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L’Islamophobie en gants blancs

J'ai écouté le discours récent du Président Emmanuel Macron, le 4 octobre dernier, sur "les séparatismes". L'impression qu'il m'en reste peut se résumer en quatre mots : deux poids, deux mesures.

Le discours est au départ humaniste, civilisé, et, même, disons-le, élégant. Il se refuse à instrumentaliser contre les musulmans la laïcité, et à réduire celle-ci, au final, à une caricature d’elle même. Il fait l’analyse sociologique des causes de la révolte et du développement de l’islamisme dans les quartiers dits difficiles. Il les voit dans les inégalités et dans la marginalisation sociales. Mais le discours se termine, pour son côté concret, par une série de mesures discriminatoires. C’est dommage. Une islamophobie bien pensante, élégante, en gants blancs.

Le thème du discours, celui des" séparatismes" est, au début, mis au pluriel. Il se veut ainsi non discriminatoire. Mais ce pluriel s’efface vite pour laisser la place au thème réel, au seul objet du propos, lui au singulier : "le séparatisme islamiste".

- Lorsqu’il s’agit de contrôler les financements des mosquées et des associations religieuses, ou culturelles c’est de l’Islam qu’il s’agit.
- Lorsqu’il s’agit de contrôler le recrutement ou la formation des hommes de religion il s’agit des imams.
- Lorsqu’il s’agit du contrôle des établissements scolaires étrangers en France, il s’agit de ceux des pays arabo-musulmans, notamment des pays du Maghreb.
Bref. Une série de mesures discriminatoires envers les musulmans de France , et même les arabes, ou ceux censés l’être ...à première vue. La discrimination : là est le fond du problème, là est la source des problèmes Et elle s’accroît au moment même où on déclare vouloir la combattre.

Des mesures discriminatoires

- Une série de mesures concerne le contrôle du financement des lieux de cultes musulmans et des associations religieuses et culturelles musulmanes. L’argument essentiel est que des financements viendraient de l’étranger, d’autres pays musulmans notamment. Pour les autres cultes le problème n’est même pas évoqué.

Une enquête du journal français "Libération" révélait que c’est une idée reçue que celle du financement du culte musulman par des Etats étrangers : 70 à 80% des sommes viennent de collectes parmi les fidèles. Quant au reste, l’argent venant de l’étranger (mécènes et Etats) il va principalement aux grandes mosquées, ce qu’on appelle les "mosquées cathédrales" et qui sont loin d être des lieux de "l’Islam radical".
("Libération", 3 novembre 2016, six idées reçues sur le financement des mosquées et des cultes musulmans"). Le même rapport signale que c’est une autre idée reçue que de penser que ces financements proviennent de l’Arabie saoudite ou du Qatar mais qu’ils provenaient des pays d’origine des musulmans en France, principalement de l’Algérie et du Maroc et dans une moindre mesure de la Turquie.

Par contre, une organisation comme "le Fonds social juif unifié", créé en 1950 en France, peut dire ouvertement sur son site, qu’Israël finance ses programmes éducatifs et sociaux sans qu’on trouve officiellement en France à redire ( cf. site internet "Appel unifié juif de France " ).

C’est le cas aussi des Eglises évangélistes françaises qui ont des relations étroites avec leurs consœurs à l’étranger, en particulier aux Etats Unis. Elles entretiennent plus de 350 missionnaires à l’étranger et tout un réseau notamment en Afrique francophone, ainsi qu’en Algérie et dans tout le Maghreb, à travers le MENA ("ministère évangélique parmi les nations arabophones"). On évaluait en 2005 entre 20 000 et 30 000 le nombre, en Algérie, de protestants évangéliques issus de l’Islam (cf. "cairn.info, les protestants évangéliques français, 2005 ).

Ailleurs, ces financements ne sont pas dramatisés à outrance : c’est ainsi qu’en Algérie, la basilique de Saint Augustin à Annaba et l’Église "Santa Cruz" à Oran ont été rénovées avec la participation de l’État algérien mais aussi de donateurs étrangers ( États, comme l’Allemagne, et mécènes). Personne n’a crié au scandale.

- Un autre train de mesures vise à la formation "nécessairement en France" des hommes de religion. L’argument est le refus qu’ils viennent de l’étranger. Mais ceci vise uniquement les imams.

Il suffit simplement de signaler, à ce propos, qu’en 2012, on recensait 1689 prêtres étrangers catholiques dans les diocèses de France ( cf. Wikipédia, "Eglise catholique en France" ).

Il est exigé, par ailleurs, des imams qu’ils aient un bon niveau de français. Exige-t-on un bon niveau d’Arabe des moines et des prêtres chrétiens en Algérie et au Maghreb. Exige-t-on qu’ils officient en arabe, ce qui serait au fond possible, comme cela se fait au Liban, en Irak, en Syrie, en Egypte pour ce qui est des coptes. Mais personne ne le demande et c’est tant mieux.

