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Une politique rabougrie, une majorité recroquevillée, une France isolée du monde, hachée par la kalachnikov « Vote-utile » et anesthésiée par le Parti de la Presse et de l’Argent

Les Echos, L’Express, Le Monde et Le Grand Soir : cherchez l’intrus.

Le principe du référendum révocatoires existe dans des pays comme la Suisse, la Bolivie, le Venezuela et dans certains États des USA, mais pas en France.

Par suite, un candidat peut attirer les suffrages des électeurs sur un programme alléchant dont il sait qu’il se démarquera aussitôt élu. Jean-Jacques Rousseau avait dénoncé (il y a 250 ans !) les limites d’une telle démocratie  : « Le peuple anglais pense être libre, il se trompe fort ; il ne l’est que durant l’élection des membres du parlement : sitôt qu’ils sont élus, il est esclave, il n’est rien. » (Extrait du contrat social, livre III, chapitre XV).

La presse bénéficie de la même dispense de rendre compte, elle qui capture lecteurs occasionnels et abonnés au nom d’une impartialité, d’une objectivité, du droit à informer qui ne sont que des leurres. Il n’y a pas en France une seule télévision de gauche, pas une seule radio de gauche, pas un seul « grand » journal qui ne soit propriété partielle ou totale d’un groupe industriel ou bancaire. Hormis ceux qui vivotent et s’adressent à un public restreint de convaincus, tous (ou presque) sont argent. Et leur impunité est totale.

La sanction des lecteurs est illusoire. Comme les électeurs, ils sont captifs. Roulés dans la farine, ou bien ils souscrivent à la condition du bonheur donnée par Voltaire (être imbécile) ou bien, conscients de l’arnaque, ils n’ont pas de vrai choix.

En effet, les médias qui font l’opinion sont partout, se valorisent les uns les autres, se congratulent, se promeuvent et bernent en boucle et en famille les citoyens les moins avertis (et les plus nombreux). Ne pas les lire, ni les voir, ni les écouter ? Vos collègues, amis et familles le feront pour vous et vous parleront de ce qu’ils ont appris, comme on rapporte une parole de l’Oracle. Fuyez-les et vous deviendrez autiste, étranger dans votre pays, porteur d’une lourde et suspecte anormalité.

Les journalistes les plus en vue sont coutumiers de l’inceste avec le monde politique. Pour un couple connu de journaliste/politicien, cent autres, dans l’ombre, sont issus des mêmes écoles, des mêmes quartiers, fréquentent les mêmes restaurants et lieux de vacances et y dépensent les mêmes sommes. Et parmi ceux qui n’en sont pas, tâcherons pigistes en CDD, bien peu ont le goût de la résistance (et du martyr). On peut dire des journalistes ce que le philosophe disait des écrivains : «  Quand je vois un jeune auteur arriver de province avec de l’esprit, de la vanité et une plume facile, je ne sais pas au juste quelle opinion il prendra, mais je sais celle qu’il ne prendra pas. » (Alain « Propos sur le pouvoir »). Ailleurs, il affirme que « la pente est à droite ».

La consanguinité idéologique couvre tout, invisible, et pour cela, elle est d’une redoutable efficacité. Le référendum révocatoire des journalistes enfumeurs n’existe pas, et la démocratie en souffre. Alain Duhamel et Jean-Pierre Elkabbach vous le confirmeront, et Jean-Michel Aphatie (« Des prrrrreuuuveus, je veux des prrreuuveus !  ») et Laurent Joffrin, ex-vacancier avec Le Pen, et Plantu qui accepta 10 000 euros du Qatar et qui se tait sur cette dictature(1), et Pujadas qui annonça un taux effrayant de pauvreté au Venezuela « où n’existe qu’une seule voie ferrée » et Libération qui truqua les paroles de Chavez pour en faire un antisémite, et Le Monde qui manipule ses lecteurs pour qu’ils croient que Maduro a raconté aux indigènes qu’une malédiction « vieille de plusieurs siècles » s’abattrait sur eux s’ils votaient mal, et Canal Plus (2), et Rue89, fils caché de Libération, qui se vend au Nouvel-Observateur (6,5 millions d’euros), invite Marine Le Pen dans ses locaux et traite de « bruns » ceux (comme LGS) qui combattent sans faiblir la valseuse au bal des néo-nazis viennois, et, et, et…

