19 

Le Grand Jeu de destruction des nations (Consortium News)

28 avril 1998 : Manifestation de l’Association révolutionnaire des femmes d’Afghanistan à Peshawar, au Pakistan, "pour condamner le sixième anniversaire du déferlement des fondamentalistes sur Kaboul." (RAWA, CC BY 3.0, Wikimedia Commons)

Tandis qu’un tsunami de larmes de crocodile submerge les politiciens occidentaux, l’histoire est occultée. Il y a plus d’une génération, l’Afghanistan avait obtenu sa liberté, que les États-Unis, la Grande-Bretagne et leurs "alliés" ont détruite.

En 1978, un mouvement de libération dirigé par le Parti Démocratique Populaire d’Afghanistan (PDPA) a renversé la dictature de Mohammad Dawd, le cousin du roi Zahir Shah. Cette révolution, immensément populaire, a pris les Britanniques et les Américains par surprise.

Les journalistes étrangers présents à Kaboul, rapporte le New York Times, ont été surpris de constater que "presque tous les Afghans qu’ils ont interrogés ont déclaré qu’ils étaient ravis du coup d’État". Le Wall Street Journal rapporte que "150 000 personnes ... ont défilé pour honorer le nouveau drapeau ... les participants semblaient véritablement enthousiastes".

Le Washington Post rapporte que "la loyauté des Afghans envers le gouvernement peut difficilement être mise en doute." Laïque, moderniste et, dans une large mesure, socialiste, le gouvernement proclama un programme de réformes visionnaires comprenant l’égalité des droits pour les femmes et les minorités. Les prisonniers politiques furent libérés et les dossiers de la police brûlés publiquement.

Sous la monarchie, l’espérance de vie était de 35 ans ; un enfant sur trois mourait en bas âge. Quatre-vingt-dix pour cent de la population était analphabète. Le nouveau gouvernement introduit la gratuité des soins médicaux. Une campagne d’alphabétisation de masse fut lancée.

À la fin des années 1980, la moitié des étudiants universitaires étaient des femmes, et les femmes représentaient 40 % des médecins, 70 % des enseignants et 30 % des fonctionnaires afghans.

Soutenus par l’Occident

Les changements furent si radicaux qu’ils restent vivaces dans la mémoire de ceux qui en ont bénéficié. Saira Noorani, une chirurgienne qui a fui l’Afghanistan en 2001, se souvient :

"Toutes les filles pouvaient aller au lycée et à l’université. Nous pouvions aller où nous voulions et porter ce que nous voulions... Nous avions l’habitude d’aller dans les cafés et au cinéma pour voir les derniers films indiens le vendredi... tout a commencé à mal tourner lorsque les moudjahidines ont commencé à gagner... ils étaient soutenus par l’Occident."

Pour les États-Unis, le problème du gouvernement PDPA était qu’il était soutenu par l’Union soviétique. Pourtant, il n’a jamais été la "marionnette" raillée en Occident, pas plus que le coup d’État contre la monarchie n’a été "soutenu par les Soviétiques", contrairement à ce que prétendait la presse américaine et britannique à l’époque.

Le secrétaire d’État du président Jimmy Carter, Cyrus Vance, a écrit plus tard dans ses mémoires : "Nous n’avions aucune preuve d’une quelconque complicité soviétique dans le coup d’État."

Dans la même administration se trouvait Zbigniew Brzezinski, conseiller à la sécurité nationale de Carter, un émigré polonais, anticommuniste et moraliste fanatique dont l’influence durable sur les présidents américains ne s’est éteinte qu’avec sa mort en 2017.

Le 3 juillet 1979, à l’insu du peuple américain et du Congrès, Carter autorisa un programme d’"action secrète" de 500 millions de dollars pour renverser le premier gouvernement laïc et progressiste d’Afghanistan. La CIA baptisa ce programme du nom de code "Opération Cyclone".

