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La crise économique systémique : démonter et expliquer

Après lecture de ce texte, vous connaîtrez les causes profondes de la crise économique systémique du capitalisme et les raisons pour lesquelles cette crise ne peut être résorbée, ni le capitalisme réformé. Vous saurez pourquoi il n'y a que peu de choix, soit nous poursuivons cette marche forcée vers la crise, la guerre et la barbarie ; soit, nous nous dirigeons vers la seule alternative, l'économie planifiée et la paix.

Comment le capital se reproduit-il ?

Le capital pour devenir du Capital productif (C) doit d’abord devenir des marchandises monnayables. Étant devenue marchandise (M), elle sera commercialisée et une fois vendue, la marchandise redeviendra argent (A) comptabilisable et « thésaurisable », mais il ne sera pas encore devenu du Capital. Il redeviendra Capital quand cet argent servira à acheter des moyens de production (du capital fixe dont le symbole est Cc) et des forces productives (les salaires dont le symbole est Cv) et ainsi redevenir du capital productif (C), prêt à s’engrosser de plus-value (pv), source de toutes les richesses en système capitaliste. Ainsi se poursuit le cycle de reproduction élargie du capital qui assure l’accumulation. L’accumulation n’étant qu’un moment dans le cycle continuel de reproduction du Capital – dont la vocation souveraine est de se reproduire en plus grand, de façon élargie. Cependant, pour se reproduire en plus abondant le Capital doit passer entre les mains des ouvriers qui seuls peuvent y injecter leur labeur, la précieuse plus-value (pv) – c’est-à-dire leur surtravail non payé – exproprié – source unique de capital revivifié.

La crise systémique du capitalisme

Quand s’enraye ce cycle de reproduction élargie du Capital productif, le Capital devient improductif, autant dire qu’il devient du capital mort et inutile. Il n’est plus du Capital en fait, au sens marxiste du terme, car il ne sert plus à produire de la plus-value et donc à se reproduire en plus grand (C - » C’). Ce qui enraye ce mécanisme de reproduction élargie – ce mécanisme de reproduction du capital – c’est la surproduction (relative) des marchandises. En effet, le mode de production capitaliste est le premier mode de production dans l’histoire à produire trop de moyens de production (de forces de travail et de forces productives) par rapport à ses capacités de « contenir, gérer et générer » – faire fructifier – ces moyens de production, c’est-à-dire ce Capital.

Crises de surproduction capitaliste

Comment une telle « surproduction » est-elle concevable au milieu de la famine et de la misère urbaine ? C’est que, in fine, le modus operandi de ce mode de production et d’échanges n’est pas de produire de la richesse, des biens et des services, à distribuer parmi la population en aisance ou en indigence. La finalité du capitalisme est de produire et de reproduire du capital par le moyen de l’exploitation de la force de travail et l’expropriation de la plus-value ouvrière. Pour arriver à ses fins, de reproduction élargie, le mode de production capitaliste, un peu comme un immense organisme vivant, a « imaginé » produire de la valeur d’échange monnayable à partir de la valorisation de la valeur d’usage [donner de la valeur marchande à une matière première n’ayant à l’origine qu’une valeur d’usage relative. Exemple, la roche de fer qui une fois ouvrée devient l’ossature d’acier d’une automobile].

Pour que l’opération soit profitable, qu’elle ne se résume pas à échanger un euro français contre un dollar américain, une marchandise au prix d’un euro doit coûter un certain prix inférieur au prix initial. L’autre partie de la valeur produite par le travail salarié (seule et unique source de valeur marchande) sera expropriée par le propriétaire privé des moyens de production et réintégrera le circuit de circulation du capital.

La plus-value source des profits

Cette portion de la valeur créée par le travail s’appelle la plus-value (pv) d’où émarge l’ensemble des profits déclinés sous différentes appellations telles que profits industriels, dividendes, rentes foncières et bénéfices commerciaux. Tant que ce processus de création de valeurs d’échange [création de capital à réinvestir, en capital constant (moyens de production dont le symbole est Cc) et en capital variable (Cv, ou salaire, ou temps de travail nécessaire) pour faire produire une nouvelle plus-value aux travailleurs salariés exproprier] le système économique capitaliste est en santé et fonctionne normalement. Le système économique reproduit le Capital en plus abondant ce qui est sa finalité. On dit alors qu’il y a accumulation du capital dans les mains des capitalistes qui poursuivent leur quête incessante de nouveaux profits [de nouvelles richesses, de nouvelles valeurs marchandes].

