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Le rôle des États-Unis dans les révoltes de la rue arabe : le cas de l’Égypte

photo : gaz lacrymogène "Made in USA"

Il n’y a rien de plus émouvant que de voir un peuple recouvrer sa liberté après avoir subi le joug du despotisme et retrouver sa fierté après des années d’humiliation. Les marées humaines défilant dans les rues, occupant des places, déployant des slogans cinglants et irrévérencieux, maniant une parole si longtemps confisquée, arborant une dignité outrageusement bafouée : la quintessence du bonheur divin.

Mais les lendemains de ces révoltes nous laissent quelque peu perplexes. Qu’ont-elles accompli à part l’étêtement des régimes en place ?

Voyons voir. En Tunisie : un Ghannouchi qui reste en place malgré la vindicte populaire et des années passées à servir un système mafieux, un bloggeur qui décide de siéger comme ministre dans un gouvernement qui l’a personnellement maltraité et des milliers de jeunes harragas qui préfèrent fuir vers l’Occident au lieu de perpétuer la « révolution » au pays du jasmin. Du côté du Nil, même scénario : un Tantaoui, pur produit du système, qui a dépassé l’âge de la retraite depuis belle lurette, et qui, sans en référer au peuple souverain, décide de maintenir ses relations avec Israël avant même de s’inquiéter du sort de ses propres concitoyens ; un gouvernement légèrement modifié et dont les postes clés restent toujours aux mains des apparatchiks du système ; des retouches cosmétiques de la constitution et une demande de gel des avoirs de la famille Moubarak [1] après d’incompréhensibles hésitations, bien longtemps après celle des anciens dignitaires du régime [2].

Est-ce cela une « révolution » ? Est-il pensable que l’éléphant n’aurait accouché que d’une petite souris ?

Les résultats mitigés de ces révoltes ne peuvent être compris qu’en examinant leur genèse. La plupart des spécialistes « cathodiques » ou officiant dans les médias majeurs se sont entendus sur la nature spontanée de ces mouvements. Grosso modo, le peuple peut être considéré comme un genre de cocotte-minute susceptible d’exploser sous l’effet d’une pression sociale et politique trop grande. Cette explosion produit une réaction en chaîne dans les pays avoisinants, de culture ou d’histoire similaires. Il suffit donc d’attendre sagement, de préparer les caméras et les micros afin de couvrir, en temps et lieux, les évènements que remueront les rues arabes. Il s’agit là d’une analyse naïve et primaire qu’il est difficile d’accepter de la part de personnes savantes, titulaires de chaires, responsables de revues, qui ont passé leurs vies à scruter les moindres soubresauts de cette région du monde. Un peu comme les illustres économistes de notre temps qui n’ont pas pu prévoir l’immense crise économique que le monde a récemment connue. Qu’aurait-on dit si un météorologue n’aurait pas prévu un gigantesque ouragan ?
En fait, ce qui attire l’attention depuis le début des émeutes tunisiennes, c’est la trop grande préoccupation étasunienne concernant les nouvelles technologies. Les multiples interventions du président Obama et de sa secrétaire d’état pour défendre la liberté d’accès à Internet et leur insistance pour que les régimes en prise avec les manifestations populaires n’interrompent pas la navigation sur la toile avaient quelque chose de suspect.

Mme Clinton a même affirmé, le 15 février dernier, « qu’Internet est devenu l’espace public du XXI siècle » et que « les manifestations en Égypte et en Iran, alimentées par Facebook, Twitter et YouTube reflétaient la puissance des technologies de connexion en tant qu’accélérateurs du changement politique, social et économique » [3]. Elle a même annoncé le déblocage de 25 millions de dollars « pour soutenir des projets ou la création d’outils qui agissent en faveur de la liberté d’expression en ligne », et l’ouverture de comptes Twitter en chinois, russe et hindi après ceux en persan et en arabe. D’autre part, les relations « complexes » entre le département d’État américain et Google ont été longuement discutées dans la presse. D’ailleurs, le fameux moteur de recherche à été qualifié « d’arme de la diplomatie américaine » [4].

Mais quelle est la relation entre le gouvernement américain et ces nouvelles technologies ? Pourquoi des responsables de si haut niveau prennent-ils des décisions dans la gestion d’entreprises qui sont supposées être privées ? Cette situation n’est pas sans nous rappeler l’intervention américaine similaire lors des évènements qui ont suivi les élections en Iran [5]. Le ministère américain des Affaires étrangères avait alors demandé à Twitter de reporter une opération de maintenance qui aurait entraîné une interruption de service, ce qui aurait privé les opposants iraniens de moyen de communication [6].

Ces curieuses accointances entre le gouvernement américain et les réseaux sociaux dans des régions du monde aussi sensibles et pendant des évènements sociaux aussi délicats est très suspect, c’est le moins qu’on puisse dire.

