Le boycott est légitime lorsqu’il est réclamé par l’opprimé (Dissident Voice)

Les préjugés ne se présentent pas toujours sous des traits hideux. Il en va de même pour le sionisme et le racisme. Il est tout à fait possible que des personnes bien intentionnées aient des préjugés et, pire encore, agissent selon ces préjugés.

Uri Avnery s’élève contre les brutalités infligées aux Palestiniens. Il fait campagne pour la paix avec les Palestiniens. Mais il a également un passé sioniste, il est né en Europe et a combattu avec l’organisation terroriste Irgoun dans l’holocauste (la Naqba) commis contre les Palestiniens. Plus tard, il reniait les méthodes d’Irgoun. Il est contre la guerre, mais il n’est pas contre le fait de recueillir les fruits de la guerre. Il soutient une solution à deux états. En d’autres termes, les Juifs israéliens garderont les fruits de ceux qu’ils ont dépouillés - cela, tout en continuant de faire pression pour récupérer ceux qu’on leur a pris. (1)

Avnery préconise l’utilisation sélective de tactiques contre le sionisme.

Cela est clair quand il s’agit d’un boycott international d’Israël. Avnery affirme que personne n’est plus à même de répondre à cette question que l’archevêque sud-africain Desmond Tutu. (2)

Et que dit Tutu ? Il a appelé la communauté internationale à traiter Israël comme elle a traité l’Afrique du Sud au temps de l’apartheid. Tutu soutient la campagne de désinvestissement (BDS : boycott, désinvestissement, sanctions, NDT http://campagneboycott.blogspot.com/ ) contre Israël. (3)

Le compatriote israélien d’Avnery, Neve Gordon, dit qu’il est temps, en effet, d’organiser un boycott. (4). Avnery gémit : "Désolé, mais je ne peux pas être d’accord avec lui, cette fois-ci - ni sur la similarité avec l’Afrique du Sud ni sur l’efficacité d’un boycott d’Israël".

Et, de fait, les deux apartheids, bien qu’ils revêtent de nombreuses similitudes, sont également différents.

Gary Zaztman indique une différence essentielle :

"Malgré ses maux graves et indubitables et les nombreux crimes contre l’humanité commis en son nom, dont des massacres, l’apartheid des blancs racistes d’Afrique du Sud n’était pas fondé sur la perpétration d’un génocide. Le sionisme, de son côté, mettait en oeuvre la dissolution de l’intégrité sociale, culturelle, politique et économique du peuple palestinien, c’est-à -dire son génocide, dès le début, au moins à partir de l’injonction qu’on trouve dans les écrits de Theodor Herzl que le "transfert" dans un autre endroit de la "population indigente" de Palestine soit organisé "discrètement et avec circonspection." (5)

Le boycott, stratégie contre le racisme

Avnery écrit que Tutu lui a expliqué que "le boycott était d’une importance considérable, bien plus que la lutte armée".

Mais c’est le révolutionnaire Nelson Mandela, qui avait refusé de renoncer à la lutte armée, qui a négocié le démantèlement du système d’apartheid en Afrique du Sud. (6)

Tutu a également dit à Avnery que "ce boycott était important à la fois sur le plan économique et sur le plan moral ".

Avnery écrit : "Il me semble que la réponse de Tutu souligne l’énorme différence qui existe entre la réalité en Afrique du Sud à l’époque et celle qui est la nôtre aujourd’hui".

Et donc, que dit Avnery ? D’abord, il affirme que Tutu est la personne la mieux placée pour parler de l’efficacité d’un boycott en tant qu’instrument de lutte contre le racisme, puis il dit que Tutu se trompe. Avnery veut-il donc dire que c’est lui qui est le plus à même de parler de l’efficacité des boycotts contre le racisme ?

Avnery craint que les Juifs israéliens n’en déduisent que "le monde entier est contre nous".

