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La fin d’un monde

En ces derniers jours de l’an 2011 où chacun se penche sur son propre bilan, l’homme libre a besoin de repères puisés dans son propre passé pour contribuer à son légitime souci d’un avenir meilleur. La crise financière mondiale de 1929 et à laquelle de nombreux économistes ont comparé celle de 2007 qui, à son tour nous emprisonne de nos jours dans le constat d’une faillite d’un système socio-économique mondial, tant financier, économique, sociale et écologique, interpelle chacun d’entre nous pour nous mêmes mais aussi nous engage envers notre propre descendance. Or, déjà le 15 Mai 1926, Renaud JEAN écrivait (voir pièce-jointe). Ainsi, depuis près d’un siècle, les mêmes causes engendrent les mêmes effets, mais surtout, nous commandent à choisir les décisions qui s’imposent pour ne pas retomber dans les mêmes erreurs.

www.lesamisderenaudjean.fr

Reproduction fidèle d’un article du journal La Voix Paysanne du 15 Mai 1926.

Grève générale en Angleterre, catastrophe monétaire en France, crises en Pologne en Belgique aussi, causées par l’effondrement des devises, chômage en Allemagne et dans la plupart des pays : le vieux monde roule de chute en chute, vers le gouffre qui l’engloutira.

Ils avaient pourtant crié à la faillite du marxisme.

Ils ont chicané sur la concentration ou la non concentration dans telle branche de la production, en particulier en matière agricole. Leurs hommes d’Etat se sont appliqués à étouffer sous leur verbe sonore, les craquements sinistres d’un mécanisme économique dont tous les rouages s’accrochent. Ainsi, les enfants essaient de couvrir de leur faible voix, les grondements de l’orage ! Ils prétendaient rétablir la vie normale interrompue depuis dix ans, avec un plan dressé par quelques experts venus d’Amérique ; ils prétendaient procurer aux nations la trêve indispensable à la guérison des plaies, ou à l’achèvement des digestions difficiles, en réunissant ministres et diplomates dans les villes de Suisse.

Et voici que tout s’écroule !

Leur paix, on sait ce qu’elle vaut. Après trois semaines de comédie à Oudjda, les impérialismes français et espagnols coalisés, ont repris au Maroc leurs exploits de brigands jamais rassasiés. Locarno se révèle pour ce qu’il n’a jamais cessé d’être : rien. Maître de l’Italie mais pantin des puissances financières, un fou furieux menace tous les pays méditerranéens. La lutte en Chine s’apaise : pour combien de temps ? Dans toute l’Europe centrale les problèmes nationaux se font chaque jour plus aigus.

Le vent emporte leur optimiste financier.

En France ils nous disaient : renoncez à toutes intentions de fiscalité démocratique, restaurez la confiance, réalisez l’équilibre du budget et le franc sera sauvé. Ils ont obtenu leur budget en super équilibre par des impôts chers à leur égoïsme : et la chute du Franc s’accélère. En Belgique, socialistes et démocrates chrétiens se sont associés pour stabiliser la monnaie. Ils ont équilibré leur budget, réglé leur dette extérieure, arrêté pendant six mois la baisse de leur devise.

En Mars dernier ils chantaient victoire ; la livre valait 107 Frs, le dollar 21,50 Frs. Aujourd’hui, livre et dollar valent 158 Frs et 33 Frs. La Pologne traverse les mêmes épreuves que la Belgique. Le Reich se crût sauvé au lendemain de l’application du plan Dawes : et voici après les misères de l’inflation, les misères du chômage.

Depuis cent cinquante ans, l’Angleterre domine la vieille Europe. Elle a brisé tour à tour, les puissances qui lui portaient ombrage : la France aux temps de l’Empire, l’Allemagne cent ans plus tard. Elle exploite des centaines de millions d’êtres humains. Victorieuse dans la grande guerre, elle se croyait pour longtemps débarrassée des concurrents qui la gênaient.

Dans la débâcle des monnaies continentales, la livre conservait une insolente santé. Les mouvements coloniaux semblaient s’atténuer.

Or en Angleterre, quatre millions d’ouvriers sont en grève. Travail et Capital s’affrontent. Ni l’un ni l’autre ne peut capituler. Si le Travail cédait, demain le Capital rognerait la portion qu’il lui a abandonnée. Si le Capital courbait la tête, ce serait pour lui le commencement de la fin. Toute grève générale, en dépit de ceux qui paraissent la diriger, se transforme fatalement en fait politique, en lutte pour la conquête du pouvoir. La grève générale, c’est la révolution en puissance.

Pendant cent cinquante ans, le Capital a multiplié des prodiges. Sous son règne, l’humanité a créé plus de richesses que dans les siècles du passé. Il lui fallait des matières premières, de la main d’oeuvre, des débouchés. Il a brisé sans pitié tout ce qui se dressait sur sa route, il a fouillé tous les recoins du globe, il a plongé dans les entrailles de la terre, il a sillonné tous les océans, il s’empare à présent de tout. Mais à chaque pas, il rencontre des rivaux, chaque jour la main d’oeuvre réclame un peu plus de bien-être, se refuse à toute compression, les peuples coloniaux s’agitent.

Pour triompher des rivaux, il y a en dernier ressort la guerre. On s’est battu quatre années durant. L’Angleterre a triomphé de l’Allemagne, désemparée, dévalisée. Mais la guerre a partout donné naissance à des industries nouvelles. Hier encore, les pays se divisaient en deux groupes : les pays agricoles et les pays industriels. L’équilibre était tant bien que mal possible. Aujourd’hui, partout l’usine gagne sur les champs, les campagnes elles-mêmes n’y échappent pas. Il lui faut toujours plus de produits à vendre, l’offre dépasse chaque jour un peu plus la demande, il faut produire encore meilleur marché que le concurrent. Comment ? En réduisant les salaires, en augmentant la durée de la journée de travail. Mais le prolétariat résiste, il répond par la grève générale. Même s’il était momentanément vaincu, la question resterait entière : diminuer les salaires, c’est restreindre la consommation, supprimer des débouchés ou augmenter la durée de la journée de travail, c’est grossir de centaines de milliers d’hommes l’armée des chômeurs.

C’est la fin d’un monde….

Renaud JEAN

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