Autre élément qui attire l’attention : la surmédiatisation de blogueurs, leur association avec une révolution qualifiée de « facebookienne » et l’insistance sur leur non-appartenance à un mouvement politique quelconque. Ce sont donc des personnes jeunes et apolitiques qui utilisent les nouvelles technologies pour déstabiliser des régimes autocratiques ancrés dans le paysage politiques depuis des décennies.
Mais d’où viennent ces jeunes et comment peuvent-ils mobiliser autant de personnes sans avoir bénéficié d’une formation adéquate ni être relié à une organisation précise ?
Chose est certaine : le modus opérandi de ces révoltes a toutes les caractéristiques des révolutions colorées qui ont secoué les pays de l’Est au début des années 2000.

Les révolutions colorées

Les révoltes qui ont bouleversé le paysage politique des pays de l’Est ou des ex-républiques soviétiques ont été qualifiées de « révolutions colorées ». La Serbie (2000), la Géorgie (2003), l’Ukraine (2004) et le Kirghizistan (2005) en sont quelques exemples.
Toutes ces révolutions, qui se sont soldées par des succès retentissants, sont basées sur la mobilisation de jeunes activistes locaux pro-occidentaux, étudiants fougueux, blogueurs engagés et insatisfaits du système.

De nombreux articles [7] et un remarquable documentaire de la reporter française Manon Loizeau [8] ont disséqué le mode opératoire de ces révoltes et montré que c’était les États-Unis qui en tiraient les ficelles.

En fait, l’implication de l’USAID, du National Endowment for Democracy (NED), de l’International Republican Institute, du National Democratic Institute for International Affairs, de Freedom House, de l’Albert Einstein Institution et de l’Open Society Institute (OSI), a été clairement établie [9]. Ces organisations sont toutes américaines, financées par soit le budget américain, soit par des capitaux privés américains. A titre d’exemple, la NED est financée par un budget voté par le Congrès et les fonds sont gérés par un Conseil d’administration où sont représentés le Parti républicain, le Parti démocrate, la Chambre de commerce des États-Unis et le syndicat AFL-CIO, alors que l’OSI fait partie de la Fondation Soros, du nom de son fondateur George Soros le milliardaire américain, illustre spéculateur financier.

Plusieurs mouvements ont été mis en place pour conduire les révoltes colorées. Parmi eux, OTPOR (Résistance en serbe) est celui qui a causé la chute du régime serbe de Slobodan Milosevic. Le logo d’OTPOR, un poing fermé, a été repris par tous les mouvements subséquents, ce qui suggère la forte collaboration entre eux.

Dirigé par Drdja Popovic, OTPOR prône l’application de l’idéologie de résistance individuelle non violente théorisée par le philosophe et politologue américain Gene Sharp. Surnommé le « Machiavel de la non-violence », Gene Sharp n’est autre que le fondateur de l’Albert Einstein Institution. Son ouvrage « From Dictatorship to Democracy » (De la dictature à la démocratie) a été à la base de toutes les révolutions colorées. Disponible en 25 langues différentes (dont bien sûr l’arabe), ce livre est consultable gratuitement sur Internet et sa dernière édition date de 2010. Sa première édition, destinée aux dissidents birmans de Thaïlande, a été publiée en 1993.

Le cas de l’Égypte

C’est le mouvement du 6 avril [10] qui a été le fer de lance de la protestation populaire égyptienne et le principal artisan de la chute de Hosni Moubarak. Constitué de jeunes de la classe moyenne, activistes, férus de technologies nouvelles, ce mouvement a, dès 2008, appuyé les revendications ouvrières.

La première collusion entre ce mouvement et le gouvernement américain a été divulguée par WikiLeaks. Il s’agit de 2 câbles (08CAIRO2371 et 10CAIRO99) datant respectivement de novembre 2008 et de janvier 2010 qui montrent clairement des relations étroites entre l’ambassade américaine du Caire et les activistes égyptiens [11, 12]. La blogueuse Israa Abdel Fattah [13], cofondatrice du mouvement du 6 avril, est nominativement mentionnée dans le second document comme faisant partie d’un groupe d’activistes ayant participé à un programme de formation organisé à Washington par Freedom House. Le programme, nommé « New Generation », a été financé par le département d’état et USAID et avait pour but de former des « réformateurs politiques et sociaux ».

Ces stages de formation d’activistes égyptiens aux États-Unis susceptibles « de représenter une troisième voie, modérée et pacifique » ne sont pas rares. Condoleeza Rice (mai 2008) et Hillary Clinton (mai 2009) en ont rencontré, sous les auspices de Freedom House (FH). Ces dissidents ont même eu des entretiens avec de hauts responsables de l’administration américaine [14].

Les activistes d’OTPOR, fort de leur expérience dans la déstabilisation des régimes autoritaires, ont fondé un centre pour la formation de révolutionnaires en herbe. Cette institution, le CANVAS (Center for Applied Non Violent Action and Strategies), se trouve dans la capitale serbe et son directeur exécutif n’est autre que Srdja Popovic [15]. Un des documents qui circulent dans la toile et qui illustre la formation dispensée par ce centre est « La lutte non-violente en 50 points » qui s’inspire largement des thèses de Gene Sharp. L’ouvrage y fait abondamment référence et le site de l’Albert Einstein Institution est cité comme un des meilleurs sur la question. CANVAS est financé, entre autres, par Freedom House, Georges Soros en personne [16] et l’International Republican Institute qui compte dans son bureau nul autre que John McCain, le candidat à la présidentielle américaine de 2008 [17]. D’ailleurs, ce dernier est longuement interviewé dans le documentaire de Manon Loizeau et son implication dans les révolutions colorées y est clairement établie. En outre, les auteurs de l’ouvrage (dont Drdja Popovic) remercient longuement « leur ami » Robert Helvey pour les avoir « initié au potentiel étonnant de la lutte stratégique non-violente ». Robert Helvey est un ancien colonel de l’armée US, associé à l’Albert Einstein Institution via la CIA, spécialiste de l’action clandestine et doyen de l’École de formation des attachés militaires des ambassades américaines [18].

