Les mal-nommés pourparlers de paix (Dissident Voice)

Je me demande si quelqu’un serait capable de dessiner la carte d’Israël. C’est probablement le seul pays au monde qui n’a pas de frontières définies, et il a même tout fait au cours des dernières décennies pour en arriver là .

Il avait des frontières à une époque, mais la guerre de 1967 est passée par là . Et il n’a aucune intention de retourner à ces frontières parce qu’il aurait pu le faire à tout moment au cours des 43 dernières années (ce qui aurait constitué une démonstration sans ambiguïté quant à sa réelle aspiration à une véritable paix et justice et qui aurait épargné les immenses souffrances humaines provoquées par l’occupation), mais cela aurait dilapidé tout l’effort consenti au cours de la Guerre de Six Jours dont le véritable objectif était précisément ce à quoi nous assistons dans les territoires palestiniens.

En ce qui concerne la paix, dans le sens étroit du terme à savoir l’absence de guerre, Israël a déjà réalisé une sorte de paix de facto sans l’assistance des Palestiniens. Les Palestiniens n’ont rien à offrir en matière de paix si on accepte la définition israélienne de ce terme.

La paix israélienne est celle obtenue grâce à une puissance infiniment supérieure, au recours systématique et sans discernement de cette puissance, à la transformation des gens qu’il considère comme ses opposants en squatteurs sur leur propre terre, et grâce à une monde trop intimidé pour prendre une quelconque mesure efficace au nom de la justice ou de l’équité.

Comme l’a remarqué la physicienne et survivante de l’Holocauste Ursula Franklin, la meilleure définition de la paix c’est lorsque la justice prévaut. On peut trouver de nombreuses situations qualifiées à tort de paix ; par exemple, la paix interne imposée par un état policier ou celle imposée par une répression brutale dans une colonie.

Israël semble ne montrer aucun intérêt ou besoin pour le genre de paix que les Palestiniens pourraient offrir. Alors qu’est-ce que les Palestiniens pourraient bien offrir à Israël dans le cadre d’une négociation ?

Il y a de nombreuses questions «  techniques » à régler entre les Israéliens et les Palestiniens, telles le droit au retour (des réfugiés - NdT), l’indemnisation des terres confisquées, la poursuite des expulsions de Jérusalem Est, le Mur et son tracé qui passe largement sur des terres palestiniennes, mais tout ceci au fond n’a pas grand chose à voir avec la véritable paix selon la définition d’Ursula Franklin et à laquelle nous avons toutes les raisons de penser qu’Israël n’est pas, et n’a jamais été, intéressé.

Israël veut être reconnu, non seulement en tant qu’état comme n’importe quel autre état, mais comme un «  état juif », quelque soit la signification de ce terme ambiguë eu égard à ses frontières à géométrie variable et la définition même de Juif sur laquelle les Israéliens eux-mêmes n’arrivent pas à se mettre d’accord et se disputent sans cesse - entre réformés, orthodoxes, ultra-orthodoxes, Ashkénazes, Séfarades, Nord Africains, pratiquants, non-pratiquants, et autres factions et divisions dans une population peu nombreuse.

Je crois vraiment que les raisons pour lesquelles Israël cherche à obtenir une telle reconnaissance ne sont pas innocentes : c’est le genre de terme que l’on glisse dans un contrat et qui ensuite laisse la porte ouverte à pratiquement toutes les interprétations. Après tout, la reconnaissance d’Israël en tant qu’état a depuis longtemps été offerte par les pays arabes en échange d’un accord juste, mais Israël n’a jamais montré le moindre intérêt.

Si la reconnaissance d’Israël comme un «  état juif » était obtenue, quel serait le statut des non-juifs en Israël ? On peut l’imaginer, si on se réfère aux terribles propos du ministre des affaires étrangères d’Israël, Avigdor Lieberman, ou les propos encore pires d’Ovadia Yosef, fondateur du parti Shas, allié de Netanyahu, et l’ancien Premier Rabbin d’Israël.

Après tout, environ 19% des citoyens israéliens ne sont pas juifs, principalement les descendants des Palestiniens qui ont refusé de s’enfuir devant le terrorisme des gangs Irgun et Stern en 1948. Ils ont des passeports israéliens mais ne sont pas considérés comme des citoyens à part entière, des citoyens Juifs, et il y a même des lois qui créent cette sordide distinction que George Orwell avait décrite dans son livre Animal Farm : «  Certains animaux étaient plus égaux que d’autres ».

