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Le retour livresque d’un ex du FMI

Michel Camdessus, Directeur général du Fonds monétaire international (FMI) de janvier 1987 à février 2000, vient de sortir un livre où il est à la fois témoin et juge de ce que son institution a fait et du comportement des pays qui ont subi son emprise. La sortie de l’ouvrage lui a valu des interviews et a donné de la matière à la presse libérale, tant son regard peut pointer du doigt certains « mauvais élèves ». Rappelons que Camdessus a dû démissionner de son poste, avant la fin de son mandat, et pour cause. Un vent nouveau s’était mis à souffler, provoqué par les douloureuses expériences vécues par les « bons élèves » du FMI.

Le 1er Octobre 1998, au siège du Fonds, M. Camdessus y allait de son lyrisme, à propos de l’un de ses « bons élèves », il a dit : « L’Argentine a une histoire à raconter au monde : une histoire sur l’importance de la discipline fiscale, des changements structurels, et une politique monétaire rigoureusement maintenue ». Quelques mois après, l’Argentine a raconté au monde ce qu’il lui est arrivé grâce aux bons offices du monsieur et de ses experts. Entre 1998 et 2001, elle avait mis en œuvre sept plans d’austérité successifs. En 2002, son produit intérieur brut chute de 10,9% et 57% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, tandis que le taux de chômage s’emballe. La même année la dette publique passe de 63% à 135% du PIB. Des "piqueteros" (pauvres et chômeurs) revendiquent du pain et du travail en coupant les routes. Jusqu’à l’explosion sociale qui a plongé le pays dans le chaos. Depuis, l’Argentine s’en est sortie, tant bien que mal, et ne veut plus entendre parler du FMI, même si elle en est membre.

A ce propos, ces six dernières années, elle refuse même que soient menées les évaluations économiques annuelles du Fonds. Et ce sera une cascade de catastrophes qui vont jalonner les pérégrinations du FMI.

Rappelons encore le satisfecit accordé au régime tunisien de Zine El Abidine Ben Ali, jusqu’à son effondrement sous la pression d’une population excédée par sa politique dévastatrice de ses moyens de vie.

Devant de telles réalités, l’attitude serait ordinairement au silence, au mois à l’humilité. Il n’en est rien. M. Camdessus se permet même de persifler sur les pays qui ont pu résister, quelque peu à ses recettes, même s’ils ont souffrent. Ecoutons-le à propos de l’Algérie : « ce pays, en fait, ouvre l’histoire économique de son indépendance handicapé d’une double tare : les mirages soviétiques d’une planification centrale conduisant à de formidables gaspillages de la rente pétrolière et un interventionnisme colbertiste de la pire espèce, hérité de son colonisateur, dont il ne fera qu’accentuer les travers ».

Le verdict semble intelligent et bien intentionné. Il faut comprendre que le gaspillage de la rente pétrolière est dû à l’effort de développement d’un secteur public économique et qu’il aurait pu être évité, si l’argent du pétrole avait financé l’investissement privé. Pour le Colbertisme, il reproche essentiellement à l’Etat algérien d’avoir protégé le marché national. En réponse, nous savons, au moins, que c’est grâce à ses conseils, qu’une grande part de l’industrie nationale publique et privée a été détruite quand l’Algérie a levé le monopole sur le commerce extérieur. Nous savons, aussi, que les investissements privés attendus des réformes structurels ne sont pas près de se pointer. Il le sait Camdessus. Interrogé par magazine-decideurs.com (26 septembre 2014), sur les effets néfastes des méthodes du FMI, il descend de son piédestal et avoue qu’il n’est que le commis d’un système. Voici ce qu’il a répondu « nous n’avons fait qu’appliquer les principes d’inspiration libérale soutenus par la communauté internationale ». Où est l’expertise ? S’il y en a une.

Ahmed Halfaoui

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