Les 500 millions de dollars ont permis d’acheter, de soudoyer et d’armer un groupe de fanatiques tribaux et religieux connus sous le nom de moudjahidines. Dans son histoire semi-officielle, le journaliste du Washington Post Bob Woodward écrit que la CIA a dépensé 70 millions de dollars rien qu’en pots-de-vin. Il décrit une rencontre entre un agent de la CIA désigné sous le nom de "Gary" et un chef de guerre appelé Amniat-Melli :

"Gary a posé une liasse de billets sur la table : 500 000 dollars en liasses de billets de 100 dollars de 30 cm de haut. Il pensait que ce serait plus impressionnant que les 200 000 dollars habituels, la meilleure façon de dire que nous étions là, que nous étions sérieux, que nous avions de l’argent, que nous savions que vous en aviez besoin... Gary allait bientôt demander au quartier général de la CIA et recevoir 10 millions de dollars en espèces."

Recrutée dans tout le monde musulman, l’armée secrète américaine fut formée dans des camps au Pakistan dirigés par les services de renseignement pakistanais, la CIA et le MI6 britannique. D’autres furent recrutés dans un collège islamique à Brooklyn, New York - à deux pas des tours jumelles. L’une des recrues était un ingénieur saoudien appelé Oussama ben Laden.

L’objectif était de répandre le fanatisme islamique en Asie centrale et de déstabiliser, puis de détruire l’Union soviétique.

Des intérêts plus larges

En août 1979, l’ambassade des États-Unis à Kaboul déclara que "les intérêts plus larges des États-Unis ... seraient satisfaits par la disparition du gouvernement du PDPA, malgré les revers que cela pourrait entraîner pour les futures réformes sociales et économiques en Afghanistan ".

Relisez les mots en gras ci-dessus. Il est rare qu’une intention aussi cynique soit exprimée aussi clairement. Les États-Unis disaient qu’un gouvernement afghan véritablement progressiste et les droits des femmes afghanes pouvaient aller au diable.

Six mois plus tard, les Soviétiques faisaient leur entrée fatale en Afghanistan en réponse à la menace djihadiste créée par les Américains à leur porte. Armés de missiles Stinger fournis par la CIA et célébrés comme des "combattants de la liberté" par Margaret Thatcher, les moudjahidines ont fini par chasser l’Armée rouge d’Afghanistan.

Se faisant appeler l’Alliance du Nord, les moudjahidines étaient dominés par des seigneurs de la guerre qui contrôlaient le commerce de l’héroïne et terrorisaient les femmes des zones rurales. Les Talibans étaient une faction ultra-puritaine, dont les mollahs étaient vêtus de noir et punissaient le banditisme, le viol et le meurtre, mais bannissaient les femmes de la vie publique.

Dans les années 1980, j’ai pris contact avec l’Association révolutionnaire des femmes d’Afghanistan, connue sous le nom de RAWA, qui avait tenté d’alerter le monde sur la souffrance des femmes afghanes. À l’époque des talibans, elles dissimulaient des caméras sous leurs burqas pour filmer les preuves d’atrocités, et faisaient de même pour dénoncer la brutalité des moudjahidines soutenus par l’Occident. "Marina" de RAWA m’a dit : "Nous avons apporté la cassette vidéo à tous les principaux groupes de médias, mais ils ne voulaient rien savoir ....".

En 1996, le gouvernement éclairé du PDPA fut renversé. Le premier ministre, Mohammad Najibullah, s’était rendit aux Nations unies pour demander de l’aide. A son retour, il fut pendu à un lampadaire.

Le Jeu

"J’avoue que [les pays] sont des pièces sur un échiquier", a déclaré Lord Curzon en 1898, "sur lequel se joue un grand jeu pour la domination du monde".

Le vice-roi des Indes faisait notamment référence à l’Afghanistan. Un siècle plus tard, le Premier ministre Tony Blair a utilisé des mots légèrement différents.

