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La guerre économique contre la Biélorussie ou la sanction du progrès (Dissident Voice)

Au moment où on apprend que les supermarchés grecs pourraient bientôt manquer d’approvisionnement et où la rhétorique guerrière humanitaire se déchaîne à l’est de la Méditerranée contre l’orient frappé de terreur, l’oligarchie européenne dégénérée a déclenché sans le dire une guerre de plus contre un état souverain : la république de Belarus.

L’Union Européenne a imposé des sanctions à la république de Belarus en janvier de l’année dernière et des sanctions supplémentaires cette année après que la tentative occidentale d’installer un groupe de putschistes au pouvoir suite à la réélection de Alexander Lukashenko comme Président en décembre 2010 ait échoué.

Les sanctions sont, bien sûr, la punition du gouvernement du Biélorussie pour avoir arrêté des centaines d’émeutiers qui avaient attaqué le parlement de Biélorussie avec des bars d’acier, des bouteilles, des tournevis et autres armes.

Arrêter des criminels qui essaient de mettre en place un régime fantoche constitue une violation impardonnable des "droits humains" selon les kleptocrates déments de Bruxelles et de Washington. Comme tous les gangs criminels, les putschistes soutenus par l’Occident ont commencé à se battre entre eux avant même d’essayer de prendre le Parlement ! On retrouve les mêmes caractéristiques - luttes internes et criminalité - chez les hordes de l’OTAN qui ont envahi la Libye, et les terroristes qui essaient actuellement de prendre le pouvoir à Damas.

C’était la seconde fois depuis 2006 qu’une "révolution colorée" soutenue par l’Occident échouait en république de Belarus. Le lamentable échec du changement de régime fomenté par l’OTAN contre Minsk fait le désespoir des oligarques désaxés de l’Europe.

Les sanctions et les menaces sont tout ce qui reste à l’OTAN pour satisfaire son désir obsessionnel d’étendre son pouvoir jusqu’aux frontières de la Russie. En plus du fait que les sanctions de l’Union Européenne sont illégales au regard du droit international, les restrictions qu’elles imposent aux entreprises européennes désireuses de commercer avec un pays européen à l’économie stable et robuste sont une preuve flagrante de la folie de l’élite qui dirige actuellement l’Europe.

Alors que les économies européennes menacent de s’effondrer, on assiste à une guerre économique et médiatique visant à saboter le seul gouvernement d’Europe qui offre encore le plein emploi à ses citoyens, grâce à une production industrielle solide, tout en augmentant ses exportations et en assurant à ses travailleurs un niveau de vie qui ne cesse de s’améliorer depuis que Alexander Lukashenko a promis en 1994 de débarrasser la république post-soviétique de la corruption, des oligarques et du capitalisme prédateur.

La Biélorussie est probablement le seul pays d’Europe qui investit encore une plus grande partie de son PIB dans l’éducation, la santé et le logement, que dans des banques zombies, des institutions financières sans foi ni loi et des guerres de conquête à l’étranger. L’histoire du Belarus et de sa survie dans le chaos qui a suivi l’ère soviétique est une histoire qui devrait inspirer tous les syndicats. C’est l’histoire d’un peuple qui a dit non à la privatisation dérégulée, non à une économie basée uniquement sur la cupidité et l’inégalité, oui à l’éducation, oui à la santé et oui à un avenir de plein emploi.

C’est pourquoi les seules nouvelles du Belarus qui intéressent l’élite trans-atlantique sont des mauvaises nouvelles ; des nouvelles des militants des "droits humains" payés par la Fondation Nationale américaine pour la Démocratie -NED- (une extension de la CIA) et que le régime a arrêtés ; des nouvelles de gens comme Alias Bialiatsky du centre des "droits humains" de Viasna qui fait partie de la Fédération Internationale de Droits de l’homme ( FIDH), dont Bialiatsky est le vice-président.

La FIDH a fourni des informations mensongères au Conseil des Droits Humains de l’ONU en 2011 qui ont conduit au bombardement et à la destruction de la Jamahiriya arabe libyenne, le plus riche état d’Afrique, et au lynchage et à l’assassinat de son leader révolutionnaire Mouammar Kadhafi ; des actes fascistes que le président Lukashenko a comparés à juste titre à la barbarie nazie.

L’Organisation Terroriste de l’Atlantique Nord (OTAN) ne pourra pas larguer sur le peuple du Belarus des bombes "humanitaires" comme en Libye mais elle pourrait privilégier "l’option salvadorienne" des escadrons de la mort et des gangs armés appliquée en Syrie depuis le 17 mars 2011 comme Micheal Kozak, l’ambassadeur étasunien au Belarus, l’a reconnu ouvertement dans un interview au Times anglais en 2000 en disant qu’au Belarus "l’objectif américain était à peu de choses près le même" qu’au Nicaragua.

