Israël s’entraînerait à des frappes nucléaires sur l’Iran - Reuters, janvier 2006.
Le directeur de la CIA demande à la Turquie de se tenir prête à une attaque contre l’Iran.
Par Kurt Nimmo, kurtnimmo.com, 21 décembre 2005.
On pourrait croire que la récente déclaration de Porter Goss, nettoyeur en chef de la CIA, qui disait récemment au gouvernement turc que les États-Unis avaient l’intention d’attaquer l’Iran et la Syrie, aurait fait les gros titres du New York Times et du Washington Post. Mais, alors que Turkish Press a relayé l’info, il n’y a eu pratiquement aucun écho dans les médias américains à l’exception des agences United Press International (UPI) et Reuters. Cette dernière a évoqué la discussion entre Goss et les représentants du gouvernement turc au sujet de « l’organisation séparatiste terroriste, » le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), mais n’a pas soufflé mot de l’attaque, tandis que l’UPI y a fait allusion dans le quatrième paragraphe de son article : « Goss a déclaré que l’Iran considérait la Turquie comme un ennemi et allait "exporter son régime" ; il a conseillé à Ankara de se tenir prête à une éventuelle opération aérienne militaire contre l’Iran et la Syrie. »
PHX News a été plus spécifique et a souligné l’absence d’attention porté à cet événement : « Dans un article qui est passé totalement inaperçu, Turkish Press a rapporté la semaine dernière qu’à l’occasion d’une récente visite à Ankara le directeur de la CIA, Porter Goss, avait informé le gouvernement turc que l’Iran possédait déjà l’arme nucléaire et que les Turcs devraient se tenir prêts à "une éventuelle opération aérienne contre l’Iran et la Syrie." » La Presse Turque donnait davantage de détails :
Au cours de sa récente visite à Ankara, le directeur de la CIA Porter Goss aurait apporté à Ankara trois dossiers concernant l’Iran. Goss aurait demandé à Ankara de soutenir Washington dans sa lutte contre les activités nucléaires iraniennes, accusant Téhéran d’avoir apporté son soutien aux terroristes et d’avoir pris part à des actions à l’encontre de la Turquie. Goss, dont la visite à Ankara a suivi de très près celle du directeur du FBI Robert Mueller, a parlé des prétendues tentatives de l’Iran pour mettre au point des armes nucléaires. Il paraît que Goss a d’abord dit à Ankara que l’Iran était en possession d’armes nucléaires, et que cette situation représentait une grave menace pour la Turquie et les autres états de la région. Le deuxième dossier porte sur la position de l’Iran sur le sujet du terrorisme. La CIA a affirmé que l’Iran soutient le terrorisme, le PKK et al-Quaïda.
Bref, les néocons ont envoyé Goss et Mueller négocier une « opération aérienne contre l’Iran et la Syrie » en échange d’une politique kurde sans concession, agitant la menace d’une « donnée factuelle » qui relève de l’hypothèse : les Iraniens auraient l’arme nucléaire et seraient prêts à s’en servir.
Ainsi que je l’écris ici depuis des mois, les néocons ont la ferme intention d’attaquer l’Iran et la Syrie, même si ce n’est que par voie aérienne. Bien entendu, le résultat d’une telle opération serait un accroissement du chaos et des dissensions, exactement le but recherché par les néocons, malgré les simagrées auxquelles se livre Bush lorsqu’il parle en bafouillant de la démocratie et des élections iraniennes. Comme nous devrions le savoir si nous suivons bien les événements, les Bushcons se conforment au scénario sioniste et essaient de balkaniser le Moyen Orient musulman, à coup d’hécatombes et de violence sectaire.
Kurt Nimmo
– Source :
www.globalresearch.ca
– Traduction Catherine-Françoise Karaguezian pour Le Grand Soir.
www.legrandsoir.info/article.php3 ?id_article=3077
Feu Persan [1]
Les forces spéciales israéliennes se tiennent « fin prêtes ».
Par Chris Floyd, Moscow Times, 16 décembre 2005.