Cependant, n’est-ce point, en quelque sorte, le but de l’opération : montrer que le monde entier est contre le racisme des Juifs envers les Palestiniens ?

Attention, le monde entier n’est pas contre les Juifs, comme la propagande israélienne voudrait le faire croire.

Bien qu’il ne le dise pas noir sur blanc, Avnery utilise là une variante de l’accusation d’antisémitisme ; si vous êtes contre ce que fait Israël, alors, vous êtes contre les Israéliens. Et donc vous êtes antisémite. Cette distorsion absurde de la moralité et de la logique sous-tend qu’être contre le racisme envers les Palestiniens fait de vous un antisémite.

Avnery reconnaît qu’"en Afrique du Sud, le boycott mondial a contribué à renforcer la majorité et à la souder dans la lutte. Un boycott d’Israël aurait l’effet inverse : il jetterait l’immense majorité des gens dans les bras de l’extrême droite et créerait une mentalité de forteresse assiégée contre le "monde antisémite" (ce boycott aurait, bien entendu, un impact différent sur les Palestiniens, mais ce n’est pas le but de ceux qui le préconisent)".

Avnery décrit simplement le statu quo actuel. Israël est déjà enlisé dans une mentalité de forteresse assiégée d’extrême-droite. Le boycott n’en est pas la cause. Avnery fait une fixation sur la dynamique de la population. Quelle est l’importance entre majorité et minorité dans le raisonnement d’Avnery ? On pourrait penser que, les Palestiniens faisant partie de la minorité (et le fait que les Palestiniens soutiennent le boycott), ce serait une raison encore plus valable pour justifier un boycott international. Qui et quoi Avnery défend-il ? Les Palestiniens contre le racisme ou les Juifs israéliens contre les effets sur l’économie et l’opprobre que représente un boycott international ?

Quant à l’objectif de la campagne de boycott, il est de : "refuser à Israël les moyens financiers de continuer à tuer des Palestiniens et d’occuper leur territoire". (7)

Avnery parle de l’holocauste, disant que les souffrances des Juifs sont profondément ancrées dans l’âme juive.

Que les nazis aient enfermé les Juifs dans des camps de concentration était un scandale moral. Mais quelles leçons avons-nous tirées de la Seconde Guerre Mondiale ? Que les souffrances imposées à tout groupe identifiable sont abominables et immorales ? Ou bien qu’un groupe peut désormais s’approprier un holocauste, en faire sa propriété exclusive, et se servir de souffrances passées comme bouclier pour infliger un holocauste à un autre peuple ?

Avnery prétend que boycotter les Juifs leur rappellera le nazisme, mais quand des Juifs emploient des méthodes semblables à celles des nazis, que doit-on leur rappeler ?

Avnery est d’accord pour le boycott les produits des "colonies". Il fait la distinction entre les "colons" (c’est-à -dire "les colonisateurs") et les autres Juifs israéliens. Comment alors Avnery explique-t-il le fait que les "colons" soient installés en Cisjordanie ?

Avnery affirme que "ceux qui appellent à un boycott agissent par désespoir. Et c’est ça le fond du problème".

De fait, le désespoir c’est le lot quotidien de beaucoup de Palestiniens dans les territoires occupés ou les camps de réfugiés.

Avnery affirme qu’un boycott international serait difficile à mettre en oeuvre, et que les Etats-Unis ne le soutiendraient pas. Il n’a pas non plus été facile d’organiser un boycott contre le régime d’apartheid en Afrique du Sud. Est-ce une raison pour ne pas essayer ? Les Etats-Unis n’étaient-ils pas aussi opposés à un boycott de l’Afrique du Sud ?

Certes, cela prendra sans doute longtemps. Mais les temps changent, n’est-ce pas. Les récalcitrances des Etats-Unis (et de leurs alliés occidentaux) ont été vaincues au Venezuela, à Cuba, en Bolivie et ailleurs. Les empires se sont faits et défaits tout au long de l’histoire.