En 1980, La Contre-guerre (1) clandestine de Reagan contre le gouvernement sandiniste du Nicaragua a fait 30 000 morts.

L’échec des innombrables faux médias "d’opposition" financés par la NED, des fausses manifestations et des fausses tentatives de coups d’états pourrait pousser Washington et Bruxelles à décider de déstabiliser le Belarus en finançant et en entraînant des groupes terroristes comme en Syrie. Mais cela ne se fera pas dans les prochains mois, l’OTAN étant actuellement occupé à conquérir la Syrie.

Sans les oligarques

En attendant le Belarus entretient des relations pacifiques avec tous ses voisins, signe des accords bilatéraux avec des économies émergentes telles que la Chine, le Bengladesh et Vietnam, et élargit la sphère de ses exportations à l’Amérique Latine où elle a accepté de fournir des nouveaux bus et du matériel technique et médical à Cuba et du matériel agricole et médical ainsi que le matériel de construction pour des milliers de logements sociaux au Venezuela.

Quasiment inconnu en Europe occidentale, Alexander Lukashenko jouit d’une grand prestige dans les pays de gauche d’Amérique Latine. Il a reçu l’Ordre de José Marti de la main de Fidel Castro en 2000 pour avoir réussi à préserver le meilleur de l’URSS et le président Hugo Chavez du Venezuela a qualifié la Biélorussie "d’état modèle".

L’inauguration de l’Union Eurasienne en 2012 a enfoncé un clou supplémentaire dans le cercueil de la moribonde Union Européenne au moment où l’échiquier géopolitique se déplace vers l’Asie centrale et l’Asie orientale. Dans un monde multipolaire dont le centre sera l’Eurasie, il n’y aura plus de place pour les ploutocrates trans-atlantiques.

L’intégration du Belarus, de la Russie et du Kazakhstan en même temps que le renforcement de leurs liens avec la Chine par l’intermédiaire de l’Organisation de Coopération de Shanghai représentent une menace sérieuse aux projet de dominations mondial de l’OTAN.

Le Belarus est parfaitement en position de jouer un rôle central dans cette intégration en tant que portier de l’Asie. Bien que d’importantes privatisations aient eu lieu au Belarus depuis la dissolution de l’URSS, la vaste majorité des entreprises publiques sont encore sous contrôle public à la différence de la Russie où une oligarchie prédatrice à réduit des millions de personnes à la pauvreté.

La première visite à l’étranger du président Vladimir Poutine a été pour le Belarus le 31 mai et il a fait la déclaration suivante conjointement au président Alexander Lukashenko :

En accord avec les buts et principes de la Charte de l’ONU qui reconnaît la valeur des différentes voies du développement vers le progrès et le droit des peuples à déterminer leur propre chemin de développement social et économique, le Belarus et la Russie coordonneront leurs efforts pour s’opposer à toute intervention, par le biais de pressions et de sanctions, dans les affaires intérieures des pays membres de l’Union Eurasienne et de l’Espace Commun Economique.

En mentionnant la Charte des Nations Unies, Poutine prévient clairement les bellicistes sans foi ni loi de l’OTAN que l’Union Eurasienne assumerait ses responsabilités pour restaurer le droit, la paix et la diplomatie.

Les relations entre la Russie et la Biélorussie se sont considérablement améliorées depuis la réélection de Vladimir Poutine. Si la Russie veut survivre à son inévitable confrontation avec l’Occident, il faudra qu’elle suive le modèle économique biélorusse parce qu’un pays dirigé par des oligarques et des intérêts privés n’aura jamais la force et l’unité nécessaires pour vaincre l’OTAN. Les Russes devraient se rappeler leur propre histoire car, comme David Stahl le prouve amplement dans son livre "Opération Barbarossa et la défaite de l’Allemagne à l’Est", ce fut la supériorité productive et organisationnelle du système économique socialiste qui a permis à l’Union Soviétique de vaincre toute seule l’Allemagne nazie pendant la seconde guerre mondiale, un fait que les historiens de droite de la guerre froide ont systématiquement déformé.

La Lituanie et la Lettonie suivront-ils la Biélorussie ?

D’autres voisins européens ont aussi exprimé leur admiration pour l’orientation sociale de l’économie biélorusse.

L’ancien ministre de l’Economie lettonne, Ingrida Latimir Udra a dit à la chaîne de télévision Pro100 le 23 mai :

En 2004 il n’y avait pas d’alternative à l’Union Européenne. Cependant si les politiciens avaient réfléchi en 1991 quand nous nous sommes séparés de l’URSS et quand l’URSS s’est effondrée, nous aurions eu le choix. Nous nous serions développés comme le Belarus.