Le profit c’est l’appât, moins de profits et c’est la crise

Le profit constitue l’appât (du gain) sur lequel s’appuie idéologiquement ce mode de production et les rapports de production qu’il génère et qui l’articule et l’organise. Le problème économique (la crise) surgit au moment où ce processus de reproduction élargie du capital s’enraye. Enrayer signifie ici que la classe des capitalistes, dont c’est la mission d’accumuler et surtout de faire fructifier (valoriser) le capital n’y parvient plus. La classe capitaliste a beau imaginer des subterfuges, des arnaques financières, des pyramides de Ponzi, la création de produits boursiers dérivés et sulfureux, le Capital productif ne se reproduit plus et en lieu et place c’est de l’argent fictif - des papiers de changes - des chiffres virtuels dans un chiffrier électronique d’entreprise – des actions bidon qui s’accumulent dans les livres comptables et les portefeuilles de dividendes des rentiers, jusqu’à l’éclatement de la bulle financière affichant soudainement la vacuité de cette activité de thésaurisation de valeur-action virtuelle irréelle. C’est-à-dire que ces papiers et des actifs utopiques ne sont adossés à aucune valeur réelle tangible ou « marchandisable ». C’est la raison pour laquelle les capitalistes chinois transforment présentement tous leurs dollars américains en avoirs immobiliers aux États-Unis. Ils achètent des centres villes en entier, des mines et des terres agricoles en prévision de l’éclatement de la bulle financière gonflée à l’hélium spéculatif étatsunien.

Attention, chacun doit bien comprendre que ce ne sont pas les marchandises, ni la richesse, ni les biens, ni les services, que les capitalistes, en tant que classe sociale, cherchent à accumuler et à reproduire. Les capitalistes détruiront les moyens de production et les marchandises (par les guerres) plutôt que de les brader à vil prix. Seul le profit les active et les motive et si un capitaliste ne se plie pas à cette loi d’airain de la valorisation-reproduction du capital il sera broyé par la machine impérialiste en marche vers le précipice de la crise systémique.

De la non responsabilité capitalistes dans ce cataclysme

La question qui confronte la classe ouvrière n’est pas d’aimer ou d’apprécier les efforts mis en œuvre par tel ou tel État providence bourgeois, devenu État policier corrompu, ou les efforts déployés par tel ou tel capitaliste, mais de comprendre que le système économique capitaliste fonctionne de cette façon et nullement autrement et qu’il devra rendre l’âme pour faire place au mode de production suivant – le mode de production communiste passant par une transition socialiste.

C’est le Capital productif, unique source de plus-value (via le travail ouvrier mis en œuvre) que la classe capitaliste cherche à accumuler non pas du tout pour le thésauriser, mais pour le réinvestir en capital vivant = en capital variable = et en capital constant ou capital fixe = mort = et ainsi lui faire accomplir un nouveau cycle de reproduction élargie. Quand ce cycle n’est plus possible ce mode de production tire à sa fin. Malheureusement il ne s’écroulera pas tout seul et nous devrons le renverser pour l’empêcher à nous entraîner dans sa chute apocalyptique.

À chaque cycle de circulation du Capital, davantage il y a de capital vivant (salaire) mis à contribution et moins il y a de capital mort (capital constant), ou de moyens de production déjà capitalisés et additionnés dans la comptabilité nationale, plus il y a valorisation et donc profitabilité de l’opération de production. En d’autres termes, plus il y a production de plus-value et plus il y a valorisation et reproduction du capital. L’inverse est aussi vrai.
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La crise de surproduction de moyens de production et de marchandises

On dit qu’il y a surproduction quand, dans le cadre du mode de production capitaliste, l’opération d’investissement – de valorisation – du capital productif n’en vaut plus la peine. C’est-à-dire quand le fait de placer son argent en nouveaux moyens de production (usines, énergie, matières premières) et en force de travail (salaires) ne procure aucun profit ou procure un profit moindre par rapport à d’autres formes de placements et d’investissements plus lucratifs. Les économistes en herbe qui devisent à propos du dilemme « investissement et croissance versus austérité et décroissance » attestent simplement qu’ils ne connaissent rien à l’économie capitaliste. L’option investissement et croissance est désormais fermée, d’où le capital s’engouffre à la bourse pour frimer (1).

La monnaie – l’argent – le capital financier

Ainsi, la monnaie, à l’origine un simple moyen d’échange facilitant le commerce des marchandises et la comptabilisation des investissements et des profits, s’est métamorphosé en capital financier, source utopique de profits virtuels alambiqués à partir de papiers de commerce-SDF – d’actifs vagabonds – sans valeur marchande. Nous reviendrons sur l’argent moribond, entremetteur que les capitalistes en déroutent ont transformé en talisman dans leur fuite en avant face à la crise économique systémique de l’économie capitaliste.