En Algérie, et dans d’autres pays arabes et musulmans, les prêtres, les moines viennent bien souvent d’autres pays, notamment de France, sans que personne ne s’en formalise.

Ces mesures sont présentées au nom de la défense de l’Etat laïque. Elles annoncent en fait son effondrement. En effet, sa base même, la séparation de l’Eglise et de l’Etat, s’affaiblit ainsi peu à peu, pour laisser la place au contrôle de l’Etat sur la religion dés qu’il s’agit de l’Islam. D’ailleurs le socle de la laïcité en France, la loi de 1905, va être modifiée pour la première fois depuis 115 ans, à cause de ...l’Islam.

- Il y a enfin aussi les mesures concernant le contrôle des établissements scolaires, notamment les lycées, dépendants d’autres Etats, comme c’est le cas des lycées et établissements algériens en France. Les dispositions, à ce sujet, sont particulièrement choquantes. Le président Macron est allé, là aussi, jusqu’à parler du contrôle du niveau de français des enseignants. S’il y a bien des lycées importants, influents socialement et culturellement au Maghreb, et ailleurs en Afrique, notamment à travers la formation des élites, ce sont bien les lycées français. Exige-t-on en Algérie, un contrôle du niveau en Arabe des enseignants français.

Le 24 juillet 2020, Au Liban, devant la banqueroute financière de l’Etat, le ministre des affaires étrangères, Jean Yves le Drian, avait tenu à annoncer une aide de 15 millions d’euros ...."aux écoles francophones, pilier du système éducatif" ( cf. Le Monde, "En visite dans un Liban en crise, Jean- Yves Le Drian ), 25 juillet 2020 ). Il faut donc rapprocher ceci de cela.

Les mesures annoncées ou prévues sont discriminatoires au sens plein du terme. Elles n’ont même pas pour argument la réciprocité car, en face, la tolérance est bien plus grande quoique certains en pensent. Mais de cela, l’opinion en France n’ est pas informée.

En fait tout cela prend sa source dans une vision complètement fantasmatique, paranoïaque "d’une invasion et d’une menace arabo-islamique. Cette vision semble, désormais, gagner les plus hautes sphères françaises. "Il faut libérer l’Islam en France des influences étrangères", a proclamé le président Macron dans son allocution. On a l’impression d’une razzia sur le sol français. S’il y a menace et invasion et si ces mots pouvaient avoir un sens, elles ne sont certainement pas du côté de l’Islam ou du monde arabe. Imaginons une France, où la plupart des écoles et lycées auraient une grande partie de leurs programmes en arabe. Imaginons une France où la moitié des universités enseigneraient en Arabe. Imaginons une France où une grande part des affaires, des échanges commerciaux se dérouleraient en arabe. Imaginons une France, où les Français dans la rue parleraient arabe. Et bien, c’est ce qui se passe en Algérie et au Maghreb ou au Liban, et ailleurs en Afrique, mais au profit du français. S’il y a menace sur l’identité, s’il y a problème civilisationnel, ce n’est surement pas le cas pour la France. Soyons sérieux.

Dans cette vision inversée de la réalité, qui sert hélas de pensée à une partie des élites françaises, dans cet esprit rejoignant celui moyenâgeux des croisades, dans cette véritable aliénation à une représentation fantasmatique de l’Islam, dans cette peur pathologique, on se demande comment pourrait progresser une pensée rationnelle, progressiste, comme c’était le cas en d’autres temps comme au siècle des lumières. La pandémie du Corona a joué à cet égard un rôle révélateur, dévoilant l’effondrement de l’esprit scientifique, le glissement vers l’irrationnel, vers la pensée magique, vers des théories complotistes à la recherche tôt ou tard de boucs émissaires, et cela dans des pans entiers de la société, y compris la plus instruite, y compris dans des milieux traditionnellement progressistes.

"Charlie Hebdo" et le "droit au blasphème"

J’écoutais ainsi , le même jour, celui du 4 octobre, sur BFM-TV, l’interview de Riss, Directeur de publication de Charlie Hebdo. C’est comme si l’actualité traçait un trait entre les deux événements, cette interview et le discours du Président Macron.
Riss est un personnage attachant, s’il en est. Et pourtant, soudain, il dit, signe du climat dominant, et sans qu’on comprenne la logique de son propos : " L’existence de Dieu n’a jamais été démontrée scientifiquement. C’est une hypothèse." Comment peut-on raisonner de cette façon. On voit donc l’approche intellectuelle qui a servi aux caricatures du prophète.