"C’est une opportunité à saisir", a-t-il déclaré à la suite du 11 septembre 2001. "Le kaléidoscope a été secoué. Les pièces sont en mouvement. Bientôt, elles se stabiliseront à nouveau. Avant qu’elles ne le fassent, réorganisons ce monde autour de nous."

Sur l’Afghanistan, il a ajouté ceci : "Nous ne nous retirerons pas [mais nous veillerons à] trouver un moyen de sortir de la pauvreté qui constitue votre misérable existence."

Blair faisait écho à son mentor, le président George W. Bush, qui s’est adressé aux victimes de ses bombes depuis le bureau ovale : "Le peuple opprimé d’Afghanistan connaîtra la générosité de l’Amérique. Lorsque nous frapperons des cibles militaires, nous larguerons également de la nourriture, des médicaments et des fournitures aux personnes affamées et souffrantes... "

Presque chaque mot était un mensonge. Leurs prétendues préoccupations étaient de cruelles illusions qui couvraient une sauvagerie impériale que "nous", en Occident, reconnaissons rarement comme telle.

Orifa

En 2001, l’Afghanistan était sinistré et dépendait des convois de secours d’urgence en provenance du Pakistan. Comme l’a rapporté le journaliste Jonathan Steele, l’invasion a indirectement causé la mort de quelque 20 000 personnes, car l’approvisionnement des victimes de la sécheresse a cessé et les gens ont fui leurs maisons.

Dix-huit mois plus tard, j’ai trouvé dans les décombres de Kaboul des bombes à fragmentation américaines non explosées, souvent confondues avec des colis de secours jaunes largués depuis les airs. Elles arrachaient les membres d’enfants affamés en quête de nourriture.

Dans le village de Bibi Maru, j’ai vu une femme appelée Orifa s’agenouiller devant les tombes de son mari, Gul Ahmed, un tisseur de tapis, et de sept autres membres de sa famille, dont six enfants, et de deux enfants tués dans la maison voisine.

Un avion F-16 américain s’était détaché d’un ciel bleu clair et avait largué une bombe Mk82 de 500 livres sur la maison de terre, de pierre et de paille d’Orifa. Orifa était absente à ce moment-là. À son retour, elle a rassemblé les morceaux de corps.

Des mois plus tard, un groupe d’Américains est venu de Kaboul et lui a donné une enveloppe contenant 15 billets : un total de 15 dollars. "Deux dollars pour chaque membre de ma famille tué", a-t-elle dit.

L’invasion de l’Afghanistan était une supercherie. Au lendemain du 11 septembre, les Talibans ont cherché à se distancer d’Oussama Ben Laden. Ils étaient, à bien des égards, un véritable partenaire américain avec lequel l’administration de Bill Clinton avait conclu une série d’accords secrets pour permettre la construction d’un gazoduc de 3 milliards de dollars par un consortium de compagnies pétrolières américaines.

Dans le plus grand secret, des dirigeants talibans avaient été invités aux États-Unis et reçus par le PDG de la société Unocal dans son manoir du Texas et par la CIA à son siège en Virginie. L’un des négociateurs était Dick Cheney, qui deviendra plus tard le vice-président de George W. Bush.

En 2010, j’étais à Washington et je me suis arrangé pour interviewer le maître d’œuvre de l’ère moderne de souffrance de l’Afghanistan, Zbigniew Brzezinski. Je lui ai cité son autobiographie dans laquelle il admettait que son grand projet d’attirer les Soviétiques en Afghanistan avait créé "quelques musulmans agités".

J’ai demandé "Avez-vous des regrets ?"

"Des regrets ! Des regrets ! Quels regrets ?"

Lorsque nous assistons aux scènes actuelles de panique à l’aéroport de Kaboul, et que nous écoutons les journalistes et les généraux dans des studios de télévision se lamenter à distance sur le retrait de "notre protection", n’est-il pas temps de prêter attention à la vérité historique afin que toutes ces souffrances ne se reproduisent plus ?

