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Moins de joueurs, plus d’ingénieurs, de scientifiques, de médecins et d’innovateurs...

La Chine met des gardes fous à « l’opium spirituel » que sont les jeux en ligne

Nous vivons une nouvelle ère fascinante de réformes socialistes, très ambitieuses et radicales, qui ne visent qu’un seul résultat : gagner la bataille technologique contre l’Amérique.

L’ampleur de la révolution sociale de Xi Jinping s’intensifie chaque jour, et rien ne semble à l’abri de sa portée.

En plus de la réorganisation spectaculaire des cours particuliers, de la mise à mal des grandes entreprises technologiques et de la campagne contre la culture des stars, l’État chinois s’intéresse désormais à ce qu’il perçoit comme l’utilisation excessive des jeux en ligne chez les jeunes. De nouvelles réglementations strictes visent à limiter leurs activités sur les plateformes de jeux en ligne à seulement trois heures par semaine, en les décrivant comme un « opium spirituel » et en soulignant qu’elles ont un impact négatif sur la santé mentale des enfants, tout en cherchant à faire en sorte que les enfants se concentrent davantage sur leur éducation.

Il s’agit d’un autre effort pour aligner la société chinoise sur ses priorités nationales, et d’une autre indication que les intérêts des « grandes entreprises » ne représentent pas toujours les intérêts de la société dans son ensemble, comme de nombreux pays occidentaux le supposent. George Soros a récemment exprimé son inquiétude, mais c’est probablement plus un signe que la Chine est sur la bonne voie qu’autre chose.

L’évolution et la croissance des jeux vidéo ont complètement changé nos vies et notre façon de nous divertir. En l’espace d’une quarantaine d’années, les jeux vidéo et les consoles ont transformé les activités récréatives et les passe-temps de millions de personnes, reléguant les jeux de société familiaux classiques au rang d’antiquités. Tous les enfants des années 1990 ont grandi avec différentes consoles, de la Playstation à la Nintendo, en passant par la XBox et des plateformes en ligne comme Steam. Outre son impact sur les modes de vie, le jeu moderne a également donné naissance à une méga industrie qui se chiffre en centaines de milliards.

La Chine possède une énorme part de ce gâteau. Mais c’est là que réside le problème aux yeux de Xi. L’industrie des jeux vidéo s’efforce de perpétuer ses produits et d’accaparer une part toujours plus grande du temps et des ressources des jeunes, même si cela perturbe leur développement social et éducatif. Si les jeux sont amusants et divertissants, ils ne correspondent pas au monde réel. Les efforts qu’on y consacre n’aboutissent jamais vraiment à quelque chose de tangible ou de valable, et c’est pourquoi la Chine s’y oppose fermement, en disant effectivement « ça suffit : Les enfants doivent se concentrer sur les vraies priorités de leur vie ». Et la priorité numéro un est l’éducation, pas l’univers fantastique des jeux.

Il s’agit d’une mauvaise nouvelle pour les plus grands conglomérats de jeux chinois, tels que Tencent, qui ont déjà été frappés par le vaste remaniement de Pékin, mais il y a une sagesse innée dans tout cela, et elle est liée à l’intensification de la lutte technologique de la Chine avec les États-Unis et à sa propre vision du développement.

Cette sagesse est la suivante : La Chine devrait développer de meilleures entreprises de semi-conducteurs, d’intelligence artificielle et de puces technologiques haut de gamme, et non des entreprises de jeux vidéo de plus en plus grosses. S’il y a un message qui ressort des événements de ces derniers mois, c’est que la force économique d’un pays ne se définit pas seulement par le nombre de « Mark Zuckerberg » qu’il possède. Xi articule sans relâche une vision directe et claire de l’économie chinoise et s’appuie sur les principes socialistes pour la défendre. Il a décidé que certaines choses sont plus importantes que d’autres pour l’économie de la Chine et son développement stratégique. Il ne s’agit pas simplement de savoir qui a le plus de milliardaires ou les plus grandes entreprises, mais le défi avec les États-Unis signifie qu’il y a des domaines très spécifiques dans lequel le pays doit exceller, et son avenir stratégique et son succès en dépendent. C’est pourquoi Xi s’est attaqué aux jeunes et aux habitudes de jeu dans le cadre de son approche globale de l’éducation, en mettant également fin au soutien scolaire à but lucratif.