Avnery pense que la politique du boycott, c’est comme "un mauvais diagnostic qui induirait un traitement inapproprié. Pour être plus précis, la théorie erronée selon laquelle le conflit israélo-palestinien ressemble à la situation en Afrique du Sud mène à un choix de stratégie erroné".

Avnery poursuit : "en Afrique du Sud, il y avait un accord total entre les deux camps concernant l’unité du pays. La lutte ne concernait que le régime politique. Les Blancs et les Noirs se considéraient tous sud-africains et étaient déterminés à conserver le pays tel quel. Les Blancs ne voulaient pas de partition du pays, et d’ailleurs, ne pouvaient pas le vouloir car leur économie était fondée sur le travail des Noirs".

Il me semble que nous avons là une analyse erronée. "Les Blancs ne voulaient pas de partition" ? Comment Avnery peut-il affirmer quelque chose d’aussi faux ? Qu’étaient le Venda, le Lebowa, les bantoustans, si ce n’est des parties de l’Afrique du Sud découpées par le gouvernement blanc ? De plus, que le sionisme ne soit actuellement plus dépendant du travail des Palestiniens ne masque pas le fait qu’à une époque il dépendait de cette main d’oeuvre ; Avnery choisit soigneusement ce qui lui convient pour son argumentation. Refuser aux Palestiniens le droit de travailler dans la Palestine historique, c’est une politique qui s’est développée avec le sionisme.

Egalement, comment se fait-il qu’Avnery puisse s’opposer à un boycott international d’Israël quand Israël persiste à imposer un embargo illégal aux Palestiniens - un crime de guerre ? Tant qu’Israël emploiera de telles méthodes, alors, la résistance par le biais du boycott, sera sans aucun doute légitime.

Avnery dit que les Juifs israéliens et les Arabes palestiniens n’ont rien en commun. Cette même dissimilitude était toutefois également vraie entre les Blancs et les Noirs d’Afrique du Sud.

Je m’insurge, néanmoins, contre la portée d’une telle argumentation. Elle fait le lit du racisme. Les Juifs israéliens, les Palestiniens, les Blancs et les Noirs sont tous des êtres humains. Tous mangent travaillent, dorment, rêvent, ont des familles. Cela devrait être une raison suffisante pour agir humainement les uns envers les autres : l’amour de l’humanité. Il est tout à fait possible d’accepter notre humanité partagée et de respecter la diversité.

Avnery conclut : "en bref, les deux conflits sont fondamentalement différents. Donc, les moyens de lutte doivent être forcément différents".

C’est une illusion logique, comme il est faux sur le plan logique et moral d’estimer qu’avoir été victime d’un génocide minimise sa propre culpabilité dans un autre génocide. On peut se demander si Avnery n’est pas victime de mauvaise conscience et de dissonance cognitive. Pour moi, les deux "conflits" (8) sont fondamentalement comparables. L’Israël colonial et l’Afrique du Sud coloniale partagent ces caractéristiques : un groupe d’étrangers différents sur le plan linguistique, religieux, culturel et racial qui a dépossédé des peuples autochtones de leur terre natale en employant la violence du dominateur et créé un système d’apartheid qui humilie les peuples autochtones et privilégie l’occupant.

Avnery insiste sur certains aspects "fondamentaux" - qui, pour moi, ne sont pas des points fondamentaux, mais des nuances - qu’il estime différents.

Pour Avnery la solution serait "un projet de paix complet et détaillé" du président Obama où "tout le pouvoir de persuasion des Etats-Unis" conduirait "sur la voie de la paix en Palestine".

Avnery se souvient bien des projets de paix précédents soutenus par les US, comme Oslo ou la "feuille de route". Pourquoi alors place-t-il des espoirs insensés sur un Obama attentif à ne pas contrarier l’AIPAC ? Avnery espère-t-il que les Juifs israéliens prendront conscience que la paix avec les Palestiniens, c’est la seule chose à faire ? Le militant pour la paix propose une solution qui a échoué et a été rejetée de nombreuses fois. Il récuse une solution qui a fonctionné en Afrique du Sud pour ménager les susceptibilités de l’oppresseur.