Le porte-parole du mouvement du 6 avril, Adel Mohamed, a affirmé, dans une entrevue accordée à la chaîne Al Jazira (diffusée le 9 février 2011), qu’il avait effectué un stage chez CANVAS durant l’été 2009, bien avant les émeutes de la place Tahrir [19]. Il se familiarisa avec les techniques d’organisation des foules et de comportement face à la violence policière. Par la suite, il forma à son tour des formateurs.

Ahmed Maher, le cofondateur du mouvement du 6 avril, a déclaré à un journaliste du Los Angeles Times « qu’il admirait la révolution Orange d’Ukraine et les Serbes qui ont renversé Slobodan Milosevic » [20].

Une autre similarité entre la révolution serbe et la révolte égyptienne est l’adoption du logo d’OTPOR par le mouvement du 6 avril, comme l’ont fait les autres révolutions colorées [21].

D’autre part, le site web de ce mouvement contient une longue liste des comportements à adopter par les membres s’ils sont arrêtés par la police. Cette liste indicative extrêmement exhaustive n’est pas sans rappeler le guide de « La lutte non-violente en 50 points » de CANVAS [22].

Parmi les activistes égyptiens, certains ont été sous les projecteurs durant les derniers jours du régime Moubarak. Parmi eux, Wael Ghonim est une figure marquante qui a été emprisonné pendant 12 jours et, après avoir été libéré, a accordé un entretien à la chaîne égyptienne Dream 2 où il raconte sa captivité et s’effondre en larmes avant de quitter le plateau. Cette performance audiovisuelle a fait de ce cyberdissident un héros malgré lui.

Formé à l’université américaine du Caire (une coincidence ?) Wael Ghonim est égyptien vivant à Dubaï, travaillant comme chef du marketing chez Google (une autre coïncidence ?) pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord et mariée à une américaine (une dernière coïncidence ?). Wael est un activiste récent dans le mouvement du 6 avril, mais il a travaillé étroitement avec Ahmed Maher [23]. Ce qui attire l’attention dans son intervention télévisée, c’est sa déclaration lorsqu’on lui a montré les images des jeunes tués pendant les manifestations : « Je veux dire à toute mère, tout père qui ont perdu un fils, je m’excuse, ce n’est pas de notre faute, je le jure, ce n’est pas de notre faute, c’est de la faute de toute personne qui était au pouvoir et s’y est accrochée ». Cette déclaration montre que le mouvement était très organisé et qu’aucun des membres n’avait prévu des pertes aussi grandes dans les rangs des manifestants, pour la plupart des jeunes qui ont été contactés via les réseaux sociaux.

Autre information surprenante : le PDG de Google s’est dit « très fier de ce que Wael Ghonim avait accompli », comme si faire la révolution faisait partie de la description des tâches d’un responsable du marketing d’une quelconque entreprise [24].

La révolte égyptienne, tout comme les révolutions colorées, a fait apparaitre des personnages « internationalement respectables » prêts à être la figure de proue d’un changement démocratique dans la vie politique du pays. Le candidat de prédilection du mouvement du 6 avril est sans conteste Mohamed El Baradei, prix Nobel de la paix et ancien directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Le battage médiatique occidental autour de son « incontournable » candidature n’était finalement qu’un pétard mouillé. Le peuple de la rue ne l’a pas plébiscité et il a vite disparu du paysage. Il est intéressant de noter qu’El Baradei était le candidat privilégié des États-Unis. En effet, l’ancien directeur de l’AIEA est membre de l’International Crisis Group et siège avec de nombreux membres dont Georges Soros (encore lui !) [25]. Le monde est vraiment petit, c’est le moins qu’on puisse dire.

Finalement, notons que la NED, surnommée « la nébuleuse de l’ingérence « démocratique » » par Thierry Meyssan a été créée par Ronald Reagan pour poursuivre les actions secrètes de la CIA [26]. Le rapport 2009 de cet organisme montre qu’il a attribué environ 1,5 millions de dollars à plus de 30 ONG égyptiennes « pour la croissance et le renforcement des institutions démocratiques à travers le monde » comme prétendu sur leur site [27].

L’utilisation des nouvelles technologies, si encensée par l’administration américaine, s’avère être un outil de choix pour la lutte non violente. Elle permet de contacter un nombre impressionnant de personnes en un temps record et d’échanger des données numériques et des informations de grande importance à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Les investissements massifs consentis par les institutions et le département d’état américains dans ce domaine se font dans le but d’améliorer les techniques de contournement de la censure étatique, de la géolocalisation des activistes lors de leur arrestation et l’envoi d’images et de vidéos pouvant montrer le visage « inhumain » des régimes autocratiques. La récente annonce du réseau suédois Bambuser permettant de diffuser gratuitement, à partir d’un téléphone portable, des séquences vidéos en direct et leur stockage instantané en ligne en est un bon exemple [28].