Les nouveaux pourparlers se font en l’absence d’un représentant légitime des Palestiniens, ce qui serait le minimum, mais cette situation semble satisfaire Israël dont les services secrets ont depuis longtemps mené des opérations clandestines et des assassinats. Comme fait-on pour négocier lorsque la partie adverse n’a pas de représentant ?

Depuis bientôt deux ans, Mahmoud Abbas, un personnage qui ferait presque pitié et qui est censé représenter les intérêts palestiniens, fait semblant d’être président sans élections : il n’a aucune légitimité aux yeux des Palestiniens et du monde extérieur. Et encore, son autorité ne régne que sur certaines partions de la Cisjordanie.

Le Hamas, malgré ses défauts qu’on trouvera chez tous les dirigeants d’une population sévèrement opprimée (après tout, on a failli oublier que le Congrès National Africain en Afrique du Sud était affilié aux communistes), est malgré tout le gouvernement élu du territoire de Gaza, mais Israël a fait pressions sur les Etats-Unis - et par leur intermédiaire, sur le monde entier - de considérer les Hamas comme une puissance obscure, prête à lancer les forces du mal si jamais Israël relâchait sa pression.

Il serait beaucoup plus juste de parler d’accord ou d’arrangement avec les Palestiniens que de paix, mais tout n’importe quel accord exige une pression intense sur Israël, qui tient toutes les cartes en main, et cette pression ne peut être exercée que par Washington. Un arrangement impliquer toutes les questions «  techniques » qui n’intéressent pas Israël - le droit au retour, les indemnisations, le Mur et Jérusalem Est, la position d’Israël est claire : c’est «  non ».

Mais nous savons que Washington est dramatiquement faible lorsqu’il s’agit d’Israël. Le lobby Israélien est expert dans les campagnes téléphoniques et l’influence dans les médias et les campagnes de donation. Il arrive même à entraîner Washington à mener des guerres pour lui, comme en Irak, et comme il tente de le faire à nouveau contre l’Iran - ce qui sans aucun doute le signe clair d’une influence déterminante sur sa politique.

La plupart des membres du Congrès des Etats-Unis vivent dans la même peur diffuse du Lobby Israélien qu’ils ont connue sous J. Edgar Hoover (ancien directeur du FBI - NdT) et ses dossiers secrets. Hoover n’a jamais eu besoin de proférer des menaces lorsqu’un membre du Congrès ou un Secrétaire de Cabinet «  dépassait la ligne rouge ». Il lui suffisait d’avoir une petite conversation, de faire quelques vagues allusions pour faire comprendre au politicien que ce dernier était en danger. Cela suffisait pour garantir l’influence de Hoover pendant des décennies.

On n’entendait jamais parler dans la presse du pouvoir silencieux exercé par Hoover dans les années 40, 50 et 60, mais il était présent. De même que le lobby israélien aujourd’hui.

Alors d’où vient ce nouvel élan pour un arrangement équitable ?

De nulle part. Israël poursuit son chemin avec ses lois injustes, confisquant les terres et les fermes, expulsant lentement mais sûrement tous ceux qu’il ne veut pas voir.

Partout ailleurs, un tel processus serait qualifié de nettoyage ethnique, mais pas ici, à moins que ne vous vouliez vous faire traiter de fanatique ou d’antisémite.

Cela dit, la possibilité d’un arrangement existe malgré tout. Il est possible que le faible Abbas, enfermé dans un salle à Washington, puisse être soumis à suffisamment de pression pour signer n’importe quel accord, accordant à Israël toutes les concessions qu’il demande en échange d’un état palestinien fait de bric et de broc et composé de parcelles des territoires qui n’intéressent pas Israël ou qu’il n’a pas encore confisqué. Un tel accord n’aurait aucune valeur, mais Israël ne se gênera certainement pas pour l’invoquer et l’interpréter à sa manière.

Après tout, l’histoire moderne d’Israël a déjà connu le partage des terres sans le consentement de leurs occupants, mais même ces divisions historiques - consultez les cartes étalées devant la Commission Peel (1937) ou la décision de l’ONU d’une partage (1947) et vous constaterez que le territoire avait été scindé en deux parties à peu près égales - sont aujourd’hui ignorées par Israël ou sont interprétées par un raisonnement tortueux. Qu’est qui a changé depuis ?

