Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a clairement déclaré, dès le déclenchement de cette incursion, que son objectif est la restauration d’une tranquillité durable pour les citoyens d’Israël. Nous avons déjà établi que c’est la responsabilité de tout gouvernement que d’assurer la paix et la sécurité de son peuple. Si les leaders politiques et les experts militaires déterminent que la seule façon d’atteindre l’objectif de tranquillité soutenue est à travers le génocide, est-il permis d’atteindre ces objectifs responsables ? (Yoshanan Gordon : « Quand le génocide est permis », éditorial publié sur « Times of Israël », 1er Août 2014.
Si l’on devait établir, en Algérie, un budget de défense ramené à la population de notre pays, et identique à celui de l’Etat d’Israël, il faudrait que ce budget mobilise 72 milliards de dollars annuels, que nos forces armées disposent de 800 têtes nucléaires, quinze mille chars, trois mille avions de chasse, six cents hélicoptères, cinquante-six sous-marins, etc. etc.
Un génocide subventionné !
Il est évident que notre pays ne dispose pas de ressources suffisantes pour pouvoir se payer un tel arsenal, de plus nous n’avons pas la possibilité de faire subventionner ce budget par une puissance aux ressources militaires inépuisables, et de mobiliser toute la classe politique de cette superpuissance pour que, comme l’a déclaré un de ses éminents politiciens : « il faut dépenser jusqu’au dernier dollar de nos contribuables pour Israël ».
Pourtant, à écouter les commentateurs des médias lourds, comme à lire les rapports de presse des principales agences, on retire l’impression qu’Israël serait au bord d’une catastrophe militaire s’il ne répondait pas avec extrême violence aux milliers de roquettes tirées d’un territoire dont elle contrôle en permanence 44 pour cent de la superficie, et qu’elle assiège, bien que prétendant l’avoir évacué, depuis neuf années.
On veut faire avaler à tout un chacun que le petit Poucet de Hamas va manger tout cru l’ogre israélien, ce qui justifierait cette orgie de tueries et de destructions dans laquelle s’est lancée l’IDF pendant près d’un mois sur une population dont l’armement ne dépasserait pas celui d’une section de l’armée israélienne. On veut à tout prix faire croire qu’Israël est confronté à une menace existentielle qui le forcerait à mobiliser trois divisions d’infanterie, sans compter les hélicoptères, bombardiers, drones, navires de guerre, artillerie, pour venir à bout de quelques tireurs de roquettes aux effets destructifs marginaux.
On présente comme une guerre cette opération de représailles de type génocidaire, disproportionnée par rapport à la force de l’adversaire comme par rapport à la menace « stratégique » qu’il représente, une guerre à l’objectif « réduit » de ramener la paix tant dans le territoire martyr de Ghaza qu’en Israël.
Il n’y a pas de guerre contre Ghaza, mais une guerre continue contre le peuple palestinien
Les propagandistes du sionisme, toutes professions incluses, y compris, bien sûr, les « philosophes humanistes », essayent à tout prix de déconnecter cette opération d’envergure - qui ferait apparaître les deux guerres contre l’Irak comme de simples opérations de police, - de toute la stratégie suivie par les dirigeants israéliens pour liquider physiquement le peuple palestinien, soit par le massacre direct, soit par l’expulsion et l’exil forcé, jusqu’à ce que la terre de la Palestine historique soit occupée exclusivement par des Juifs.
A noter, encore une fois, que le génocide du peuple palestinien n’a rien de la conséquence d’une série d’actions et de réactions entre peuples ennemis, mais un objectif déjà déclaré dans la charte du sionisme qu’est l’ouvrage de Herzl : « Un Etat juif » publié en 1896. Et pourtant, tout est fait pour ancrer dans les esprits à la recherche de la vérité que cette opération serait ponctuelle et qu’elle viserait seulement à rendre la vie plus agréable tant aux Israéliens qu’aux Palestiniens, victimes, non des bombardements auxquels ils sont impitoyablement soumis, mais « d’une bande de fauteurs de troubles dont ils ont intérêt à se débarrasser et qu’Israël les aide à éliminer ».
La compassion des bourreaux !