Si l’existence de Dieu n’a pas été démontrée, son inexistence l’a-t-elle été ? Si elle n’a pas été démontrée, c’est précisément pour cela qu’elle est une croyance. Si l’existence de Dieu était démontrée, ce ne serait pas une croyance mais une certitude. Si elle avait été prouvée, serait-elle une foi ? Aurait-elle alors, d’ailleurs, un sens ? A-t-on démontré que deux droites parallèles ne se rencontrent jamais, ou, ce qui revient au même, se rencontrent à l’infini ? Mais c’est pourtant un postulat.

Vision scientiste primaire qui veut, encore une fois, confronter science et religion, rationalité et foi, deux domaines différents de la connaissance, l’un objectif, l’autre subjectif, comme la science et l’art . C’est la même erreur que font des croyants lorsqu’ils veulent faire entrer en compétition science et religion, le fini avec l’infini. Mais passons.

Ce qu’il y a peut être à noter, c’est qu’avec une telle approche , on ne peut que passer à côté des autres aspects des réactions aux caricatures du prophète, de leurs déterminants sociaux, culturels, historiques, et s’en tenir au fond à une approche bien pauvre.

L’acte insensé, monstrueux, barbare de ce jeune Afghan devant les anciens locaux de Charlie Hebdo aurait-il été possible s’il n’avait pas été obligé de fuir son pays , ravagé par la guerre, menée par des armées "civilisées" dont l’armée française. On apprend même à l’occasion que des unités de sécurité intérieure françaises comme le GIGN sont en opération de guerre en Afghanistan.

Ce qui complique toujours les choses et les rend inextricables c’est que le bourreau diabolise sa victime, la "barbarise", indiens d’Amérique arrachant "les scalps", "fellaghas égorgeurs" en Algérie, Mau Mau à la machette au Kenya etc...et que la victime, la vraie, finit souvent par ressembler, elle-même, à la caricature que le bourreau en donne. Alors, qu’on ne nous dise pas seulement, comme toujours, que "rien ne peut justifier de tels actes". D’accord. Mais tout ce qui se passe , hélas, dans le monde, peut aussi les expliquer. Que la dénonciation de tels actes ne soit pas le moyen, comme toujours, d’empêcher toute explication, c’est-à-dire d’empêcher de penser, de réfléchir.

Le problème c’est quand on confond, dans une approche laïcarde, la religion en tant qu’institution et la religion en tant que ferment culturel, spirituel, moral de la protestation contre la domination étrangère ou sociale. Qu’on regarde bien : derrière toute protestation violente contre les caricatures du prophète, il y a toujours des groupes sociaux qui souffrent de discrimination sociale ou des pays qui souffrent de la domination étrangère.

On s’inquiète en France de "l’invasion islamiste". On s’étonne de la présence d’Afghans sur le sol français. Mais y a- t-il des troupes militaires afghanes en France comme il y a des troupes françaises en Afghanistan ? Combien de morts, femmes, enfants confondus, ont fait les actions de guerre françaises et autres en Afghanistan ? Les bombardements sur la Libye, dont ceux de l’aviation française, ont fait des milliers de morts. Y a- t-il eu des actions de guerre libyenne sur la France. Et la liste est longue, ponctuée de dizaines de milliers de victimes, et de souffrances sans nom.

Le vrai courage, la vraie liberté d’expression ne sont-ils pas de dénoncer tout cela. Sont-ils, au nom d’une tolérance bien pensante, de dessiner des caricatures anti-islamiques, et de caresser ainsi dans le sens du poil une certaine opinion étroite et chauvine, ou bien consistent-ils à affronter les vraies limites à la liberté d’expression : celle par exemple de dénoncer le sionisme en France. Mais sur ce point, c’est la tolérance zéro et il est interdit définitivement de penser. Qu’on se souvienne de ce qui est arrivé à Dieudonné, devenu officiellement un pestiféré, pour son jeu de mots "Isra-Heil ! " sur un plateau de télévision, ou du dessinateur Siné congédié de Charlie hebdo pour avoir caricaturé le fils de l’ex président Sarkozy se convertissant au judaïsme. C’était pourtant dans les deux cas de l’humour, celui dont se réclame le journal Charlie Hebdo, celui du "droit à plaisanter de tout".

Étrange droit que ce "droit au blasphème" qui est revendiqué. N’a-t-il pas finalement pour fonction de cacher derrière la revendication d’une liberté de pensée totale, la soumission en réalité aux paradigmes de la pensée dominante en France et une intolérance de fait, celle là en gants blancs.

COMMENTAIRES  

16/10/2020 23:12 par rouge

Peut on m’expliquer pourquoi apparaissent ici des articles rédigés par des religieux frustrés ?

