent les esprits pas seulement des citoyens lambda mais aussi et c’est le plus délicat celui des dirigeants qui présentent comme une vérité dogmatique un certain nombre de concept comme celui de la nécessité d’intégrer la mondialisation (« La mafarra minha », Elle est inéluctable). Pourtant et comme énoncé avec humour la mondialisation est la liberté du renard néolibéral dans le poulailler des classes vulnérables. La conséquence est que les sociétés contemporaines deviennent de plus en plus interdépendantes et que le monde est soumis à de puissants processus d’uniformisation au profit d’une oligarchie. Que peuvent faire les faibles dans un monde où la fortune de 6 milliardaires est plus importante que celle de 1,2 milliard de personnes ? Est-ce moral que le revenu moyen annuel d’un Africain soit égal au revenu journalier d’un Suisse ? La mondialisation est un venin idéologique qui a empoisonné les cerveaux des responsables englués dans la soumission aux dogmes libéraux. Un fatalisme du politique qui s’est distillé dans l’opinion publique aidé en cela par des relais médiatiques plus préoccupés à formater les esprits qu’à éclairer les lanternes des concitoyens la nécessaire coopération à mettre en place au niveau du commerce international.

Une OMC vertueuse : la Charte de La Havane mort-née

On se souvient de la Charte de La Havane créée en 1948 et signée par 53 nations mais jamais appliquée. Elle prévoyait la création d’une Organisation internationale du commerce (OIC) totalement intégrée à l’ONU, mais elle n’est pas ratifiée par le Congrès étasunien. Cette charte abandonnée sera remplacée par la création de l’OMC (Organisation mondiale du commerce).

Que prévoyait cette charte ? Pour faire simple, elle jetait les bases d’une société basée sur un commerce international fondé non sur un libre-échange destructeur mais sur une véritable coopération entre les peuples. Son principe directeur est basé sur l’équilibre de la balance des paiements qui veut qu’un pays ne peut baser son économie sur un excédent structurel de sa balance des paiements aux dépens des déficits structurels des autres pays (art 3 et 4 de la charte). L’autorisation de subventions dans certaines circonstances (article 18). Cette charte interdisait le dumping social (article 26). La Charte de La Havane met en place un protectionnisme social et écologique pour créer de manière bilatérale des relations commerciales réellement respectueuses de notre environnement. C’est une logique coopérative et non la logique actuelle de l’OMC qui érige comme dogme absolu la politique d’exportation dans une compétition acharnée entre les nations au profit d’une minorité mais au détriment du plus grand nombre. Antony internaute En Algérie après le cuisant échec de l’Accord avec l’Union européenne qui s’est avéré un marché de dupes, et un désarmement unilatéral, voilà que l’on remet au goût du jour le feuilleton OMC qui dure depuis plus de dix ans. Nous serions bien avisés de ne pas faire les mêmes erreurs, en se rappelant une chose, ceux qui nous « accueillent » voient en nous un « marché » pour leur surplus et non pas des partenaires avec des échanges équilibrés n’ayant rien à exporter en dehors des hydrocarbures.

Les victimes collatérales de la mondialisation

Le plaidoyer suivant nous paraît résumer mieux que cent discours la réalité de la mondialisation heureuse selon l’économiste français Alain Minc. Nous lisons : « Que veut dire pour vous le mot « mondialisation » ? Si cela veut dire gagner plus pour ceux qui ont les mains, ou qui sont manipulés par les ficelles de la finance pendant que d’autres crèvent de faim, de froid ou de maladie, tout comme l’Ancien Régime en France et dans de nombreux pays du monde, alors oui, il faut que les peuples démondialisent et comme les Français, ils viendront à bout des tyrans ! J’ai voyagé un peu partout dans le monde depuis plus de 40 ans et j’ai constaté que les pauvres étaient de plus en plus pauvres pendant que les riches, eux, étaient de plus en plus riches ! Tout récemment, j’ai pu voir un « Hummer » dans les rues de Hanoï alors qu’à moins de vingt mètres, une grand-mère de plus de 80 ans vendait sa soupe pour pouvoir survivre. Le même phénomène se reproduit en Chine, aux USA, au Japon, sans parler de l’Afrique ou l’ami Bolloré se gave sur le dos des pauvres ! » (1)

« Aux USA les riches en sont arrivés à vivre quasiment dans des camps surveillés par des caméras, gardés par des gardes armés, qui patrouillent jour et nuit sur une route qui fait le tour du camp et qui interdisent l’accès à quiconque n’étant pas invité par un habitant du « Quartier résidentiel » ! Pour produire nos appareils photos numériques certains ouvriers d’Hanoï occupent deux postes et travaillent donc 16 h / 24 pour un salaire de 150 a 200 euros par mois ! Ils dorment sur place pour éviter le temps du trajet. Et pourquoi ne pas mondialiser les flux migratoires alors que les flux financiers ne connaissent plus de frontière ? » (1) (2)