John Pilger

Le film de 2003 de John Pilger, Breaking the Silence, sur la "guerre contre le terrorisme", peut être visionné ici.

Traduction "Les bons journalistes existent. C’est juste que les grands médias n’en veulent pas" par Viktor Dedaj avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles.

 https://consortiumnews.com/2021/08/24/john-pilger-the-great-game-of-smashing-nations/

COMMENTAIRES  

25/08/2021 12:39 par Dominique

John Pilger prouve une fois de plus dans cet article qu’il est un des meilleurs journalistes d’aujourd’hui. Merci pour la traduction et sa mise à disposition.

Le site de la RAWA : http://www.rawa.org/

25/08/2021 14:42 par Assimbonanga

La radio nationale française invitait ce matin monsieur Raphaël Gluscksman-Salamé. Pour le couplet afghan, c’est fait. Pour le couplet ouïghour, c’est fait aussi.
Sans doute qu’il vaut mieux se faire exploiter en Inde ou au Bangladesh par des multinationales du textile parce qu’au moins le soir tu es libre de rentrer à ton bidonville parmi les rigoles d’eaux polluées par les colorants plutôt que dans un bâtiment en dur baptisé camp de concentration par le gendarme du monde.
Un brave auditeur de France Inter a même rajouté sa petite louche sur l’extermination qui guette les Ouïghours si les multinationales ne les embauchaient plus !
Tout comme monsieur Benoît Hamon (dit le drain) siphonnait l’électorat de gauche pour drainer quelques pour-cent à Mélenchon, monsieur Raphaël Glucksman-Salamé fait son petit numéro avec l’usine Luxfer où c’était François Ruffin qui était allé sur place. Et l’interview ne dit pas un mot sur la France Insoumise. C’est bien simple : elle n’existe pas.
Il me fait penser à ces statues de la vierge qu’on exhibe aux grands jours, portées au-dessus de la foule au moyen de deux brancards. Les grands jours étant la période électorale bien entendu.

25/08/2021 16:48 par José Manuel Branco Lucio

La mémoire et la vérité sont deux soeurs jumelles, toutes deux, filles de révolution.

Chaleureuses salutations de la Teranga.

25/08/2021 18:28 par vagabond

La mémoire est ce qui manque cruellement à ce monde.
Il y a cependant ceux qui sont bien contents de leur amnésie.

25/08/2021 19:40 par CN46400

@ Assimbonanga
Luxfer c’est à Gerzat (Puy de Dôme). C’est le député du secteur (André Chassaigne) qui, atteint par le covid, a mis, en mars 2020, le pb sur la table....Les salariés sont en négociation pour une reprise avec l’appui de la Région

26/08/2021 05:42 par Xiao Pignouf

On grandit et puis on vieillit avec des idées reçues inculquées par les médias.

Lorsque la guerre russe en Afghanistan a commencé, j’étais enfant et quand elle a pris fin, j’avais 20 ans. Toutes ces années avec la certitude que les Russes avaient envahi le pays, et pour une raison que je ne connaissais même pas.

Je n’avais jamais cherché à en savoir plus, on s’habitue à passer sa vie avec en arrière-plan des conflits lointains, un peu comme en Palestine. Un peu comme la Palestine, j’avais plaint ce peuple pour les guerres qu’il subissait, pour la paix qu’il semblait ne jamais pouvoir connaître.

Combien d’aveugles comme moi, de dupés ? Combien qui ignorent que si l’URSS est entrée en Afghanistan, c’est sur un principe identique à celui qui a déclenché son intervention récente en Syrie : une nation qui respecte ses engagements et qui protège un pays ami ? Combien ignorent que Massoud, loin d’être un héros, était un pion des USA qui a contribué à la chute d’un gouvernement laïque et démocratique et qui a fini par mourir comme un pantin dont on coupe les fils ?