17/10/2020 05:44 par Renard

Il y a effectivement un deux poids deux mesures mais celui ci s’explique par le fait qu’il y a eu de nombreux attentats commis au nom de l’islam et qu’il n’y a pas eu d’attentat commis au nom de la religion juive. Et on sait la puissance psychologique de ces attentats.

Maintenant je comprends votre effarement à voir ce qui se passe en France, la vision qu’il y a de l’islam dans les médias est probablement en décalage avec votre vécu.

17/10/2020 06:57 par babelouest

J’ai réussi à aller au bout du texte. A la fin, il argue sur le "droit au blasphème". En France, l’État ne reconnaît pas les religions, il ne reconnaît que les citoyens. Partant, de façon officielle le blasphème n’existe pas. C’est tout.

Je me dois d’ajouter que les gouvernants actuels aimeraient bien que le blasphème existe, ce qui permettrait d’attaquer en justice (hum) les nombreuses personnes qui attaquent la religion du Capitalisme, dont ils sont les chantres.

17/10/2020 15:41 par calame julia

Je n’ai rien compris... Djamel LABIDI, que pensez-vous ? Que d’autre personnes n’auraient pas subi
l’influence d’une religion ? Quelle qu’elle soit... Les renégats et renégates sont nombreux dans la
religion catholique. Mais cela ne vous intéresse pas d’en connaître le pourquoi ! Et de fait,
même avec ces personnes, au lieu de vous en faire des alliées, les musulmans finissent par
s’en faire des ennemis...

Babelouest, merci de m’éviter de prendre les nerfs avec cette histoire de "droit au blasphème".
D’ailleurs, le blasphème est banni dans toutes les religions... et donc "le droit au..." est une pure
arnaque.
Et nous n’avons pas à nous soumettre à une définition du blasphème édicté par un prophète de l’erg.

17/10/2020 16:27 par chb

Joli, mais manque de pot ça tombe pile en préambule à l’horrible exécution du prof de Conflans par un tchétchène (islamo-soviétique ?). Alors voilà, on n’a plus qu’à faire bloc derrière le Jupiter.
L’injonction présidentielle n’est-elle pas au séparatisme plutôt qu’à la laïcité ? Pointer le barbu et la burqa pendant que les costumes écrasent impunément le pays et le monde, je trouve que ça fait miroir aux alouettes de la terreur.
Le sermon à la liberté d’expression (à la Charlie) n’est guère que du flan en un état d’urgence permanent où trop de fake-news estampillées sont promues.
Quant aux justiciers des FdO qui économisent des frais de justice en exécutant le fou-de-Dieu : ils nous renvoient au Far West, donc au génocide.

17/10/2020 18:32 par J.J.

"Si l’existence de Dieu n’a pas été démontrée, son inexistence l’a-t-elle été ? "

Le comble de la sottise ! Le propre de quelque chose qui n’existe pas(sic), c’est bien de ne pas pouvoir être prouvé !
Quant au blasphème, puisque ce monsieur tient tant à le réprimer, moi je demande que l’on crée un délit de blasphème contre le bon sens et la pensée rationnelle.
Que pense ce brillant personnage des évènements d’hier soir dans les Yvelines ?

18/10/2020 09:41 par Gege

@ J.J

Je ne vois pas de quelle « sottise » vous parlez. Car pour être parfaitement honnête intellectuellement,´il faut citer la totalité du propos afin qu’il prenne tout son sens , en précisant qu’il s’agit d’une réaction à une déclaration de Riss directeur de publication de Charlie Hebdo :

« Si l’existence de Dieu n’a pas été démontrée, son inexistence l’a-t-elle été ? Si elle n’a pas été démontrée, c’est précisément pour cela qu’elle est une croyance. Si l’existence de Dieu était démontrée, ce ne serait pas une croyance mais une certitude. Si elle avait été prouvée, serait-elle une foi ?... »

Le raisonnement est très juste. La religion relève de la foi , de la croyance. Un croyant n’a pas besoin qu’on lui prouve scientifiquement que ce en quoi il croit existe vraiment. Il lui suffit de croire qu’une chose existe. pour que , pour lui , elle existe vraiment. Sa croyance est renforcée du fait qu’elle est partagée par d’autres. La religion ne relève pas du champ scientifique Riss se trompe. Certains croient en un dieu , d’autres en la main invisible du marché ou dans la théorie de l’hommo économicus

Chacun est libre de croire ou de ne pas croire.

Je trouve très inquiétante , pour ne pas dire plus , votre demande concernant ce qui c’est passé dans les Yvelines , ça sent pas très bon .

18/10/2020 10:24 par Assimbonanga

@babelouest, tu sais que Boris Johnson veut déjà interdire le blasphème contre le capitalisme ? Boris Johson veut bannir la critique du capitalisme des écoles anglaises
Il est vrai que le concept de blasphème, c’est la censure de toute critique. Par exemple, a-t-on le droit de blasphémer Charlie H ?