Bref, en fait, suivant sa version des évènements, répétée ad nauseam par ses propagandistes comme par ses officiels, Israël serait en train de conduire une opération humanitaire destinée à sauver les Palestiniens de leur mauvais choix de leurs leaders. Israël serait, en fait, la victime dans toute cette tuerie et toutes ces destructions, de même que l’Allemagne nazie aurait été la victime de la réduction de la résistance dans le ghetto de Varsovie : si ses habitants avaient accepté d’être conduits vers les camps de la mort sans protester, l’armée nazie, appuyée par des mercenaires ukrainiens et des supplétifs juifs, n’aurait jamais eu à détruire ce joyau d’architecture qu’était ce ghetto.
Tout en tuant et en détruisant écoles, hôpitaux, cliniques, mosquées, églises, centrale électrique, système d’égout, réseau d’approvisionnement en eau, Israël ne ferait pas moins montre de compassion car elle ne veut, au final, que de ramener le bonheur tant parmi la population israélienne que parmi le peuple palestinien. L’éminent ambassadeur d’Israël aux Etats-Unis n’a-t-il pas déclaré, dans la même veine, que l’armée israélienne mériterait le prix Nobel de la Paix ? Si vraiment cet insigne honneur était mérité, il faudrait alors y associer les Waffen SS nazis, tout comme les unités parachutistes qui ont pris part à la vaste opération de police pompeusement nommée : « Bataille d’Alger ». Pour compléter la liste on pourrait y ajouter Adolph Hitler à titre posthume !
Une présentation ponctualiste que dément une politique délibérée de violence contre le peuple palestinien, pacifique ou en armes
Le problème avec cette explication « ponctualiste », c’est qu’elle contredit la réalité du terrain, telle que vécue journellement par les Palestiniens, et qu’elle occulte la politique globale de harcèlements de tout type, de meurtres, de dépossession, d’expulsions, d’humiliation, etc. etc., qui constitue le quotidien de la population palestinienne, qu’elle soit pacifique ou en armes. Le traitement que subissent les Palestiniens à Ghaza est, certes, plus barbare que celui auxquels sont soumis les Palestiniens des territoires occupés, mais la logique derrière la différence de nature entre ces deux types d’actions, est exactement la même. Il s’agit de réduire la population non juive sur le territoire historique de Palestine, de mener à bien ce génocide à « rythme ralenti » comme l’ont décrit nombre d’observateurs.
Dans un article intitulé « Le sionisme, une idéologie raciste » publié sur le site : « Counrterpunch.org, » Kathleen et Bill Christison, un couple d’anciens membres de la CIA - ni des gauchistes avérés, ni antisémites, ni des opposants à « l’establishment américain », mais des patriotes qui ont servi leur pays dans cette organisation de renseignements - donne une liste d’atrocités quotidiennes auxquelles les autorités israéliennes soumettent journellement la population palestinienne sous leur joug. Cette liste est digne d’être entièrement traduite, car elle constitue un état, si ce n’est exhaustif de tous les actes de répression, du moins une bonne illustration de la cohérence de la démarche israélienne à travers le temps et les lieux, que les Palestiniens résistent ou non par la contre-violence.
Un Etat puissant sans moralité, ni conscience humaine ni encore moins valeurs occidentales
« Quand un Etat puissant tue des centaines de civils d’un autre groupe ethnique ;
– quand il confisque les terres de ce groupe, édifie de vastes complexes d’habitation à l’usage exclusif de ses propres nationaux, construit sur cette terre des routes pour l’usage exclusif de ses propres nationaux, empêche l’extension des zones d’habitation et de d’urbanisation de l’autre groupe ethnique ;
– quand cet Etat démolit en masse les maisons appartenant à l’autre groupe, soit pour empêcher la croissance de sa population, soit pour le pousser à quitter « volontairement ses terres, ou à donner la « sécurité » aux membres de son propre groupe, emprisonne les membres de ce groupe dans son propre pays derrière des postes de surveillance, des barrages routiers, des fossés, des fils de rasoir, des enceintes électrifiées et des murs de béton ;
– quand cet Etat emprisonne les leaders de ce groupe, les menaces d’expulsion et les assassine, entasse les autres membres de ce groupe dans des zones de plus en plus petites de terre, de plus en plus dispersées ;
– quand il paralyse la capacité productive de cette population en détruisant ses terres agricoles, en la séparant de ces terres, en comblant ses puits ou en les confisquant, en empêchant l’expansion industrielle, en détruisant ses activités économiques ;
– quand il emprisonne les leaders de l’autre groupe, menace de les expulser ou de les assassiner, détruit les forces de sécurité de l’autre groupe, de même que ses infrastructures de gouvernement ;
– quand il détruit les documents de recensement de toute une population et ses registres fonciers, comme ses registres scolaires, quand il vandalise les centres culturels et les lieux de culte de l’autre groupe en y urinant et en y déféquant ;
– quand il gribouille des graffitis sur les monuments et les symboles à caractère religieux ;
– quand un tel Etat commet ce genre de méfaits contre l’autre peuple, une personne logique ne peut en tirer qu’une conclusion : le puissant Etat tente de détruire l’autre peuple, de le pousser à la mer, et mène une opération de nettoyage ethnique ».