L’argent, ce « Dieu » mythique, est lui-même marchandise abstraite et universelle. L’argent n’est Capital que s’il se convertit en marchandises concrètes, telles que machines, matières premières, énergie, forces de travail, dans un procès de valorisation et de reproduction élargie géniteur de plus-value. S’il ne le fait pas il n’est rien sous le capitalisme. C’est ce que les capitalistes allemand avaient compris dans l’entre-deux guerres quand ils expédiaient en France des tonnes d’anciens marks sans valeur à titre de réparation de guerre. C’est ce que font les étatsuniens présentement avec tous leurs créanciers.

Le commerce et l’échange comme révélateur de la crise

La probabilité d’une crise économique que nous savons exister dans la forme élémentaire de l’échange simple se retrouve « contenue dans le mouvement du capital, pour autant qu’il est aussi marchandise et rien d’autre que marchandise » disait Marx (2). Car le mouvement de l’argent-capital est fait d’échanges de marchandises, transformées en argent. Il est évident que les échanges doivent équilibrer les achats et les ventes pour pouvoir s’effectuer sans ambages. Les déficits de la balance commerciale annuelle de nombreux pays sont la garantie d’une crise économique profonde et irrésoluble. Chaque échange est donc un moment de possibles perturbations, un « saut périlleux » comme l’écrit Tom Thomas (3).

Plus se complexifie la division du travail dans l’usine et dans l’économie en général et plus se multiplient les diverses branches spécialisées de la production industrielle anarchique, et plus se segmentent le processus de production, réparti entre les différentes unités de production éparpillées dans plusieurs pays, et plus s’accroît la masse et la diversité des produits, et plus se multiplient aussi les possibilités de disproportions dans les volumes de marchandises produits, et offerts sur les marchés, et les volumes demandés – entre l’offre soldée et la demande solvable – et plus se multiplie les variations de prix que cela entraine. Phénomène qu’accentuent les variations de la valeur de l’argent, des devises au change flottant, d’un pays d’exportation à un pays d’importation. Cet écart dans la valeur des différentes monnaies étant un révélateur du déséquilibre des échanges de marchandises dont nous parlions précédemment. Ce n’est pas la monnaie qui entraîne les écarts et les déséquilibres des balances commerciales. La valeur de la monnaie ne fait qu’enregistrer et refléter ces écarts.

« Pour faciliter l’exposé de ces possibles perturbations, nous distinguerons les disproportions entre les branches de production, et celles dues à une surproduction de biens destinés à la consommation finale (ou, autre façon de le dire, due à la sous-consommation de la population laborieuse). Il ne faut pas oublier que le commerce international concerne autant les échanges entre entreprises que l’approvisionnement de la consommation finale » (4).

Disproportions entre branches de production

Ces disproportions entre branches de production consistent en goulots d’étranglement dans une branche d’activités dont les produits sont nécessaires à d’autres branches. Le prix des marchandises s’élève. La production des branches est freinée par la pénurie des intrants nécessaires. Il y a triple dévalorisation du capital ; 1) par la diminution de la production de plus-value du fait du renchérissement des intrants, c’est-à-dire l’enchérissement du capital constant par rapport aux salaires, par l’utilisation notamment d’une plus grande quantité de capital fixe (machinerie sophistiquée et installations valorisées) ; 2) par la nécessité de hausser la productivité du travail et donc de réduire la quantité de travail – et de surtravail – contenue dans chaque marchandise ; 3) par l’inutilisation de moyens de production dans les branches industrielles paralysées en amont.

L’ensemble de ce processus produit une hausse de la composition organique du capital dont la conséquence inéluctable est la baisse des taux de profits moyens par secteur industriel et par zone géographique de production d’où s’ensuit un développement économique impérialiste inégal et combiné.

Le capital inemployé ne produit évidemment pas de plus-value, ce n’est plus du Capital, c’est une déprédation du capital. « Dans la mesure où le procès de reproduction s’arrête, le procès de travail se ralentit ou est, par endroits, complètement paralysé, c’est du capital réel qui est détruit. Le travail qui n’est pas exploité est autant dire de la production perdue. Des matières premières qui restent inemployées ne sont pas du capital. Des bâtiments qu’on n’occupe pas, tout comme des machines et des marchandises qui pourrissent dans les entrepôts, tout cela c’est de la destruction de capital » (5).