Petit essai de glossaire néolibéral

Ce glossaire a pour dessein d’inciter le lecteur à débusquer, derrière des termes innocents, les perversions du langage provoquées par la doxa néolibérale. Il s’agit donc, de décaper chaque mot. Il n’est pas nécessaire d’éliminer les mots en question, il suffit de supprimer leur halo. Il en est ainsi des mots qui, judicieusement disposés dans un discours, « colorent « ce discours d’une façon particulière. Leur influence est d’autant plus grande – et plus pernicieuse – qu’il s’agit de mots a priori « neutres ». Si nous les identifions, non seulement nous supprimons leur halo mais nous en éliminons l’influence, puisque leur force est précisément d’être invisibles. C’est le « test de Dracula » : exposés à la lumière, ils meurent. Nous présentons quelques mots-clés récents de la narration dominante actuelle. (3)

La sixième édition de ce glossaire, a été enrichie de nouvelles contributions. L’idée qui a présidé à sa naissance est que le maître des mots est maître des idées et celui-ci maître des esprits. Ce glossaire a pour dessein d’inciter le lecteur à débusquer, derrière des termes innocents, les perversions du langage provoquées par la doxa néo-libérale. Il s’agit donc, en décapant chaque mot, de repousser l’emprise du vocabulaire des nouveaux chiens de garde. Il n’est pas nécessaire d’éliminer les mots en question, il suffit de supprimer leur halo. Je m’explique : chaque mot ne se termine pas lorsqu’on a fini de l’énoncer. Le sens qu’il porte, comme la couleur d’un objet, irradie les termes environnants (ex. : le bleu ou le rouge n’apparaissent pas semblables selon qu’ils reposent sur une surface jaune, blanche ou noire). Il en est ainsi des mots qui, judicieusement disposés dans un discours, « colorent » ce discours d’une façon particulière. Leur influence est d’autant plus grande - et plus pernicieuse - qu’il s’agit de mots a priori « neutres ». Si nous les identifions, non seulement nous supprimons leur halo mais nous en éliminons l’influence, puisque leur force est précisément d’être invisibles. C’est le « test de Dracula » : exposés à la lumière, ils meurent ». (4)

Nous présentons ci- après quelques termes que nous avons adaptés : Archaïque (archaïsme) : traction hippomobile, lampe à pétrole, moulin à eau, impôt, salaire minimum, congés payés, grève, conventions collectives, retraite par répartition, refus de la Bourse. Superlatif : paléolithique (voir ce mot).

Backchich : mot égyptien voulant dire « pot-de-vins », argent donné pour soudoyer et obtenir un service illégal, ou même légal. Voire le mot tchipa Chine : pays toujours dictatorial dont naguère il était de bon ton, dans un autre millénaire, de stigmatiser l’absence de libertés. Il est en effet réputé s’être désormais libéralisé - et dès lors devient nettement plus fréquentable - à partir du moment où les mots d’ordres furent progressivement remplacés par les donneurs d’ordres.

Conservatisme : respect exagéré d’institutions absurdes, périmées, inefficaces et injustes. Parmi elles, Smic., retraites, congés payés, Sécurité qociale, Code du Travail. Ce conservatisme nuit aux deux extrémités de l’échelle sociale : aux pauvres, auxquels il interdit de travailler pour un salaire de misère et aux investisseurs qu’il décourage d’investir dans des pays abritant des institutions aussi obsolètes.

Contribuable : dans d’autres langues équivalent de bagnard, supplicié, martyr. Dans la galère de l’Etat, le contribuable est à la chiourme, le percepteur sur le pont avec un fouet Courage : vertu nécessaire pour s’attaquer aux classes pauvres ou moyennes qui, nul ne l’ignore, sont assistées, profiteuses, nanties et, surtout, privilégiées.

Consommateur : une des « espèces » sous lesquelles, se manifeste la réalité humaine (les autres étant le client, l’actionnaire et le contribuable). On remarquera que, dans les trois cas, l’individu n’apparaît qu’au travers de son argent.

Compétitivité : elle est devenue le principe de légitimation du pouvoir du plus fort

Corporate Governance : les règles qui assureraient la gestion optimale, par les entreprises, des ressources disponibles aux plans local et mondial.

Dégraissage, dégraisser : au sens propre, enlever la graisse. le mot s’emploie pour « effectuer des économies », en taillant dans les effectifs d’une entreprise, les salariés de celle-ci étant substantivés en graisse, donc en matière superflue, laide, inutile, néfaste. Il faut bien se représenter ceci : l’être humain est ravalé au rang de la matière. C’est l’essence du racisme,

Dogme : point de doctrine établi ou regardé comme une vérité. Employé péjorativement pour opinion imposée comme une vérité indiscutable Dans la bouche du Chroniqueur économiquement correct, désigne la retraite à 60 ans, le Smic, les conventions collectives.