Nous le savons désormais : l’Iran sera la prochaine proie des flammes. Le coup sera porté par personne interposée, ce qui ne mettra pas les vrais responsables à l’abri de la tempête de feu qui s’ensuivra : représailles et conséquences imprévues. Déjà , à l’heure qu’il est, la mort épouvantable de nombreux innocents de différentes nationalités est en gestation.
C’est le 27 octobre que le Rubicon de ce nouveau conflit a été franchi. Étrangement, pour cette résurgence de l’ancienne inimitié des héritiers d’Athènes et de la Perse, l’événement décisif a eu lieu à la limite du cercle arctique, au Cosmodrome de Plesetsk ; c’est de là qu’une fusée russe a mis sur orbite un satellite-espion iranien, le Sinah-1. [2] Ce lancement, qui est passé quasiment inaperçu sur le moment, a hâté l’instant de l’inévitable frappe des installations nucléaires iraniennes : d’après le Sunday Times, Israël se prépare actuellement à une attaque qui aura lieu au plus tard fin mars.
Le Premier ministre Ariel Sharon, sur le pied de guerre, a ordonné aux forces spéciales de se tenir « fin prêtes » à attaquer. Cependant que le projet iranien d’enrichissement d’uranium - qui permettra à ce pays de se doter de l’arme nucléaire - est le facteur clé, le nouveau programme spatial iranien constitue aux yeux de Sharon « un point de non-retour » et motive la planification actuelle de l’attaque. Le Sinah-1 n’est que le premier d’une série de satellites que les Russes s’apprêtent à lancer au cours des prochains mois.
Les Iraniens disposeront donc bientôt d’un réseau satellitaire qui pourra les avertir d’une attaque israélienne, bien que ses capacités techniques ne semblent bien pâles comparées à celles des satellites espions israéliens et américains capables de détecter le moindre remous dans la barbe d’un mollah de Téhéran. Qui plus est, fin novembre, la Russie a signé un contrat d’un milliard de dollars par lequel elle s’engage à vendre à l’Iran un système de défense moderne, à même de détruire les missiles guidés et les BGL [3], affirme le Sunday Times. Il sera également opérationnel dans quelques mois.
Il existe bien entendu un autre « facteur d’accélération » : les prochaines élections israéliennes, prévues le 28 mars. Sharon, qui a quitté le Likoud pour fonder son propre parti basé sur le culte de la personnalité, va se trouver face à un électorat récalcitrant, avec d’anciens camarades de parti disposés à garantir une attaque des installations nucléaires iraniennes si Sharon est trop « faible » pour agir avant les élections. Il est possible qu’il prenne cette décision fédératrice - qui de plus lui épargnerait ce coup de la droite - et attaque Téhéran. Sans doute, cette action serait bien reçue par les Israéliens, tout le monde étant d’accord sur ce point : on ne peut pas permettre aux Iraniens de se doter d’armes nucléaires dont les Israéliens sont eux-mêmes abondamment pourvus.
Elle serait aussi bien reçue par Washington. Seul un idiot peut s’imaginer que les idiots du régime Bush, prêts à faire couler le sang pour s’assurer la totale domination du Proche-Orient, ont renoncé à leur ambition sous prétexte que la situation en Irak est partie en capilotade entre leurs mains. Pour ces machinateurs, l’Irak n’a représenté qu’un moyen de se rapprocher du « lointain ennemi », l’Iran. Manifestement, ils se sont servis de Saddam lui-même pendant des années, comme d’une arme utile pour matraquer les Iraniens, jusqu’à ce qu’il commette une erreur fatale en s’en prenant aux vieux partenaires de business de la famille Bush, la famille royale koweitienne. Le meurtre, la torture et les hostilités sont toujours les bienvenus lorsqu’ils servent les élites qui détiennent le pouvoir à Washington, mais les bravades sont interdites.