Cet article comporte deux parties et aurait pu se contenter de la première partie, très instructive et neutre car factuelle : des mesures discriminatoires. Oui, c’est bien vrai.
Macron , idéologiquement, se tire la bourre avec le RN et toute la clique de droite, les Estrosi, les Ciotti. C’est une compétition entre eux pour gagner le cocotier. L’auteur aurait pu rajouter que, s’il y a vraiment volonté de laïcité et de neutralité, jamais le président et sa dame ne devraient se coiffer d’une kippa ou d’une mantille. Or, ils ne se sentent pas gênés de le faire !

Pour ce qui est de la deuxième partie de l’article, sur le blasphème, Charlie et compagnie, ouille, manque de pot comme le dit chb... La deuxième partie de cet article est vaseuse et mal fignolée. Peut-être que l’auteur se dit "si j’avais su" ?

18/10/2020 11:01 par Assimbonanga

Je différencierais la croyance et la foi.
La foi est un feu mental, proprement humain, qui permet de mettre en oeuvre un projet. La foi développe l’homme, élargit son panorama. La foi permet de construire une ZAD ou un réseau de résistants.
La croyance est une tournure d’esprit qui s’affranchit de la vérité et de la logique. On veut croire au père noël, au petit jésus, et autre emblème et on met tout en oeuvre pour corroborer cette construction de l’esprit. La croyance étrique et sclérose.

18/10/2020 11:17 par calame julia

Gege,
Avez-vous beaucoup de culture religieuse ?
D’après vous, on doit tout accepter parce qu’il existe
des personnes qui croient en l’existence d’un dieu ? Pardon d’un Dieu ?
L’existence comme l’inexistence n’étant pas prouvée que fait-on ?
Puisqu’on vous dit que personne ne les empêche de croire ! et même que l’on ne
demande à personne de renier sa croyance ou une croyance...

18/10/2020 12:37 par babelouest

@ Assimbonanga, personnellement je rejette aussi bien toute foi que toute croyance, ce qui me dispense de les définir. Quand je pense qu’Onfray a écrit un copieux Traité d’athéologie, je pense qu’il s’est bien compliqué la vie. Il suffit de choisir de ne plus utiliser le verbe croire : donc cela se résume à : on sait (parce que c’est démontré), on ne sait pas, ou on fait des hypothèses pour pouvoir avancer, quitte à rabattre parce que cette hypothèse s’est révélée inadéquate. Du coup, beaucoup de livres philosophiques ou autres n’ont plus de raison d’être.

Pas étonnant si, il y a un siècle, les ecclésiastiques en grande tenue étaient accueillis par des Croa croa, ce n’était qu’une imitation du crois (et tais-toi) auquel j’ai souvent assisté.

Non je ne suis pas islamophobe, pas plus que je ne suis cathophobe, protestanphobe, judophobe. Chacun chez soi. Cela n’empêche pas de tenter, à l’occasion, d’aider d’autres personnes en difficulté sans leur demander si elles croient en quelque chose. En revanche, à elles de ne pas poser cette question dans le sens inverse. Cela ne les regarde pas.

18/10/2020 12:53 par babelouest

@ Calame Julia
On peut fort bien avoir une culture qui comporte des faits et des éléments ayant trait aux religions (de préférence plusieurs, pour faire la part des choses). Cela n’implique en rien d’aller plus loin, et d’adhérer à telle ou telle croyance. Cela s’appelle tout simplement la libre pensée, qui ne doit surtout pas aboutir à adhérer à des cercles de libre pensée : presque automatiquement se développent dans ces cénacles des positions communes plus ou moins imposées.
.
On notera que pour l’essentiel, les canons de l’art de bien vivre en société ont été révélés par Zoroastre, qui probablement les tenait de sages bien plus anciens encore, par tradition orale. Hormis certaines des lois de la nature et de l’univers qui ont fini par être découvertes (il y en a certainement beaucoup d’autres, et surtout on ne connaît pas du tout ce qui les unifie), tout est connu depuis bien plus longtemps qu’on ne l’imagine. Gloire aux astronomes d’il y a dix mille ans ! Gloire aux simples sages qui nous ont transmis la pensée altruiste.

18/10/2020 14:12 par calame julia

Babelouest,
par "culture religieuse" j’entendais "son influence" dans le milieu familial, dans son pays, dans sa tête
sans en avoir exprimé le besoin et encore moins le désir.
Mais c’est vrai qu’à cette époque il faudrait constamment se déshabiller pour faire valoir sa vie privée.
Vie privée qui veut dire choix d’une croyance et complète adhésion de son plein gré...
Les sages ne jugent pas. Ils posent des questions.
En tant qu’être humain, je crois que si je ne mange pas : je meurs et là ce sera mon choix avec ou sans CROIRE.