« Ces atrocités, et plus particulièrement l’échelle de la répression, n’ont pas été provoquées de manière brutale par des actes terroristes de la part des Palestiniens.
Ces atrocités sont les conséquences logiques d’une philosophie politique qui proclame que tout ce qui fait avancer les intérêts des Juifs est une politique acceptable. C’est une philosophie raciste » (source : www.counterpunch.org/zionism -as-racist-ideology).
Israël peut, s’il le veut vraiment, prouver qu’il est un partenaire de paix, et non un Etat génocidaire
La propagande actuelle d’Israël, comme la couverture médiatique qui est donnée tant par lui que par ses partisans, veut à tout prix cacher l’évidence qui apparaît clairement à travers cette liste d’actes répressifs touchant les Palestiniens, et tente de faire accréditer l’idée qu’une fois la « paix achevée à Ghaza » selon, évidemment la version israélienne, c’est-à-dire le désarmement de résistants, tout reviendrait dans l’ordre et « Israéliens comme Palestiniens vivraient heureux jusqu’à la fin de leur vie ».
Cette façon de présenter les choses peut trouver sa place dans un conte de fées. Une fois débarrassé de la résistance armée palestinienne, Israël redoublera de barbarie et accélérera le processus de génocide du peuple palestinien. S’il était vraiment bien intentionné - et son idéologie ne le lui permet pas - il aurait pu donner la preuve de sa bonne foi - en levant toutes les barrières aux déplacements des Palestiniens, en démantelant les colonies qu’il a construites sur un territoire occupé, que ces colonies soient « sauvages, ou « autorisées », ce qui est du tout au même - car il est difficile de croire que des Israéliens s’installent en permanence dans un territoire palestinien et sur des terres palestiniennes sans l’accord officiel des autorités israéliennes, que cet accord soit tacite ou écrit -
- en libérant tous les Palestiniens emprisonnés dans les geôles israéliennes, sans cause et sans jugement, sans cause,
– en cessant de détruite les maisons des Palestiniens sous toutes sortes de prétextes,
– en ouvrant les routes pour Juifs à tous, y compris les Palestiniens,
– en levant, sans condition, le siège de Ghaza et en se retirant des quelque 44 pour cent du territoire de cette bande ;
– en acceptant de laisser l’autorité palestinienne prendre en charge l’administration de ses citoyens, sans limitations et sans entraves,
- en cessant de confisquer des terres palestiniennes,
– en autorisant les Palestiniens à vivre où ils veulent sur le territoire de la Palestine historique, y compris à Jérusalem ;
– en levant les entraves aux mariages entre Palestiniens de 1948 et Palestiniens des territoires occupés,
– en supprimant les 5000 règlements qui gèrent la vie quotidienne des Palestiniens, etc. etc.
Israël a la liste de ce qu’elle doit faire pour que l’on ajoute foi à sa volonté proclamée de viser seulement à ramener, à travers cette opération de meurtres et de destruction, la paix et la prospérité aux Juifs comme aux Palestiniens.
Croire qu’il est disposé ne serait-ce qu’à négocier l’élimination de toutes ces mesures génocidaires exige encore plus de naïveté que placer ses chaussures près de la cheminée pour que le Père Noël y mette les cadeaux qu’on lui a commandés !