Voyez les trois titres ci-dessous, dont deux signalent l’apaisement de troubles constatés dans un pays qui vient de voter, mais sans nous dire qui les a fomentés, tandis que le troisième nous assure qu’ils perdurent. Et voyez aussi, por favor, sous un quatrième titre, quels enseignements on peut tirer, pour notre gouverne, de ce qu’il advint le 14 avril 2013 outre-Atlantique, d’où un miroir nous est tendu.

22/04/2013 - INTERNATIONAL : Nicolas Maduro investi président dans un climat moins tendu
19/04/2013 LEXPRESS.fr - Venezuela : un climat apaisé pour l’investiture de Nicolas Maduro
19.04.2013 - Venezuela : l’investiture mouvementée de Nicolas Maduro
24 avril 2013. Notez le crêpe patriotique sur le bandeau

Le monde entier se presse à Ussel (Corrèze) devant la dépouille de l’ennemi de la Finance.

Le président vénézuélien Nicolas Maduro a prêté serment devant les délégations de haut niveau, venues de 14 pays, dont la Chine, la Russie et l’Iran. Parmi les chefs d’Etat latino-américains, on notait la présence de Cristina Kirchner et de Dilma Rousseff , présidentes de deux pays (Argentine, Brésil) qui totalisent près de 11, 3 millions de km2 (soit 20 fois la France métropolitaine) et près de 230 millions d’habitants (3,6 fois l’Hexagone).

Depuis les Nations Unies, le Mouvement des Pays Non Alignés, qui réunit 120 Etats, a félicité Nicolas Maduro pour son élection.

La Communauté des Etats latino-américains et des Caraïbes (Celac) qui regroupe tous les états américains, sauf le Canada, les États-Unis et le Paraguay (exclu après le coup d’Etat de 2012), a publié un communiqué officiel demandant le respect du vote émis par la majorité des électeurs le 14 avril et se solidarisant avec les familles des victimes des commandos de l’opposition.

Sans être mathématicien, on constate qu’une écrasante majorité des pays de la planète salue l’élection de Nicolas Maduro.

Le nombrilisme des pays atlantistes, le parti pris de leur presse classique-archaïque peuvent laisser croire que la contrariété des USA et d’une partie des pays membres de l’Union européenne, dont la France, dirigée par le PS (Parti Solférinien), sont représentatifs de l’opinion du monde sur le Venezuela. En vérité, les pays hostiles à Maduro, comme ils l’étaient à Chavez, sont très minoritaires en nombre, en superficie et en population. Seuls, leur égo, leur égoïsme, leur aveuglement, assaisonnés de relents néo-colonialistes pèsent lourd.

Lors de l’investiture officielle de Nicolas Maduro, la France était représentée par la ministre déléguée chargée des Français de l’étranger, dont nul ne connaissait le nom (Hélène Conway-Mouret). L’Espagne (pourtant royaliste et de droite) avait envoyé le président du Congrès des députés, accompagné du secrétaire d’Etat à la Coopération internationale en charge de l’Amérique latine.

Après avoir délégué le ministre des Outre-mer aux obsèques de Chavez en mars, la France signifiait ainsi pour la deuxième fois, en avril, son aversion pour quiconque se met en tête de développer un « socialisme du XXI ème siècle » sous le nez de l’Empire.

La France ? Non : le Parti social-libéral qui dispose de tous les postes et pouvoirs : président de la république, gouvernement, assemblée nationale, sénat, régions, beaucoup de conseil généraux et de nombreuses municipalités, soit, au total, des centaines de milliers de militants élus à travers le pays. Ceux-là ont la puissance politique pour faire concrètement avancer l’idéal socialiste. Ils l’ont.