Cependant, une fois dans la rue, les techniques de mobilisation de foules, de socialisation avec les représentants de l’ordre, de gestion logistique et de comportement en cas de violence ou d’utilisation d’armes de dispersion de foules nécessitent une formation adéquate et de longue haleine. Dans le cas de l’Égypte, cela a été rendu possible grâce à l’assimilation du savoir-faire de CANVAS et aux formations dispensées et financées par les différentes institutions américaines.

Il est clair que la révolte de la rue égyptienne n’est pas aussi spontanée que le prétendent les médias majeurs et leurs commentateurs. Cela n’enlève rien au remarquable engagement du peuple égyptien qui a suivi les leaders du mouvement du 6 avril et de sa noble abnégation pour se débarrasser d’un système corrompu afin d’accéder à une vie meilleure.

Mais espérons que l’historique révolte de la rue égyptienne et le lourd tribut qu’elle a payé pendant ces dernières semaines ne soient pas confisqués par des intérêts étrangers. Le récent véto américain contre un projet de résolution condamnant la politique de colonisation israélienne est de mauvais augure. Le mouvement du 6 avril n’était-il pas sensible à la souffrance du peuple palestinien [29] ?

Références

1. « L’Égypte demande le gel des avoirs de Moubarak et de sa famille à l’étranger », Le Monde, 21 février 2011, http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/02/21/l-egypte-demande-le-gel-des-avoirs-de-moubarak-et-de-sa-famille-a-l-etranger_1483326_3218.html#ens_id=1470465&xtor=RSS-3208

2. « L’Égypte demande le gel d’avoirs d’anciens responsables du régime Moubarak », Le Monde, 15 février 2011, http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/02/15/l-egypte-demande-le-gel-d-avoirs-d-anciens-responsables-du-regime-moubarak_1480192_3218.html

3. « Hillary Clinton milite pour la liberté sur Internet », Le Monde, 16 février 2011, http://www.lemonde.fr/technologies/article/2011/02/16/hillary-clinton-milite-pour-la-liberte-sur-internet_1480855_651865.html

4. « Google, les États-Unis et l’Égypte », Le Monde, 3 février 2011, http://www.lemonde.fr/technologies/article/2011/02/03/google-les-etats-unis-et-l-egypte_1474508_651865.html

5. Ahmed Bensaada, « Téhéran-Gaza : la différence médiatique », Géostratégie, 3 juillet 2009, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=49:teheran-gaza-la-difference-mediatique&catid=37:societe&Itemid=75

6. « Iran : Washington intervient auprès de Twitter », Technaute, 18 juin 2009, http://technaute.cyberpresse.ca/nouvelles/internet/200906/16/01-876173-iran-washington-intervient-aupres-de-twitter.php

7. Lire, par exemple, John Laughland, « La technique du coup d’État coloré », Réseau Voltaire, 4 janvier 2010, http://www.voltairenet.org/article163449.html

8. Manon Loizeau, « Les États-Unis à la conquête de l’Est », 2005. Ce documentaire peut être visionné à l’adresse suivante : http://mecanoblog.wordpress.com/2009/10/16/etats-unis-a-la-conquete-de-lest-video/

9. Lire, par exemple, Ian Traynor, « US campaign behind the turmoil in Kiev », The Guardian, 26 novembre 2004, http://www.guardian.co.uk/world/2004/nov/26/ukraine.usa

10. Shabab 6 April Youth Movement, http://shabab6april.wordpress.com/shabab-6-april-youth-movement-about-us-in-english/

11. WikiLeaks, câble 10CAIRO99, http://213.251.145.96/cable/2010/01/10CAIRO99.html

12. WikiLeaks, câble 08CAIRO2371, http://www.wikileaks.ch/cable/2008/11/08CAIRO2371.html

13. Fanoos Encyclopedia, « Israa Abdel Fattah », http://www.fanoos.com/society/israa_abdel_fattah.html

14. Michel Chossudovsky, « Le mouvement de protestation en Égypte : Les "dictateurs" ne dictent pas, ils obéissent aux ordres », Mondialisation, 9 février 2011, http://dissidentvoice.org/2011/02/the-junk-bond-%E2%80%9Cteflon-guy%E2%80%9D-behind-egypt%E2%80%99s-nonviolent-revolution/

15. Canvasopedia, http://www.canvasopedia.org/

16. Maidhc O. Cathail, « The Junk Bond "Teflon Guy" Behind Egypt’s Nonviolent Revolution », Dissident Voice, 16 février 2011, http://dissidentvoice.org/2011/02/the-junk-bond-%E2%80%9Cteflon-guy%E2%80%9D-behind-egypt%E2%80%99s-nonviolent-revolution/

17. Tony Cartalucci, « CIA Coup-College : Recycled revolutionary "props" », Info War, 20 février 2011, http://www.infowars.com/cia-coup-college-recycled-revolutionary-props/