Sous-capacités de consommation d’un côté est toujours surcapacités de production de l’autre. L’ensemble produit non seulement une sous-utilisation des machines, mais crée aussi des stocks de marchandises invendues, des forces de travail inutilisées et licenciées, une baisse de la consommation des salariés devenus chômeurs et une baisse de l’investissement, et in fine, des entreprises en faillites. Ces réactions en chaîne sont bien connues et peuvent transformer une perturbation économique localisée en une crise généralisée et systémique de l’impérialisme globalisé et mondialisé.

La propriété privée des moyens de production et d’échange paralysent tout

Mais pourquoi chaque branche industrielle ne produit-elle pas exactement selon les besoins des autres ? Pourquoi la société ne peut-elle répartir « comme selon un plan ses moyens de production et ses forces productives, selon le degré et dans la mesure qu’il faut pour satisfaire ses divers besoins, de sorte qu’échoit à chaque sphère de la production la quote-part du capital social requise pour satisfaire le besoin auquel cette sphère correspond ? » demande Marx.

Nous connaissons la réponse, qui peut se formuler par la question suivante : « Comment, sur la base de la production capitaliste où chacun travaille pour soi (...) la péréquation et la cohérence nécessaire des diverses sphères de la production, la mesure et la proportion entre elles, pourraient-elles se faire autrement que par la constante abolition d’une constante disharmonie ? » (6) En réalité, « Les péréquations sont toutes fortuites », et elles s’opèrent toutes de manière anarchique, par la confrontation de l’offre et de la demande, directement soumise à la loi du marché capitaliste, ce qui oblige à ajuster les quantités et les prix à la demande constatée après coup. L’aveuglement des choix privés est corrigé et éclairé par cette confrontation bancale dans un immense charivari économique que les banquiers et les barons de l’industrie ne contrôlent nullement.

Les économistes en herbe et les journalistes à la solde repasseront avec leurs supputations à propos des mesures de « relance économique », d’investissements et de subventions étatiques pour amorcer la relance. Foutaise que toutes ces élucubrations de catéchumènes économistes dilettantes. Pendant ce temps le salarié peine, s’endette et voit les faucilles de la mort guerrière s’avancer jusqu’à lui.

Cette péréquation entre offre et demande arrive toujours trop tard, après qu’ils aient été effectués dans l’immense carnaval de la concurrence qui entraîne un redéploiement violent des disproportions : destructions de capitaux dans une branche et transfert de capitaux dans une autre branche industrielle, plus rentable. Chômage ici et pénurie de main d’œuvre là-bas. Profits ici et déficits puis dépôt de bilan là-bas.

L’anarchie de la production

La permanence de ces ajustements que ce mouvement des capitaux est censé réaliser « présuppose aussi la permanente disproportion qu’il doit égaliser en permanence, souvent violemment » par des crises, du chômage, l’inflation des prix et l’érosion du pouvoir d’achat des salariés, que le bourgeois présentent comme inéluctables et dont le bourgeois et le bobo subissent les effets eux aussi. D’où la paupérisation hargneuse des petits-bourgeois qui s’aventure à protester, et même à se pâmer, vociférant le mot « révolution » et « fin du compromis », et ils réclamant le retour de la croissance (sic). Mais le Dieu Capital ne les écoute pas.

« Ce phénomène de « l’anarchie de la production » comme conséquence de la propriété privée des moyens de production et cause des crises systémiques a fait l’objet de très nombreuses analyses de la part de spécialistes et d’intellectuels marxisants. Nous verrons que les disproportions que génère le capital, et qui aboutissent à des crises de plus en plus violentes, ne se réduisent pas, loin de là, à des problèmes d’équilibres quantitatifs de productions entre les diverses sphères de l’activité économique. Nous verrons aussi que ce ne sont pas ces disproportions quantitatives en tant que telles qui sont le fait le plus important, mais les dévalorisations des capitaux ; la tendance générale à la baisse du taux de profit à laquelle elles concourent. Ce qui est posé ici à ce stade encore général de l’analyse des crises, c’est que le capital ne se développe qu’à travers des destructions, des dévalorisations permanentes, qui sont pour lui le moyen de donner une cohérence sociale à la productivité et à la propriété privée.