Les apparatchiks de ce parti qui usurpe le mot « socialiste » sont rejetés par la France. Minoritaires dans l’opinion, méprisés dans les usines, ils ont fait en mai 2012 un hold-up sur l’Hexagone, armés du redoutable « Vote-utile » braqué sur la tempe des gens de gauche.

Dans aucun des pays du monde où sont mises en œuvre des politiques de justice sociale, de récupération des richesses nationales, de redistribution égalitaire, d’aides aux pauvres, d’octroi de droits nouveaux aux travailleurs, de hausses des salaires, de refus d’une hégémonie extérieure prédatrice, ils ne sont les bienvenus avec les discours qu’ils tiennent aux Français.

Dans son propre pays et jusque dans son propre fief (Ussel), le président François Hollande doit ruser pour éviter les habitants. On a vu Valérie Trierweiler, qui n’est rien au regard de nos Institutions (même pas CRS), intervenir physiquement pour éloigner une caméra qui aurait pu montrer une image que le peuple ne doit pas voir. Il n’est écrit nulle part que la compagne du président (par ailleurs journaliste) dispose du droit d’empêcher la presse de travailler. Rien qui l’autorise à se livrer publiquement, par la parole et le geste, à un acte de censure.

Tandis que tout le tiers monde pleurait le président Chavez, tandis que le peuple vénézuélien se pressait pour lui rendre un dernier hommage ému, François Hollande a dû annuler deux déplacements en province (Ardèche et Drome) par crainte des réactions des autochtones, mécontents d’avoir été si vite trahis par lui qui, pour être élu, se déclara ennemi de la finance et qui s’est mis à son service dès sa prise de fonction. Il n’est qu’au Maroc, en voyage officiel chez un despote, qu’il put marcher sans craindre les quolibets, onze mois après son élection.

Une politique rabougrie, une majorité recroquevillée, une France qui s’isole du monde de demain, tel est le bilan de Normal 1er, cerné par une cour de flatteurs cupides qui ont compris que cinq ans peuvent suffire à des malins et beaux-parleurs pour engranger des profits, prébendes, sinécures, rentes, pensions, retraites.

Demain, rassurés sur leur sort, confiants en leur avenir si vite et si bien assuré, ils sonneront le tocsin pour que vous renouveliez leur bail afin qu’ils reprennent du rab et que les retardataires de l’appareil solférinien, les pas servis ou mal servis, aient le temps de s’asseoir à la table du festin.

Et si vous ne croyez plus ces hommes, leurs promesses, leurs discours, malgré leurs sourires et leurs poignées de main, ils sortiront de sous leur gabardine l’inusable kalachnikov du Vote-utile et votre trouille fera le reste.

Vous préférez les ripoux aux voyous. D’autres préfèrent les voyous. Avec eux, vous assurez l’alternance qui interdit toute alternative.

Vous êtes trop petit-doigt-levé pour hurler « Du balai ! » et assez peu hispanophones pour ajouter : « Que se vayan todos ! ».

Ah ! Vous vous récriez : « Pas moi ! Fini ! Quoi qu’il advienne ! »  ?
A voir.

Vladimir Marciac.


(1) De Jack Lang à Jean Daniel, en passant par Dominique Baudis, Edmonde Charles-Roux, Renaud Donnedieu de Vabres et Anne Roumanoff, 66 personnalités françaises de la culture ont été décorées par le Qatar en 2010 qui leur a remis un chèque de 10.000 €.

(2) Apprécions cette rafale de mensonges débités sur Canal Plus (20 novembre 2007) par le chroniqueur Ariel Wizman, qui n’a pas été démenti, ni en direct, ni jamais : « [Chavez], c’est un type qui est ouvertement antisémite, c’est également quelqu’un qui instaure la répression avec des bandes armées, des escadrons de la mort, une confiscation des ressources, un bâillonement de la presse en général dans son pays. »

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