Mais comment cette limite de trois heures va-t-elle être appliquée ? Qui dira aux enfants « tu as eu tes trois heures, éteins maintenant ! », surtout si les parents ne sont pas coopératifs ? La Chine va sans aucun doute faire peser la charge réglementaire sur les sociétés de jeux pour qu’elles l’appliquent, et les punira si elles ne le font pas. Compte tenu de la manière dont la Chine moderne gère l’identité et les données, les gens pourraient être obligés de s’inscrire sur des plateformes de jeux pour vérifier leur âge et leurs documents d’identité, qui limiteront ensuite leur temps en conséquence. Il existe sans doute des moyens de contourner ces limites – il suffit de demander aux centaines de millions de Chinois qui utilisent des VPN (réseaux privés virtuels qui masquent votre identité réelle ou votre localisation) – et l’efficacité de cette mesure n’est pas évidente, elle dépend en grande partie de la volonté des parents d’être responsables et de discipliner leurs enfants.

En résumé, la Chine dit clairement qu’elle ne veut pas, n’a pas besoin et n’apprécie pas les joueurs. Il s’agit d’un passe-temps qui est fondamentalement une distraction, quelque chose qui est acceptable avec modération, mais pas en tant qu’addiction à grande échelle, étant donné qu’il a une faible valeur sociale. En le qualifiant d’« opium spirituel », la Chine évoque métaphoriquement un puissant souvenir historique : elle est enfermée dans une nouvelle « guerre de l’opium » contre l’Occident, avec une série de pays qui veulent imposer leurs préférences idéologiques, économiques et stratégiques à la Chine, tout comme les Britanniques ont cherché à le faire au XIXe siècle avec leurs exportations de drogue depuis le sous-continent indien.

Mais cette fois, Pékin a décidé que ce type d’asservissement ne pourra plus jamais se reproduire. Xi ne veut pas d’une société de joueurs, il veut une société d’ingénieurs, de scientifiques, de médecins et d’innovateurs ; le genre de personnes qui peuvent faire en sorte que Pékin gagne la course technologique et prenne le dessus dans la lutte avec l’Amérique. Ce faisant, il utilise les principes les plus forts du collectivisme contre la nature individualiste des sociétés occidentales, où les enfants font à peu près ce qu’ils veulent. Il s’agit d’une nouvelle ère de réforme socialiste, très ambitieuse et radicale, sans équivoque. C’est une expérience fascinante.

Tom FOWDY

Le 31 aout 2021 – Source Russia Today

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

 https://lesakerfrancophone.fr/la-chine-met-des-gardes-fous-a-lopium-spirituel-que-sont-les-jeux-en-ligne

COMMENTAIRES  

12/09/2021 11:34 par Lyendith

Si j’ai bien compris, il faudra entrer un numéro d’identification personnelle (que seules les personnes majeures possèdent), sans quoi le jeu se fermera automatiquement au bout de trois heures.

13/09/2021 00:08 par Laurent Emor. ,

Non tu n’as pas tout bien compris ! En tous cas, pas le principal. Il s’agit que les jeunes chinois ne prennent pas la même pente que beaucoup des nôtres que l’on voit scotchés à leur mobile ou autre écran, enfermés dans leur chambre ou assis sur le trottoir ou sous un abri-bus. Ce dont tu parles est la méthode pour y parvenir, qui peut paraître autoritaire (il faudrait demander l’avis de Macron, sur ce sujet il en connaît un rayon) mais n’oublions pas les poules dans le poulailler avec le renard, ni comme le rappelle l’auteur, la Guerre de l’opium.

13/09/2021 07:10 par Danael

Oui bien sûr : jeux invasifs et laissez-faire qui touchent la santé de tous d’ailleurs, comme les téléphones intelligents pour en finir avec l’intelligence. Cependant je crois sincèrement que le système éducatif aurait plus de résultats à persuader les élèves de limiter leur temps de jeux vidéo afin de diversifier leurs loisirs , talents et liens sociaux. Nous savons que lorsque ces derniers prennent conscience de l’utilité de l’enjeu après en avoir discuté ensemble avec des éducateurs appréciés, ce sont eux qui finissent par discipliner ensuite leurs parents et plus tard leurs enfants. En outre quel rapport avec la compétitivité technologique avec Les USA ? Il s’agit avant tout d’une priorité d’ordre sanitaire. Du moins je l’espère.

13/09/2021 09:48 par Georges Rodi

>

La première fois que je suis allé à Chengdu, mon guide touristique occidental y dénombrait un nombre très impressionnant de salons de thé.
Les locaux se sont montrés les premiers surpris, jusqu’à ce qu’ils comprennent que oui, bien sûr… Sous cette appellation se trouvent tous les salons où l’on peut jouer au Majong.
Le peuple chinois est le plus joueur que je connaisse.
Les Chinois jouent de l’argent, parient sur tout et n’importe quoi.
Même Xi n’y peut rien.