En l’absence de volonté, une véritable paix avec la justice est tout simplement impossible.

John Chuckman
http://dissidentvoice.org/2010/09/the-misnomer-of-peace-talks/

traduction VD pour le Grand Soir

COMMENTAIRES  

11/09/2010 21:59 par Fidelito

tant qu’il y a 1 Palestinien debout, Israël doit l’anéantir : pas un seul ne doit en réchapper.leur devise est certainement " un bon palestinien ou Arabe est un Palestinien ou Arabe mort. c’était déja de rigueur au XIVeme siècle lors de l’extermination des peaux rouges. Cela fut le cas lors de la guerre du Vietnam,"un bon Viet est un Viet mort" la guerre d’Irak fut pareille "un bon .........." et ainsi de suite.Dire que ses paroles ont été lancées par des peuples dits civilisés, ceux qui se veulent les dirigeants,les gendarmes du monde.N’ oublions pas que les états-Unis d’Amérique ne peuvent se mouvoir sans l’approbation Israëlienne et surtout doivent partager les moindres désirs de ces messieurs.
L’ Europe a déja pompé des millions et des millions d’euro pour venir en aide au peuple Palestinien et pendant ce temps Israël continue de détruire et tuer. Qand cela va-t-il cesser, quand est-ce que ces messieurs (qui se conduisent pire que le pire des dictateurs) von-ils se retrouver devant ce fameux tribunal international. celui-ci serait-il un fumisterie tout comme la justice actuelle que l’on connait dans nos pays (tel que la Belgique en tête(un si petit pays aux mains de manipulateurs))Quand est-ce que tout les peuples von-ils se donner la main pour s’opposer à toutes ces pouritures qui se prennent pour de bons samaritains...dans leurs petits pois de cervelle ? Ne serait-il pas temps que nous sortions de notre sommeil ? Que nous cessions de réver et continuions de croire que tout le monde est beau et gentil ? ou alors, attendons nous l’apocalypse sagement, le désastre nucléaire qui n’aatend plus que la moindre petite étincelle ?

12/09/2010 18:55 par Wils

Cher Monsieur Chuckman,

En général avant de s’exprimer sur un QUELCONQUE sujet, le minimum EXIGE est de ne pas asséner de contre-vérités manifestes.

Procédons par autre, tout d’abord au jour d’aujourd’hui 12/09/2010, l’etat d’Israel à 3 frontières reconnues internationalement qui sont :

1-la frontière israelo-egyptienne, reconnue par l’Egypte, Israel, et la communauté internationale.

2-La frontière israelo-jordanienne, reconnue par la Jordanie, Israel et la communauté internationale.

3-La frontière israelo-libanaise, qui a été dessinée par l’ONU.

Reste donc la frontière israelo-syrienne qui correspond aujourd’hui à une ligne de cessez le feu et le problème "palestinien".

D’ailleurs cher M Chuckman, pourriez vous nous préciser à quelle(s) occasion(s), l’etat d’Israel aurait pu et ce jusqu’aux accords israelo-egyptien et jordanien, jouir de frontières reconnues par ses voisins ?

Depuis quant un état peut-il SEUL définir ses frontières ????

Decidemment le ridicule ne tue pas et c’est tant mieux

12/09/2010 22:09 par legrandsoir

Depuis quant un état peut-il SEUL définir ses frontières ????

C’est bien ce que l’auteur reproche à Israël. La frontière d’un pays, ça fait tout le tour du pays. Et quand ça fait pas le tour, ou qu’un côté change tout le temps (généralement dans le même sens), ça donne une frontière pas très bien définie (donc).

