22 

Interview de Fidel Castro par Jeffrey Goldberg (The Atlantic)

Le Grand Soir : voici la traduction (partielle) des deux articles signés du journaliste Jeffrey Goldberg, du journal The Atlantic, qui ont suscité rumeurs, commentaires et bruissements divers. Fidel, dans un article récent, avait cité de larges extraits d’un article de Goldberg (tout en précisant qu’il ne partageait pas ses opinions - M. Goldberg est sioniste). Fidel lui a offert l’interview que voici.

Fidel à Ahmadinejad : «  Arrêtez de calomnier les juifs »

Il y a quelques semaines, alors que j’étais en vacances, mon téléphone a sonné ; c’était Jorge Bolanos, le chef de la Section des Intérêts Cubains (nous n’avons pas de relations diplomatiques avec Cuba) à Washington. «  J’ai un message pour vous de la part de Fidel, » a-t-il dit. J’ai sursauté. «  Il a lu votre article dans The Atlantic sur l’Iran et Israël. Il vous invite à la Havane, dimanche, pour en discuter. » Je suis toujours partant, évidemment, pour échanger avec les lecteurs du The Atlantic, alors j’ai appelé une amie au «  Council on Foreign Relations », Julia Sweig, experte sur Cuba et l’Amérique latine : «  On prend la route ».

J’ai rapidement quitté la République Populaire de Martha’s Vineyard (île de la «  jet set » américaine - NdT) pour la version plus tropicale d’un paradis socialiste. Malgré l’interdiction de voyager à Cuba imposée par l’administration US, Julia et moi, en tant que journaliste et chercheuse, sommes autorisés. Le vol charter de Miami était bondé de cubano-américains transportant des TV à écrans plats et des ordinateurs destinés à leurs familles privées de haute-technologie. Cinquante minutes après le décollage, nous sommes arrivés à l’aéroport international José Marti, presque désert. Les gens de Fidel nous attendaient sur le tarmac (même s’il a quitté ses fonctions de Comandante en jefe après être tombé malade, Fidel a encore de nombreux assistants). Nous avons rapidement été installés dans une «  villa protocolaire » (…).

Je savais que Castro était devenu préoccupé par la menace d’une confrontation militaire au Moyen Orient entre l’Iran et les Etats-Unis (et Israël, le pays qu’il appelle le «  gendarme » du Moyen Orient). Depuis qu’il est sorti de sa rechute cet été (diverses maladies gastro-intestinales qui ont failli l’achever), Castro, 84 ans, s’est exprimé principalement sur la menace d’une catastrophe de ce qu’il considère comme une guerre inévitable.

J’étais curieux de savoir pourquoi il pensait que le conflit était inévitable, et je me demandais, bien-sûr, si c’était son expérience personnelle - la crise des missiles à Cuba en 1962 a pratiquement provoqué l’annihilation de l’humanité - qui lui faisait croire qu’un conflit entre l’Amérique et l’Iran pouvoir escalader en un guerre nucléaire. Cependant, j’étais encore plus curieux de rencontrer le grand homme. Peu de gens l’ont rencontré depuis qu’il est tombé malade en 2006, et son état de santé a fait l’objet de nombreuses spéculations. J’avais des questions aussi sur son rôle à Cuba ; il a formellement cédé le pouvoir à son frère cadet, Raul, il y a deux ans, mais il n’est pas clair combien de ficelles Fidel tire encore.

Le lendemain matin de notre arrivée, Julia et moi avons été conduits vers un centre de conventions situé à proximité, et emmenés à l’étage dans un grand bureau. Là , un Fidel agé et frêle nous attendait. Il portait une chemise rouge, un pantalon de survêtement et une paire de pantoufles noirs New Balance. La pièce était bondée avec des officiels et des proches : son épouse, Dalia, et son fils Antonio, ainsi qu’un général du Ministère de la Défense, un traducteur, un médecin et plusieurs gardes du corps qui paraissaient avoir été recrutés au sein de l’équipe nationale de lutte. Deux des gardes du corps soutenaient Castro par les coudes.