Les jeux vidéo touchent les enfants, c’est autrement plus sérieux.

Ce que l’article ne précise pas, c’est l’art et la manière dont les éditeurs ponctionnent les gamins qui y jouent : une arme supplémentaire, une pièce de costume, un pouvoir magique, un code pour que l’héroïne apparaisse nue… tout se paye, et l’argent n’est pas virtuel.
Un jeune emprunte la carte bancaire de ses parents, débite l’équivalent de 1000€ en moins de temps qu’il en faut pour le dire, et ce serait la faute des parents ?
Comme souvent, le réseau Weibo s’est fait l’echo de ce phénomène.

... Ce n’est pas pareil en France ? Quoi qu’il en soit, c’est déjà un premier point à traiter.
Visiter le porte monnaie de ses proches pour acheter une dose de jeu, c’est aussi désagréable que pour une dose de drogue, et cela ne rentre définitivement pas dans les canons de l’éducation confucéenne.

Oui, il y a une considération de santé.
Les jeunes Chinois n’échappent pas au problème du surpoids paraît-il - cela ne me saute pas aux yeux-
Les activités sportives connaissent un net regain d’intérêt depuis que le gouvernement limite le temps de jeu ET impose une pratique sportive pour entrer à l’université : bien noter la concordance des décisions.

Limiter le temps passé aux jeux vidéo pendant la période scolaire me semble basique.
Il faut apprendre à s’ennuyer.
Penser à soi, trouver une incitation à faire autre chose.
Lire, dessiner, sortir, se bouger, il y a même des clubs qui enseignent à assembler des robots (type Lego), ce ne sont déjà pas les idées qui manquent.
De nouveaux services se créent, non virtuels, avec des emplois réels.
C’est aussi une conséquence à intégrer.

13/09/2021 13:53 par Yannis

(ré)"Apprendre à s’ennuyer", jolie formule G. Rodi.

Les cérémonies de thé ou les repas en famillle et autres sociabilités, parfois formelles et un peu convenues, peuvent paraître barbants pour les jeunes et pourtant on y apprend piein de choses qui servent dans la vraie Vie.

14/09/2021 07:05 par Xiao Pignouf

@Danael

je crois sincèrement que le système éducatif aurait plus de résultats à persuader les élèves

C’est hélas un voeu pieu. L’article (et le gouvernement chinois) a parfaitement raison de considérer le jeu vidéo comme une addiction. Sans limitation, elle est extrêmement impactante pour le désir d’apprendre des jeunes. En outre, et sans vouloir vous critiquer, vous laisseriez entendre qu’une fois de plus, ce serait au système éducatif, c’est-à-dire aux professeurs, de persuader leurs élèves que cette pratique sans limites les dessert. Même si évidemment l’école peut elle aussi alerter, ce rôle est dû à la famille. Encore une fois, car je l’ai dit ailleurs, l’école n’est pas en charge de l’éducation, contrairement à ce que son nom indique, mais de l’instruction. L’éducation étant dévolue aux parents ou à la famille, et lorsqu’il y a déficience, à l’État, par un interventionnisme actif (si ce terme fait sens) comme le gouvernement chinois montre qu’il est possible de s’y appliquer, sans avoir peur de déplaire aux entreprises.

Le jeu vidéo est, pour ma part, trop systématiquement défendu en tant qu’art, ce qu’il est en partie. Il n’empêche qu’il véhicule des concepts parfois douteux, comme une violence ou une compétition extrêmes.

Il en va de même pour la fréquentation addictive des réseaux sociaux déjà prégnante chez les jeunes dès le collège. Le documentaire The Social Dilemma montre bien cet aspect et on y voit que les créateurs même de ces « monstres » numériques en éloignent leurs propres enfants.

@Laurent Emor

Je ne comprends pas bien votre agressivité vis-à-vis de Lyendith. Pour ma part, je le ou la remercie de clarifier ce détail technique.