18. Thierry Meyssan, « L’Albert Einstein Institution : la non violence version CIA » », Réseau Voltaire, 4 juin 2007, http://www.voltairenet.org/article15870.html

19. Tina Rosenberg, « Revolution U », Foreign Policy, 18 février 2011, http://www.foreignpolicy.com/articles/2011/02/16/revolution_u?page=0,7

20. Jeffrey Fleishman, « Young Egyptians mount unusual challenge to Mubarak », Los Angeles Times, 27 janvier 2011, http://articles.latimes.com/2011/jan/27/world/la-fg-egypt-youth-20110128

21. Florian Bieber, « The Otpor Connection in Egypt », Balkan Insight, 31 janvier 2011, http://www.balkaninsight.com/en/blog/the-otpor-connection-in-egypt

22. Shabab 6 avril Youth Movement, « Que faire si vous êtes arrêté », http://shabab6april.wordpress.com/shabab-6-april-youth-movement-about-us-in-english/v

23. David D. Kirkpatrick et David E. Sanger, « Egyptians and Tunisians Collaborated to Shake Arab History », The New York Times, 13 février 2011, http://www.nytimes.com/2011/02/14/world/middleeast/14egypt-tunisia-protests.html

24. AFP, « Égypte : le PDG de Google "très fier" de ce qu’a accompli Wael Ghonim », 15 février 2011, http://www.france24.com/fr/20110215-egypte-le-pdg-google-tres-fier-qua-accompli-wael-ghonim

25. International Crisis Group, « Crisis Group Announces New Board Members », 1er juillet 2010, http://www.crisisgroup.org/en/publication-type/media-releases/2010/crisis-group-announces-new-board-members.aspx

26. Thierry Meyssan, « La nébuleuse de l’ingérence "démocratique" », Réseau Voltaire, 22 janvier 2004, http://www.voltairenet.org/article12196.html

27. NED, « 2009 Annual report : Egypt », http://www.ned.org/publications/annual-reports/2009-annual-report/middle-east-and-north-africa/description-of-2009-gra-2

28. Yves Eudes, « Des vidéos vues en direct et stockées à l’abri », Le Monde, 21 février 2011, http://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/02/21/des-videos-vues-en-direct-et-stockees-a-l-abri_1483057_3212.html

29. The International Solidarity Movement, « Mohamed Adel a enfin été libéré » », http://www.ism-france.org/temoignages/Mohamed-Adel-a-ENFIN-ete-libere-article-10484

COMMENTAIRES  

25/02/2011 08:40 par Vladimir

La liberté de la presse n’existe toujours pas en Egypte,et ça n’emeut personne :

La desobeissance avance,les etudiants egyptiens,issus du mouvement informel du 6 avril, lancent la publication d’un journal sans l’autorisation des militaires et du gouvernement,au sommaire compte rendu de la place Tahrir,etc :

"It’s Time to Push the Borders of Freedom" : Egyptian Students Defiantly Publish Newspaper Without Government Permission
....

http://www.democracynow.org/2011/2/18/its_time_to_push_the_borders

APPEL pour une manifestation permanente place de la Concorde( et non limitée a la capitale,vu l’appel des Grecs a le faire a Athenes,des places Tahrir partout.. :

Eninel dit :

24 février 2011 à 10:07

Mais qui va débaptiser la Concorde ?

(La Concorde plutôt qu’à la Bastille, car là bas, on est à deux pas de l’Elysée)

La jeunesse évidemment ! Cette jeunesse en France et en Europe qui n’a guère à espérer plus de son avenir que dans le reste du monde.

Lorsque je vois avec quelle passion les plus agés s’acharnent à geler la lutte des classes et tenter de la cadrer dans le stricte calendrier électoral de cette V République, qui contrairement à l’esprit et à la lettre d’une République (égalité du citoyen) oblige le bon peuple, une fois tout les cinq ans, à se choisir un guide sûpréme au dessus des lois, je me dis que l’une des raisons de la Crise, c’est l’utilisation perverse des mots.

Jeunesse du monde ; Jeunesse de France ; On vous camisole, les vieux vous imposent leurs phobies. En vous dirigeants vers des bureaux de vote en 2012, pour des élections truquées, alors même que l’âge du corps électoral en France est en moyenne de 55 ans, ils vous jouent.

La perversité des systémes qui vieilissent fait que l’élection présidentielle de 2012 va être un formidable tremplin pour l’émergence en France d’une droite Lepeniste fascisante (surtout si l’Euro implose, et évidemment que l’Europe et sa monnaie va imploser, un peu avant ou un peu après 2012.).

Faites chauffer vos Phone & I.Phone. Jouez de vos réseaux. Les notres, sont cadenassés par des bureaucraties ouvrières éteintes et plus capable de la moindre indignation.

Joignez-vous au printemps des peuples et apportez une réelle solidarité aux Révolutions Arabes. La jeunesse a été et sera toujours l’aiguillon de la contestation. Vous réveillerez le prolétariat et ses gros bataillons qui le moment venu, feront la différence.

Investissez la Place de la Concorde ! Exigez que Sarkozy aille rejoindre ses amis dictateurs sanguinaires et voleurs dans les poubelles de l’histoire. Tenez-y un sit-in permanent sur cette Place de la Révolution où jadis on décapitait les ennemis de la République.