Nous nous sommes serrés la main et il a chaudement accueilli Julia ; ils se connaissent depuis plus de vingt ans. Fidel s’est lentement rassis sur sa chaise et nous avons entamé une conversation qui allait durer, avec des interruptions, trois jours. Son corps est peut-être frêle, mais son esprit est aiguisé, son niveau d’énergie élevé et plus encore : le Fidel Castro d’aujourd’hui fait preuve d’un sens de l’auto-dérision. Lorsque je lui ai demandé si sa maladie avait modifié sa vision de Dieu, il m’a répondu «  Désolé, mais je suis encore un matérialiste dialectique. » (c’est plus drôle si vous êtes comme moi un ancien socialiste). A un autre moment, il nous a montré une série de photos récentes de lui, dont une où il arborait une expression de colère. «  Mon visage ressemblait à ça lorsque j’étais en colère contre Khrouchtchev, » dit-il.

Castro a commencé notre réunion en me disant qu’il avait lu avec attention mon récent article dans The Atlantic, et que celui-ci confirmait son point de vue selon lequel Israël et l’Amérique s’acheminaient à grand pas vers une confrontation injustifiée avec l’Iran. Son point de vue n’était pas une surprise bien-sûr : Castro est le grand-père de l’anti-américanisme global, et il a toujours sévèrement critiqué Israël. Son message à Benjamin Netanyahu, le premier ministre israélien, était simple : Israël ne sera en sécurité sécurité que lorsqu’il aura démantelé son arsenal nucléaire, et les autres puissances nucléaires de la planète ne seront en sécurité que lorsqu’elles auront fait de même. Un désarmement global et simultané est, bien-sûr, un objectif noble même s’il n’est pas, à court terme, réaliste.

Cependant, le message de Castro à Mahmoud Ahmadinejad, le président de l’Iran, était plus précis. A plusieurs reprises au cours de ce premier entretien de cinq heures, Castro est revenu sur son antipathie pour l’antisémitisme. Il a critiqué Ahmadinejad pour avoir nié l’Holocauste et il a expliqué pourquoi le gouvernement Iranien serait mieux inspiré s’il reconnaissait cette histoire «  unique » de l’antisémitisme et s’il tentait de comprendre pourquoi les Israéliens craignaient pour leur existence.

Il a commencé la discussion en décrivant ses premières expériences avec l’antisémitisme, lorsqu’il était petit. «  Je me souviens, lorsque j’étais un jeune garçon - il y a longtemps - lorsque j’avais cinq ou six ans et que je vivais à la campagne, » dit-il, «  et je me souviens du Vendredi Saint. Quelle était l’atmosphère qu’un enfant respirait ? «  Silence, Dieu est mort ». Dieu mourrait chaque année entre le jeudi et le samedi de la semaine sainte. «  Que s’était-il passé ? » Ils répondaient «  les Juifs ont tué Dieu ». Ils accusaient les Juifs d’avoir tué Dieu ! Vous vous rendez compte ? »

Il a poursuivi : «  Eh bien, je ne savais pas ce qu’était un Juif. Je connaissais un oiseau appelé «  juif » et en ce qui me concernait, les juifs étaient des oiseaux. Ces oiseaux avaient un gros nez. Je ne savais même pas pourquoi on les appelait ainsi. Voilà ce dont je me souviens. Voilà jusqu’où allait l’ignorance de toute la population. »

Il a dit que le gouvernement iranien devrait comprendre les conséquences de son antisémitisme théologique. «  Ca fait peut-être deux mille ans que ça dure, » dit-il. «  Je ne crois pas que quelqu’un ait été plus calomnié que les Juifs. Je dirais beaucoup plus que les Musulmans. Ils ont été calomniés bien plus que les Musulmans, parce qu’ils ont été accusés de tout. Personne n’accuse les Musulmans de quoi que ce soit. » Le gouvernement iranien devrait comprendre que les Juifs «  ont été expulsés de leur terre, persécutés et maltraités partout dans le monde, comme les assassins de Dieu. A mon avis, voici ce qui leur est arrivé : une sélection à l’envers. Qu’est-ce que c’est ? Pendant 2000 ans ils ont été soumis à une persécution terrible et puis il y eu des pogroms. On aurait pu penser qu’ils disparaîtraient. Je crois que leur culture et leur religion les ont permis de survivre en tant que nation. » Il a poursuivi : «  les Juifs ont mené des existences qui sont bien plus difficiles que les nôtres. Rien ne peut se comparer à l’Holocauste. » Je lui ai demandé s’il allait dire à Ahmadinejad ce qu’il était en train de me dire. «  Je vous le dis pour que vous le transmettiez, » répondit-il.