14/09/2021 10:52 par Auguste Vannier

Le ludique et donc "tous les jeux" relèvent de l’Educatif, càd de toutes les activités qui permette au petit être néoténique (inachevé à sa naissance), d’achever dans des conditions aussi sécurisées que possible son développement biologique, psychique et social, de manière à vivre et sur-vivre dans son environnement. Mais le ludique n’est qu’un des processus d’éducation.
Dans la plupart des sociétés humaines (toutes ?), l’Education est prise en charge par différentes institutions, dont la famille. En grèce ancienne la Paideïa désignait cet effort par toutes les institutions de contribuer à l’éducation des jeunes : le stade, le gymnase, le théâtre, l’agora, les maisons de musique et poésie -d’autres "maisons" aussi (!), et bien entendu l’école comme lieu de "transmission" de l’héritage culturel, càd des savoirs représentant l’expérience formalisée et accumulée des générations précédentes.
C’est pour cela que la distinction trop tranchée entre instruction et éducation(@Xiao) ne me semble pas pertinente, la transmission d’un patrimoine culturel (les différentes formes de savoirs rendus potentiellement publics par leur formalisation, càd pouvant être professés) participe de l’Education dont la finalité est de permettre l’autonomie émancipatrice).
Rendez-vous compte, les 15 000 000 de jeunes qui se rendent chaque jour dans une école, passent plus de temps éveillé dans une salle de classe que dans n’importe quelle autre institution. L’instruction scolaire est donc lourdement chargée de contribuer à l’éducation par le temps de vie qu’elle prend aux enfants, aux familles, et aux autres moments et lieux éducatifs.
Alors je trouve que limiter le temps scotché au écrans de jeux vidéo et de "réalité virtuelle", pour inciter chacun à s’immerger dans la réalité matérielle et sociale, est une mesure de salubrité. L’idéal c’est effectivement que ça deviennent chez les jeunes et moins jeunes par "autolimitation".

14/09/2021 15:32 par Assimbonanga

Les jeux en ligne sont un phénomène récent et il fallait bien s’en soucier. L’alcool, les jeux d’argent sont interdits aux mineurs. Les activités en général sont soumises à autorisation parentale car les mineurs sont mineurs, lapalissade : ils ne sont ni autonomes financièrement ni terminés dans leur développement physique, psychique, social. Les directives nationales paraissent autoritaires mais je crois que beaucoup de parents sont soulagés de se faire retirer cette responsabilité de devoir restreindre leurs gamins, les gendarmer : c’est obligatoire, donc y a pas à tortiller, pardon, tergiverser. En tant que mineur, une obéissance est de rigueur même s’il vaut mieux que le consentement découle de la confiance.
Toute manière, le grand jeu consistera à trouver des moyens de tricher. C’est de bonne guerre. Qu’est-ce que j’ai pu lire la nuit en mettant un tissu sous la porte pour pas que ma mère voie le rai de lumière ! Plus préoccupant aujourd’hui : l’alcoolisation en groupe qui démarre très tôt.

14/09/2021 22:56 par Danael

@Xiao Pignouf

Le système éducatif au sens large ne se limite pas aux responsabilités et statut de prof. Dans notre système éducatif , il y a aussi des intervenants extérieurs qui jouent un rôle important. Le sujet est assez intéressant et important pour être possiblement traité sous certains angles de "l’instruction". D’autre part l’éducation ne revient pas qu’à la famille. Si l’État chinois intervient dans ce cas c’est bien parce qu’il pense que les adultes sont eux-mêmes touchés par le problème. Donc penser que la solution reviendrait à la famille en grande partie est aussi un vœu pieux.

15/09/2021 05:44 par Xiao Pignouf

La version du Monde pour la même information (on s’en serait douter) :

« Si le retour de la Révolution culturelle en Chine est peu probable, la marche vers la dictature numérique n’a jamais été autant d’actualité »

@Danael

Donc penser que la solution reviendrait à la famille en grande partie est aussi un vœu pieux

Vous avez raison, et c’est pour cela que je parle aussi de l’intervention de l’État, notamment comme l’a fait la Chine et si la technologie le permet, ce qui est le cas des jeux en ligne. Bien sûr que l’école peut s’y coller aussi bien par le biais d’intervenants extérieurs, comme vous le dites, que par toute alerte que les enseignants peuvent donner, mais il faut veiller à ce qu’elle ne devienne pas une béquille systématique à la famille défaillante ou négligeante, car à la longue tout peut lui être reproché. On peut opposer que l’État, c’est aussi l’école, mais je parle surtout du législatif.

15/09/2021 06:31 par Xiao Pignouf

@GS

À noter la faute dans le titre : mettre des gardes fous, c’est mettre des gardes ayant des problèmes de santé mentale. On leur préfèrera quand même des garde-fous, terme constitué du verbe garder et du nom fou et dont uniquement la partie « nom » s’accorde au pluriel.