Merci à des journalistes comme Pilger et à des sites comme le Grand Soir qui rétablissent la vérité.

26/08/2021 11:32 par Assimbonanga

OK CN46400 ! André Chassaigne et François Ruffin se connaissent très très bien (St-Amant-Roche-Savine, Jolie Môme). Si François est allé à Gerzat, c’était pour rendre service, apporter un coup de projecteur médiatique. Mais Gulcksman dans cette affaire c’est zéro. Juste du baratin de récupération.
Reprise avec l’appui de la Région ? Wauquiez donc... C’est pas le même feeling !

26/08/2021 12:05 par Luther Blisset

@ Xiao Pignouf
Très beau com...Vous êtes nombreux encore dans ce cas qui ne devient plus le votre...Quand la mémoire et l’Histoire vont se rencontrer au sujet du 11/9 le coup de pied aux fesses sera beaucoup plus monumental (encore un peu de patience...). Dans tous les cas vous venez de l’amortir avec celui-ci. D’un avis tout à fait personnel, donc n’engageant que moi-même, c’est de très loin votre texte le plus raisonné ... face à vos anciennes colères déraisonnables ...

26/08/2021 22:07 par Xiao Pignouf

Titre du Monde de ce soir : « Double attentat-suicide à Kaboul : 12 soldats américains tués, l’EI revendique l’attaque »

Chapeau de l’article : « Des dizaines d’Afghans ont été tués dans la double attaque survenue près de l’aéroport international de Kaboul, où se pressent des milliers de personnes tentant de fuir le nouveau régime des talibans. »

Conclusion : le fait que des dizaines d’Afghans, dont des enfants, meurent dans un attentat est relégué en information secondaire, derrière l’ô combien essentielle dépêche annonçant que des hommes et peut-être des femmes, engagés dans l’armée américaine et envahisseurs du pays où ils sont en opération, décèdent bêtement des mains de criminels que leur pays a largement contribué à créer. Le sang afghan, comme le sang amérindien, n’a décidément pas le même prix que celui des Yankees...

@Luther Blisset

Vous commencez par une gentillesse pour finir par une vacherie. Mes colères déraisonnables ? Puissiez-vous publier vos commentaires sous forme de mémoires avec le pseudo qui vous sied, cela vous donnera au moins l’occase de vous relire dans le texte.

26/08/2021 22:10 par Xiao Pignouf

Attendez, un attentat ??? À presque 20 ans d’écart ? Vous allez voir qu’ils vont remettre ça, ces cons !

27/08/2021 00:00 par Lyendith

En complément, un article du Diplo de 2012 qui détaille la période de gouvernement communiste en Afghanistan, avec les multiples contradictions qui l’ont traversée et ont mené à l’intervention soviétique. Moins élogieux que le présent article sur le bilan dudit gouvernement, mais non moins intéressant.

https://www.monde-diplomatique.fr/2012/08/PARENTI/48065

C’est effectivement étrange que quand le Mali appelle la France à l’aide pour contrer l’offensive des Djihadiste, on parle d’une simple "intervention", mais quand l’Afghanistan en fait de même en 79, on parle "d’invasion soviétique"…

Au passage, petite correction : le gouvernement du PDPA a été renversé en 92 et non en 96.