13/09/2010 15:36 par Anonyme

L’idéologie sioniste : un danger ! - André Gaillard
1ère partie

Le sionisme en Palestine-Israël - Fruit amer du Judaïsme - Editions Bénévent

Extraits du livre :

Le caractère néfaste du sionisme réside essentiellement dans le fait qu’il a retenu et exalté en priorité deux éléments potentiellement pervers : le mythe de "la Terre promise" à un « Peuple élu » au nom de son « Alliance » avec Yahvé et l’élément racial concernant la transmission héréditaire de la qualité de « juif »... Il en résulte que l’idéologie sioniste ne peut pas ne pas être, par essence, nationaliste et dominatrice.
Un "État juif pour les juifs" tel que l’avaient rêvé les sionistes, et tel que l’avaient accepté les Nations Unies, est une monstrueuse aberration à classer parmi les grandes utopies de l’Histoire.
Les trois grandes religions monothéistes - parce qu’elles s’appuient sur des mythes, événements imaginaires générant des textes sacrés aux interprétations des plus variées voire opposées - ont inspiré, au cours de l’Histoire, le meilleur et le pire, la paix et la guerre, la justice et l’injustice, la tolérance et l’intolérance, l’exaltation du fort et celle du faible... De même que les promoteurs catholiques de l’Inquisition, des croisades, des guerres contre les Protestants, des pogroms contre les Juifs ont trouvé dans l’Évangile des textes justifiant parfaitement leur action, les promoteurs du sionisme ont trouvé dans la Torah et autres textes du judaïsme, notamment dans ceux qui représentent la tradition mystique, des idées portant au particularisme, au communautarisme, au nationalisme et à la xénophobie. Ils les ont adoptées délibérément en négligeant toutes celles d’inspiration universaliste qui ont tant modelé la pensée juive et occidentale.
Si les intérêts financiers ou électoraux de certains représentants des Nations-Unies ont joué un rôle primordial dans le vote à l’arraché de 1947 créant l’État d’Israël, et si ces intérêts interviennent toujours depuis et expliquent grandement la tolérance de ces Nations vis-à -vis des exactions d’Israël, deux autres éléments n’ont cessé de jouer un rôle primordial : la méconnaissance du potentiel raciste de l’idéologie sioniste, la déformation de l’opinion publique par une information à sens unique.
.../...
Le Sionisme aura permis entre autres méfaits :
l’extension accélérée du racisme anti-arabe chez les juifs ;
l’apparition du racisme anti-juif chez les Arabes et son aggravation en Occident ;
l’"exclusion" d’une catégorie d’hommes au nom de l’"élection", par un dieu de la mythologie antique, d’une autre catégorie ;
l’émergence de la Violence, au sein du judaïsme qui, jusque là , en était pratiquement indemne ;
l’abandon par le judaïsme de sa vocation spirituelle universaliste pour une entreprise territoriale étroitement nationaliste ;
la transformation de frères et de fils de persécutés en persécuteurs ;
l’irruption en Israël de pogromes dirigés non plus contre des juifs (suivant le définition classique des dictionnaires) mais contre des non-juifs ;
L’idéologie sioniste a réussi en outre deux "performances" non inédites mais néanmoins spécifiques par leurs méthodes et leur efficacité : le colonialisme et l’apartheid israéliens.
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Le doute qui assaille nombre d’intellectuels israéliens, quant à la signification et le devenir d’Israël, augmentent manifestement avec le temps. Comment pourrait-il en être autrement !
Parmi tous les pays du monde, c’est manifestement en Israël que l’association : nationalisme, intégrisme, racisme s’applique à une fraction notable de la population.
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En Afrique du Sud il y avait, pour les hommes indésirables, des "bantoustans" attribués par les maîtres d’alors ; en Amérique du Nord il s’agissait de "réserves" bien délimitées ; en Palestine il y a des "territoires" méthodiquement et savamment lacérés, comprimés et asphyxiés.
Tous les peuples, à l’instar des individus, sont porteurs de quelque tare héréditaire les incitant à développer des sentiments de supériorité - dans un domaine ou un autre - d’où leurs multiples entreprises de domination à l’égard des autres peuples. Les juifs, en s’attribuant par héritage à la fois la découverte du « vrai dieu » (pour les croyants, l’invention suprême près de laquelle les autres inventions ne feront jamais que pâle figure) et la parole de ce Dieu leur donnant en toute propriété un territoire déterminé de la planète-terre, ont trouvé là leur propre raison de domination, d’autant plus que cet héritage s’est vu conforté et légitimé par les chrétiens... L’idéologie sioniste est fondée sur cette tare héréditaire.
.../...
Il est stupéfiant et désolant de voir des juifs occidentaux, notamment nombre de rabbins et de responsables d’organisations juives, qui dénoncent (non toujours sans raison mais avec une application peu commune) l’antisémitisme dans les populations européennes, ne pas apercevoir le racisme anti-arabe sévissant en Israël et dont ils se font les complices par leur inconditionnalité.