Le paroxysme, les traités inégaux

La crise est le moment paroxystique de ce mouvement chaotique. C’est le moment de l’unicité quand l’anarchie à son comble est devenue un obstacle à la survie. L’anarchie capitaliste apparaît toujours comme disproportions. Mais celles-ci se manifestent évidemment sous des formes différentes au fur et à mesure du développement (valorisation) du capital et de ses transformations selon le cycle de reproduction élargie. Par exemple, elles se manifestent comme pénuries de marchandises dans telle ou telle sphère d’activité et sous la forme de surproduction dans d’autres sphères et secteurs au stade de la petite ou moyenne production éparpillée du capitalisme.

Ainsi au Canada pendant que de grandes multinationales performent et étendent leurs tentacules mondialement (l’industrie des énergies fossiles et des mines par exemples) des secteurs industriels secondaires et des entreprises tertiaires de taille petite et moyenne périclitent et s’effondreront bientôt suite à la signature récente de traités de libre-échange avec l’Union européenne, la Corée, le japon, etc. La crise systémique se manifestera comme excédent généralisé de forces productives et de capital financier. Ce sera une surproduction globalisée de capital sous toutes ses formes à ce stade contemporain du capital concentré, hyperproductif et mondialisé [au stade de l’impérialisme décadent. NDLR] » (7).

Taxer comme moyen de redistribuer la richesse qui tend à s’accumuler

Une surproduction n’est que l’envers d’une sous-consommation. C’est la deuxième forme de disproportion que nous allons examiner. Il ne s’agit pas simplement d’un problème d’équilibres pouvant relever d’une planification rationnelle de l’économie. Ces disproportions manifestent une contradiction inhérente au mode de production capitaliste entre le développement des forces productives et la paupérisation relative de la population salariée consommatrice à l’exception d’une couche de privilégiée (moins de 1% de la population totale).

Ceci signifie comme vous le verrez bientôt qu’il est totalement futile d’intervenir pour intervertir le processus d’accumulation concentrique des fortunes entre les mains d’une minorité afin de tenter de redistribuer la richesse avec équité. Amorcer un tel procédé amènerait la destruction du capitalisme et jamais les capitalistes au pouvoir ne laisseront leurs laquais politiciens les dépouiller et détruire le système. Seule une révolution sociale retirant le pouvoir politique et le monopole de la violence légale à l’État bourgeois pourra permettre d’exproprier les moyens de production, d’échange et de communication.

Disproportion entre production et consommation

« La production peut se diviser arbitrairement en deux grandes branches : la production des moyens de production (secteur I) et celle des biens de consommation (secteur II). Mais c’est évidemment cette consommation finale, donc essentiellement celle des masses populaires qui détermine en dernière instance l’équilibre de l’ensemble, la production du secteur I ne pouvant pas trouver sa finalité en lui-même » (8). En effet, c’est au moment où la marchandise (comprenant les biens et les services) est achetée qu’elle transforme les salaires et les revenus des particuliers en argent pouvant redevenir du Capital productif selon le procédé que nous avons explicité précédemment. On constate que le capital développe davantage la production générale (secteur I) que la consommation finale (secteur II). Les hurlements des capitalistes à propos de leurs difficultés à écouler leurs produits, les usines fermées bien qu’en bon état de fonctionnement, et les stocks de marchandises invendues, détruites ou bradées font foi de cette évidence.

La sous-consommation est une explication de la crise souvent invoquée. Notamment par les keynésiens qui en concluent qu’il suffirait d’augmenter les dépenses publiques et les salaires pour que la consommation augmente et la production reprenne. Ainsi convergeraient harmonieusement les intérêts bien compris du capital et du travail salarié grâce à l’accroissement de la dette et de la masse monétaire en circulation ! Quarante années d’endettement souverain démentiel, et d’endettement des particuliers délirant n’auront pas suffi à mettre fin à ce refrain. Seuls les réformistes, les altermondialistes, les pseudos gauchistes propagent encore ce fumage à l’effet que l’endettement collectif et individuel serait une solution à la crise économique systémique (9).

Avant le mode de production capitaliste, il n’y avait pas (en dehors des périodes de guerres) de destructions massives des moyens de production, de forces productives (des travailleurs) et des marchandises. Il y avait des moyens de production trop frustes, une production trop faible et trop sensible au moindre aléa climatique, d’où la pauvreté et de fréquentes famines. Cette pénurie n’était pas créée par le système social, il l’aggravait seulement par les prélèvements des classes sociales supérieures.

À LIRE EN COMPLÉMENT de ce texte. MANIFESTE DU PARTI OUVRIER http://www.publibook.com/librairie/livre.php?isbn=9782924312520

(1) http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/croissance-ou-austerite-a...

»» http://www.les7duquebec.com/7-au-front/contradictions-dans-la-reproduc...
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