Couvrir toutes ses exactions en traitant d’antisémites ou de terroristes ceux qui les dénoncent n’est plus une démarche viable. Beaucoup trop de monde sait exactement de quoi il retourne et a pris conscience du fait que celui qui crie « au loup » et feint de craindre d’être annihilé est celui qui mène, sans relâche, une politique d’annihilation contre le peuple palestinien, propriétaire légitime de la terre historique de Palestine, même si les manuels scolaires israéliens prétendent le contraire. Rappeler cette vérité historique n’a rien d’hostile aux Juifs, car l’histoire passée peut être réécrite, et même niée, elle ne peut pas être re-déroulée et remontée, tel un film, pour mieux correspondre aux caprices de l’actualité et de ceux qui la dominent ! On peut falsifier l’Histoire comme une brise, elle revient comme un ouragan !
Les livres scolaires israéliens d’histoire et de géographie ne reconnaissaient les Palestiniens que comme des parasites dangereux pour Israël
Israël n’a, pourtant, pas hésité à réécrire l’histoire pour mieux asseoir sa légitimité et nier l’existence des Palestiniens.
La démarche israélienne dans sa tentative d’éliminer physiquement le peuple palestinien de la terre de Palestine est à la fois cohérente et globale, car elle couvre aussi bien les mesures de sécurité et d’oppression que la préparation idéologique de sa population juive à la nécessité de liquider les Palestiniens.
Il ne s’agit pas seulement de rendre la vie du Palestinien aussi misérable que possible pour réduire son nombre par la mort ou des mesures administratives, légales et judiciaires, il faut également faire disparaitre sa trace dans l’histoire comme dans la géographie du Grand Israël. La destruction des archives des écoles, des recensements de la population, des registres fonciers ne suffit pas. Il faut aller encore plus loin dans cette entreprise d’effacement des Palestiniens. C’est à cette entreprise que visent les manuels scolaires utilisés dans les écoles et lycées d’Israël. S’il y a un slogan qui est répété ad libitum, c’est qu’Israël serait le seul pays embrassant les valeurs occidentales, au milieu d’une mer de « violence irrationnelle et de fanatisme religieux ». On aurait pensé qu’embrasser la démocratie, comme se plaisent à le répéter les sionistes comme leurs thuriféraires, impliquait la recherche de la vérité - quoiqu’il en coûte - en s’armant des méthodes scientifiques modernes, la reconnaissance non seulement de l’appartenance de tous les hommes à la même branche, mais, encore plus important, et de leur égal droit au respect et à la reconnaissance de leur humanité.
On aurait cru que l’apprentissage de la citoyenneté dans un pays qui se proclame « la seule démocratie du Moyen-Orient » impliquait la sensibilisation des enfants en âge de scolarité aux valeurs universelles de respect de l’autre et de vérité et de l’objectivité dans le présentation des faits tant historiques que géographiques, bref le rejet de l’irrationalité et des croyances religieuses comme sources de connaissance.
Les livres de classes israéliens reflètent exactement l’opposé de ces fameuses valeurs universelles que les dirigeants israéliens se plaisent à embrasser, avec ardeur et sans réserve, dans leurs discours, tout en en faisant, dans la pratique, des privilèges exclusifs des Juifs en terre historique de Palestine.
Dans un article intitulé : « Le déni de l’identité nationale et territoriale palestinienne dans les manuels scolaires israéliens d’histoire et de géographie, 1996-2003 » ( Dans : « Analyse des Identités dans le Discours » édité par Rosana Dolon et Julia Todili, John Benjamin Publishing Co. Philadelphia, 2008, pp 77-108) Nurit Peled - El Hanane, sociologue israélienne, a pris la peine d’étudier les manuels scolaires officiels utilisés dans les écoles et lycées publics israéliens, et non dans les « yeshiva », séminaires à tendance religieuse où les étudiants s’emploient à l’étude exclusive des écrits judaïques sacrés.
Elle remarque, à travers l’analyse de dix livres d’histoire et de géographie qu’en dépit :
« De différences dans les méthodes d’enseignement de ces disciplines, les manuels scolaires israéliens partagent un fonds idéologique commun relatif à la perpétuation de l’identité territoriale et nationale juive. Cette identité s’appuie lourdement sur le déni de toute vie normale autre la vie juive sur le sol d’Israël… l’analyse du discours verbal, comme des dessins et des couleurs, … représente les Palestiniens comme un problème à régler, un fardeau pour le développement, un danger démographique et une menace sécuritaire » (p. 77).
Toujours, suivant son analyse :
« Le discours éducationnel est formé par l’idéologie sioniste et sa conviction en ce qui concerne les « droits » historiques sur la terre de Palestine, ce qui fait d’Israël le successeur direct des « royaumes bibliques », la nécessité d’une majorité juive en Israël, l’antisémitisme et la haine des Arabes et la menace constante que les Palestiniens constituent pour Israël » (p. 79).