Castro a poursuivi en analysant le conflit entre Israël et l’Iran. Il a dit qu’il comprenait les craintes iraniennes d’une agression israélo-américaine et il a ajouté que, selon lui, les sanctions et menaces américaines et israéliennes ne réussiront pas à dissuader les dirigeants iraniens de chercher à acquérir l’arme nucléaire. «  Le problème ne va pas se résoudre, parce que les Iraniens ne céderont pas devant les menaces. C’est mon opinion, » dit-il. Puis il a noté que, contrairement à Cuba, l’Iran est un pays «  profondément religieux, » et il a dit que les dirigeants religieux étaient moins enclins à faire des compromis. Il a fait remarquer que même Cuba, un état laïque, n’avait pas cédé à différentes pressions américaines depuis plus de 50 ans.

Au cours de cette première conversation, nous sommes sans cesse revenus à la crainte exprimée par Castro qu’une confrontation entre l’Occident et l’Iran pouvait se transformer en un conflit nucléaire. «  La capacité iranienne à riposter est sous-estimée, » dit-il. «  Les hommes pensent qu’ils peuvent se contrôler mais Obama pourrait perdre son sang froid et une escalade progressive pourrait aboutir à une guerre nucléaire. » Je lui ai demandé si sa crainte venait de sa propre expérience de la crise des missiles en 1962, lorsque l’Union Soviétique et les Etats-Unis ont frôlé la guerre à cause de la présence de missiles à têtes nucléaires à Cuba (missiles installés à la demande, bien-sûr, de Fidel Castro). J’ai rappelé à Castro la lettre qu’il avait écrite à Khrouchtchev, le premier ministre soviétique, en plein crise, dans laquelle il conseillait aux Soviétiques d’envisager une attaque nucléaire contre les Etats-Unis si les Américains attaquaient Cuba. «  Ce serait le moment de penser à la liquidation définitive d’un tel danger par le biais du droit légitime à se défendre, » a écrit Castro à l’époque.

Je lui ai demandé : « A un moment donné, il semblait logique que vous recommandiez aux Soviétiques de bombarder les États-Unis. Ce que vous leur avez recommandé vous semble logique maintenant ». Fidel a répondu : « Après avoir vu ce que j’ai vu, et avoir su ce que je sais maintenant, ça ne valait vraiment pas la peine ».

J’étais surpris d’entendre Castro exprimer de tels doutes sur son propre comportement lors de la crise des missiles - et j’étais, je l’avoue, surpris aussi de l’entendre exprimer autant de sympathie pour les Juifs, et pour le droit à l’existence d’Israël (qu’il a exprimé sans ambiguïté).

Après cette première réunion, j’ai demandé à Julia de m’expliquer la signification de l’invitation que Castro m’avait faite, et celle de son message à Ahmadinejad. «  Fidel n’est qu’au tout début d’un processus où il doit retrouver ses marques en tant que simple homme d’état âgé, et non plus comme chef d’état, présent sur la scène politique intérieure mais surtout sur la scène politique internationale, celle qui a toujours été une priorité pour lui, » dit-elle. «  Les questions de guerre et de paix, de sécurité internationale sont ses principales préoccupations. Pour lui, la prolifération nucléaire et le changement climatique sont des enjeux majeurs, et il n’en est qu’à ses débuts, alors il utilise tous les médias possibles pour faire entendre sa voix. Maintenant il a du temps devant lui, du temps qu’il ne pensait pas avoir. Et il réexamine l’histoire, y compris son propre histoire. »

(...)

Fidel : «  le modèle cubain ne fonctionne même plus pour nous ».

