Le départ d’Abbas changera-t-il quelque chose ? (Ma’an News)

Alaa TARTIR

Le Conseil national palestinien (CNP) doit se réunir ce mois-ci pour la première fois depuis 2009 pour accepter la démission de Mahmoud Abbas en tant que président de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), avec plus de la moitié de 18 membres du Comité. Le PNC a bien sûr la possibilité de rejeter tout ou partie de la démission et, en tout cas, Abbas gardera plusieurs autres casquettes : Il restera le chef de l’Etat, le président de l’Autorité palestinienne, le commandant en chef, et le chef du parti Fatah. De plus, tous ceux qui ont démissionné sont libres de se représenter.

Les Palestiniens, qu’ils résident dans leur pays ou qu’ils soient en exil, ne savent pas s’ils doivent rire ou pleurer devant ce spectacle qui pourrait être les prémices d’un processus de succession. Abbas, qui a 80 ans, semble avoir choisi Saeb Erekat, qui a lui-même un lourd record de démissions, pour s’occuper de la communauté internationale, et le chef du renseignement Majid Faraj pour contrôler les affaires intérieures.

Les documents palestiniens ont révélé qu’Erekat s’était plié en quatre pour satisfaire Israël, au point de largement abandonner le droit au retour des réfugiés dans leurs foyers et leurs terres. Quant à Faraj, il a stabilisé la Cisjordanie d’une main de fer et il supervise la haïssable collaboration sécuritaire avec Israël qui maintient les Palestiniens sous le joug de l’occupation. Quel que soit le Comité exécutif qui est élu (ou réélu) par la PNC, il est peu probable qu’il aura beaucoup d’influence dans ces domaines.

Où tout cela laisse-t-il le peuple palestinien et sa quête de justice et de droits humains ? Le paysage est sombre, même s’il y a quelques lueurs d’espoir.

Sur le front politique, le fossé entre les deux principales factions palestiniennes, le Fatah et le Hamas, se creuse de jour en jour. Le bruit court que le Hamas, qui n’est pas représenté au PNC, négocie un cessez-le feu à long terme avec Israël en dépit des démentis.

Au sein du Fatah lui-même, il y une lutte acharnée pour les plus hauts postes à l’approche de la septième assemblée générale prévue en Novembre. On peut même craindre que les rivalités ne gagnent les rues et que les Palestiniens de Cisjordanie ne se retrouvent à se satisfaire d’un homme fort comme Faraj pour de simples raisons de sécurité.

Ces conflits internes handicapent la direction palestinienne et la rende encore plus incapable de régler les nombreux problèmes rencontrés par les réfugiés palestiniens dans les pays arabes. Les réfugiés palestiniens de Syrie ne sont pas protégés par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et ne peuvent compter que sur ce que l’impécunieux Office de secours et de travaux des Nations unies (UNRWA) peut leur fournir. Les réfugiés palestiniens dans le camp de Ain Al-Hilweh, le plus grand du Liban, fuient les combats acharnés entre le Fatah et un groupe islamiste.

Le désarroi politique des Palestiniens dont Abbas a la charge, laisse la voie libre à Israël pour poursuivre sa colonisation incessante de la terre palestinienne. Le vol de terre par les colons juifs et la destruction de secteurs palestiniens sont coutumiers. Israël n’a aucun mal à balayer les protestations de l’Union européenne et des États-Unis.

La nomination de Danny Danon pour représenter Israël à l’Organisation des Nations Unies montre bien que l’extrême- droite gouvernementale israélienne se moque bien de ce que peut dire la communauté internationale. Danon prône l’annexion de « la plus grande partie » de la Cisjordanie « avec le minimum de Palestiniens. »

Il est difficile de voir quelle différence le plan de succession d’Abbas fera dans la protection des Palestiniens ou l’exercice de leurs droits. Les Palestiniens ont fait beaucoup de sacrifices pour que l’OLP soit reconnue comme leur seul représentant légitime. La légitimité de l’OLP, cependant, a été sérieusement ébranlée depuis que Yasser Arafat a signé les accords d’Oslo avec Israël. Sous le mandat de M. Abbas, la représentativité de l’OLP s’est réduite à des enclaves disloqués en Cisjordanie, où les forces de sécurité de l’AP ont servi de sous-traitant à Israël et favorisé son projet de colonisation illégale.