Les Biélorusses développent leur industrie. Ils produisent des tracteurs, des machines, des postes de télévision. Ils bénéficient d’investissements étrangers en dépit des désaccords politiques. Même les Etasuniens investissent dans leur pays. Ils développent leur capital national et c’est une bonne chose.

Qu’une ancienne ministre de l’Union Européenne admette une pareille chose montre que les sanctions et les agressions contre la république de Belarus ne pourront plus durer longtemps. De nombreux hommes d’affaire lettoniens désapprouvent la décision de l’Union Européenne de maintenir les sanctions contre le Belarus et une partie d’entre eux a réclamé un milliard d’euros à Bruxelles en compensation de la hausse exorbitante des coûts de fret et de transport engendrée par les sanctions.

Les présidents de Lituanie et de Lettonie, Dalia Gribauskaite et Andris Berzins, ont dit dans une déclaration conjointe le 22 mars que les sanctions contre la Biélorussie auraient des conséquences désastreuses sur le commerce des deux côtés de la frontière. Les économies lituanienne et lettone ont été réduites à un pitoyable esclavage de la dette par l’Union Européenne et le FMI. Ces économies vont mourir de mort lente à moins qu’elles ne s’orientent vers une Union Eurasienne menée par la Russie et le Belarus.

Conclusion

Les campagnes médiatiques obsessionnelles contre la république de Belarus ont régulièrement recours aux théories conspirationnistes les plus absurdes pour créer l’image d’un dictateur sans scrupule qui "écrase son propre peuple". Après les attaques terroristes de Minsk le 11 avril 2011, les théories paranoïaques conspirationnistes se sont multipliées dans la presse occidentale, suggérant que les bombes pouvaient être le fruit d’un complot d’état pour lui donner l’occasion de "réprimer l’opposition".

Comme pour les attaques terroristes qui ont récemment bouleversé la Syrie, la presse dominante manifeste peu -pour ne pas dire pas du tout- de sympathie pour les victimes innocentes. Les deux hommes qui ont été condamnés pour l’attentat du métro de Minsk l’ont été par un tribunal sur la base de vidéos, de confessions et de témoignages. Il n’y pas la moindre preuve de fraude, de torture ou de mauvais traitements.

Mais cela n’a pas empêché un journaliste du Irish Times de faire assaut de propagande mensongère en affirmant que le président Lukashenko "approuvait l’exécution des deux hommes en dépit du manque de preuve et des allégations que l’attentat avait servi de prétexte pour écraser l’opposition croissante contre Lukashenko".

Il est d’autant plus ironique que les théories et les "allégations" de conspiration concernant les attaques terroristes dans les pays qui s’opposent à l’hégémonie occidentale soient choses courantes et normales dans la presse-système occidentale en dépit de l’absence de preuve à cet effet, que cette même presse ne tolère aucune interrogation, spéculation ni enquête quand le terrorisme frappe un état occidental.

En réalité il existe en Biélorussie une vraie opposition politique et médiatique qui joue un rôle actif dans la société. Le gouvernement biélorusse n’a aucun besoin d’écraser la dissidence car les "dissidents" biélorusses ne constituent pas plus une menace pour le gouvernement que les groupes trotskistes et anarchistes pour les gouvernements de l’Union Européenne. En fait, l’opposition financée par l’occident au Belarus est si ridicule qu’elle a plutôt eu pour effet de consolider le soutien à Lukashenko.

Le problème des leaders occidentaux est qu’ils n’ont aucune chance de jamais bénéficier du soutien et de la confiance dont Lukashenko jouit au Belarus.

La raison pour laquelle les travailleurs et les travailleuses d’Europe occidentale n’entendent jamais parler des réussites de l’économie socialement orientée de la Biélorussie, c’est que les rédacteurs en chef des journaux et des chaînes de TV occidentaux sont beaucoup trop occupés à participer à des réunions secrètes avec les capitaines de la finance et autres membres des classes supérieures pour coordonner les prochains assauts conjoints contre les droits des travailleurs partout dans le monde par le biais de l’austérité, de la guerre et d’une grand assortiment de mensonges, d’hypocrisies et de faux-semblants.

Gearóid à“ Colmáin

Gearóid à“ Colmáin est né à Cork, en Irlande et il est basé à Paris. Il a écrit autrefois pour Metro Eireann. Il s’intéresse à la géopolitique, la mondialisation, la philosophie et les arts. Il est membre de SISA, le syndicat de l’écologie et de l’éducation basé en Italie.

Note :

1. La "contra" au Nicaragua : Chronique d’une révolution perdue : http://risal.collectifs.net/spip.php?article1944

Pour consulter l’original : http://dissidentvoice.org/2012/06/sanctioning-progress-the-economic-wa...

Traduction : Dominique Muselet pour LGS

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