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La saison des manifestations commence : prends ta carte... ou pas !

ET AU PASSAGE UNE CRITIQUE FERME MAIS HONNÊTE DU FRONT DE GAUCHE, SUIVI D’UNE CHARGE CONTRE LA SOCIÉTÉ TECHNICIENNE ET FINALEMENT D’ARGUMENTS SUCCINTS CONTRE LA DEMOCRATIE, BREF, LA TARTINE QU’IL NOUS FAUT EN CE DEBUT DE SAISON.

Comme la cueillette des champignons, l’ouverture de la chasse ou les soldes pour pauvres, pour rien au monde nous ne raterions, ô peuples de France, la saison si sympathique des manifestations. 2011 fut un grand cru, excellent pour les chausseurs et les fabricants d’autocollants. La flicaille y trouva son compte en heures supplémentaires. Les responsables syndicaux et politiques y gagnèrent en consistance (des fois que de malins gauchistes pointent leur absolue transparence). On eut même droit au qualificatif majestueux de mouvement social pour nos marches hivernales. Nous en fûmes rouges de plaisir, il faut bien l’avouer. Et le prolétariat des services, marchands de bière, vendeurs de sifflets, et autres crieurs de torchons trotskystes, en fut tout aussi joyeux : un moyen comme un autre de passer outre la crise. On a pas de pétrole, on a pas d’idée, pas plus d’idéologie, ni sauveur suprême ni rien du tout, mais on remet cela en 2012… et c’est parti pour un tour de piste.

A Marseille, l’autre jour, ce fut à grand renfort de bus affrétés par la CGT, imposant fournisseur du cortège, Cannebière-Lieutaud-Prado et chacun chez soi, vite plié, à peine une heure de marche, et pas même besoin de déplier les cars de CRS, la citée phocéenne est très très sage… peut-être pour ne pas troubler la primaire des socialos-traîtres. Surement pour faire plaisir au chef Thibault venu flanqué de ses deux immenses gardes du corps à lunettes noires… imagine le danger si des camarades s’aperçoivent qu’on peut lui mettre un bourre-pif pour cause de divergences tactiques et que tout le monde suive pour les mêmes raisons...soyons sérieux et prudents, le peuple, fut-il peuple de gauche, a des réactions parfois enfantines…c’est qu’il ne sait pas trop ce bon peuple, c’est bien pour cela qui-sont-là -les-syndicats. Y’a surement de quoi se faire mousser, entre les complexes pétrochimiques de l’étang de Berre en pleine faillite et les Fralib-Gémenos qui se battent depuis un an et demi, il faut bien faire croire que le syndicalisme pépère à la française ça sert encore à quelque chose. Ma trogne faillit compter plus de drapeaux de Che Guevara qu’à une réunion clandestine d’un mouvement armé sud-américain. La face sévère et déterminée du commandant à côté de l’éléphant du thé Lipton ça fait peur aux enfants, ça fait rire les bourgeois et ça fait pleurer (de rage) les Hommes nouveaux. Ils ne doivent pas savoir, les gars de la CGT, que ce camarade là prônait la lutte armée jusqu’à la mort et pas le réformisme bâtard des agents du pouvoir. Quant à Pouget, le perpétuel absent- ah les ingrats !-, lui qui argumentait contre la grève, déjà obsolète, et pour le sabotage comme affrontement direct…peut-être que la bibliothèque CGT a brûlé quand ils ont viré de la Bourse du travail, à Paris en 2009, des sans papiers - et donc des travailleurs parmi les plus exploités- qui les gênaient, et que dès lors ils ont rempli leurs étagères avec du Attali, du Stieglitz et du Hollande…qui sait ?

Des vieilles chansons communardes au braillement des Ultras détournés (les Ultras sont un genre de fanatiques adulateurs de millionnaires en short, l’antithèse de la vieille devise un esprit sain dans un corps sain), les tauliers du pouvoir ont du faire dans leur froc. Au moins eux en ont encore un, pas comme tous les cadres de ces mouvements siglés que personne ne comprend. En kapos ils sont forts, va savoir s’ils sont d’anciens droits communs (de la pensée camarade, de la pensée…) ou bien de véritables souteneurs des illusions du peuple. Et le Front de Gôche, ce nouveau nom du Parti Communiste qui ne l’était déjà plus depuis longtemps et qui ne savait pas que faire de ces militants et de ses réseaux, les voilà les gaillards, occupés à vendre pour deux sous le programme de la prochaine révolution. Chouette, de la lecture en marchant, et s’il en reste parce que ce n’est pas facile de lire en marchant avec un mégaphone dans les feuilles (tous ensemble tous ensemble, ouais, ouais..), la chaise d’aisance sera le lieu par prédilection d’un plongeon dans…disons dans le bain pour rester correct. Ce n’est pas parce que l’on aime l’assiette au beurre qu’il faut se soulager sans civilité.