18/10/2020 15:25 par Autrement

L’article de Djamel Labidi était un bon réquisitoire, précis, nuancé et argumenté, contre le discours sur le séparatisme de Macron, et d’une manière générale contre l’hypocrisie officielle et les atteintes à la laïcité depuis des décennies.
Qui a toujours encouragé l’enseignement confessionnel ? Qui s’affiche dans les cérémonies religieuses ? Qui profite politiquement des conflits de croyances et de la division des citoyens qui s’ensuit ?

Après le crime barbare commis contre cet enseignant, on est d’autant plus porté à mettre aussi en cause l’irresponsabilité de Charlie hebdo, qui une fois de plus, étant donné le contexte, a joué avec le feu pour vendre du papier.
Voici le point de vue de Gilles Questiaux (Réveil communiste), lui-même ancien enseignant d’histoire, sur l’événement.

La priorité dans cette circonstance est évidemment d’être solidaire de la famille, de tous les enseignants et de l’école républicaine, toujours victimes possibles d’un attentat de fanatique, mais d’abord victimes quotidiennes, depuis des décennies, de mesures gouvernementales issues de l’OCDE et de l’UE, qui ont dénaturé leurs conditions de travail et entravent leur mission.

18/10/2020 17:11 par Xiao Pignouf

Il faut bien admettre que ce texte tombe au mauvais moment. Les propos de l’auteur visent à répondre au discours de Macron sur le séparatisme, mais ce qui s’est passé hier brouille le message.

Oui, M. Labidi, vous avez parfaitement raison de dire que les migrants ne seraient pas en France si d’une manière ou d’une autre nous n’avions pas participé à (ou laissé faire) la destruction de leur pays. Je doute qu’il y ait des Syriens, des Irakiens ou des Afghans dont le rêve aurait été de venir s’expatrier en France dans un pays ou la religion est moquée.

Par contre, votre argument selon lequel les exigences françaises d’intégration, notamment linguistiques, sont déplacées au vue de celles d’autres pays moins strictes. On peut le déplorer mais c’est à chaque pays d’en décider. Le fait que l’Algérie et le Maroc privilégient toujours le français dans certains domaines aussi. On peut certainement blâmer la colonisation mais en 2020, elle aurait bon dos : s’il en est ainsi, c’est qu’il n’y a aucune politique d’arabisation des échanges mise en place, entre autres choses en tout cas, car on peut imaginer d’autres raisons propres à chaque pays.

L’acte insensé, monstrueux, barbare de ce jeune Afghan (..) aurait-il été possible s’il n’avait pas été obligé de fuir son pays

Sauf que ce raisonnement ne fonctionne pas vraiment avec l’acte insensé de ce jeune Tchétchène. On ne peut pas tout expliquer de la même manière.

18/10/2020 17:28 par barbe

"les gouvernants actuels aimeraient bien que le blasphème existe"
Tout à fait babel ; et pour que vos lecteurs comprennent bien, respectons les étapes.
Duc on nous dit : on a le droit de blasphémer en france et de critiquer le président.
Je rappelle que celui qui a dit : vous êtes mon employé, a fait de la garde à vue, et employé est devenu par là une insulte.
Mais reprenons : accoler les deux propositions laisse entendre que le président se met au même niveau qu’une puissance spirituelle.
Premier éclat de rire.
Proposer un droit au blasphème semble généreux, libéral. Qui verra le piège tendu ? Car le blasphème n’existe pas en république, tout comme n’existe aucune communauté autre que celle des citoyens réunis en corps pour élire et, dans l’idéal, voter. Donc proposer un nouveau droit, celui de blasphémer, est une premier pas vers l’institution du communautarisme. Et qui suit le tropisme grand briton depuis sarko, voit où cela nous mène : la libanisation de notre pays est ce que veulent sournoisement nos bons maîtres.

18/10/2020 18:07 par Assimbonanga

Ouhlala ! A propos de cénacles, de cercles et de chapelles, on dirait bien que c’est le propre de l’Homme ! Je suis tombée par hasard sur cette ultime vidéo de Denis Robert : AVENIR DU MÉDIA : À VOUS, SOCIOS, DE CHOISIR
Je n’en suis pas revenue car j’aime beaucoup Denis Robert et j’aime bien Théophile Kouamouo. Comment pouvons-nous nous en sortir si les meilleurs finissent par se bouffer le nez ?
@babelouest, t’en fais pas. Je partage tes points de vue. Mon intervention était très maladroite, mal tournée et, en plus, j’aurais dû la mettre en fin de commentaire car seules les premières lignes t’étaient adressées.