« Sarkozy Dégage ! »

La Sociale, vite !

http://www.pauljorion.com/blog/?p=21470

25/02/2011 09:21 par Anonyme

Comment expliquez-vous que le peuple iranien n’ait toujours pas "réussi" à se soulever, alors que les USA déploient depuis si longtemps tant d’efforts pour l’y aider ?

Pourquoi réduisez-vous, comme nos média, l’effet domino potentiel aux peuples dits arabes ? Comme si la révolte ne grondait pas depuis des mois en Europe ; comme si les étazuniens (le peuple) n’avaient que des raisons de se réjouir de leur situation ?

25/02/2011 10:10 par Anonyme

juste une chose qui m’échappe : si l’intérêt des E-U est évident dans les "révolutions colorées" d’Europe de l’est, celui l’est moins dans une instabilité et une démocratisation des de ces pays, surtout pour l’Egypte.

25/02/2011 11:27 par kounet

Oui, nous craignons effectivement pour la suite de ces mouvements .

25/02/2011 13:52 par Anonyme

Ceux qui réfléchissent trop sont absents quand il se passe quelque chose d’important.

Aujourd’hui ils voient partout des révolutions colorées au seul profit des "stratèges du choc".

Hier ils ne participaient pas aux manifs contre la réforme des retraites sous prétexte qu’il n’y avait rien à attendre des syndicats.

Quand bien même ils avaient et auraient raison : il faut se méfier d’eux.
Il seront toujours surpris et dépassés (souhaitons-le) par la spontanéité populaire.

25/02/2011 14:17 par pilhaouer

But de cet d’article ?
A sa lecture je saisis qu’il vaut mieux regarder avec circonspection les révoltes en cours inspirées par l’Empire et ne pas trop les supporter.

Sauf qu’on nous explique rarement l’intérêt que peut avoir la déstabilisation générale de la région . Ca ne marchait pas bien avant pour l’Occident ? Israël ne se satisfaisait pas de Mubarack ?

Sauf qu’on ne nous parle pas non plus de ce qui se passe maintenant en Tunisie et en Egypte où les masses sont à nouveau dans la rue et visent la chute du régime après le départ du chef et où les travailleurs luttent dans leurs entreprises et déclenchent des grèves.

Sauf qu’on ne nous dit pas non plus où ça s’arrête ...
Tunisie, Egypte, Yemen, Bahrein, Lybie, Jordanie, et même Irak et Quatar ?

Ah ! l’Empire avait vraiment tout prévu ?

On aurait plutôt tendance à penser qu’il court derrière pour limiter les dégâts et qu’il est tenté sérieusement d’intervenir en Libye !

25/02/2011 17:54 par rouge de honte

Mon opinion est le suivante : Il me semble que nous assistons à un grand coup sur l’échiquier politique. Le but de l’opération par ces révoltes est de détruire des gouvernements qui pourraient devenir hostile aux desseins des « alliés » et puis de contenir les peuples par une machinerie anti-migratoire qui aurai pour effet que des volontaires notamment arabe pourraient difficilement aller s’engager pour défendre une cause. Le but pour les « alliés » étant de dominer la production énergétique mondiale, ils devront s’attaquer encore à la Syrie avant l’Iran. J’imagine Israël se chargeant de la région en commençant par le Liban. De fait d’autres peuples entreront en guerre mais seront bloqués chez eux et l’armée égyptienne fera tampon comme d’habitude…Des navires de guerre iranien sont en Syrie, pourquoi ?

25/02/2011 18:20 par Anonyme

Les iraquiens manifestent massivement depuis le début de la semaine, et on commence tout juste à y faire allusion dans la presse vendue. Il faut aller jeter un coup d’oeil sur al jazeera pour découvrir l’ampleur du mouvement.

Sont-ce les Etats Unis qui s’amusent à provoquer le rejet de ce qu’ils ont mis en place ?

Qu’est-ce qu’ils sont malins, ces étazuniens ! Jamais on ne pourra rien faire contre le pouvoir de l’empire, nous on est bien trop cons ! C’est le pot de fer contre le pot de terre ! Courbons l’échine et attendons passivement la délivrance de la mort.

25/02/2011 21:12 par rouge de honte

Les Irakiens ne manifestent-ils pas depuis des années ? Justement contre les "gouvernements" mis en place par les us et contre les us aussi ? Mais tous les moyens de communications ne sont-ils pas contrôlés comme en temps de guerre ?

25/02/2011 21:29 par kusikusun

La lutte continue en Egypte, en Tunisie ...

Un journaliste révolutionnaire cairote, complètement ringard puisqu’il continue à parler de lutte des classes alors que la CIA qui voit tout et peut tout et est partout a déjà décidé de notre sort, pauvres mortels Amen.

http://www.arabawy.org/blog/

25/02/2011 22:09 par Anonyme

Les Etats-Unis ne sont peut-être pas responsables des manifestations, mais il serait bien naïf de penser qu’ils ne sont que des spectateurs passifs. Il est fort probable qu’ils tentent à la fois d’accompagner les mouvements populaires, ainsi que de contrôler la désignation des dirigeants et les politiques qu’ils méneront par la suite. Peu leur importe en fait qui gouverne, du moment qu’ils puissent en obtenir ce qu’ils souhaitent.