Plus le temps passe, plus l’augmentation du décalage entre juifs et non-juifs dans l’ex-Palestine se manifeste avec ses haines inexpiables ou ses jalousies croissantes et plus apparaît énorme l’erreur de l’ONU d’avoir permis la transplantation des juifs sionistes, essentiellement tributaires de la culture occidentale, dans cette partie orientale du monde.
Parce que le sionisme repose sur une discrimination fondamentale entre les Juifs et les Arabes et, d’une manière générale, entre les juifs et les non-juifs, Israël ne sera jamais l’État de ses citoyens : les non juifs y seront toujours des étrangers, des goyim.
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Si les généreuses idées universalistes (contenues notamment dans certains écrits du judaïsme et du christianisme) ont pu, déviées ou poussées à l’extrême, devenir folles et engendrer le système communiste, les idées nationalistes, quant à elles, sont d’emblée perverses : elles s’épanouissent presque immédiatement, ici dans le nazisme, ailleurs dans les fascismes, en Israël dans le sionisme... Elles ont un point commun : la violence institutionnelle.
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La Shoah que les sionistes ont « exploitée » habilement, voire sans pudeur, pour promouvoir leur entreprise territoriale - en donnant mauvaise conscience aux Européens, et notamment aux Allemands - ne justifiera jamais, comme l’a exprimé le philosophe israélien Yeshayahu Leibowitz, les souffrances que les sionistes ont imposées aux Arabes.
Alors que ce sont des juifs parmi les plus religieux qui se sont opposés à l’idéologie sioniste dès sa naissance et pendant la première moitié du XXe siècle au nom de la vocation spirituelle universelle du judaïsme, ce sont ensuite les juifs religieux, d’Israël et d’ailleurs, qui sont les plus acharnés à soutenir cette idéologie avec sa dimension territoriale, nationaliste et raciste et qui développent les haines les plus farouches, et vis-à -vis des juifs non-religieux, et vis-à -vis des non-juifs. Il n’y a pas lieu d’en être surpris... On sait que les écrits religieux, qui reposent sur des mythes, valent moins par leur contenu que par les interprétations qui en sont faites. D’autre part, le sionisme comporte un intégrisme, très analogue dans sa démarche à l’intégrisme catholique ou islamiste. Comme eux, il ne retient qu’une partie de la tradition spirituelle dont il émane.
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Parmi les intégrismes qui sévissent à travers le monde, l’intégrisme juif - parce qu’il repose sur les liens du sang - est le seul qui, typiquement d’essence raciale, prédispose d’emblée au racisme.
Le sionisme peut triompher en Israël pendant de nombreuses dizaines d’années, son échec final est assuré pour deux raisons totalement imprévues initialement : il a échoué dans la prétention insensée, inscrite dans sa constitution, d’être un "État juif pour les juifs" ; il a provoqué la naissance d’une nouvelle identité nationale, d’un nouveau peuple arabisant, le peuple palestinien.
Si l’opposition à Israël est justifiée, ce n’est pas parce que sa naissance est illégitime (il y bien d’autres États dans ce cas) mais parce qu’il est porté par une idéologie où les non-juifs sont, et seront toujours, de par la Loi, des citoyens de seconde zone...
Quelles que soient les forces militaires et policières d’Israël, cette machine de guerre particulièrement sophistiquée, la sécurité des juifs israéliens ne sera jamais assurée. Cette sécurité ne peut découler que de la justice rendue aux non-juifs dans un pays authentiquement démocratique, ce qui exige avant tout la dé-sionisation.
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Israël reste sans nul doute le dernière survivance du colonialisme conquérant.
La progression démographique et la montée en puissance en Israël du bloc national-religieux, intégriste et "fasciste", représente en définitive le plus grand danger pour les juifs israéliens. Seul un renversement démographique donnant la majorité aux non-juifs, ou aux juifs totalement libres vis-à -vis des fondements religieux de leur culture, est susceptible un jour lointain d’aboutir, avec l’intervention de l’ONU, à la réunification et d’éviter, dans cette région, une nouvelle tragédie.
La plupart des dirigeants israéliens depuis la création d’Israël ont été, soit des anciens terroristes (Ben Gourion, Yitzak Shamir..) soit des chefs de guerre impitoyables (Moshe Dayan, Rabin, Barak, Sharon...) Comment être surpris de la politique qu’ils ont poursuivie en étant au pouvoir !
Israël : une formidable victoire matérielle, une non moins formidable défaite spirituelle pour le judaïsme !
De tous les mythes inventés par les hommes, celui du « Peuple élu » et d’une « Terre promise » est sans doute celui qui aura eu les conséquences les plus désastreuses. Les juifs ont été persécutés pendant deux millénaires en grande partie au nom du « Peuple élu », les non-juifs de Palestine depuis près d’un siècle au nom de la « Terre promise ».

