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Les interventions militaires impérialistes et le drame des réfugiés

Le drame que connaissent les réfugiés est dans une large mesure la conséquence directe des interventions militaires impérialistes en Afghanistan, en Irak, en Libye et en Syrie. Les gouvernements successifs américains et européens sont les premiers et les derniers responsables de cette tragédie humaine. Ce sont eux les véritables coupables de cette effroyable situation dans laquelle se trouvent non seulement les réfugiés mais aussi les survivants des guerres impérialistes dans ces pays. Ce sont ces criminels de guerre qui versent cyniquement aujourd’hui des larmes de crocodile sur leurs propres victimes tout en se barricadant derrière des barbelés et des murs érigés un peu partout en Europe. Les souffrances qu’endurent les réfugiés ne doivent pas nous faire oublier le nombre de morts, de blessés, d’estropiés, de veuves, d’orphelins etc. que les guerres impérialistes illégales et illégitimes ont laissés derrière elles. La négation et le mépris de la vie humaine par l’impérialisme américain et européen se traduisent concrètement par des destructions, des génocides, des massacres, et par la violence la plus extrême. Le chaos et l’anarchie, au mauvais sens du terme, qui règnent aujourd’hui en Afghanistan, en Irak, en Libye et en Syrie sont les témoins éloquents de cette barbarie impérialiste. Les graines de malheur que les Etats-Unis, l’Europe et leurs alliés locaux ont semées dans cette région du monde ont produit également une moisson abondante d’organisations réactionnaires et terroristes. Le terrorisme, que l’impérialisme prétend combattre, est son produit le plus authentique (1).

L’essentiel des réfugiés qui tentent aujourd’hui de rejoindre l’Europe viennent de Syrie, d’Afghanistan et d’Irak. Le chaos qui règne en Libye provoque de son côté des déplacements massifs de population vers les pays voisins et vers l’Europe. Or ce sont justement ces pays qui ont été ravagés par l’impérialisme américain et son supplétif européen. L’hypocrisie et le cynisme avec lesquels les gouvernements occidentaux et leurs médias traitent les souffrances humaines n’ont d’égal que leur silence sur les causes de ce crime contre l’humanité. Mettre en exergue les conséquences du drame sans jamais évoquer ses causes permet au discours médiatique de mieux éluder la responsabilité de l’impérialisme et de ses alliés locaux dans cette tragédie. Les réfugiés que les bourgeoisies européennes feignent de découvrir ne sont pas tombés du ciel comme la pluie ; ils sont le fruit amer des manœuvres et stratégies impérialistes. Faut-il rappeler que les syriens, les libyens ou les irakiens ne quittent pas leur pays de leur propre gré pour un avenir meilleur en Europe, mais fuient cette terrible guerre qui leur a été imposée par les États-Unis et l’Europe. Ils sont chassés par la force brutale de l’impérialisme et de ses alliés locaux comme l’Arabie Saoudite, le Qatar ou la Turquie.

Un pays comme la Syrie était, avant la guerre, le deuxième pays au monde qui accueillait le plus de réfugiés selon le HCR. Aujourd’hui, il est le deuxième à fournir le plus de réfugiés au monde : « En l’espace de cinq ans à peine,la République Arabe Syrienne est passée du deuxième pays à accueillir le plus grand nombre de réfugiés dans le monde au deuxième pays à en produire le plus grand nombre » (2).