Bien des choses étranges sont survenues durant mon récent séjour à La Havane (...), mais l’une des plus inhabituelles a été la capacité de Fidel Castro à s’examiner soi-même. Je n’ai pas beaucoup d’expérience avec les autocrates communistes (j’en ai plus avec les autocrates non-communistes) mais que Castro ait été disposé à admettre qu’il avait commis une erreur à un moment crucial de la crise des Fusées à Cuba semblait vraiment surprenant… qu’il se repentait d’avoir demandé à Khrouchtchev de lancer des missiles atomiques sur les États-Unis. (…)

Mais plus étonnant encore furent les paroles prononcées au cours d’un déjeuner lors de notre première rencontre. Nous étions assis autour d’une petite table ; Castro, son épouse Dalia, son fils, Antonio ; Randy Alonso, une personnalité importante dans les médias d’état, et Julia Sweig, une amie que j’avais emmenée pour m’éviter, entre autres choses, de dire trop d’âneries (…). Au cours de la conversation à bâtons rompus (on venait de passer trois heures à discuter de l’Iran et du Moyen Orient), je lui ai demandé si le modèle cubain était encore exportable.

«  Le modèle cubain ne fonctionne même plus pour nous » dit-il.

C’est comme si j’avais été frappé par la foudre. Avais-je bien entendu le leader de la Révolution me dire «  N’en parlons plus » ?

J’ai demandé à Julia de commenter cette étonnante déclaration. Elle a dit «  (Fidel) n’a pas rejeté les idées de le Révolution. Selon ce que j’ai compris, il reconnaissait que dans le «  modèle cubain » l’Etat tenait un rôle beaucoup trop important dans la vie économique du pays. »

[Note traducteur : on remarquera ici avec étonnement - chacun son tour - que le journaliste américain, selon sa propre version, ne rebondit pas sur la phrase de Fidel Castro et ne lui demande aucun éclaircissement, aucune précision et se contente de faire part au lecteur de son étonnement... Ah, ces journalistes.]

Julia a souligné qu’un des effets d’une telle déclaration pouvait être l’ouverture d’un espace pour son frère, Raul, qui est l’actuel président, pour lui permettre d’entreprendre les réformes nécessaires qui seront probablement critiquées par les communistes orthodoxes au sein du Parti et de la bureaucratie. Raul Castro a déjà desserré l’emprise de l’Etat sur l’économie. Il a même récemment annoncé l’autorisation des petites entreprises et la possibilité pour les investisseurs étrangers d’acheter des terres. [apparemment, il s’agirait en réalité non pas d’un titre de propriété mais d’un droit au bail de 99 ans - NdT]

(…)

Jeffrey Goldberg

http://www.theatlantic.com/international/archive/2010/09/fidel-to-ahmadinejad-stop-slandering-the-jews/62566/

http://www.theatlantic.com/international/archive/2010/09/fidel-cuban-model-doesnt-even-work-for-us-anymore/62602/

Traduction VD pour le Grand Soir avec quelques ajustements effectués le 11/9/2010

COMMENTAIRES  

09/09/2010 23:29 par Jacques-François Bonaldi

Avant de prendre la mouche pour ou contre ces "articles" qui font tant de remous, je crois qu’il serait bon et honnête d’attendre le texte original ESPAGNOL de Fidel Castro. J’ai beaucoup de mal à croire qu’un journaliste étasunio-israélien puisse comprendre dans ses détails la pensée de Fidel, à supposer qu’il soit de bonne foi, ce que j’ai encore là du mal à croire. L’étonnant, c’est ce que monsieur dont Fidel s’est entiché, loin de publier les termes exacts de son interlocuteur, ne cesse de gloser ses propos, de les interpréter. Rien ne dit donc que nous ayons la vraie pensée de Fidel sur des thèmes aussi délicats que l’antisémitisme, etc., et la validité du "modèle cubain". Je doute fort que Fidel, sur ce dernier point, ait pu être aussi lapidaire dans ses analyses. Même s’il préfère ne pas empiéter sur la situation nationale, il ne peut avoir été aussi "péremptoire", ou alors je ne le connais plus. BREF, EST-CE BIEN CE QUE DIT FIDEL OU LES INTERPRÉTATIONS D’UN JOURNALISTE SIONISTE ?