Il y a néanmoins quelques lueurs d’espoir. Les citoyens palestiniens d’Israël en offrent une. La façon dont ils ont surmonté leurs différences pour devenir le troisième parti aux élections israéliennes de mars dernier sous un leadership intelligent, sage et unifié devrait être un modèle pour le reste du peuple palestinien.

La société civile palestinienne en offre une autre : elle s’est relevée encore et encore de ses cendres avec détermination et créativité. Le Boycott Désinvestissement et Sanctions (BDS) palestinien, qui a été institué il y a 10 ans, a contribué à consolider et développer les actions dispersées de boycott et de désinvestissement aux Etats-Unis et en Europe. Il a mis les partisans d’Israël aux Etats-Unis sur la défensive et les a forcés à dépenser des millions pour contrer la lutte non-violente des Palestiniens pour leurs droits.

Pourtant, il y a des limites à ce que la société civile peut faire. À l’heure actuelle, elle est assez forte pour contribuer à empêcher que les droits des Palestiniens ne soient laminés dans un accord avec Israël. Plus important encore, elle peut garder la flamme allumée jusqu’à il y ait un renouveau significatif du corps politique. Les Palestiniens savent que, plus que toute autre chose, ils doivent recréer des institutions représentatives qui englobent Gaza assiégée et martyrisée et la Cisjordanie, les réfugiés dispersés à travers le monde arabe, et les exilés désireux de rentrer à la maison.

Nadia Hijab et Alaa Tartir sont, respectivement, directeur exécutif et directeur de programme d’Al-Shabaka : Le Réseau politique palestinien.

Traduction : Dominique Muselet

 http://maannews.com/Content.aspx?id=767449

COMMENTAIRES  

11/09/2015 13:52 par Aldamir

L’Autorité palestinienne à laquelle on se réfère a été installée par les USA et leurs alliés sionistes et ses membres n’ont été que des pantins manipulés en coulisse par le propre ennemi du peuple palestinien. Abbas a perdu sa légitimité et devra être poursuivi avec sa clique par son peuple pour traîtrise et collaboration avec l’ennemi et certains le soupçonnent d’être impliqué dans l’empoisonnement de Arafat. Cette Autorité artificielle doit être dissoute afin que le peuple palestinien dans toutes ses composantes puisse élire de véritables dirigeants..

11/09/2015 17:10 par Louise

Que tout cela est triste... Bien sûr le Hamas tente de négocier directement ! Parce que les Gazaouis n’en peuvent plus d’être enfermés en plus d’être sous embargo !

12/09/2015 13:24 par D.Vanhove

Les Palestiniens ne devraient avoir qu’un seul mot face à ces voyous qui collaborent allègrement avec l’occupant : DÉGAGEZ !

15/09/2015 03:44 par depassage

Le départ d’Abbas changera-t-il quelque chose ? (Ma’an News) par depassage

Le départ d’Abbas changera-t-il quelque chose ?