19/10/2020 08:14 par Gege

@ calame julia

J’avoue n’avoir pas très bien compris ce que vous me dites et les questions que vous me posez . Ça me semble très confus.,Ce que je peux vous dire sur moi , et qui n’intéresse personne, c’est que j’ai sans cesse soif d’acquérir de nouvelles connaissances dans plein de domaines différents dont les religions et les pratiques religieuses.

 » D’après vous, on doit tout accepter parce qu’il existe
des personnes qui croient en l’existence d’un dieu ? »

Pourquoi cette question ? C’est très curieux, nous vivons dans une république, très imparfaite certes , mais une république laïque. En république on considère que les religions relève du domaine privé, l’état n’a pas à s’en mêler. Chacun est libre d’avoir les pratiques religieuses qu’il choisit, à la stricte condition, de le faire dans le cadre des lois de la république . Si ce n’est pas le cas il existe tout un arsenal juridique pour sanctionner. Je n’ai rien à « accepter » ou pas , si *-des lois ne me conviennent pas , je me bat politiquement pour qu’elles changent.

En France « la loi de la séparation des églises et de l’état » a été adoptée le 9 décembre 1905 , même si de triste individu comme Macron ne cesse de lui donner des coups dé canif. « Elle abroge le régime du concordat de 1801, qui est cependant resté en vigueur en Alsace-Moselle ... » Wikipedia.

19/10/2020 09:23 par J.J.

Gégé@ "La religion relève de la foi , de la croyance. Un croyant n’a pas besoin qu’on lui prouve scientifiquement que ce en quoi il croit existe vraiment. Il lui suffit de croire qu’une chose existe."

C’est vrai, et en creusant un peu, on constate qu’il s’agit en effet d’un trouble très répandu d’ordre psychologique, et complétement indépendant des facultés intellectuelles, qui se nomme "dissonance cognitive pluriséculaire".

Tous n’en mourraient pas, mais (presque ) tous étaient atteints

19/10/2020 14:54 par Assimbonanga

Darmanin va s’attaquer à 51 structures associatives (musulmanes). J’espère que nos zélés journaleux vont nous tenir la liste de ces associations pour qu’on puisse vérifier si l’agression est justifiée au cas par cas. Je crains que Darmanin mette tout le monde dans le même sac, histoire de diffamer toute asso plus ou moins musulmane, plus ou moins populaire.
J’espère qu’on en saura plus sur le désormais fameux "Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF)". J’espère qu’on ne se contentera pas des bêtises et inepties du parti politique LR, invité de France Inter à 13h.
Dissolution d’associations sur ordre du ministre, arrêtez l’invraisemblance ! Il ne manquerait plus qu’un couvre-feu entre 21h et 6h du matin ! Oh, hé, ho ! On n’est pas dans un mauvais roman de Michèle Cotta ! On n’est pas entrés en dictature.
Quoique...

19/10/2020 18:49 par eris

Les religions sont des dogmes, des vérités avérées. Je ne me soumet pas à ces dogmes et il est établi qu’une majorité de la population française ne pratique pas ou très peu lors de certaines fêtes. L’on ne va tout de même pas vivre entre des querelles de bénitiers mais c’est bien ce que macron veut faire pour satisfaire une vision dogmatique qu’il a de la société. Ce n’est pas un républicain, la laïcité n’est pas de nier l’existence des religions mais d’échapper à ces dogmes qui obscurentissent nos existences.

20/10/2020 01:42 par Danael

La loi de 1905 est justement constamment violée par ceux qui se disent protecteurs des valeurs de la République. Et cela n’a rien à voir avec certaines figures de gauche qui l’ont toujours défendue et exigée, contrairement à ce que disent les hypocrites au pouvoir qui frayent avec des autorités religieuses choisies par eux et qui n’ont aucun mandat du peuple pour le faire. De même l’extrême droite avec son culte de Jeanne d’Arc n’a de son côté aucune leçon à donner aux autres . Le reste c’est du bla bla bla religieux qui veut se mêler de politique tout comme le pouvoir fait son bla bla bla politique pour se mêler de religion alors que ni l’un ni l’autre n’est à sa place. Le tout nous sert une sauce poisseuse et nauséabonde pour dévier et distraire tous les Français de leurs problèmes liés à l’abandon des services publics, aux guerres internes et externes de nos gouvernements successifs pour servir les plus riches, pendant qu’augmentent chômeurs, pauvreté, réfugiés fuyant leurs guerres, destruction environnementale et censure d’État de plus en plus musclée. Va-t-on nous faire la même entourloupe chaque fois qu’il y a des élections en vue ?

22/10/2020 06:24 par calame julia

"Si l’existence de Dieu n’a pas été démontrée, son inexistence l’a-t-elle été ?
Et ce serait donc, sans aucune preuve, l’ange messager qui se serait déplacé sur ordre
pour donner des instructions à un égaré dans le désert ?