15/09/2021 06:50 par Georges Rodi

>
L’affaire ne fait pas grand bruit en Chine.

Tout d’abord, dès 2019, la Chine avait déjà interdit aux mineurs de jouer à des jeux vidéo de 22 h à 8 h ou de jouer plus de 90 minutes en semaine.
La nouvelle mesure est plus stricte, et d’avantage vécue ici comme un ajustement.

L’impact sur les actions en bourse ?
Oui, les nouvelles mesures ont fait chuter les actions des principales sociétés de jeux chinoises cotées aux États - Unis. Mais c’est artificiel, de fait, l’impact sur les sociétés de jeux sera limité, les mineurs ne représentent qu’une part « négligeable » de la population totale des joueurs en Chine.
Selon les états financiers du leader Tencent, les joueurs de moins de 16 ans n’ont contribué qu’à hauteur de 2,6% des revenus liés au jeu au deuxième trimestre de son exercice 2021. La contribution des joueurs de moins de 12 ans n’est que de 0,3%.

Ces chiffres montrent bien que l’objectif de la circulaire n’est pas de mettre les groupes privés à genoux, et qu’il s’agit bien de prévenir la dépendance des mineurs au jeu et protéger leur santé physique et mentale.
Pour aller dans le sens de plusieurs commentaires, la circulaire demande également à tous les secteurs de la société, y compris la famille et l’école, de s’y impliquer.
Personne n’est oublié ;)

15/09/2021 09:01 par Georges Rodi

.
L’épidémie a sérieusement profité aux services internet : éducation, commandes et livraison de marchandises, fans clubs, jeux… Tous ces secteurs qui ont vu une croissance de 30% ou plus ont fait l’objet de nouvelles régulations favorables au citoyen.

Comme souvent, le législateur s’efforce de faire d’une pierre plusieurs coups.
La mesure concernant les jeux vidéo est à voir dans un contexte plus large :
- Le fait que la réglementation ordonne aux sociétés de jeux d’appliquer rigoureusement les procédures d’enregistrement de l’utilisateur est un point fondamental.
Les identités fictives, d’individus et de sociétés, ont permis beaucoup d’escroqueries commerciales et sociales. C’est aux groupes internet que revient la responsabilité d’y mettre de l’ordre.

- C’est d’autant plus important que…le mot "Metaverse" est peut-être nouveau pour vous ?
Les services Marketing de Facebook, NVIDIA ou Microsoft nous le présentent comme une « réalité numérique alternative », un « espace immersif où les gens peuvent se réunir pour apprendre, travailler, jouer, créer et socialiser »...
Derrière ce terme clinquant et cette bouillie de mots, nous retrouvons de vieilles idées qui consistent à vous mettre sur le nez des appareils qui feront de vous un être supérieur, toujours connecté, amélioré par l’AI nous dit-on.

Je ne nie pas les bénéfices qu’y trouveront quelques architectes et ingénieurs…
Mais en réalité, non augmentée celle là, nous verrons certainement beaucoup plus d’individus gavés de jeux, de porno, et dont l’unique relation sociale se limitera au livreur de pizzas.

Les actualités récentes montrent qu’une vague de nouvelles technologies 5G, AI, blockchain et VR / AR se développe beaucoup plus rapidement que prévu.
En Chine, Byte dance (propriétaire de l’application vidéo tiktok), se livre à une concurrence de plus en plus féroce avec Tencent, tous deux multiplient alliances et investissements dans ce domaine.

Il était devenu plus que nécessaire de responsabiliser ces groupes sur le contenu de leurs services et les conséquences sociales de leur business.

Ne nous le cachons pas, pour que cela fonctionne, le gouvernement se fait un devoir de pratiquer toute forme de censure qu’il estimera nécessaire.
N’est-il pas urgent d’avoir ce débat en Occident, plutôt que de le laisser dans les mains désintéressées des GAFA ?.

Illustration : l’HomoMetaVersae, immergé dans son espace numérique alternatif, choisissant la garniture de sa pizza en réalité virtuelle, tout en suivant son match de foot sur Bolloré+

15/09/2021 18:17 par Danael

@Xiao Pignouf
J’ai beaucoup de respect pour les informations que vous apportez en général . Faisons quand même attention aux termes de "famille défaillante et négligente’" car derrière il y a des réalités de classe et les jeunes en sont les premières victimes. Ceci dit, je trouve important, comme vous, qu’on s’intéresse à la Chine car c’est un véritable laboratoire d’expériences et de réflexions, avec une démographie importante qui le nécessite et un gouvernement qui fait des efforts pour protéger sa culture et le développement social de son pays et ceci malgré tous les obstacles qui peuvent surgir dans le contexte mondial actuel. De quoi apprendre et rester modeste en effet.