Nationalisation, taxation des rentiers, lutte contre les monopoles, pleurnicheries laicardes, recherche vaine d’une mission civilisatrice internationale…Stupéfait, le quidam retourne le petit livre rouge sous toutes les coutures pour savoir si c’est le programme de Jaurès ou celui de Mélenchon. Et bigre, c’est bien celui d’un parti moderne qui dessine le futur selon les vraies forces de gauche. Et par mimétisme affligeant, c’est le programme de toute la social-démocratie occidentale, un retour au capitalisme à papa, à grand-père, à la troisième république, le coup des deux cents familles, le rafistolage d’un programme commun, la vacuité d’une fracture sociale. Ben mon salaud, tout ça pour ça ! La fin de l’Histoire est là , l’éternel recommencement des cycles oppression/pseudo libération, destruction/pseudo construction, centralisation/pseudo décentralisation, etc., etc. Les vieilles barbes pour faire du barbudos tout neuf. Ou bien, lucide paranoïa, tout cela ne serait que le spectacle bègue pour esclaves émancipés (disons pour salariés), masquant en effet la profonde mainmise sur notre destiné des puissances capitalistes et de leur superbe, quoique morbide, capacité à organiser toutes les strates de notre société (y compris sa propre contestation !).

En tous les cas, l’ordre paisible d’un monde qui court au chaos n’en sera pas bouleversé. Et s’il s’agit encore d’éduquer le bon peuple au sujet des tourments cachés de ce foutu ordre mondial, des fois que le peuple soit très très con, préférons cette vison de E. Cleaver la noire panthère : il n’est pas besoin d’expliquer, il suffit de regarder ce qui nous entoure.

Le bon peuple, biberonné aux bienfaits de l’individualisme forcené, pulvérisé dans un prolétariat des services qui ne sert à rien mais qui remplit la gamelle, n’est pas imbécile au point de ne pas comprendre les bases économiques de son carcan. L’industrie n’étant plus que peau de chagrin, la recherche privatisée, l’avenir actionnarisé, la vie marchandisée, et l’air et l’eau, même moi qui ne suis pas toujours lumineux je sais bien que les gigantesques plus-values qui permettent à l’Occident son niveau de vie viennent de la finance et de la spéculation. C’est certainement cynique, mais comment croyez-vous que la désindustrialisation brutale et massive amorcée à la fin des années soixante n’a pas abouti à l’effondrement du pays ? Les forces du travail pressées jusqu’à la partie congrue n’expliquent pas tout, car de tout temps il en fut ainsi ! Et certainement cela n’explique pas l’explosion des richesses de ces vingt dernières années en Occident. Comment la société de la production de l’inutile pourrait bien tourner sans les plus-values de la finance dont les miettes chiches assurent la béatitude, certes un peu stressée, du peuple de France ? Cette société des aides en tout genre, sanctifiant notre fainéantise et notre mode de vie, pour faire le ménage, pour s’occuper des vieux, pour les devoirs du petit, pour sortir le chien, pour faire son marché depuis son fauteuil…pour décorer ton salon et repeindre ta cage d’escalier, pour faire ta pizza et tes plats cuisinés, pour te divertir, pour informer et analyser (à ta place), pour tout et chaque chose camarade, des organisateurs de sites web aux soirées électro-merdiques, des colloques sur n’importe quoi aux festivals commerciaux-culturels de ta rue, de la fille qui te répond gentiment au téléphone que t’as plus une thune et que la dette c’est pas pour toi, au limonadier du petit resto que tu t’envoies avec jean-pôl qu’en t’as pas le moral, qui est-ce qui paye tout cela si on ne produit plus rien sinon des vibromasseurs french-touch et des conseils pour conquérir le monde ? Ah oui mais ca bosse quand même ! Bien sur que cela bosse, le prolétariat des services est soumis à la bourgeoisie des services, et tous les instruments socialistes (au sens de la première internationale et pour réconcilier, voeux nécessaires, les autres et les marxistes) valent parfaitement pour en éclairer tous les mécanismes sadiques. Et vendre des tee-shirts ou des bouts d’Airbus dix fois le prix acheté en Chine ou en Inde cela permet de flouer tous les comptes et de trafiquer tous les chiffres, peut-être, mais cela ne permettra en rien de tenir notre rang de bourgeoisie civilisée à la prochaine, et certaine, secousse. Bien sûr, on transforme encore un peu, et on ne fait plus que cela d’ailleurs, de la céréale ukrainienne au soja argentin, de la micro-puce coréenne au soldat africain naturalisé, mais enfin, que le flux s’arrête et la société de l’inutile révélera…sa parfaite inutilité. On pourra quelques temps chercher un beefsteak avec des brouettes d’euros, puis viendra la rue, les bagarres pour un peu de place au soleil le jour et sous les ponts la nuit, et enfin la guerre. Seul moyen historique de résoudre ce genre de crise si l’on se borne à rester dans le système capitaliste. Mais une gentille guerre, un coup de pouce à la démocratie comme ils disent dans l’Express pour ne pas dire des tonnes de bombes enrichies à l’uranium, tout gentille comme un bisounours, comme une tête de Hollande sur fond rose.

