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Les discrets liens familiaux qui rapprochent l’IFOP du FN

Les ascenseurs de Marine

Nous le savons depuis longtemps, la conquête du pouvoir politique est le résultat de la patiente fabrication d’images faciles que les citoyens les moins regardants aimeront sans vergogne. Dans ces conditions affligeantes du rabougrissement politique c’est peu dire que la médiacratie – et en son sein la pitoyable télécratie – a pris inexorablement le pas sur la démocratie. Le débat d’idées véritable a cédé sa place dans tous les lieux vulgaires de la médiasphère à de pseudo débats mis en scène au cordeau par des « communicants » grassement rétribués et béatement adulés pour leur art consommé du raccourci et de l’artifice. Pour faire bonne mesure, il convient de ne pas oublier – du reste comment le pourrions-nous ? – l’omniprésence étouffante des sondages d’opinion(s). Oui, nous savons ces choses. Et nous acceptons implicitement cet état de fait en faisant mine de croire que la démocratie existe encore.

Nous savons tout cela et, à l’heure de la progression des partis européens d’extrême droite, nous devrions nous en méfier comme de la peste. Nous savons que les fractures sociales exacerbées par les politiques d’austérité et la mise en cause coupable de boucs émissaires commodes ne font jamais qu’alimenter des discours simplistes. Nous savons que dans leur course vers le pouvoir convoité certaines organisations politiques jouent avec brio des simplifications « populaires ». Nous savons que dès lors les coupables désignés à la vindicte ne restent pas toujours coupables uniquement dans la bouche des tribuns. Des paroles accusatrices aux actes irréparables la distance est parfois courte, notre Histoire nous l’a maintes fois enseigné. Nous savons tout cela et « les professionnels » de l’information autant que nous. Alors, pourquoi « l’obs » ne résiste-t-il pas à l’air du temps nauséabond qui doucement envahit notre société ?

Dans son numéro de la mi-octobre, le Nouvel Observateur a publié les résultats d’un sondage relatif aux intentions de vote « des Français » lors des élections européennes de l’année prochaine. Nous laisserons de côté le fait qu’en cette rentrée difficile lesdits Français ont probablement d’autres préoccupations et centres d’intérêt que ce lointain scrutin. D’ailleurs, ce n’est pas l’enjeu de ce scrutin ni l’indifférence qu’il risque de rencontrer une fois encore le moment venu qui intéresse la rédaction de l’hebdomadaire. La fierté du journal a tenu cette semaine-là en un chiffre fourni par ce sondage vendeur : il place Marine Le Pen à 24% d’intentions de vote. Ce chiffre formidable mériterait la Une si les Européennes intéressaient « les Français » et surtout si l’on pouvait vraiment accorder quelque crédit à ce type de sondages. L’hebdo en a pourtant bel et bien fait sa Une. Cependant, nous ne voyons pas jusqu’ici matière à scandale : il faut bien vendre le journal et cela passe par le racolage en ces temps difficile pour la presse écrite. Le scandale est ailleurs que sur la couverture de « l’obs » ou du moins le chiffre qu’elle brandit fièrement ne le révèle en rien.

Si les résultats des sondages sont de peu d’intérêt pour le citoyen exigeant, la manière dont ils sont fabriqués et par qui ils le sont représentent des questions qui méritent toute l’attention de l’observateur, le vrai. Le sondage incriminé ici a été commandé par le Nouvel Observateur et réalisé par l’IFOP. L’un des responsables des études politiques de cet institut de sondages réputé – dans le sens où il est très connu – se nomme Damien Philippot et n’est rien moins que le frère de Florian Philippot, bras droit de Marine Le Pen au Front National. La rédaction du Nouvel Observateur ne saurait évidemment ignorer ce fait troublant. Un fait troublant qui à l’évidence ne trouble pas grand monde au sein de l’organe de presse au moment où le parti fondé par Jean-Marie Le Pen a le vent en poupe. Il s’agit sans doute d’un détail de la longue histoire de la presse française qui a plus d’une fois été mal inspirée au cours de l’Histoire. On nous répondra peut-être que ce n’est pas de la faute de Florian Philippot s’il a un frère responsable des études politiques à l’IFOP, que ce dernier a bien le droit de vouloir connaître comment se porte la patronne de son frangin dans l’opinion de notre tolérant pays, que cela n’implique pas ipso facto qu’il partage les idées les plus vilaines du parti d’extrême droite. Certes ! Et pourtant…

Depuis des années, Damien Philippot alimente un blog, dont nous tairons ici le nom pour ne pas lui faire de publicité, où les idées du FN sont largement développées et la promotion de sa première dame frénétiquement assurée. Ce blog est loin d’être confidentiel ; il inspire certains organes de presse en raison, paraît-il , de la pertinence de ses analyses à propos de quelques maux de notre pays. Marianne 2 s’y serait laissé prendre. On a peine à croire que la rédaction du Nouvel Observateur ignore le rôle d’intellectuel organique que joue Damien Philippot. À l’heure où un ministre de la République accable de propos indignes de sa fonction toute une communauté – au demeurant largement fantasmée - les médias n’ont-ils rien d’autre à mettre à la Une que des résultats de sondages à l’origine douteuse ? Peu importe que le chiffre phare du sondage de l’IFOP soit truqué ou non. Dès lors qu’il appuie de sinistres intérêts ou de troubles manigances nous ne sommes plus dans le champ de l’information. Un organe de presse tel que le Nouvel Observateur n’a pas à servir d’ascenseur aux ennemis des libertés fondamentales.

Yann Fiévet

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