Ce qui m’étonne d’ailleurs, ce que cette interview n’ait pas encore été publiée en espagnol. C’est la première fois, ce me semble, que Cuba laisse publier à un journaliste étranger une "version" en langue étrangère, ou plutôt, je le répète, des "gloses" des propos de Fidel (on peut comparer les pourcentages des propos entre guillemets et des commentaires du journaliste), sans faire connaître avant ou en simultanée le texte espagnol. Pour quelle raison, je n’en sais rien. Mais il serait temps que les autorités pertinentes le fassent pour éviter des réactions basées sur des propos traduits et glosés.

Je me rappelle des longs entretiens de Fidel avec Barbara Walters, par exemple, ou avec les universitaires Jeffrey Elliot et Mervyn Dymally, dont on avait connu le texte espagnol dans la presse cubaine.

BREF, IL SERAIT PRUDENT D’ATTENDRE LE TEXTE ESPAGNOL.

10/09/2010 00:12 par José

J’attends aussi le "vrai" compte-rendu de Fidel à travers ses réflexions. Ce que rapporte le journaliste qui présente le conflit à venir seulement sous angle de l’antisémitisme contredit beaucoup ce que disait Castro dans ses réflexions où il critiquait principalement l’impérialisme américano-israélien qui s’apprêtte à une nouvelle agression contre les iraniens. Ici c’est l’Iran et Ahmadinejad les accusés ! (mais bon on a l’habitude avec les journalistes sionistes)

10/09/2010 01:43 par Anonyme

J’ai lut les articles en entier, vos critiques du journaliste sont parfaitement fondées.
Mais voulez vous apprendre ou lire ce que vous avez envie de lire ?
D’autres articles issus de cette entrevue sont à venir, même venant de Goldberg il y à des choses à prendre.
Tout comme il y aura des choses à prendre des réflexions de Fidel Castro, sachant d’avance que le contenu "idéologique" nous conviendra mieux.

10/09/2010 02:25 par Antar

J’avoue que "El Comandante" m’inquiète un peu. Après avoir longuement cité dans l’une de ses récentes réflexions un individu aussi suspect qu’infréquentable que Daniel Estulin, ne voilà -t-il pas qu’il invite ce journaliste, spécialiste de la propagande et de la manipulation des foules pour une interview de trois jours. Faut dire que ce Jeffrey Goldberg possède un C.V en béton : il avait déjà servi dans le Tsahal et a travaillé comme gardien de prison durant la première Intifada. C’est dire que, s’agissant d’Israël, il est d’une objectivité à toute épreuve. Par ailleurs, comme journaliste, il a consciemment contribué à l’intox des néocons, relayant sans vergogne les pires mensonges préparant l’opinion étasunienne à l’invasion de l’Irak : de Saddam nouveau Hitler aux liens de l’Irak avec AlQaida en passant par les armes de destructions massives ... Il n’en a manqué aucun et je ne l’ai pas entendu s’excuser...

Ainsi, de ce qu’il distille de ces cinq heures d’interview, j’en prends et j’en laisse. Je doute fort que Fidel Castro gueule avec les loups, lui qui a souffert plus que quiconque de la démonisation à l’occidentale. Comment peut-il affirmer qu’Ahmadinejad nie l’holocauste ? Fidel n’est-il pas au courant que ce dernier n’a cessé de répéter à qui veut l’entendre qu’il critique plutôt l’usage qu’en font les sionistes pour légitimer l’opression des Palestiniens. Pour rappel, voici ce que le Président iranien a répondu à l’accusation : "Je n’ai pas dit que ce (l’holocauste) n’était pas arrivé du tout, j’ai dit pourquoi n’encourage-t-on pas plus de recherches sur le sujet ?" et plus loin : "je ne le remets pas en question, je dis qu’il s’agit d’un prétexte pour créer une base pour agresser et menacer les pays de la région". Si vous y déceler un quelconque négationnisme, pas moi... Tant qu’à y être il a aussi déclaré qu’il faut rayer Israël de la carte.