Alors pour ce qui est de revenir au capitalisme à papa, viril et industriel, en bleu de travail pour les uns et festins d’écrevisses nationales pour les autres…je m’élève contre cette connerie du moment, partagée, d’ailleurs, par les deux fronts de l’échiquier politique français. Des patrons partageant la gamelle de smicard à 1700 euros net (sic, va falloir en écraser des camardes du tiers-monde pour ce prix là  !)…là c’est vraiment nous prendre pour des ânes et faire preuve, dans le même temps, d’un manque total de courage et de vision émancipatrice.

Parce que, n’aillant plus de colonies pour piller les ressources premières, comment faire tourner les usines de papa ? Sont-ce les braves libéraux, les actionnaires de multinationales et les groupes mercenaires qui feront de bon prix à une grande démocratie universaliste et éclairée ? Et à qui vendre le produit de nos usines devenu très cher sur le marché et selon la loi de sa main invisible ? On pourrait faire la guerre aux autres, comme en Lybie, sous couvert de démocratie…et là , force est de constater que Mélenchon et Sarkozy étaient bien d’accord…les mêmes lectures médiacrates…des amis communs à la loge… monsieur Bauer peut-être ? Et puis dans le même temps renforcer la sécurité intérieure en multipliant les forces de police, comme le programme de TOUS les candidats à la présidentielle le prévoit…des mécontents traités par la peine carcéral…à la Poutine ?

Peut-être que finalement ce smic à 1700 euros ne sera que pour certains. Les autres, immigrés bienvenus participant aux reliquats de la vraie force de travail, force de travail à très bas prix, clandestine, cachée, soumise, martyrisée, vie volée, violée, et vendue aux appétits carnassiers du Capital…et là c’est le plein accord entre Mélenchon et le MEDEF de Parisot…D’abord on régularise, on regroupe, quelques MJC pour les mômes turbulents qui copient le bling-bling du pouvoir, tout est beau tout est merveilleux, et après comme par magie toute immigration non désirée s’arrêtera…sinon en centre de rétention…et pour le prolo trop raciste à force de regarder TF1, on l’obligera à la contrition totale en rappelant son horrible hérédité historique, en oubliant Jules Ferry et crucifiant Maurras. Entre des bombes sur la gueule ou un smic à 1700 euros moi je choisis sans réfléchir : l’argent au prix de la rétention ! Tiens, Jaurès, Le Pen, Bauer, Sarkozy, Poutine, Parisot…ils ne boufferaient pas à tous les râteliers nos amis du Front de gauche ex-parti communiste ?