L’apartheid qui a régné pendant des siècles aux États-Unis et en Afrique du Sud disparaît progressivement : il n’était porté que par une idéologie sommaire. L’apartheid qu’engendre le sionisme est d’une tout autre malignité : basé à la fois sur des données religieuses et des données raciales (ces dernières découlant elle-mêmes des premières), c’est une donnée constitutive de l’État d’Israël.
La méconnaissance du potentiel raciste de l’idéologie sioniste par la plupart des représentants des Nations Unies, dupés en 1947 par le lobby sioniste avec son habileté dialectique et sa puissance financière, a été l’un des éléments déterminants ayant présidé à la création de l’État d’Israël.
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Une guerre civile en Israël par les antagonismes croissants entre les religieux et les laïcs, entre les juifs et les non-juifs, entre les démocrates et les autres, n’est pas une hypothèse d’école !
Que des athées, comme Herzl, Ben Gourion, Golda Meir et tant d’autres, aient pu être des fondateurs, ou des pionniers, d’un sionisme reposant sur le mythe du « Peuple élu » pour une « Terre promise » par un Dieu auxquels ils ne croyaient pas, illustre parfaitement la dimension non religieuse mais culturelle des mythes. Par définition, tous les sionistes adhèrent à ce mythe fondateur.
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Israël n’aura jamais la paix tant qu’il ne sera pas un État laïc et démocratique semblable aux autres ne reposant ni sur la religion ni sur les liens du sang, en somme tant qu’il sera l’État « juif », où l’apartheid est une donnée constitutive incontournable...
Israël est incapable de résoudre seul les problèmes concernant l’avenir des juifs et des non-juifs de cette région... Seule une contrainte extérieure venant des Nations Unies, contrainte pacifique par des sanctions diplomatiques et économiques, voire une coercition prolongée jusqu’au succès démocratique éliminant toute donnée théocratique ou raciale, est susceptible de supprimer l’impasse dramatique où se trouve le pays et de déboucher un jour lointain sur un « àˆtat de tous ses citoyens » une Palestine/Israël laïque et démocratique
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Le sionisme, à l’instar du nazisme, aura cultivé une "civilisation du mépris"... Eytan (ex-chef d’état-major) n’a-t-il pas comparé les Palestiniens à des "cafards", Menahem Begin (ex-Premier ministre) à des "bêtes féroces", le grand rabbin Yossef (responsable du puissant parti religieux Shass) à des "serpents", Ehoud Barak (Premier Ministre) à des "crocodiles" ! Quant aux sentiments que nourissent les juifs orthodoxes vis-à -vis des juifs non religieux accusés de détruire Israël et volontiers traités de nazis, il ne s’agit plus seulement de mépris mais de haine, comme il sied entre frères ennemis.
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Il est volontiers fait un parallélisme entre les "fautes" des Israéliens et les "fautes" des Palestiniens", entre les responsabilités des premiers et celles des seconds, les deux parties étant renvoyées dos-à -dos. C’est ignorer, ou feindre d’ignorer, qu’il y des colons et des colonisés, des "occupants" et des "occupés", des oppresseurs et des opprimés, des forts et des faibles, des bourreaux et des victimes, des citoyens israéliens de première zone et d’autres de seconde zone, toutes oppositions sous-tendues par une idéologie implacable
.../...
Ce qu’aucune colonisation n’avait jamais réalisé, la "folie" sioniste, avec la complicité des Nations Unies, l’a fait en 1947 : transformer, d’un coup magistral, des centaines de milliers d’habitants de Palestine en étrangers définitifs dans leur propre pays.
Les colonisateurs des siècles passés considéraient et les indigènes et le sol conquis comme des richesses nouvelles à exploiter, pour les sionistes, colonisateurs d’un genre nouveau, la seule richesse est le sol, les indigènes sont "en trop".
Si la Shoah tient une grande place dans les medias occidentaux, il convient de ne pas être dupes quant aux raisons sous-jacentes au phénomène. A côté de celles qui relèvent du devoir élémentaire de mémoire, il y a celles de la "Shoah business" :