Les interventions militaires impérialistes en Afghanistan (1979), en Irak (1991 et 2003), en Libye (2011) et aujourd’hui en Syrie non seulement ont fait des centaines de milliers de morts mais aussi ont jeté sur le chemin de l’exil des millions d’hommes, de femmes et d’enfants notamment en Irak et en Syrie :« Quelque deux millions de réfugiés irakiens seraient dispersés à travers tout le Moyen-Orient - il s’agit du plus important mouvement de réfugiés dans la région, depuis l’exode des Palestiniens après la création d’Israël, en 1948 » écrivait le HCR (3). Quant au nombre de réfugiés syriens qui ont fui la guerre, il dépasse depuis juillet 2015 les quatre millions de personnes. Ils sont concentrés pour l’essentiel dans des camps en Turquie, au Liban et en Jordanie où ils survivent dans des conditions infra-humaines. Celui des personnes déplacées à l’intérieur même de la Syrie s’élève à 7,6 millions (4). Au total plus de la moitié des syriens sont ainsi contraints par la guerre impérialiste et ses conséquences d’abandonner leur foyer : « C’est la plus importante population de réfugiés générée par un seul conflit en une génération » déclarait le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres (5).

Vouloir, vaille que vaille, renverser des régimes réfractaires à l’hégémonie et à l’exploitation de l’occident capitaliste ne peut conduire qu’ à des tragédies humaines et provoquer des souffrances sans limites des populations innocentes. L’impérialisme a toujours usé de sa puissance de feu pour soumettre les nations sans défense à ses propres intérêts économiques et stratégiques. Esclavage, colonialisme, néocolonialisme etc., toute son histoire n’est que crimes et violences. Son mépris de la volonté des peuples à disposer d’eux-mêmes est totale. Il ne peut supporter que les peuples prennent eux-mêmes en charge leur propre destin. Les cas de l’Afghanistan, de l’Irak, de la Libye et de la Syrie sont des exemples de cette négation absolue de ce Droit à l’autodétermination reconnu pourtant universellement et constitue même l’un des fondements de la charte des Nations Unies (6). Mais pour l’impérialisme, le droit c’est le droit du plus fort !

Le soutien indéfectible, passé et présent, de l’impérialisme aux dictatures les plus féroces et aux régimes les plus rétrogrades (7) n’a d’équivalent que sa haine et son mépris pour les gouvernements, un tant soit peu, nationalistes et laïcs. L’alliance entre l’impérialisme et le terrorisme est une réalité que la propagande des médias bourgeois n’arrive plus à occulter. Les destructions des sociétés irakiennes, libyennes et aujourd’hui syriennes ont entraîné dans ces pays un foisonnement de mouvements obscurantistes et terroristes constituant ainsi, avec l’aide de l’impérialisme et de ses alliés locaux, autant de remparts contre toute idée de progrès et de démocratie. Rappelons que le Parti Baas (la Renaissance), qui a longtemps gouverné l’Irak, toujours au pouvoir aujourd’hui encore en Syrie, a été fondé dans les années quarante par deux intellectuels laïcs et progressistes, Michel Aflak et Salah Bitar. Le VIème congrès de ce parti organisé à Damas en octobre 1963 s’est prononcé majoritairement pour une « planification socialiste » et pour « un contrôle démocratique des moyens de production par les ouvriers » (8). Il est vrai aussi qu’au fil du temps «  le parti est devenu un repère d’officiers assoiffés de pouvoir. « La renaissance arabe », « L’unité arabe » et « Le socialisme arabe » ont été relégués aux calendes grecques. Leur seul et unique objectif est de se maintenir, vaille que vaille, au pouvoir » (9). Najibullah dernier président communiste de l’Afghanistan, avant d’être renversé par les Talibans armés et financés par les américains, reste dans la mémoire collective des afghans comme le président « modernisateur et patriote » (10). Les communistes afghans même s’ils n’avaient pas de base sociale en dehors de Kaboul et en dépit des méthodes détestables qu’ils pratiquaient à l’encontre de leurs opposants, ont entamé un processus de modernisation du pays notamment dans le domaine de l’éducation : « En 1978 l’analphabétisme représentait 90% de la population masculine et était de 98 % chez les femmes. Dix ans plus tard, la proportion a été considérablement réduite. Une génération nouvelle de jeunes afghans, hommes et femmes , deviennent médecins, enseignants, scientifiques, techniciens » (11).