Et elle a constaté que ces manuels ignorent simplement l’existence des Palestiniens et font l’impasse non seulement sur leur présence humaine sur le territoire contrôlé par Israël, mais même sur les frontières de territoires administrés officiellement par l’autorité palestinienne. Sur les cartes que ces manuels comportent, les villes et villages habités en majorité par les Palestiniens ne sont pas indiqués, de même que les universités palestiniennes. Les Palestiniens sont représentés comme des arriérés, portant encore le kéfié, illettrés et essentiellement paysans, se déplaçant à dos d’âne, ignorant totalement les techniques du monde moderne et ses conforts, ne disposant d’aucune structure d’éducation, donc totalement analphabètes. Ni leur nombre, ni les professions qu’ils exercent ne sont mentionnés.
Donc, pour un jeune Israélien sorti du lycée, les Palestiniens existent essentiellement comme paysans, comme parasites vivant sur le dos de l’Etat d’Israël, des primitifs qui ne valent pas la peine qu’on s’intéresse à eux, car ils sont sub-humains et dénués de tous sentiments humains, donc ne pouvant donner lieu à pitié ou commisération, sentiments exclusivement réservés aux êtres humains à plein statut que sont les Juifs, et exclusivement les Juifs...
La falsification de la géographie d’une région, dans le but de cacher l’existence d’un groupe ethnique, est déjà un acte de génocide. Il est dommage que les écrits de Nurit Peled-Elhanan soient très peu connus, car ils révèlent que le programme de génocide du peuple palestinien va jusqu’à la négation de la présence palestinienne sur le territoire contrôlé par Israël.
Même le Juif israélien serait une victime à la fois réelle et potentielle !
Dans un ouvrage plus complet intitulé « La Palestine dans les livres scolaires israéliens : Idéologie et Propagande dans l’Education » (I.B.00 Tauris and Co. New York, 2012), Nurit résume les conclusions de ses recherches par les remarques suivantes :
« Les livres scolaires israéliens expriment des « vérités » éternelles à propos des Juifs - vérités en général tragiques, comme les persécutions et la victimisation, et des « vérités » éternelles à propos des non-Juifs, qui, dans ce cas, sont les « Arabes ». Les livres scolaires israéliens présentent - en dépit des évidences factuelles - les Palestiniens comme les « voyous » et les Israéliens comme les victimes et les protecteurs de la terre. Le dicton juif, vieux de plusieurs siècles et répété à chaque Pâques Juives : « A chaque génération, ils se lèvent pour nous exterminer » est encore présent dans les livres scolaires actuels, comme dans les discours politiques, et est décrit comme un fait réel de l’actualité. Sont ignorés les changements significatifs dans cette réalité, comme le fait qu’Israël est un Etat fort, avec des forces militaires disproportionnées, qui domine 4,5 millions de Palestiniens, dont la plus grande partie est constituée de refugiés, d’enfants ou de petits-enfants de refugiés, qui n’ont ni puissance militaire ni droits humains » (p. 100).
Nurit ajoute à ces commentaires ce qui suit :
« Les manuels scolaires explorés dans cette étude… convoient un message sans ambigüité : la terre d’Israël a toujours appartenu aux Juifs, même pendant les 2000 années d’absence collective de leur part, et elle doit donc rester juive, en dépit des décisions et des lois internationales, et en dépit du fait que la moitie de la population sous contrôle israélien est arabo-musulmane…
Nulle part nous n’avons trouvé dans ces manuels une indice d’une possibilité ou d’un souhait d’améliorer la situation des citoyens palestiniens, de leurs donner des droits démocratiques égaux ou d’alléger la pression exercée sur la Palestine occupée, pour l’amour de la paix, comme on pourrait s’y attendre dans un Etat démocratique éduquant sa jeunesse à l’acquisition de valeurs humanistes » (p. 102).
Ainsi, dans l’esprit des jeunes Israéliens, sont légitimités et renforcés, non seulement les traitements atroces dont sont victimes les Palestiniens, mais également la politique d’extermination qui est conduites contre eux. Une fois dans l’IDF, l’Israélien n’a pas besoin de beaucoup d’encouragement pour « mettre la main à la pâte » et inventer sa propre méthode d’humiliation de ce peuple « inutile et nuisible », ou pour exécuter, sans état d’âme, les ordres d’assassinat, d’expulsion, de bombardement ou d’arrestation sans cause des Palestiniens, comme de tirs à balles réelles contre les manifestants ou les enfants lanceurs de pierres.