27/08/2021 09:51 par CAZA

Bonjour
En lien une thèse ( un peu longue mais on peut lire en diagonale ) où la lutte des classes est démontrée comme étant le noyau de la révolution .
Alphabétisation , réforme agraire que des gros mots pour les féodaux et les obscurantistes religieux .
Donc contre révolution avec les habituels régimes occidentaux capitalistes .
LGS n’existait pas à l’époque et la propagande s’en donnait librement à coeur joie avec les myyyons de morts du communisme .
Une pensée pour l’inénarrable et immortel Tintin en Afghanistan ( voir M Levy et Le Diplo ) qui sévit encore et toujours sur les merdias

https://archipel.uqam.ca/1998/1/M10847.pdf

A lire aussi un article du Diplo ( de 2012 sur le "" départ des occidentaux "" en 2014 ) qui dit que le chute de Najibullha a été causé par la fin de l’aide soviétique à l’arrivée d’Eltsine
https://www.monde-diplomatique.fr/2012/08/PARENTI/48065

27/08/2021 17:52 par Jean-Yves Leblanc

L’article de J. Pilger remet quelques pendules à l’heure sur un passé que j’ai vécu : Une révolution populaire en Afghanistan, l’installation d’un régime laïque et progressiste que le PCF (dont j’étais membre) soutenait et l’intervention soviétique que j’ai approuvéee car aussi légitime que l’engagement russe en Syrie aujourd’hui (comme le souligne justement Xiao).
A l’époque, toute la droite, le PS et l’extrême gauche hurlaient contre le "régime" de Najibullah et contre l’URSS (vous souvenez-vous de la tache sur le front de Gorbatchev qui "représentait la carte de l’Afghanistan" ?)

Ce rappel a surtout le mérite de dire qui sont les moujahidines et autres Talibans salués par tout ce monde comme des libérateurs lors du départ des soviétiques : mercenaires ’religieux’ recrutés dans tout le monde musulman et grassement payés, conseillés et armés par les USA pour torpiller le gouvernement progressiste. L’Establisment US expérimentait alors la Stratégie du Chaos et la guerre par procuration en louant les services de mercenaires musulmans importés, stratégie qu’ils ont ensuite utilisée en Yougoslavie, en Lybie et en Syrie.

Pilger se contente de cette évocation du passé mais ne dit à peu près rien de la situation actuelle qui est une sorte d’image inversée du départ soviétique.
Tous nos pro-moujahidines de l’époque (épousant comme des girouettes chaque variation du vent américain) tempêtent aujourd’hui contre les Talibans et pleurnichent sur le retrait US de Kaboul.
Cependant, une partie de la gauche (libérée de son antisoviétisme - obligatoire hors du PCF en 1980), se félicite du départ US. Et c’est tant mieux.
On perçoit cependant des nuances entre différentes voix :
Certaines y voient la victoire d’un mouvement de libération nationale.
D’autres, une défaite militaire US et une "débandade" similaire à celle de Saïgon en 1974.
D’autres encore y voient la fin de la toute puissance militaire américaine ou bien les prémisses de l’effondrement de l’empire américain.
D’autres enfin voient dans la victoire des Talibans la fin des interventions étrangères et l’émergence d’un gouvernement authentique légitimé par le soutien russe et chinois.

Personnellement, à chaque fois que les US se prennent une claque, je suis content (c’est bête mais je n’y peux rien). Je reste pourtant très réservé sur les Talibans en qualité de libérateurs. Le gouvernement de la Charia n’est pas ce que j’appelle une libération. Je suis tout aussi réservé sur la capacité de ces gens qui n’ont pas arrêté d’accepter les pourboires de la CIA de tourner le dos aux intérêts US. Je ne suis pas sûr non plus que les USA aient pris une claque ni que l’Empire soit en difficulté : j’ai plutôt l’impression que les USA gardent intacte leur capacité de nuire, d’acheter à coups de dollars, de répandre la guerre et le chaos et de déstabiliser mais que pour cela il y a de moins en moins besoin d’envoyer ses soldats sur place. Les enjeux de pouvoir sont désormais du domaine du "soft power" : l’action mondialisée culturelle, climatique ou sanitaire et la possession des réseaux de communication est bien plus efficace que les B52. Enfin le soutien russe ou chinois au nouveau pouvoir afghan me paraît être essentiellement géopolitique et se résume à 2 règles qui n’ont rien à voir avec l’éthique : Les ennemis de mes ennemis sont mes amis et les amis de mes intérêts sont mes amis.