Rappelons également pour mémoire que c’est l’impérialisme, avec l’aide des monarchies du Golfe, qui a brisé l’élan formidable vers la démocratie et la dignité des soulèvements populaires dans le monde arabe. Les ravages de la guerre au Yémen (12) que mènent aujourd’hui l’Arabie Saoudite et ses alliés, avec la bénédiction des Etats-Unis, vont encore renforcer la présence des groupes terroristes dans ce pays, l’un des plus pauvres au monde, et forcer des millions de personnes à l’exode.
A la paix, à la démocratie et au progrès, l’impérialisme préfère la guerre, la mort, la destruction et le chaos. Pour servir ses intérêts économiques et stratégiques, l’impérialisme, cet instrument de pouvoir de la bourgeoisie, préfère s’allier avec des régimes d’un autre âge et instrumentaliser des mouvements terroristes. Il suffit de voir ce que sont devenus aujourd’hui, après les interventions militaires impérialistes, des pays comme la Libye ou l’Irak naguère prospères. La Libye par exemple, ravagée et défigurée par la sauvagerie terroriste, où, selon les dires même du secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon, « les mouvements terroristes y établissent une implantation stratégique, le pays est devenu un paradis pour les criminels et les trafiquants d’êtres humains » (13). Amnesty International de son côté souligne que « la communauté internationale a regardé la Libye s’enfoncer dans le chaos depuis la fin de l’intervention militaire menée par l’OTAN en 2011. Les dirigeants du monde doivent assumer leurs responsabilités et les conséquences, notamment le flux de réfugiés et de migrants fuyant le conflit et les atteintes aux droits humains endémiques en Libye » (14).

Si l’impérialisme est une nécessité historique, lui résister n’en est pas moins nécessaire. Car l’impérialisme est partout l’ennemi des peuples et du progrès. Il faut dénoncer ses guerres, ses médias, ses mensonges et sa propagande. Il faut le combattre partout. Les travailleurs et les opprimés du monde entier doivent se soulever contre cette domination et cette barbarie impérialistes s’ils ne veulent pas être ravalés au rang d’esclaves.

MB

(1) http://belaali.com/2014/11/le-terrorisme-produit-authentique-de-l-impe...

(2) http://www.unhcr.fr/53edc9a39.html

(3) http://www.unhcr.fr/4ad2f926155.html

(4) http://www.unhcr.fr/559e2ca6c.html

(5) Ibid.

(6) « Développer entre les nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l’égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes, et prendre toutes autres mesures propres à consolider la paix du monde »
http://www.un.org/fr/documents/charter/chap1.shtml
« Tous les peuples ont le droit de disposer d’eux-mêmes. En vertu de ce droit, ils déterminent librement leur statut politique et assurent librement leur développement économique, social et culturel ».
http://www.ohchr.org/FR/ProfessionalInterest/Pages/CCPR.aspx

(7) Comme par exemple Suharto l’indonésien, Marcos le philippin, Pinochet le chilien, Videla l’argentin, Uribe le colombien, Ben Ali le tunisien, Moubarak l’égyptien, mais aussi Israël, l’Arabie Saoudite, le Qatar, Bahreïn, l’Egypte, le Yémen, le Honduras, la Colombie, la quasi totalité des dirigeants africains etc.etc.

(8) « Bush à Babylon », Tariq Ali, La Fabrique édition, page 133.

(9) « L’impérialisme est l’ennemi des peuples : le cas de la Syrie »
http://belaali.com/article-l-imperialisme-est-l-ennemi-des-peuples-le-... 95898575.html

(10) http://www.monde-diplomatique.fr/2012/08/PARENTI/48065

(11) Tariq Ali « Le choc des intégrismes », Textuel, 2002, page 236.

(12) http://belaali.com/2015/03/l-intervention-saoudienne-au-yemen.html

(13) Le Monde du 8 octobre 2015, page 3.

(14) http://www.amnesty.fr/CP-rapport-libye-migrants-refugies-15093


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