Et puis l’écologie pardi ! Evidemment ! Détruisons tout et en profondeur, barons Haussmann des temps modernes ! Décidemment la troisième ça leur plait, il ne leur manque qu’une Commune à écraser…indignés préparez-vous ! Remplaçons donc le peu de forêt et de nature par de merveilleux jardins bios ! A la devise quand le bâtiment va tout va, je préfère la litanie de l’ouvrier de base : le béton c’est bon mais ça rend con. Les usines polluantes envoyons les polluer loin, très loin, dans des lumpenprolétariats que notre universalité ne saurait convertir… la faute à l’islam, la faute à la circoncision, la faute au volume de leur boîte crânienne et la faute à pas de chance. C’est une évidence la technique, la science, le progrès nous sauvera… t’inquiète pas Jean-Pôl, on les aura ces éleveurs de chèvre et ses anti-nucléaire. L’écologie d’accord, mais par la toute puissante technique alliée au gentil capitalisme de gauche…nous on vivra tous dans des mas à 500 000 euros couverts de panneaux solaires, toilettes sèches et bosquets de roseaux pour retenir les vilaines saletés… utopie saint simonienne en droite ligne des lubies colonialistes : construisons une France forte et forteresse, délocalisons la merde ailleurs, et Voltaire, De Gaulle ou qui tu veux à coups de trique dans la gueule pour les réfractaires à l’ordre nouveau.

Toute cette indigestion de pensée en à peine une heure de marche ! C’est que la première marche de l’année attaque directement les fonctions vitales d’un Homme nouveau. Comme une aigreur d’estomac, comme un goût de bile dans la bouche qui pousse au vomissement. En 2012, ils vont nous en faire bâfrer de l’idéologie creuse, des larmes dans la voix, la main sur le coeur et l’appel à la patrie. Ils jouent leur partition, le chaos savamment maitrisé et orchestré, maestria de ce coup fourré qu’ils nous servent depuis l’anéantissement de la seule crainte qui pesa un jour sur l’hégémonie de la bourgeoisie : le prolétariat industriel. Une force compacte et ramassée, rouage essentiel dans la captation de la plus value, et terreur sans limite, un prolétariat avec en main les armes matérielles, idéologiques et spirituelles de sa victoire. Ce moment historique est passé, ce fut une large défaite pour le prolétariat et pour l’espèce humaine. Certainement la fin de ce cycle, celui du capitalisme financier, va troubler la donne et les ordres sociaux à une large et vaste échelle. Mais il n’y aura aucun retour en arrière. Les nostalgiques sont des parasites du devoir d’émancipation. Il faut les balayer. Dire que le capitalisme meurt est absurde. Par le simple fait que ceux censés défendre le peuple, les forces de gauche et notamment le Front de gauche ex parti-communiste, ne pensent qu’à lui proposer une nouvel élan, un assainissement certes mais surtout de nouvelles règles en vue d’un nouveau cycle d’expansion, il est vivant et bien vivant.