Mais voyons de plus près la logique d’Avnery qui veut que des "conflits" différents requièrent des moyens d’actions différents.

C’est la lutte qui met un terme à l’oppression. Des "conflits" fondamentalement différents peuvent prendre fin grâce à des moyens de lutte semblables. Ainsi, les révolutionnaires ont renversé la dictature soutenue par les Etats-Unis à Cuba grâce à la lutte armée et les révolutionnaires cubains ont battu les forces armées sud-africaines en Angola grâce à la lutte armée. (9)

A la fin de son article, apparemment sûr de son propre raisonnement par rapport à la personne qu’il estime la plus qualifiée pour expliquer que les boycotts sont des moyens efficaces pour venir à bout de l’apartheid, Avnery cite une prière de Tutu que nous devrions tous faire nôtre :
"Mon Dieu, quand j’ai tort, fais que je sois prêt à me rendre compte de mon erreur, et quand j’ai raison, fais que je sois supportable à vivre".

Espérons qu’Avnery applique la même humilité quand il constate ses propres erreurs de jugement.

Kim Petersen
co-rédacteur en chef de Dissident Voice

ARTICLE ORIGINAL
Boycotts as a Legitimate Means of Resistance
As Determined by the Oppressed People
Publié le 29 août 2009
http://dissidentvoice.org/2009/08/boycotts-as-a-legitimate-means-of-resistance/

Traduction emcee des Bassines et du Zèle pour le Grand Soir

EN COMPLEMENT :
Article original d’Uri Avnery :
http://zope.gush-shalom.org/home/en/channels/avnery/1251547904

Desmond Tutu appelle au boycott d’Israël (31 août 2009)
http://www.alternatives.ca/article4984.html

Notes

(1) See Dinah Spritzer, "Last chance for Holocaust restitution ?" JTA, 30 June 2009. http://jta.org/news/article/2009/06...

(2) Uri Avnery, "Tutu’s Prayer," Gush Shalom, 29 August 2009. http://zope.gush-shalom.org/home/en...

(3) Desmond Tutu, "Israel : Time to Divest," New Internationalist magazine, January/February 2003. Available online at Third World Traveler.

(4) Neve Gordon, "Boycott Israel," Los Angeles Times, 20 August 2009. http://www.latimes.com/news/opinion...

(5) Gary Zatzman, "The Notion of the "Jewish State’ as an "Apartheid Regime’ is a Liberal-Zionist One," Dissident Voice, 21 November 2005. http://dissidentvoice.org/Nov05/Zat...

(6) See Bill Keller, Tree Shaker : The Story of Nelson Mandela (Boston : Kingfisher, 2008). Mandela voulait parvenir à un accord par des moyens pacifiques, non violents. Mais confronté à la violence de l’Etat, il a eu recours à la violence comme moyen de lutte. Mandela a souligné que cette violence n’était pas du terrorisme. 98

(7) " Aim of the boycott campaign," Boycott Israel Now. http://www.boycottisraelnow.com/aim.htm

(8) Le terme "conflit" minimise les atrocités commises contre les Palestiniens et les Sud Africains par leurs oppresseurs.

(9) Isaac Saney affirme que la Bataille de Cuito Cuanavale fut le point tournant de la lutte contre l’apartheid. " Isaac Saney, "The Story of How Cuba Helped to Free Africa," Morning Star, 4 November 2005.