16/09/2021 08:32 par cunégonde godot

Mais cette fois, Pékin a décidé que ce type d’asservissement ne pourra plus jamais se reproduire. Xi ne veut pas d’une société de joueurs, il veut une société d’ingénieurs, de scientifiques, de médecins et d’innovateurs ; le genre de personnes qui peuvent faire en sorte que Pékin gagne la course technologique et prenne le dessus dans la lutte avec l’Amérique. Ce faisant, il utilise les principes les plus forts du collectivisme contre la nature individualiste des sociétés occidentales, où les enfants font à peu près ce qu’ils veulent. Il s’agit d’une nouvelle ère de réforme socialiste, très ambitieuse et radicale, sans équivoque. C’est une expérience fascinante.

« Expérience fascinante » ? C’est une plaisanterie.
Les "principes du collectivisme", idéologiques,n’ont pas plus de réalité en Chine qu’ailleurs. Le collectivisme suppose l’homme nouveau, individu dépourvu d’individualité en quelque sorte : absurde et raison fondamentale pour laquelle le collectivisme n’a aucune chance d’advenir, comme l’a montré l’histoire récente.
Mieux serait de s’en tenir strictement au prosaïsme invoqué : lutter contre l’ "opium" numérique. Un dur combat au service de... l’individu, et par-là de celui de la société tout entière...

17/09/2021 10:19 par martin

Bravo la Chine. Vous avez tout compris . Chez nous dans notre « beau pays capitaliste « on laisse les jeunes à leur sort .

18/09/2021 06:54 par Assimbonanga

Hier soir, France 2 diffusait un reportage sur une gare chinoise, extraordinaire gare.
Gares géantes, constructions à grande vitesse : la folie du chemin de fer en Chine
Je ne sais pas si Xiao et Georges auront le temps de le visionner. J’aimerais savoir leur point de vue. Ce reportage est-il convenable ?
En tout cas, voilà une terre agricole qui ne produira plus à manger...

18/09/2021 10:57 par Georges Rodi

> Assim

Chaque fois que se construit un bâtiment en Chine, le reporter occidental lambda se croit obligé de dire qu’un village a du être rasé.
Fatiguant...

Mais que dit-il du projet de Xiongan ? Rien...
On en sort avec l’impression d’une gare pharaonique au milieu de nulle part.

En fait, c’est un projet important en Chine.
Une ville qui devrait compter 25 millions d’habitants en 2035, totalement alimentée en énergie renouvelable.

J’ai trouvé ce lien avec un article de Martinez Euklidiadas qui en parle déjà plus correctement.
https://tomorrow.city/a/xiongan-new-area-the-selfsufficient-city

18/09/2021 12:59 par Xiao Pignouf

@Danael

Oui, évidemment. Je crois que c’est pour cela que je parle de négligence OU de défaillance. Cette dernière pouvant être externe, comme les conditions sociales qui perturbent le fonctionnement familial, alors que le laxisme est interne et indépendant des conditions sociales. Et puis, j’ai fait cette remarque en ayant en tête des exemples parmi mon entourage qui n’est pas essentiellement prolétaire.

En tant qu’enseignant, je me pose la question du recul de la lecture, élément fondamental de l’accès à la connaissance largement entravé par la démocratisation des écrans et de l’addiction qu’ils causent sans la moindre limite. Ce laisser-faire est partagé par la cellule familiale et par le système qui de facto l’encourage. À qui profite le crime ?

L’argument selon lequel le tout numérique, dont un Lumpenprolétariat « illectronique » (terme que j’emprunte apparemment à Jospin) est encore partiellement exclu, donne accès à l’information globalisée et libre ne fait pas le poids face aux géants des réseaux sociaux et des jeux lorsqu’il s’agit d’émancipation. Il est donc impératif que leur usage (et non pas leur contenu) soit sous le contrôle de l’État dont l’objectif devrait être à la fois d’en garantir l’accès à tous et de l’accompagner chez la jeunesse, comme le fait la Chine par cette politique volontariste que nos médias, propriétés de tycoons qui ont des intérêts importants dans le numérique, s’empressent de qualifier de dictatoriale. C’est vrai que c’est tellement mieux de fabriquer des esprits malléables à la chaîne.