Simplement, lucidité qui nous oppose aux électoralistes du moment, ce cycle pourrait être le dernier, et cela pour des raisons totalement extérieures à l’économie et à la politique. Je sais bien qu’il est de bon ton de railler le catastrophisme de ceux qui vivent au contact de la Terre, les hommes et femmes nouveaux par le simple fait qu’ils sont restés humbles et attachés au cycle de la nature, en pensée ou en acte. Allègre, Bruckner, Finky et d’autres tapineurs de l’élite ne s’en privent pas, bientôt prêts de crever et peu versés dans l’amour de l’autre et du prochain ils ne jouent que leur pâle rôle : tout va bien, ne touche à rien et profite. Mais la masse de tous les autres, n’ont pas qu’ils ne soient pas d’effectifs tueurs de notre monde, mais largement plus par contrainte que par choix morbide, différence fondamentale qui les oppose aux assassins de l’élite, sont tristes et effondrés parce que ce cycle pourrait bien être le dernier. La toute puissance de la technique admet notre possible destruction partielle (le début de la totalité) non seulement à chaque accident (Seveso, Bhopal, Tchernobyl, AZF, Fukushima, etc., ) mais aussi quotidiennement (pollution sans remède et en expansion exponentielle : avancé des déserts, désertification, stérilisation des terres, réduction massive de la vie sauvage, continent de plastique au coeur des océans, etc.) et les guerres toujours plus meurtrières et qui rendent les territoires inhabitables (agent orange, glyphosate, munition à l’uranium, etc.). La tyrannie capitaliste s’est toujours alliée à la tyrannie technicienne, et comme Marx le soulignait, c’est autant la technique que l’accumulation primitive du Capital qui a accouché du capitalisme moderne. Et contre le bon sens du peuple, comme les canuts refusant jusqu’à l’émeute les nouveaux métiers à tisser, plus productifs, plus efficaces et finalement désastreux à long terme puisqu’il ne reste pas un atelier dans toute la France. La technique a plus récemment défait le capitalisme industriel par l’automatisation et l’informatique, révolution dont les effets catastrophiques sont à peine visibles mais déjà profondément irréversibles. Car ce ne sont plus les champs comme au temps des paysans opprimés, ce ne sont plus les usines comme au temps du grand prolétariat, ce ne sont même plus les universités comme au temps de transition vers une société de service, ce sont aujourd’hui les réseaux sociaux qui sont le lieu de la révolte. Désastre dont on ne mesure pas la profondeur. On peut bien nous enfumer avec des twitteristes et des facebookistes qui complotent contre le pouvoir oppresseur, ce monde virtuel n’est que l’arme d’un combat virtuel et ainsi parfaitement inoffensif. D’abord il ne représente aucune portion du territoire, il n’a aucune racine, aucune base de défense, et par la même il n’est rien. Hakeem Bay, déjà enfant de ce monde, n’y a pas vu sa profonde faiblesse. L’éphémère n’a aucune force. Et si l’on peut mourir sur une barricade aux côtés de son ami, de son voisin, de son collègue d’usine, bref de son camarade, jamais personne ne se fera transpercer la poitrine pour un inconnu rencontré, au mieux sur marx.com au pire sur inchallah .com. 10 000 combattants éparpillés aux quatre vents, ne connaissant ni leur histoire commune, ni l’étendue de leur courage, ni la profondeur de l’envie et de l’amour qui étreignent leur coeur, ceux qui ne connaissent pas le goût de la peau de leurs camarades lorsque perlent la sueur et la peur, ni la couleur d’un iris chauffé à blanc par la rage de l’injustice, disons carrément et humainement de parfaits inconnus, et bien cette armée là ne vaut rien sinon qu’elle consomme, décuplée à l’échelle du monde des communications actuelles, plusieurs tranches de centrales nucléaires. Pas moins que le programme du Front de Gauche ex-parti communiste : ben mon salaud, tout ça pour ça ! Ceux qui affirment le contraire sont des pantins aliénés aux chefs-d’oeuvre de nullité de la propagande impériale de cette société de l’inutile… et celui qui se cachait derrière un avatar terrifiant, illitch666, continua de fabriquer une bombe artisanale selon les standards w3c sans voir le drone qui le filmait en train de se masturber (en pensée camarade, en pensée…) par la fenêtre. Tant qu’il n’allume pas la mèche, c’est qu’il ne doit pas être très méchant, pas comme les moujahids armés, quelque soit d’ailleurs leur idéologie. On voit tout de suite que ceux-là sont largement plus efficaces, donc dangereux pour l’ordre en place et finalement éliminés. Mais ils portent quand même la possibilité du triomphe.

C’est ainsi, Internet, création de la technique et source de vigueur d’un capitalisme tombé en crise récurrente au début des années 90 et cela malgré de belles plus-values tirées du pillage de l’Asie et l’Amérique du Sud sans la menace soviétique, est un mythe sur la possibilité de renverser le pouvoir et l’ordre des choses…mais cela mérite plus que quelques lignes.

Disons finalement que la technique, loin de nous apporter bonheur et prospérité, nous asservit chaque fois plus en même temps qu’elle renforce les moyens de contrôle et de soumission. Non pas que nous ne croyons pas en notre capacité, nous le genre humain, à nous élever au-delà de la société capitaliste et technicienne, non pas que nous méprisions la science (nous en reconnaissons volontiers l’ambivalence, ni bonne ni mauvaise mais à la fois bonne et mauvaise), mais nous sommes orphelins d’un acte fondateur pour un changement radical dans le mouvement de l’Humanité. Encore plus transcendant que le simple changement d’une société capitaliste vers une société communiste intégrale. Certainement rien ne se fera subitement, mais la possibilité d’apocalypse réel et irréversible à notre échelle, produit de la technique et de la folie sans morale, sans éthique et sans vision autre que le gain immédiat du capitalisme, est une probabilité certaine, un événement attendu. Perverse psychologie qui nous berce, absurde remède de l’attente d’encore plus de technique que les petits soldats, politicards et scribouillards penseurs, nous servent à longueur de prose infantile, et dont le Front de Gauche ex-parti communiste ne soupçonne même pas le problème.