Economie de bazar : se dit, en Algérie, d’une économie de vente d’objets manufacturés importés en l’absence d’une production nationale. Importation d’objets de dernier choix de certains pays, tels que Dubaï, Taïwan,ou la Turquie, (penser au bazar de Téheran, de Damas

Economie ouverte : symbole de modernisation et de progrès. Ce mot va de pair avec « libéralisation » Tout ce qui ne s’inscrit pas dans la logique des deux mots est accusé de « protectionnisme », de « fermeture à l’extérieur, à l’innovation, au progrès ».

Employabilité : on n’a plus le droit au travail, mais l’obligation de démontrer que l’on est employable.

Flexibilité : au sens propre, ce qui est souple, ce qui se plie aisément. Au sens moral, docile, souple, obéissant, se soumettant à toutes les adaptations, à toutes les conditions de travail ou de salaire. C’est l’intendant qui se courbe jusqu’à terre devant le satrape, l’esclave devant le maître, l’obséquieux devant le patron. C’est l’exact opposé des inflexibles à la nuque raide

Fonds de pension : officiellement, complément ou substitut de la retraite par répartition. En fait, équivalent moderne du bélier médiéval, destiné à enfoncer protections sociales et structures de l’Etat. On parle de Fonds de pension vautour qui dépècent des pays sans état d’âme, confère la Grèce et dernièrement l’Argentine

Impôt : indemnité de guerre versée à un État ennemi, dont les ressortissants s’appellent fonctionnaires. L’impôt figure (avec la roue, l’estrapade, le carcan, la potence, l’écartèlement, le bûcher, l’eau) pour torturer les habitants, appelés contribuables Investisseurs : institutions représentées par les fonds de pension (anglo-saxons de préférence) dont la fonction est... de ne pas investir du tout. Tout comme on nourrit les bovins avec des farines animales, on nourrit les investisseurs avec des entreprises saines.

Marchés : autre nom de Dieu. Il ne faut pas perdre leur confiance en commettant des péchés, le premier étant de les nier. Ils sont la seule forme d’existence, contrairement à la démocratie, qui n’est qu’épiphénomène.

Retraite : situation d’une personne qui, à un âge donné, a cessé de travailler, et qui touche une pension. Cette personne, aux yeux des néo-libéraux, est cause de scandale, puisque payée à ne rien faire Ce scandale doit cesser. La retraite est donc associée à des expressions comme situation explosive, bombe à retardement aller droit dans le mur. L’objet de tout ce tintamarre est de reculer l’âge de départ à la retraite et de baisser les pensions (si possible infiniment) afin de promouvoir les fonds de pension.

Sacro-saint : employé ironiquement pour désigner une institution vis-à-vis de laquelle on manifeste un respect exagéré Se dit de la durée quotidienne ou hebdomadaire du travail, des congés payés, du salaire minimum, de la retraite par répartition.

Performance : la mesure de toute action en fonction de la rentabilité du capital financier. D’où le « benchmarking » proposé comme la méthode d’évaluation de la « bonté » des organisations par l’analyse comparative des performances Privé : identifié à « symbole d’efficacité. »

Public : identifié à « symbole d’inefficacité ».

Tchipa : mot algérien voulant parler de corruption pour disposer d’un service.

Trabendo : économie informelle qui échappe au fisc, mot algérien pour désigner la vente à la sauvette.

Train de vie de l’Etat : suggère insidieusement que l’Etat dilapide l’argent des contribuables dans des dépenses somptuaires (voyages multiples sans retombées réelles pour le pays, soupers fins, voitures de fonction). Ce qui est visé, ce sont les dépenses d’éducation, de santé et de redistribution sociale, qui représentent une tout autre part des dépenses publiques.

Nous sommes à des années lumière d’un développement à visage humain où on prône la connaissance : l’économie du bien commun ; l’économie sociale, l’économie solidaire, l’économie distributive, l’économie coopérative, circulaire. La Diversité culturelle : en tant que fondement de la coopération et du codéveloppement L’Irréversibilité des droits humains et sociaux : les droits sont inhérents à l’existence de la personne. La vie n’est pas une marchandise. Il y a un droit de et à la vie, individuel et collectif inaliénable. La sécurité est un fait collectif : il y a un droit à l’eau à la santé à l’éducation à avoir un toit. C’est à l’approfondissement d’une véritable bioéconomie qu’il faut s’appliquer, en réaffirmant l’impératif de couverture des coûts de l’homme et en dégageant les lignes d’une nouvelle gouvernance fondée sur la finalité humaine. Le philosophe Paul Ricoeur caractérise très bien l’éthique lorsqu’il la définit comme : « Le désir d’une vie accomplie, qu’il fonde l’estime de soi-même avec et pour les autres dans le cadre d’institutions justes ». Amen !

Chems Eddine CHITOUR

»» http://www.lexpressiondz.com/article/0/0-0-0/198456.html

1 http://www.legrandsoir.info/demondialisation-ou-mondialisation-a-visag...

2.Defrance : Dé-mondialisation Agoravox 4 juillet 2011

3.Philippe Arnaud :.Petit glossaire néolibéral Le Monde diplomatique Août (2000)).

4.http://bernard-gensane.over-blog.com/essai-de-glossaire-n%C3%A9o-lib%C3%A9ral


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