Ceci étant, je ne dis pas qu’Ahmadinejad est irréprochable et son idée du colloque international sur l’holocauste relève du mauvais goût et frise l’odieux...

Bref, revenons à certains passages douteux où le journaliste cite Fidel. Celui qui a retenu le plus mon attention est le suivant : "les Juifs « ont été expulsés de leur terre... (plus loin) Je crois que leur culture et leur religion les ont permis de survivre en tant que nation. » Ainsi donc le leader de la révoltion cubaine adhère aux thèses sionistes. Au moins, c’est ce que le journaliste veut nous faire croire. Fidel qui pendant toute sa vie a lutté contre le colonialisme et le néo-colonialisme, lui qui a contribué à mettre fin au régime odieux de l’apartheid, cautionne les mensonges sionistes ??!! J’en doute fort. Fidel, qui considère Israël comme le dernier état colonial de la planète, réalise soudain qu’il est plutôt l’état de la nation juive qui en a été expulsée. Golberg voudrait-il nous faire croire que Fidel Castro n’est pas au fait de la supercherie, qu’il n’est pas au courant des travaux d’historiens israéliens comme Shlomo Sand et beaucoup d’autres !?!? J’en doute fort.

10/09/2010 03:25 par legrandsoir

Si Fidel arrive à convaincre Goldberg (et ceux qu’il représente par la même occasion) qu’attaquer l’Iran est une très mauvaise idée, il aura fait plus pour la paix dans le monde que tous nos politicards, intelligentsia, médias et ONU réunis. Et il aura largement mérité une dizaine de prix Nobel de la Paix (des vrais, pas comme celui de l’autre, là ). Des prix qu’on ne lui remettra pas, évidemment, car on ne lui reconnaitra aucun mérite (mais ça, il doit avoir l’habitude maintenant).

Et tout ça en échange de quoi ? Avouez que pour sauver quelques centaines de milliers (ou millions) de vies, c’est donné.

(je ne fais que spéculer, j’en conviens)

10/09/2010 10:29 par acrida

J’attends moi aussi le texte intégral en espagnol pour me faire une idée réelle de ce qui a été dit. La confiance toute relative que j’aurais pu avoir un jour dans la sincérité des journalistes est à zéro et moins que zéro. Nous sommes tous les jours témoins d’une manipulation sans fin. Si on me raconte tant d’âneries sur les sujets que je ne connais pas que sur les sujets que je connais bien j’imagine l’étendue énorme de ce qu’on essaye de me faire avaler !

10/09/2010 13:22 par Raymond Muller

Je partage entièrement l’avertissement de J.-F. Bonaldi, une sollicitude (la publication de la version cubaine de l’entrevue de Fidel) qui, à mon avis, devrait se concrétiser le plus rapidement possible non seulement à l’adresse d’éventuels manipulateurs informatifs du monde entier, mais surtout à celle du peuple cubain lui-même. A l’heure qu’il est, aucune note informative officielle sur le sujet n’est sortie dans les médias cubains, et les quelques internautes cubains qui ont accès aux sites Internet de La Jornada, El Pais, publico.es, et d’autres, ne doivent plus très bien savoir dans quel pays ils vivent et travaillent.

A l’adresse de LGS : l’auteur de cet article publié dans le journal The Alantic c’est Fidel ?

10/09/2010 14:22 par legrandsoir

A l’adresse de LGS : l’auteur de cet article publié dans le journal The Alantic c’est Fidel ?

Ooops. Notre habitude est de mettre en auteur l’interviewé, mais cela n’a de sens que lorsqu’il s’agit d’une véritable interview (questions et réponses in extenso), ce qui n’est pas le cas ici. Corrigé.

10/09/2010 14:26 par Anonyme

@Antar
L’article de Castro citant Estulin est le plus étrange. A part citer des extraits de son livre, l’article semble n’avoir aucune utilité.
Je pense qu’il essayait de "rameuter" du lectorat (et çà à marché).

Aussi se sachant face à un journaliste "à l’occidentale", il peut simplement chercher un simple dialogue de paix, puis ce que c’est ce qui semble lui importer le plus.