En conclusion
Dans ce contexte de totalitarisme idéologique qui domine la société israélienne, et que reflètent les contenus des manuels officiels de géographie et d’histoire utilisés dans les écoles et lycées israéliens, il est difficile d’imaginer une relève de leadership israélien qui accepterait de mettre fin à cette politique d’apartheid et de génocide d’un peuple sans autre défense que sa résilience.
Les positions du groupe actuellement au pouvoir sont trop connues pour ouvrir même une étroite lucarne d’espoir. On sait le rôle qu’il a joué - et les preuves matérielles de tout type accumulées et publiées sont trop nombreuses pour que l’on ne crie pas à l’existence d’un complot contre la stabilité et l’unité des peuples musulmans, quels que soit par ailleurs les jugements durs qu’on pourrait porter sur leur nature - et qu’il joue encore dans la tourmente qui frappe la majorité des pays de son voisinage, pour se faire quelque illusion que ce soit quant à sa volonté d’aller de l’avant et d’accepter de garantir aux Palestiniens leurs droits nationaux, auxquels ils donnent la preuve de leur attachement par leur résistance armée ou pacifique.
Même si les termes : « négociations » et « paix » ont un contenu si puissant qu’il est difficile d’affirmer haut et fort qu’on est contre elles, il n’en reste pas moins que, dans le contexte sioniste extrémiste qui domine en Israël, ces deux termes n’ont d’autre objectif que de camoufler la poursuite, sans relâche, d’une politique de génocide, et de jeter de la poudre aux yeux d’interlocuteurs internationaux « crédules » ou prêts, institutionnellement à accepter n’importe quel mensonge du leadership israélien, ne serait que pour alléger leur conscience et prétendre qu’ils font tout pour que la paix revienne au Moyen-Orient et qu’enfin les droits historiques des Palestiniens soient non seulement reconnus, mais garantis par le poids des grandes puissances.
Du fait de la situation quelque peu affaiblie des pays arabes,-pour ne pas parler de leur débâcle quasi-générale - de manière particulière, et des pays musulmans, de manière plus générale, la classe politique israélienne actuelle ne juge plus utile de cacher les intentions génocidaires de l’Etat d’Israël. Il y a de plus en plus d’appels en Israël à accélérer le génocide du peuple palestinien, par l’usage ouvert de la violence militaire. La citation de l’éditorial d’un journaliste israélien se demandant si le génocide du peuple palestinien ne pouvait pas trouver sa justification dans des motifs de sécurité, n’est qu’un échantillon de ce qui se déclare publiquement et de manière claire aux niveaux les plus élevés de la hiérarchie militaro-politique israélienne.
Dans le contexte géopolitique actuel, même si un accord d’armistice est établi pour ramener la paix aux habitants de Ghaza, la situation générale du peuple palestinien risque de se détériorer encore plus, sauf mobilisation de l’opinion publique internationale et pressions accrues sur Israël des Etats qui contribuent à la subvention de sa politique génocidaire.
Finalement, c’est se leurrer que de croire qu’Israël serait actuellement un partenaire de paix, sérieux et engagé. Il a plutôt comme objectif de continuer sa politique de déstabilisation de son environnement géographique, et de génocide féroce du peuple palestinien.
Il faut en finir avec les slogans qui tiennent lieu de politique pro-palestinienne, et prendre acte de la déplorable réalité géopolitique actuelle au lieu de continuer à essayer de surnager dans un océan de logorrhée !
Qu’on force au moins Israël à payer pour ce qu’elle a détruit, au lieu de subventionner directement son génocide du peuple palestinien, en mettant la main à la poche chaque fois que cet Etat décide de détruire ce qui à été construit et fabrique les preuves pour cette entreprise de démolition délibérée et raisonnée.
Payer pour les pots cassés par Israël n’est nullement une preuve de soutien au peuple palestinien si, en même temps, on refuse de prendre position dynamiquement et d’agir en conséquence dans les domaines où, malgré la puissance d’Israël, on peut encore influencer les évènements.
Mourad Benachenhou