Est-ce que la situation est comparable à celle qui a suivi l’avènement de la télévision devenue objet central du salon des Français ? Il y a indéniablement une proximité, vu les dégâts causés par les médias qui sévissent encore au travers de la lucarne, ces faiseurs d’opinion et créateurs d’angoisses qui pavent la route de la surconsommation. La grande différence est l’individualisation de la pratique : devant les écrans de téléphone, on avale des salades de couleuvres loin du débat que pouvait susciter le regard collectif de la télévision.

@Assim

Comme d’hab’, les informations sur la Chine sont présentées sous un angle angoissant et assombri. Xiong’an est un projet de ville nouvelle verte. Je ne sais pas s’il y avait des terres cultivables, voire un village qui, comme le reportage le prétend, aurait été rasé. Il n’y en a aucune trace sur le Net. Si elle est située à une centaine de kilomètres de Beijing, il y a fort peu de chances qu’il subsiste, et c’est le cas autour des grandes métropoles chinoises, beaucoup de terres cultivées dans un périmètre si proche.

J’ai vécu en Chine au moment où la révolution ferroviaire y a eu lieu et j’ai été impacté de plein fouet par elle dans ma vie quotidienne. La construction de lignes à grande vitesse et de gares ultramodernes, parfois c’est vrai perdues au milieu de nulle part, a été fulgurante.

En 2008, après plusieurs années de vie à Shanghai, j’ai décidé de partir m’installer dans une ville plus petite à sa périphérie. Il faut savoir que les échelles en Chine n’ont plus rien à voir avec les nôtres en France. Une ville de 7 millions d’habitants comme Suzhou y est considérée comme une ville moyenne. Éloigné d’une centaine de kilomètres de Shanghai qui restait mon lieu de travail, j’ai dû entamer une vie pendulaire quotidienne. 2008, c’était les tout débuts du rail express et de nombreux trains étaient encore des trains lents avec lesquels il fallait 3 heures pour faire 100 kilomètres. En moins de deux ans, ils ont disparu presque complètement au profit des TGV locaux qui mettaient 25 minutes pour nous amener à la gare centrale de Shanghai, à 10 minutes de mon boulot. Mais ma vie quotidienne, et celle des milliers de travailleurs pendulaires, s’est grandement améliorée quand les deux gares modernes de Suzhou ont été achevées. Plus besoin de traverser la ville à 5 heures du matin pour prendre le train.

Plusieurs remarques et souvenirs personnels.

Je suis nostalgique de l’époque où les trains lents étaient majoritaires en Chine. C’était un monde en soi et depuis ce temps, je n’ai que très rarement été au contact du petit peuple chinois, celui des travailleurs migrants qui peuplent les gares à longueur d’années. Ce temps où j’étais le seul étranger du wagon dont on se moquait gentiment, à qui on offrait des fruits et des cigarettes que je fumais avec eux entre les wagons.

La fréquentation régulière du monde des gares en Chine a son propre vocabulaire et les amis qu’on s’y faisait, c’était des 铁友 (tiě yǒu), genre de mot-valise qui signifierait « ami du train-express ».

Lorsque je parcourais en train la centaine de kilomètres qui séparent Suzhou de Shanghai, on ne voyait pratiquement plus de campagne subsistante. Au contraire, et la périphérie shanghaienne en est l’illustration, on observait la formation d’une mégalopole agglomérant sur des centaines de milliers de kilomètres carrés les métropoles qui se rejoignent. Et c’est en 2015 que je l’ai vu pour la dernière fois. Quand je pense à la vitesse du changement en Chine...

On ne peut à la fois déplorer la disparition des gares en France et critiquer en quelque manière que ce soit la politique chinoise qui offre à sa population un moyen de déplacement rapide et peu cher au travers d’un pays gigantesque. Les gares chinoises sont propres, faciles d’accès, fonctionnelles. Au début, c’est vrai que certaines ressemblaient à des aéroports vides, mais très vite, elles se sont remplies et elles ont donné aux habitants des villes la possibilité de s’en éloigner facilement, soit temporairement, soit d’aller, comme c’est le cas en France, s’installer dans des espaces, sinon ruraux, beaucoup moins enclavés que les grandes villes. Bref, elles contribuent au bien-être de la population.

18/09/2021 16:32 par Assimbonanga

Super ! Merci à tous les deux. Shangaï, Suzhou, pile le décor d’Encre de Chine, 3ème opus de l’Inspecteur Chen.