L’important c’est quoi ?
Que vous soyez heureux d’entendre la bonne doctrine du "Pape", ou qu’il réussisse à faire réagir l’opinion publique internationale ?

Non, je crois que tout ce que la plupart attendent ici, c’est d’être rassurés dans leur bonne évangile communiste...

Ont apprends plus à explorer tous les types de pensée qu’a rester dogmatique...

Sinon, pourquoi définissez vous Estulin d’ "infréquentable" ?
Par ce qu’il est invité par des parlementaires d’extrême droite ?
Par ce qu’il est en fixette sur le groupe de Bilderberg ?
Ah, ce doit être à cause de Tucker certainement.

Un ami l’a rencontré, c’est quelqu’un de très sympa qui ne partage pas trop les idées de l’extrême droite et n’est certainement pas raciste.
Si votre avis fut fait en 3 minutes après avoir tapé "Estulin" dans google, vous n’êtes pas prêt de vous libérer des propagandes que vous dénoncez...

10/09/2010 20:09 par Antar

"˜’Non, je crois que tout ce que la plupart attendent ici, c’est d’être rassurés dans leur bonne évangile communiste...’’

Je préfère le Manifeste, j’allais dire le Capital mais c’est trop volumineux pour moi, tellement je me suis habitué à Google.

"˜’Ont apprends plus à explorer tous les types de pensée qu’a rester dogmatique...’’

Type de pensée d’Estulin, inspiré du Protocole des Sages de Sion ? Non merci, je préfère rester dogmatique.

Estulin.. sympathique ?! peut-être mais infréquentable sûrement (en privé, il paraît que Jean-Marie est super sympa). De part, d’un côté les idées farfelues qu’il propage mais aussi de part ses accointances.. Tucker, tout à fait, et à mon avis largement suffisant. Dix ans de collaboration avec Jim, ce n’est pas rien.

Bon, que ton ami (que je ne connais pas, comment peut-on connaître l’ami d’un anonyme ?!) le trouve sympathique, c’est son problème. Moi, mon ami Google m’a dit que c’est un individu dont il faut se méfier...

10/09/2010 21:13 par agnello

qu est ce que c est gros ce truc la, enorme, qui peut croire ca, a part les lectrices de " ELLE "

10/09/2010 22:44 par legrandsoir

Castro juge mal interprétés ses propos sur l’échec du modèle cubain

(AFP) - Il y a 2 heures

LA HAVANE "” Fidel Castro a affirmé vendredi que ses propos, selon lesquels le modèle cubain "ne marche même plus" sur l’île communiste, avaient été mal interprétés par le magazine américain The Atlantic avec lequel il s’est récemment entretenu.

"Je le dis sans amertume ni préoccupation. Cela m’amuse maintenant de voir comment il l’a pris au pied de la lettre, puis a consulté Julia Sweig, la journaliste qui l’accompagnait, avant d’élaborer la théorie qu’il a exposée", a déclaré Castro.

Il faisait allusion à la déclaration polémique citée par le journaliste américain Jeffrey Goldberg dans un article mis en ligne mercredi sur le site du magazine www.theatlantic.com.

"La vérité, c’est que ma réponse signifiait exactement le contraire de ce que les deux journalistes ont interprété au sujet du modèle cubain", a ajouté l’ancien président cubain au cours de la présentation de la deuxième partie de son autobiographie.

10/09/2010 23:17 par kusikusun

http://yohandry.wordpress.com/
Une référence comme une autre, un blogueur communiste cubain ...

10/09/2010 23:18 par Catherine

Je suis à la fois de l’avis de M. Bonaldi et d’accord avec le premier commentaire de LGS.