COMMENTAIRES  

03/09/2009 14:38 par MRoad

« Cependant, n’est-ce point, en quelque sorte, le but de l’opération : montrer que le monde entier est contre le racisme des Juifs envers les Palestiniens ? »
Ces mots, à eux seuls, sabrent le reste du texte et font le lit des diffamations servant à calomnier la lutte pour les droits fondamentaux du peuple palestinien. Qui a jamais parlé du racisme des juifs, j’insiste, des juifs envers les palestiniens ? Il s’agit ici du racisme de l’état israélien envers les palestiniens. Un racisme organisé comme lors de l’apartheid. Organisé par l’état avec la bénédiction de l’ état. Que cet état se fasse appelé « état juif » par les capitales vassales (alors que la population juive n’est que 60% du total officiel et en net recul de natalité sur les 40% restant) ne relève que de la stratégie de diffamation préventive. Si cette phrase n’était pas si mal formulée, pourquoi s’en expliquer juste après ?

« Attention, le monde entier n’est pas contre les Juifs,
(…)
Qui et quoi Avnery défend-il ? Les Palestiniens contre le racisme ou les Juifs israéliens contre les effets sur l’économie et l’opprobre que représente un boycott international ? »

Là encore, même remarque. Le boycott est-il dirigé contre israël et son économie ou contre les juifs d’israël. Un produit étiqueté « made in israel » indiqué-t-il s’il est issu d’une entreprise tenue par un juif ou non ? S’agit-il de combattre un régime par des voix populaires contournant la complice apathie de nos politiciens, de le contraindre à plus de pratique démocratique, c’est-à -dire non basée sur des critères d’appartenance à un groupe ethnique et ou religieux. Ou s’agit-il de tendre la joue aux simplificateurs et réducteurs du conflit.
Si le fond du sujet est pertinent (l’hypocrite défense des palestiniens de M. Avneri), la forme est parfois douteuse dans le choix de ses propos qui tendent facilement à les lui renvoyer.
Est-il question des articles « made in » ou des articles « not made in » mais faits par et pour des intérêts israéliens ?

Toutes ces énergies sur des préjugés que je juge réciproques quand le coeur même de cette discussion est menacé.
La liberté d’expression est menacée par un projet de loi dite « Martin Luther King » pour que personne n’aille cracher sur texte portant nom si respectueux. Pourtant cette loi, en associant antisionisme et antisémitisme, va si elle passe définitivement museler l’opinion sur les questions légitimes que soulève le comportement de cet état à l’égard du peuple occupé depuis soixante et un an et dont il a la charge selon les textes internationalement reconnus. Je parle ici des 152 pays qui n’ont pas le droit de veto mais constituent, aussi, la communauté internationale et qui désapprouvent systématiquement le comportement d’israel à l’égard du peuple palestinien comme celui des Etats-Unis à l’égard de Cuba.
Cet opprobre unanime n’a pas droit de cité dans notre pays. Sinon sous les feux cuisants de l’antisémitisme. Ce qui en soit devrait constituer un vif débat au sein de notre société. A défaut de débat public, le peuple s’informe, s’organise et débat comme nous le faisons ici en échangeant nos vues sur ces questions. C’est ce débat même qui est menacé au titre de l’antisionisme appelé à devenir équivalent légal de l’antisémitisme.

On est en train de se plaindre du graissage des gonds de la fenêtre du Rdc quand la toiture prend feu…

03/09/2009 18:53 par emcee

Bonsoir, MRoad,

je suis d’accord avec l’essentiel de votre message.
Je ne savais pas, par ailleurs, cette histoire de loi "Martin Luther King", je n’ai pas compris dans quel pays ni pourquoi "ils" se sont approprié "MLK".

Certes, le terme de "Juif" plutôt qu’"état d’Israël" m’a fait tiquer à la traduction, mais ne voyons-nous pas cela à travers notre propre culture, une culture où nous sommes constamment culpabilisés et où chaque terme doit être bien choisi pour ne pas être taxés d’antisémitisme ... et malgré cela, ce sera le cas si cela arrange l’accusateur ?
C’est en France qu’il y a une loi Gayssot...

Evidemment, ce sont des généralisations malvenues, mais de même qu’on dit "les Français" ou les "Américains" pour désigner des comportements ou des positions gouvernementales qui ne sont, bien sûr, pas soutenues par toute la population. Alors, il s’agit de savoir faire la différence entre malveillance raciste et raccourci, ou simple maladresse.