26/02/2011 12:31 par Abdelkader DEHBI

Un grand merci, mon cher Ahmed, pour ton honnêteté intellectuelle et surtout pour le coté académique irréprochable de ton article. Mais permets-moi, comme je te l’ai fait savoir par mon courriel, de revenir à la charge en te disant que si l’ingérence US est bien réelle et conforme à ce que tu rapportes, cette ingérence devient rapidement « soluble dans les foules », sitôt que leur nombre dépasse quelques centaines de milliers, voire seulement quelques dizaines de milliers - et le peuple égyptien lui, a mobilisé des millions... Parce qu’alors, on passe à un « format » d’interférences psychologiques dont le potentiel reste solidement ancré aux tendances « brutes » des mouvements de foule spontanés ; en d’autres termes, l’impact « pédagogique » si je puis dire, de toutes ces institutions étasuniennes de prétendue démocratisation du monde - qui sont pour la plupart d’entre elles, d’obédience éminemment sioniste, ne l’oublions pas - devient quasi nul. Tu as pris l’exemple des « révolutions colorées » des ex pays de l’Est. Soit. Mais ces révolutions ont quasi instantanément cessé, sitôt acquise leur « déconnexion » d’un ours russe, trop affaibli pour pouvoir s’y opposer et qui du reste, avait fort à faire vis-à -vis de sa propre opinion publique intérieure, elle-même tournée vers une revendication de libéralisation socio économique qu’elle confondait imprudemment avec une amélioration rapide de ses conditions d’existence.
Les choses se présentent beaucoup différemment pour nous autres, peuples des pays arabo musulmans à plus d’un titre :

a) - les ex pays de l’Est se sont révoltés pour s’affranchir politiquement de leurs statuts de pays satellites et idéologiquement, du système communiste. Accessoirement, ils souhaitaient leur intégration dans un autre bloc, celui de l’Occident, avec lequel ils ont en partage, au moins la grande religion chrétienne dans ses différentes déclinaisons en Orthodoxes, Romains, Protestants…etc

b) - nos pays arabo musulmans - Machrek et Maghreb - eux, veulent s’affranchir d’abord de leurs régimes dictatoriaux et répressifs ainsi que des hommes corrompus et félons qui les dirigent.

c) - nos peuples sont d’autant plus historiquement, frontalement et viscéralement hostiles à l’impérialisme étasunien - héritier en droite ligne des empires coloniaux britannique et français notamment - que cet impérialisme prend de plus en plus aujourd’hui, les allures d’un Empire sioniste par procuration, si ce n’est par injonction…

d) - au risque d’être taxé de tenant de la théorie du choc des civilisations, je suis totalement optimiste, quant à la réhabilitation et à la renaissance - à terme rapproché - de la civilisation arabo musulmane en tant que pôle à part entière, parmi les autres pôles civilisationnels qui sont en train d’émerger dans notre futur monde multipolaire.

Mon optimisme se situe d’ailleurs à égale distance, d’une part, de la confiance que j’ai, dans le caractère authentiquement historique de ce grand souffle révolutionnaire qui est en train de réveiller nos masses arabo musulmanes que, d’autre part, de l’effondrement économique et financier inexorable et partant, géostratégique, à terme rapproché, des Etats-Unis et à leur suite, Israël et l’Union Européenne.

26/02/2011 17:16 par ratatatoto

Mais il ne suffit pas de claquer des doigts et de gueuler 3 slogans pour faire une révolution sociale.
Nous en sommes aux prémices et regardez les luttes sociales se développent en Tunisie, Égypte, Irak et Maroc et Chine.
C’est maintenant que les USA vont tout faire pour casser cette spirale qui peut effectivement aller ...
Là ou nous voulons aller...
Ils préparent déjà le AD New look (3 bisounours illettrés) et un simple vol de câbles devient un sabotage pour la SNCF qui ne veut pas décevoir touristes et spectateurs !
Ceux qui sortirons trop vite et trop tôt de la masse se feront entôler pour des clopinettes.

27/02/2011 04:33 par Anonyme

La liberté n’a pas de prix. C’est pour cela que l’etnicelle de la révolt

27/02/2011 11:54 par yellow

@Abdelkader DEHBI :
Je partage le sens futur d’un pôle du monde arabe, leur base révolutionnaire est sur la même ligne d’un enthousiasme partagé et solidaire, on peut y reconnaitre une vrais force de mouvement.

27/02/2011 13:55 par Anonyme

le jour de l’indépendance du monde Arabe est pour bientôt.
- célébration et commémoration- lors d’un jour férié.

02/03/2011 14:12 par pilo

Tout cela sent très fort l’opération de prestidigitation médiatique, la propagande made in usa donc. L’objectif étant de rétablir la narrative de la toute puissance américaine sur les affaires du monde, et donc de faire oublier leur totale incurie sur ce dossier, c’est à dire le formidable faiblesse.