Réponse : Il ne changera absolument rien.
Oui, quand on n’a pas vécu dans sa chair certaines réalités ou des réalités semblables à même de nous rapprocher de celles que vivent d’autres, il nous devient permis de presque tout dire, et non seulement, on peut même dire la chose et son contraire. Il est vrai et je l’avoue que la question palestinienne me parait moins centrale que tout ce qui se passe dans la région du Moyen-Orient. Elle reste essentielle par tout ce qu’elle a pu engendrer, mais pas centrale pour le moment.
Dans toute lutte, il y a un perdant et un gagnant quoique la vraie vie et l’histoire nous enseignent que le perdant d’un jour peut ne pas être le perdant de toujours et le gagnant d’un jour peut ne pas être le gagnant de toujours. Et puis, que signifie être gagnant quand on a gagné par la triche et les coups bas, juste pour les plaisirs des égos ou quelques lubies, mêmes dures comme du roc et non pas pour un idéal au-dessus des egos qu’ils soient des personnes, de race ou de religion.
Autre chose, je sais qu’on ne peut pas se prémunir de tout et qu’il est plus facile de juger que de s’impliquer en plus de comprendre l’importance des contextes et les difficultés de les surmonter.
Je reste encore dans les avertissements et je poursuis. Je ne juge jamais les personnes mais je me donne le droit comme toute personne peut l’avoir ou le faire à mon encontre de juger de leurs paroles rendues publiques. Ceci d’une part. Et d’autre part, on ne prendra jamais conscience de quoi que ce soit, si on n’a pas pris conscience du rôle de girouette que jouent les opinions qui, comme telle, obéissent au courant des vents les plus puissants.
Il est certain que ce commentaire sera le dernier que je ferais sur tous les textes qui peuvent être émis par les organisations et officines de la défense de la cause palestinienne. Et si je le fais aujourd’hui, c’est juste à cause des commentaires qui sont corrects et expriment des opinions respectables qui m’interpellent et me sidèrent au même temps.
D’abord, ce qui m’horripile, ce sont les attitudes et leurs provenances sur lesquelles je ne vais pas m’étaler. Imaginer quelqu’un qui, pendant 30 ans et plus, a tout vu venir sans rien pouvoir changer du cours de ce qu’il voyait venir. Mais il n’était pas le seul, il faisait partie d’un bon grand nombre. En bref et en soulignant seulement les étapes les plus importantes qui restent d’actualité : Il a vu la naissance du Hamas, et comment il était encouragé par l’autorité sous laquelle il était né par le procédé du bâton et la carotte juste pour saper l’emprise de l’autorité palestinienne sur les populations qu’elle représentait sans exclusion aucune, ni religieuse ni ethnique, autre celles qui s’excluent par elles- mêmes. Elle représentait sur un plan politique toutes les sensibilités allant des communistes à la droite ou les tenants de la libre entreprise. Quoique furent les démarches, les islamistes tenaient à faire cavalier seul.
Entre-temps, pendant qu’on laissait fleurir les islamistes, on pourchassait l’OLP et ses soutiens par les assassinats ciblés, la guerre directe comme au Liban et en Tunisie en bombardant son QG, alors qu’elle venait juste de s’y installer après avoir été chassée du Liban.
Forcée, L’OLP fut obligé d’abdiquer et d’entamer les négociations d’Oslo, après la conférence de Madrid. Mais cela ne s’est pas fait sans déchirements irréparables entre ceux qui étaient sceptiques des résultats de ces négociations et ceux qui espéraient des résultats. Mais avant, tout avait été consumé lorsque la solution préconisée par les pays du golfe et leurs maîtres avait pris le dessus sur celle préconisée par les pays progressistes arabes et les pays non alignés qu’on appelle maintenant le groupe des 77.
Ce n’est là que des grandes lignes qui n’ont aucune prétention historique. C’est juste un brossage de vive mémoire car la vraie histoire est un tourbillon de chaos que les affidées des systèmes poinçonnent avec des tampons imbibés de l’encre de leurs carcans idéologiques et aiment les donner à prendre et non à comprendre.
C’est triste, disait Louise.
C’est beaucoup bien triste pour ceux qui le savaient depuis fort longtemps.
Dégagez, disait D. Vanhove.
On vous a fait des promesses et sur cette base vous avez fait des concessions. On n’a pas tenu nos promesses garanties par les grandes puissances de ce monde, vous voilà maintenant traître et vous et le reste.
C’est le monde à l’envers. Ou quoi ?

15/09/2015 05:39 par depassage

Lire : quoi que furent les démarches... et non : quoique...

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