Moi je n’ai rien de plus à dire sur le cycle qui s’achève. Le combat pour les idées est rude. La prise de contrôle du territoire l’est plus encore. L’organisation nous laisse comme de simples mortels au pied d’une montagne gigantesque. Mais soyons bien clairs. Nous ne sommes pas démocrates pour les simples raisons suivantes, et l’étrange révolution citoyenne du Front de Gauche apparait clairement comme une astuce, déjà vieille par ailleurs, de continuation et donc elle ne contient aucune chance d’émancipation. La bourgeoisie a crée la démocratie et la république. Ce sont leur jouet, leur spectacle, leur entière et seule légitimité. N’insistons pas là -dessus tellement son évolution depuis le milieu du XVIIIème siècle est évidente. La bourgeoisie a forgé cette arme pour prendre le contrôle d’abord, pour assurer sa pérennité ensuite. D’ailleurs toutes les factions politiques de la bourgeoisie s’y glissent avec un parfait confort. Mais la bourgeoisie ne se résume pas à cela, la démocratie n’est qu’un écran de contrôle, pour parler technicien, qui lui permet de piloter le monde. Mettre à la tête d’un état, d’une république, d’une démocratie son pire ennemi naturel ? Mais cela ne lui pose aucun problème ! La bourgeoisie a le temps, l’espace et les ressources pour voir venir. Citons simplement De Gaulle, justement, parfaitement opposé à la bourgeoisie mondialiste alors en place en 1958, lui le représentant de la bourgeoisie nationale. Mais qu’il vienne, pour peu qu’on lui flanque un fondé de pouvoir de la banque Rothschild comme premier ministre…qu’il vienne et qu’il s’épuise…qu’il fasse acte de la volonté démocrate et légaliste de la bourgeoisie…et qu’il s’épuise, qu’il s’éreinte et finalement qu’il se retire. Elle put bien attendre dix ans cette bourgeoisie là pour de nouveau marcher vers son objectif mondialiste, raflant au passage une Vème république autoritaire, lui allant finalement à merveille. Prenons Mitterrand encore. Pourtant vu son passé un homme facile à retourner, un affamé du pouvoir…mais qu’il vienne, qu’il vienne, et qu’on ne taxe surtout pas la bourgeoisie de fomenter des coups d’état permanent, d’accaparer le pouvoir par de vilains subterfuges, qu’il vienne le francisquard converti au socialisme, qu’il vienne même avec des camarades du Parti…on attaquera le franc pour dire maintenant ça suffit, et peu à peu, il rentrera dans le rang, il sera des leurs, ventre prolifique des Strauss-Kahn, des Fabius, des Kouchner…

Alors franchement, la révolution citoyenne, quelle connerie pour lecteur de Télérama ! Et n’en n’appelez plus à Chavez, ni à Morales ou Correa, por favor, parce que de l’aveu de tous les révolutionnaires véritables, leur stratégie révèle finalement l’étendue de ses faiblesses. Composer toujours et encore avec la bourgeoisie, qui les épuise, les éreinte, les crève, et finalement tuera toutes leurs constructions dès qu’ils seront partis. Chavez a raté le coche après le coup d’état de la bourgeoisie de la mettre au pas par la force, et de fait ces réformes n’avancent pas et sont si fragiles que le premier adversaire élu les détricotera avec une facilité déconcertante. Non ! La bourgeoisie on ne pactise pas avec elle, on la défait par les armes, violemment, parce qu’elle est violente, et on l’empêche par tous les moyens, fussent-ils anti-démocratiques, donc anti-bourgeois parce que la démocratie est créature de la bourgeoisie, et donc il n’y a ici aucune contradiction. Cela mérite également plus de quelques lignes, pour une rentrée restons-en là , mais qu’ils sachent bien que démocrate, par pitié, non merci !