Voici pourquoi :

1. La faillite des SR

Tout d’abord, de leur propre aveu, nous savons fort bien que les SR US n’ont rien, mais alors rien vu venir du tout.
http://www.politico.com/news/stories/0211/49686.html

Malgré 450 analyses de fond de la CIA sur les "régions à risque" dans le monde en 2010 ; 15’000 rapports US de toutes origines (ambassades, services, correspondants, synthèses de presse locale, etc.), provenant du Maghreb et du Moyen-Orient : ils n’ont rien vu venir du tout. Rien, toujours selon leur propre aveu.

http://www.latimes.com/news/nationworld/world/sc-dc-0217-intel-hearing-20110217,0,1262398.story

C’est un élément important car tu penses bien que s’ils avaient réellement été "derrière" l’opération, il n’aurait certainement pas laisser paraître cet aveu de faiblesse. Nous savons en effet à quel point l’hyper-puissance américaine est aujourd’hui surtout une affaire de communication.

2. L’intérêt stratégique

Il est tout à fait vrai que les révolutions colorées ont été orchestrées en sous-main par les Etats-Unis au travers de leurs relais habituels dans ce domaine (NED, Freedom House, USAID etc...). Mais là , il y avait un enjeu stratégique prépondérant (pardon pour le pléonasme) qui consistait à transformer sur le terrain les avantages de l’implosion de l’URSS. C’est-à -dire de rapatrier sous giron américain toutes les anciennes républiques soviétiques pour empêcher toute renaissance éventuelle de l’empire sous une forme ou une autre, et étendre physiquement l’influence US dans lesdites républiques.

Or avec la révolution arabe, l’intérêt stratégique US était précisément le statuquo.

Rappelons-nous que toutes les tentatives US de renversement de régimes arabes durant le règne des néocons à Washington (le clan Bush donc) n’a jamais visé les régimes qui sont en train de basculer aujourd’hui. L’Axe du Mal défini par Bush et consorts était l’Irak, l’Iran, la Syrie, év. le sud Liban mais surtout pas ni l’Egypte ni la Tunisie ni Oman ni Bahrein ni le Yémen qui représentaient, et représentent toujours pour ceux qui se maintiennent, des régimes-amis sur lesquels les USA ont toujours appuyé leur domination dans la région.

En clair, la présente révolution va totalement à l’encontre des intérêts étasuniens car l’intérêt US était le statu quo. On ne change pas une équipe qui gagne... Constat qui exclut donc tout à fait pour moi une quelconque manipulation US dans ce cas.

3. Arguments fallacieux

Dans son article, Bensaada avance que l’insistance US pour maintenir les réseaux sociaux ouverts est une preuve de manipulation. Certes. Mais l’argument me paraît un peu court et peut être retourné en disant que si les Américains avaient été à l’origine de ces révolutions, ils auraient immédiatement dû appeler au regime change qu’ils affectionnent tant, et non pas se contenter d’en appeler au maintien d’internet qui répond surtout à la narrative "démocratie-liberté" pour tous. Je soupçonne d’ailleurs, au vu de l’ampleur de la faillite de leur SR, que ces réseaux étaient surtout pour eux la seule façon de restés informés sur l’évolution de la situation.

Bensaada enterre aussi directement une révolution égyptienne en disant qu’elle a abouti à des retouches cosmétiques. En réalité, la révolution égyptienne est toujours en cours, de même qu’en Tunisie où la reconduction des apparatchiks du système ne passe pas. Erreur donc.

Dans le cas de l’Egypte, il mentionne aussi que le nom d’une bloggeuse star est mentionné dans des câbles wilileaks. Je dirais que c’est la moindre des choses et que d’ailleurs sur les 150’000 câbles diffusés, on ne peut même pas exclure que même le nom de ma grand-mère y soit...

Par ailleurs, la formation de leader de la contestation dans tel ou tel officine US ou affilié n’est en rien non plus un argument décisif. Pour prendre une image, ce n’est pas parce-que les prétendus pirates de l’air du 911 ont suivi des cours de pilotage dans une école d’aviation de l’Utah que ladite école est impliquée dans la coordination des soit-disant attentats du 911.

Bref, tout ceci me semble être un exercice d’équilibriste certes intéressant, mais au final reste de la bouillie pour les chats.

Je m’interroge aussi sur la perception personnelle de cet Ahmed Bensaada qui semble incapable d’imaginer, comme beaucoup d’Arabes, que les Arabes justement soient capables de se libérer eux-mêmes, tout seul, comme des grands. Il me semble qu’il y a là un exemple frappant de colonisation de la pensée intéressant à observer...

Au final, je pense que tout cela s’inscrit dans une tentative de réhabilitation de la puissance US, où plutôt de sa légende, et va dans le sens d’un papier que j’ai lu récemment (pardon, j’ai perdu le lien), où l’on apprenait qu’Obama faisait fuiter des documents établis à posteriori pour laisser croire que les SR savaient tout de ce qui allait se passer, mais n’avait rien dit pour ne pas compromettre la chose. De la bouillie pour les chats donc ...

16/04/2016 02:49 par Emmanuel

Très intéressant. Je lis ce texte au moment où le Brésil vit sa révolution colorée pour tirer un gouvernement démocratiquement élu. Ici, il y a autre facteur. Beaucoup de pétrole. C’est très instructif de lire cet article. Merci.

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