J’imagine très bien Castro faisant appel à un journaliste US pour tenter d’atteindre le public américain et le convaincre... de ce dont il est déjà parfaitement convaincu. Pourquoi celui-là  ? Sans doute parce que William Blum n’aurait pas obtenu le visa nécessaire et que celui-là était sûr de l’avoir.
Peut-être s’est-il fait piéger (exprès ? pas exprès ?) par un multi-récidiviste de l’interview bidon : car il n’y a pas que les fabrications sur Saddam Hussein. Voir par exemple l’article où Cockburn, en 2003, le descendait en flammes :

http://www.counterpunch.org/cockburn02282003.html

Ce qui me paraît évident, c’est que les sionistes ont sauté sur l’occasion qu’il leur offrait imprudemment pour le discréditer auprès des anti-guerre en le faisant passer pour un sioniste fraîchement converti. C’est si gros que j’ai l’impression qu’ils s’affolent. En effet, cette offensive à mon avis maladroite ne peut avoir qu’une seule cause : les efforts de Castro pour empêcher cette guerre commencent à porter leurs fruits et à gêner d’une façon que nous mesurons peut-être mal les Picrocholes new-wave.

C’est pourquoi il faut le soutenir plus que jamais.

11/09/2010 00:00 par ppkalou

Le mal est fait...
La haine et l’ignorance se sont déversées sur les sites de propagande du PPA ou tout débat est impossible tant les nuages bruns obscurcissent la vision de la majorité bêlante.

11/09/2010 11:28 par Maryvonne Leray

On s’en doutait un peu

Pour Fidel Castro, ses propos sur la fin du modèle cubain ont été mal interprétés

"Je le dis sans amertume ni préoccupation. Cela m’amuse maintenant de voir comment il l’a pris au pied de la lettre, puis a consulté Julia Sweig, la journaliste qui l’accompagnait, avant d’élaborer la théorie qu’il a exposée", a déclaré Castro.

"La vérité, c’est que ma réponse signifiait exactement le contraire de ce que les deux journalistes ont interprété au sujet du modèle cubain", a ajouté l’ancien président cubain au cours de la présentation de la deuxième partie de son autobiographie.

France 24

12/09/2010 11:07 par andrea duffour

en voici un extrait de la réaction de Fidel suite à ces interprétations non-professionnels de Goldberg (qui n’a pas saisi les finesses des réponses de Fidel) :

(...) la profunda ironà­a de mi respuesta "…de haber sabido lo que ahora sé…" , en obvia referencia a la traición cometida por un Presidente de Rusia que, saturado de sustancia età­lica, entregó a Estados Unidos los más importantes secretos militares de aquel paà­s.
En otro momento de la conversación Goldberg cuenta : "le pregunté si él creà­a que el modelo cubano era algo que aún valà­a la pena exportar." Es evidente que esa pregunta llevaba implà­cita la teorà­a de que Cuba exportaba la Revolución. Le respondo "El modelo cubano ya no funciona ni siquiera para nosotros." Se lo expresé sin amargura ni preocupación. Me divierto ahora al ver cómo él lo interpretó al pie de la letra, y consultó, por lo que dice, con Julia Sweig, analista del CFR que lo acompañó, y elaboró la teorà­a que expuso. Pero lo real es que mi respuesta significaba exactamente lo contrario de lo que ambos periodistas norteamericanos interpretaron sobre el modelo cubano.
Mi idea, como todo el mundo conoce, es que el sistema capitalista ya no sirve ni para Estados Unidos ni para el mundo, al que conduce de crisis en crisis, que son cada vez más graves, globales y repetidas, de las cuales no puede escapar. Cómo podrà­a servir semejante sistema para un paà­s socialista como Cuba.

source :
http://www.aporrea.org/internacionales/n165265.html

14/09/2010 01:13 par Marie

Ces derniers temps certaines réflexions de Fidel peuvent nous laisser perplexes, dans l’incompréhension, tout comme cette longue entrevue avec Goldberg pour the Atlantic.

Fidel ne pouvait pas ne pas savoir que ses propos risquaient d’être manipulés.

Tout ce qu’il fait et dit depuis ces quelques mois n’ont qu’un objectif, supérieur à tout car le risque serait dévastation, c’est d’éviter le conflit nucléaire.

Pour élargir au maximum l’audience de son propos, il s’adresse à tous, parties « belligérantes » comprises par tous les canaux possibles, mettant en jeu sa crédibilité (il le sait il l’a dit).

14/09/2010 01:23 par Marie

Je n’hésite pas à courir le risque de compromettre ma modeste autorité morale.

Fidel

(Commentaires désactivés)