D’ailleurs, Kim Petersen - qui voulait montrer qu’une personnalité comme Avnery, qui dit soutenir le peuple palestinien, dénonce le boycott, ne proposant que des solutions qui n’ont pas fonctionné - était bien obligé de différencier les protagonistes.

Et donc, pour être clair dans son propos, Petersen était bien obligé de distinguer "Juifs d’Israël" (caste dominante comme les Blancs en Afrique du Sud, qui seraient sanctionnés directement par ce boycott, puisque ce boycott est réclamé par les Palestiniens eux-mêmes, dont ceux qui vivent en Israël) et "Palestiniens", qu’ils vivent dans les Territoires Occupés, dans des camps de réfugiés ou en Israël même.

Et donc, pour cette raison, je ne suis pas d’accord avec l’interprétation que vous faites de ce que dit Petersen.
Bien sûr que le boycott serait dirigé contre l’état d’Israël, mais les effets du boycott retomberont sur la population, évidemment. Avec ce que cela implique - pour les Juifs israéliens et pour les Palestiniens, qui seront, en outre, à n’en pas douter, les plus touchés économiquement.

Je n’ai pas vu malice à ces propos.

04/09/2009 01:21 par MRoad

Cher Emc²,

Merci pour cette mise au point. Je ne cherche nullement à calomnier M. Petersen ou le rabaisser au même rang que M. Avnery.
Comme indiqué, si le fond de l’article est juste, je trouve et persiste à trouver que la forme prête le flanc aux ennemis de la vérité. Je suis bien conscient de "notre culture de la peur et de la culpabilité", c’est pour ça que j’insiste sur l’utilisation juste et irréprochable du peu de vocabulaire légal restant pour porter le fer (en l’occurence le clavier) contre cette injustice perpétrée avec notre assentiment silencieux.
Un silence factice et politique que peuvent briser les peuples du monde au travers de ce boycott.
En ce sens, j’ai lavé ma conscience "d’activiste de chez soi" en proposant au site officiel de la campagne de boycott la traduction faite de leur site (heureusement court) en français. S’ils en veulent bien je pourrais toujours leur refaire ça en espagnol. On donne ce qu’on peut...

Mais comme la dernière phrase de mon premier commentaire : où livre-t-on le combat de l’information en ce début septembre. Ce n’est pas le premier article sur la campagne de boycott. Y apprend-on un ajout à la liste des sociétés traitant avec cet état ? Avons-nous des témoignages d’actions de communication devant des magasins par des comités locaux ? Je vous renvoi au lien qui suit pour voir qu’outre la loi Gayssot, une nouvelle loi se prépare selon des canaux d’influence que nous connaissons. Si l’UJPF attendait un gouvernement propice à la promulgation d’une telle loi, elle l’a. Et ce n’est pas pour rien que les manoeuvres commencent. L’UJPF ne sert ici que de cache nez et en même temps de fusible. Si l’opinion publique s’élève contre cette loi, le gouvernement s’en défaussera en parlant d’un groupe ayant voulu en faire un peu trop...
Mais il est temps d’ameuter sur ce sujet avant que l’initiative ne devienne projet de loi. Car comme je l’écrivais, si cette loi passait... Et bien un site comme celui-ci ne pourrait plus éditer d’article sur Israël. A moins que ce ne soit pour parler des qualités gustatives et commerciales de leur huile d’olives. Ou à moins de supporter un procès en correctionnel pour chaque article sur cet état.

06/09/2009 12:17 par emcee

Bonjour, MRoad,

A force de faire la police entre nous pour relever les propos qui seraient "à la limite de l’antisémitisme", à force de nous laisser terroriser pour une question de vocabulaire, nous donnons raison à ceux qui ne trouvent que cette accusation pour nous faire taire. S’ils avaient des arguments vraisemblables pour justifier la politique d’Israël (on peut dire Israël au lieu d’état d’Israël ? Il faut que je me renseigne) ils n’auraient pas besoin de s’attacher aux mots prononcés pour déstabiliser leurs contradicteurs.