18/09/2021 16:36 par Assimbonanga

@Xiao. L’Angleterre est sortie de l’UE mais tout le monde parle anglais aux instances européennes. La langue française, quelle dégringolade ! Chaque jour à la radio ça se détériore davantage. L’horreur.

18/09/2021 17:54 par Georges Rodi

小pignouf

Peut-être pas pour Shanghai, mais il y a encore des trains lents en Chine, et beaucoup de destinations non desservies par les TGV.
Pour aller dans le Sichuan, j’ai le choix : 10 heures ou 3 jours de train.

Surtout, les trains lents sont moins chers.
Encore moins chers, les autocars (avec couchettes parfois), toujours très populaires.
Le coût est encore un élément important pour beaucoup de Chinois.
Certes, il y a une classe moyenne de 400 millions de Chinois...
Il reste quand même 1 milliard de Chinois qui regardent à la dépense, et beaucoup d’occasions pour les croiser :)

Cette année devrait être testé un train à 600 km/h (la ligne est en construction)
Dans un tube sous vide partiel, 1000 Km/h sont envisagés.
De quoi révolutionner un jour le transsibérien ?

19/09/2021 01:21 par Xiao Pignouf

@Georges Rodi

Il reste quand même 1 milliard de Chinois qui regardent à la dépense, et beaucoup d’occasions pour les croiser

Malheureusement, en autocar ou en train, de la profondeur de l’Aveyron, ça va être difficile.

19/09/2021 06:38 par cunégonde godot

assimbonaga :
L’Angleterre est sortie de l’UE mais tout le monde parle anglais aux instances européennes. La langue française, quelle dégringolade ! Chaque jour à la radio ça se détériore davantage. L’horreur.

Saperlipopette !
Toujours pas compris que "faire l’Europe" c’est défaire la France ("en même temps"), Assimbonanga ?...

19/09/2021 10:22 par Xiao Pignouf

@Assim

tout le monde parle anglais aux instances européennes

Je préviens par avance que ce que je vais dire n’est pas pour défendre ou promouvoir l’Europe.

Le principe de l’UE est de mettre un tas de personnes dans les mêmes pièces pour qu’ils s’entendent. Il faut donc faire preuve de logique : pour ce faire elles doivent trouver une langue commune. Hélas, l’anglais est la langue étrangère la plus enseignée dans les écoles européennes : 79% des écoliers, 97% des collégiens, 85% des lycées l’apprennent.

Le français est deuxième.

Naturellement, la domination actuelle de l’anglais est conséquente à l’histoire du XXème siècle. Elle risque à mon avis de se prolonger longtemps après la chute de l’empire US, au vu de ses influences diverses au travers de la musique ou des technologies.

Le français n’est pas en si mauvaise posture que cela : c’est la deuxième langue étrangère la plus enseignée dans le monde, et avec l’anglais, c’est la seule langue parlée sur les 5 continents. Pas si mal pour une petite contrée comme la nôtre.

Source

19/09/2021 10:33 par babelouest

@ Xiao Pignouf
J’ajoute que le français a partout un argument de poids : il s’agit du réseau assez dense des Alliances Françaises : je le connais assez bien, parce que l’un de mes proches y travaille, sa femme (née à Pretoria) également, et ses fils s’y sont mis. Pour ceux qui aiment voyager, c’est très intéressant, parce que périodiquement les enseignants de cet organisme changent de lieu d’affectation, partout dans le monde.

19/09/2021 10:50 par Assimbonanga

Je jure que j’ai pas fait exprès de prononcer le mot Europe pour exciter Cunégonde et la faire parler. Mon problème, c’était vraiment la douleur d’entendre la langue française muter de jour en jour (ça s’accélère) à la radio. Les animateurs (improprement baptisés journalistes) y mettent du leur : quel galimatias ! Et surtout avec leur recherche d’originalité, de détournement, ou leur perte de mémoire des expressions courantes dont le sens n’est plus accordé avec leur monde urbain, moderne. Donc, je pense que l’usage de l’anglais (souvent approximatif en plus) comme langue universelle du quotidien n’arrange pas les choses.
Bon, d’accord Xiao, le français est deuxième, mais le gagnant est l’anglais !

19/09/2021 16:00 par Xiao Pignouf

@Babelouest

je le connais assez bien, parce que l’un de mes proches y travaille

Itou, j’y ai bossé pendant 15 ans.

19/09/2021 21:23 par Starkiller

Perso en 1980 dans notre cité on jouaient à une dizaine chacun notre tour à donkey kong sur les petit console de jeux nitendo. Graphique de montre a quartz, 2 boutons, et des "bips" de jeux fantastique

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