28/08/2021 06:10 par cunégonde godot

M. Leblanc :
Je reste pourtant très réservé sur les Talibans en qualité de libérateurs. Le gouvernement de la Charia n’est pas ce que j’appelle une libération. Je suis tout aussi réservé sur la capacité de ces gens qui n’ont pas arrêté d’accepter les pourboires de la CIA de tourner le dos aux intérêts US. Je ne suis pas sûr non plus que les USA aient pris une claque ni que l’Empire soit en difficulté : j’ai plutôt l’impression que les USA gardent intacte leur capacité de nuire, d’acheter à coups de dollars, de répandre la guerre et le chaos et de déstabiliser mais que pour cela il y a de moins en moins besoin d’envoyer ses soldats sur place. Les enjeux de pouvoir sont désormais du domaine du "soft power" : l’action mondialisée culturelle, climatique ou sanitaire et la possession des réseaux de communication est bien plus efficace que les B52. Enfin le soutien russe ou chinois au nouveau pouvoir afghan me paraît être essentiellement géopolitique et se résume à 2 règles qui n’ont rien à voir avec l’éthique : Les ennemis de mes ennemis sont mes amis et les amis de mes intérêts sont mes amis.

Certainement pas une "libération", en effet.
En Syrie, le terrorisme militarisé réussit à maintenir le chaos pour contraindre les Russes et la Chine à s’enliser dans une guerre sans fin, guerre dont les buts restent toujours en partie masqués. Tout en mettant en scène leur pseudo-défaite en Afghanistan, les Américains (leurs suiveurs occidentaux et moyen-orientaux) ne font que se redéployer...

28/08/2021 13:51 par CAZA

Bonjour
Ah ! qu ’elle était jolie la propagande télé d’antan . .
Et que tous les couillons gobaient sans indigestion devant leurs télés
Rien de bien nouveau en fait entre hier et maintenant .

https://www.ina.fr/recherche/search?search=afghanistan

29/08/2021 10:08 par Hitch

Après le double attentat-suicide à Kaboul, il parait que la plupart des civils ont été tués par des tirs des soldats US et non pas par l’attentat !

31/08/2021 15:37 par Assimbonanga

Je prends la suite du commentaire de @Hitch. En effet, les Américains ont tiré avec un drone sur un véhicule chargé de lanceur de (je ne sais pas quoi, un groupe de 4 ou 5 tuyaux qui tirent des roquettes ?) et au passage, ils ont tué une dizaine de civils dont plusieurs enfants d’une famille. Bien sûr, ils se sont excusés mais de toute évidence ils s’y attendaient forcément en tant que dégâts collatéraux. C’est donc la dernière "bavure" américaine. Bon débarras les Américains. Attention, nouvelle règle de vocabulaire :

Ne plus dire les Etats-Unis sont la première puissance mondiale.
Dire les Etats-Unis sont la première nuissance mondiale.

Il n’y a qu’une lettre d’écart.

01/09/2021 13:37 par CAZA

Bonjour
Mais c’est qui ce Ouest France .?
De la désinformation dans notre bon pays de parasites journalistiques américains .
Va t il y avoir un conflit entre les journalistes et la famille Hutin ( sans la lettre )

https://www.ouest-france.fr/monde/afghanistan/la-presence-americaine-en-afghanistan-s-est-soldee-par-une-tragedie-selon-vladimir-poutine-9c9b552e-0b00-11ec-9466-21125f8a0027

02/09/2021 10:48 par CAZA

Bonjour
Certains disent que les Rosbifs sont pire ignobles que les Ricains .
D’après cet article en lien ils sont ramenés au rôle de second couteau .

https://www.afrique-asie.fr/la-perfide-albion-veut-que-la-guerre-en-afghanistan-reprenne/

(Commentaires désactivés)