"Ah, j’ai dit "juif", désolé", je voulais dire "Israélien", mais ceux qui … euh disons, ceux qui ne sont pas arabes, tu vois, oh ! et puis, pas tous, parce qu’il y en a des très bien ... qui se battent pour la paix et tout, non je parle des … oh, puis zut !".

Arrêtons la paranoïa. Nous faisons le jeu de ceux qui n’attendent que ça.

Pour la Conférence de Genève sur le racisme, qui s’est réunie peu après les massacres à Gaza, la condition sine qua non de la participation des pays occidentaux était de ne pas parler d’Israël. Et pourquoi donc peut-on parler de tous les pays dans le monde sauf d’Israël ? Qui a décidé qu’Israël était intouchable et au nom de quoi ?

Et puis, du racisme en Israël ? Pas du tout, juste un petit apartheid de rien du tout.

Des morts ? Oh, à peine quelques petites centaines - des terroristes, de toute façon. Il y en a eu bien plus ailleurs.

Un boycott ? Ah, non, ça va pas être possible, on ne peut pas étrangler ce pays démocratique encerclé par un océan de théocraties bourrées de terroristes armés de roquettes jusqu’aux dents et prêts à anéantir Israël.

Et donc, les accusations d’antisémitisme, ça suffit.
Les antisémites, ce n’est pas nous, qui luttons pour la libération d’un pays occupé. Nous ne cherchons pas à écraser un pays dominateur pour le remplacer par un autre de la même engeance. Nous demandons la justice et que s’appliquent les lois internationales qui sont bafouées depuis longtemps. Et nous n’aurions pas à le faire si les chefs d’états, quels qu’ils soient, avaient un tant soit peu de dignité.

Les antisémites, ce sont ceux qui délibérément ramènent tout à la judéité, qui font des procès ridicules pour propos soi-disant antisémites (qu’ils ne gagnent pas, sauf véritable manifestation de haine raciste, mais cela ne fait rien, cela aura créé une effervescence médiatique et un avertissement pour les éventuels contradicteurs) et qui, pire encore, génèrent des tensions et des malaises entre les Juifs "ordinaires" et le reste de la population, les forçant au repli communautaire alors que tout ce qu’ils aspirent à faire, c’est vivre comme tout citoyen français- qu’ils sont - sans qu’on leur rappelle constamment qu’ils sont juifs et combien ils ont été malheureux (en les présentant, donc, comme d’éternelles victimes impuissantes qu’il faut protéger) et sans qu’ils soient systématiquement tenus d’adhérer à la politique d’Israël, sous peine d’ostracisme.

Ces gens-là ne défendent pas les Juifs, ils s’en servent pour les manipuler et imposer leur idéologie.
Et cela, c’est inadmissible.

D’ailleurs, avec ce raisonnement, on est toujours l’antisémite d’un autre.
Par ex, je lis dans votre commentaire : "j’insiste sur l’utilisation juste et irréprochable du peu de vocabulaire légal". Ah bon ? Eh bien moi, je voudrais bien savoir ce que vous entendez par : " selon des canaux d’influence que nous connaissons" en pointant un lien sur l’UJPF ?

Vous voyez, on a beau être méfiant, on peut tomber à tout moment pour antisémitisme.

Quant au projet de loi qu’ils veulent faire passer, c’est infâme. Cela voudrait donc dire qu’un groupuscule en France peut porter gravement atteinte à la liberté d’expression de toute la population pour faire passer son idéologie comme universelle.

C’est encore une violation du principe de laïcité et de la Constitution.

(Pour l’"anecdote", je dirai que ce n’est pas "cher" mais chère" … Je sais, on ne prête qu’aux riches ;)

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