Et tout ça tranquillou, sans donner d’instructions pour fertiliser le désert et éradiquer la faim des êtres humains ?
Ah ! oui suis-je bête, les esprits ne mangent pas mais peuvent rajouter décapitation à la misère du monde...

24/10/2020 21:28 par Delahaye

Qui peut imaginer une telle mauvaise foi(!)ou un tel aveuglement ?Avez-vous vu des chrétiens (dont je ne fais pas partie)assassiner des musulmans au simple prétexte qu’ils ont une autre religion ?de même pour les protestants,bouddhistes ou juifs ?Vous êtes en France et profitez des avantages sociaux ,ne nous imposez pas votre vision étriquée du statut des femmes,du respect de votre religion ...acceptez notre république laïque ou quittez là...Vos arguments,réels pour certains,font le lit de Marine Le Pen et de l’extrême droite qui s’empressera lorsqu’elle aura le pouvoir,de vous expulser.
J’execre toutes les religions ,celles ci doivent rester dans le domaine privé.

25/10/2020 04:18 par legrandsoir

Il est vrai que le chrétiens n’ont jamais massacré, n’ont fait aucune croisade, ni la St-Barthélémy, ni participé aux génocides des indiens d’Amériques latines, que les chefs nazis étaient athées (ou juifs ?) ni surtout bombardé les pays arabes, détruits l’Irak, armé les fous d’Allah pour qu’ils massacrent là où l’on n’ose pas aller, etc.

25/10/2020 08:34 par Xiao Pignouf

@Delahaye

Vos arguments, réels pour certains, font le lit de Marine Le Pen et de l’extrême droite

Les vôtres ressemblent drôlement aux leurs.

25/10/2020 09:14 par Assimbonanga

Sans parler que des bonnes sœurs anti-avortement n’ont jamais volé des bébés à des femmes pour les faire adopter par des franquistes , des pétainistes, ou autre acabit en Pologne, en Angleterre, etc. Sans parler de le longue période de l’Inquisition, des chasses aux sorcières brûlées vives avec le soutien des curés, sans parler de l’alliance des ecclésiastiques avec les rois totalitaires (de droit divin). Etc...
En ce qui concerne les expulsions, il me semble qu’il n’est plus nécessaire d’attendre MLP. Darmanin a déjà commencé.

27/11/2020 19:09 par Assimbonanga

Acta zone :
"S’agissant du CCIF, le ministre n’a pas hésité à mettre directement en cause sa responsabilité dans la campagne de dénigrement lancée sur les réseaux sociaux par le père d’une collégienne contre Samuel Paty. Version largement contredite par plusieurs médias ayant enquêté sur ce point (Le Monde et Libération notamment). Bien que contactée par le parent d’élève, l’association s’est bien gardée de relayer les accusations lancées publiquement par ce dernier tout en lui recommandant de retirer sa vidéo des réseaux sociaux afin de procéder à la vérification des faits et des allégations rapportés.
Au lieu de reconnaître la démarche du CCIF comme une preuve du sérieux et du professionnalisme de ses équipes, on a vu une nouvelle fois se tisser un récit médiatique dominé comme toujours par des accents complotistes. Ce qui revient inlassablement dans ces discours c’est l’existence fantasmée d’une duplicité de ses militants, d’un agenda caché ou d’une mainmise étrangère s’exerçant dans l’ombre. À cela s’est greffé un discours d’État criminalisant littéralement les revendications anti-racistes et la dénonciation de l’islamophobie, en les accusant de complicité lointaine avec le terrorisme. Le brusque élargissement des chaines de complicité est allé jusqu’à éclabousser l’Observatoire de la Laïcité, connu pour sa lecture libérale de la loi de 1905, et son rapporteur Nicolas Cadène qui avait pourtant salué le « remarquable discours » de Macron sur le séparatisme. Observatoire de la laïcité qui a finalement été mis au pas, n’hésitant pas au passage à lâcher le CCIF avec lequel il était pourtant habitué à travailler.
Avec cette dissolution, le gouvernement accède à une vieille demande de l’extrême droite et de certains néo-républicains laïcards qui demandent la tête du collectif depuis des années. Il s’agit ici ni plus ni moins que d’abattre l’un des principaux contre-pouvoirs œuvrant à la visibilisation de l’islamophobie dans sa dimension systémique (rappelons que le CCIF publie tous les ans un rapport dans lequel il propose un bilan statistique de l’islamophobie en France) et à l’assistance juridique quotidiennes des victimes d’actes islamophobes. "
Source : https://acta.zone/dissolution-du-ccif-islamophobie-bascule-autoritaire/

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