Mais revenons à cette fin de manifestation et l’ouverture de la saison. Je me garde bien de commenter le monde plus loin que ce que je vois, et parfois on se croit voyant devant la cécité des autres. J’ai passé l’été à couper des tomates et des oignons dans une cuisine étouffante…on a bien rigolé avec les marocains et le chef sénégalais (enfin français…mais bon il vit en Thaïlande…va comprendre la mondialisation), les moules venaient de Grèce, les tomates d’Espagne, les conserves de Bulgarie et les clients d’un peu partout. On a sué aux bénéfices du patron, encore un saint simonien qui n’hésite pas à t’augmenter au niveau d’un smic utopique au bout d’une semaine prouver ta valeur au tapin (enfin 1500 euros net pour 12 heures journalières, faut pas déconner non plus, ça pourrait rogner les 500 000 euros nets que lui a pris pendant la saison), et ce silence sur l’ordre du monde, point d’éditos ou de nouvelles des fracas de la planète, pas d’éditos de médiacrates en vacances, réduit au monde clos d’un travailleur parmi d’autres, gonfle d’envie d’action autant qu’une mission internationaliste. Infatigable du renoncement au salariat, presque une découverte, bizarrerie chez les communistes qui n’ont, en fait, jamais lu Marx, la pratique quasi maoïste révèle ses avantages. Ainsi dans Internationalisme on lira entre les nations et voilà donc l’heure de charbonner au coeur d’un rouage essentiel du désordre mondial… ah la Patrie ! Comme tu l’auras vu lecteur, manifestation, grève ou sabotage, on est déjà un peu au-delà . Cela n’empêche en rien de faire provision de cartes en ce début de saison : PCF, NPA, POI, ATTAC, LO, ARS-Combat, et même l’équipe à Soral par sporadiques contacts…Faut pas être regardant sur le pourcentage d’adhésion aux idées, à renoncer à moins de 60% c’est la solitude si profonde, à vous donner des envies de monter un site web (…et là le suicide guette !). Et n’oublions pas le badge du Grand Soir, cela pose son bonhomme. Un Front, un vrai Front cela ce construit, il vaut mieux lire, pour ce coup là , Meinhof ou Arenas que Mélenchon ou Le Pen. Se crée l’idée éthique et ferme au-delà de tout ce qu’on pourrait imaginer. Certes il y a ces bases essentielles : la remise à plat du rapport entre le Capital et le Travail, la refonte des rapports de propriété, en ligne de mire l’abolition du salariat et la construction d’une société saine, morale, éthique. On peut le résumer en une formule : gravir un échelon supplémentaire, indépendamment de la technique et des formes d’organisations sociales, un échelon plus haut vers le chemin du bonheur partagé et de l’immortalité collective.

Enfin, pour ce qui est du fusil trouvons d’autres combines, ce n’est pas avec le smic à Dédé que nous ferons plier l’ordre bourgeois ni la tyrannie technicienne.

On avance camarade, on avance, mais restons sur nos gardes, les années de présidentielles captent l’énergie des meilleurs d’entre nous en enfantillages spectaculaires, et si les éléphants ne parlent pas, les révolutionnaires n’ont que cette maxime première : La Patrie ou la mort, jusqu’à la victoire finale !

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Philippe Bordas. Forcenés. Paris, Fayard 2008.
Bernard GENSANE
Ce très beau livre, qui montre à quel point le cyclisme relève du génie populaire et comment il a pu devenir une « province naturelle de la littérature française », me donne l’occasion d’évoquer des ouvrages qui m’ont, ces dernières années, aidé à réfléchir sur la pratique du vélo, sur le cyclisme professionnel et la place du sport dans notre société. Ce n’est pas l’argent qui pourrit le sport (l’argent, en soi, n’est rien), c’est le sport qui pourrit l’argent. La première étape du premier Tour de France en 1903 (...)
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Rien ne fait plus de mal aux travailleurs que la collaboration de classes. Elle les désarme dans la défense de leurs intérêts et provoque la division. La lutte de classes, au contraire, est la base de l’unité, son motif le plus puissant. C’est pour la mener avec succès en rassemblant l’ensemble des travailleurs que fut fondée la CGT. Or la lutte de classes n’est pas une invention, c’est un fait. Il ne suffit pas de la nier pour qu’elle cesse :
renoncer à la mener équivaut pour la classe ouvrière à se livrer pieds et poings liés à l’exploitation et à l’écrasement.

H. Krazucki
ancien secrétaire général de la CGT

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