La bravade de Saddam n’a duré que quelques mois avant que la première Guerre du Golfe ne rabaisse sa superbe, en revanche voici 25 ans que l’Iran fait des pieds de nez à Washington. Pour les accros au pouvoir des rives du Potomac, l’Iran n’a jamais été puni comme il aurait fallu après avoir viré le shah et s’être emparé de l’ambassade américaine de Téhéran. Les 600 000 Iraniens qui ont été tués par l’armée de Saddam, soutenue par les Américains, ne sont pas pris en compte dans ce calcul sordide : le régime de Téhéran est toujours debout et ne s’est jamais repenti de ses actes. Oui, ces choses-là comptent aux yeux de ces gens qui, pour cacher leur incompétence et pour se donner plus d’importance en identifiant leur propre psyché à une entité de masse abstraite - la nation, le volk, l’oumma, la tribu etc. A l’instar d’Osama, qui n’a jamais pardonné les Croisades, les partisans de Bush sont prêts à envoyer des innocents à la mort pour apaiser le traumatisme des « humiliations ».
La folie endémique de l’humanité joue un rôle dans cette affaire. Mais
la vraie motivation des partisans de Bush est... ce qui les motive. L’Iran-même n’est en fait qu’un moyen pour se rapprocher du but ultime : mettre les vannes du pétrole du Proche-Orient et de l’Asie Centrale entre les mains de marionnettes de l’Amérique, afin de freiner l’ascension politique de la Chine et de l’Inde et de s’assurer de l’avènement d’une « nouvelle ère américaine » [4] de profits et privilèges inébranlables. Qui en bénéficierait ? L’élite, comme d’habitude. Les citoyens américains, ces pigeons, ne retireront rien de ces petits jeux géopolitiques, seulement le droit de payer les factures et de réceptionner les sacs à viande.
Un Iran détenteur de l’arme nucléaire se dresserait en travers de cette glorieuse route dorée tel un rempart persan ; il est donc urgent d’en démolir les échafaudages avant que les parois n’en soient achevées. Le régime Bush mène déjà à l’Iran une guerre « de faible intensité », en manipulant le groupe moudjahidin terroriste el-Khalq qui recherche des cibles potentielles et commet des attentats à la bombe, apprend-on dans Common Dreams [5]. Le MEK est une étrange secte militariste iranienne qui assassinait autrefois des représentants du gouvernement des États-Unis, puis qui avait conclu une alliance avec Saddam pendant la guerre Irak-Iran (1980-1988). Par la suite, ils continuèrent à travailler pour Saddam, lui servant d’hommes de main pour réprimer brutalement les Chiites et les Kurdes ; la cruauté de leurs tortures était légendaire. Ce qui n’a pas empêché Bush de louer les services de ces terroristes saddamistes, apprend-on dans Newsweek.
Avec l’intraitable président Mahmoud Ahmadinejad - encore un pignouf sur mesure, prêt pour la diabolisation - comme représentant d’un régime haïssable, Bush et Sharon n’auront pas de mal à déclencher la frénésie guerrière nécessaire à l’attaque. Au cours des quelques mois à venir, nous allons assister à la comédie « diplomatique » habituelle, tandis que l’on peaufinera les préparatifs militaires. Mais l’incendie menace ; l’on entend déjà les gémissements de mort de l’avenir.
Chris Floyd
– Voir les notes [6]
– Source : Globalresearch.ca, 20 décembre 2005.
www.globalresearch.ca
– Traduction Catherine-Françoise Karaguezian pour Le Grand Soir.
www.legrandsoir.info/article.php3 ?id_article=3077
Iran : les USA achèvent les préparatifs en vue d’ une attaque, par Wayne Madsen, 14 janvier 2006.
Iran : Bush et Sharon préparent une opération conjointe, par Michel Chossudovsky.
[Pour illustrer ce qui est erroné dans la tendance dominante, commençons par le slogan « ni-ni » : maintenant que Milosevic est à La Haye, les Talibans et Saddam Hussein renversés, les partisans de ce slogan peuvent-ils expliquer comment ils comptent se débarrasser de l’autre partie du « ni », Bush ou l’OTAN ?] L’espoir change-t-il de camp ? par Jean Bricmont. A LIRE