brandir la menace d’un retour du nazisme - alors que l’Histoire ne se répète pas
disserter sans cesse sur le passé (où des juifs furent victimes) pour occulter le présent (où des juifs se font persécuteurs)
.../...
Pour résumer, les données essentielles, qu’il convient d’avoir à l’esprit dans le très long combat à mener, sont pour nous les suivantes :
1) - L’État juif, Israël - fondé sur des données religieuses, né dans l’injustice et ségrégationniste par nature - n’est pas compatible avec la paix ;
2) - La tare principale de l’idéologie sioniste que le judaïsme a engendrée est la Séparation (l’Apartheid) des hommes en deux communautés : les Juifs et les non-Juifs ;
3) - Ce racisme est foncièrement différent des autres racismes de l’époque moderne.
Le racisme anti-Noirs des États-Unis auquel faisait face Martin Luther King (pour évoquer un combat particulièrement exemplaire) comme le furent les autres racismes d’un passé récent : racisme des colonisateurs, racisme hitlérien, racisme anti-Noirs d’Afrique du Sud..., indépendamment de leur plus ou moins grande malignité sur le terrain, étaient, quant à leurs racines des racismes de type banal, sommaire, primaire, « naturel ».
Le racisme inhérent au judaïsme, lui, est structuré et développé à partir d’éléments religieux à la fois scripturaires et sacrés. C’est dire qu’il est « culturel » au sens le plus fort du terme et pérenne. Le mythe biblique du Peuple élu /Terre promise conjoint au mythe messianique et la loi fondant la judéité sur le sang, en sont les fondements essentiels.
.../...
5) - Un État palestinien souverain, libre, indépendant à côté d’un État juif dans la Palestine historique est un leurre : en raison de son idéologie, l’État sioniste d’Israël ne peut concevoir cet État ; au nom de la justice et de la dignité humaine, la Résistance palestinienne ne peut s’en satisfaire.
6) - En dehors de la non-violence et de la magnanimité, les valeurs-guides pour la réconciliation et la paix dans un État pluriethnique unique - où les uns continuent à vivre dans leur « Terre sainte » aux côtés de ceux qui se sont succédé dans la continuité des générations - sont la démocratie et la laïcité.
C’est dire que la Palestine historique - pour aller en direction de l’Utopie démocratique, voie longue, difficile mais enthousiasmante - attend ses Libérateurs, libérateurs des Juifs et des non-Juifs, victimes, les premiers depuis deux millénaires, les seconds depuis un siècle, des mêmes éléments pervers du judaïsme.
En définitive, il appartiendra aux philosophes des Lumières, riches héritiers du monde gréco-romain, de l’islam (dont les savants andalous, tel Averroès, ont conservé et transmis les valeurs de l’Antiquité grecque), du judaïsme et du christianisme, de faire franchir à la civilisation occidentale un pas décisif. Par delà tous les communautarismes issus des mythes ancestraux, par delà les horizons théologiques limités et les appartenances particulières, en hommes libres ils proclameront l’homogénéité du genre humain : « Quelle que soit la variété des cultures, il n’y a sur toute la surface de la terre qu’une seule et même espèce d’homme : c’est au nom de l’Homme que tous les hommes sont frères ». Et la Révolution française viendra quelques années plus tard parfaire l’édifice. Le premier article de la déclaration de 1789 proclamera à la face du monde que : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ».
En fait, c’est sans doute au sein du bouddhisme que fut élaborée en premier lieu cette pensée universaliste dans toute son ampleur : « De loin, dit un mystique tibétain, je crus voir un animal. L’animal s’approcha et je compris que c’était un homme. Il s’approcha encore et je m’aperçus que c’était mon frère »....

Extraits du livre : « Le SIONISME EN PALESTINE/ISRAEL - Fruit amer du Judaïsme »
De André Gaillard Editions Bénévent

http://www.algerie-dz.com/forums/showthread.php?t=109134

http://www.andre-gaillard.fr/Andre_Gaillard/Sionisme.html

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